Lesgalettes sont fabriquĂ©es Ă  partir de la farine de sarrasin (blĂ© noir). Elles sont salĂ©es, et les recettes varient d’une rĂ©gion Ă  l’autre, et mĂȘme d’une famille Ă  l’autre. Elles peuvent associer plusieurs types de farines, des liquides et des parfums diffĂ©rents. Les proportions diffĂšrent, mais elles ont toutes la particularitĂ© de se dĂ©guster salĂ©es, nature avec un peu
Le top des recettes en vidĂ©o grenadine34 Membre Mega GĂ©nial Messages 4003 Inscription 14 avr. 2006 [1001] Localisation hĂ©rault Contact Re diffĂ©rence entre farine de blĂ© et farine de froment Voici ce que j'ai trouvĂ© dans wikipĂ©dia Il existe plusieurs blĂ©s, dont deux ont une importance Ă©conomique rĂ©elle Ă  l'heure actuelle * le blĂ© dur Triticum turgidum ssp durum est surtout cultivĂ© dans les zones chaudes et sĂšches sud de l'Europe, par exemple sud de la France ou Italie. Le blĂ© dur est trĂšs riche en gluten. Il est utilisĂ© pour produire les semoules et les pĂątes alimentaires ; * le blĂ© tendre, ou froment, Triticum ĂŠstivum de beaucoup le plus important, est davantage cultivĂ© dans les hautes latitudes par exemple en France, au Canada, en Ukraine. Il est cultivĂ© pour faire la farine panifiable utilisĂ©e pour le d'autres variĂ©tĂ©s autrefois beaucoup cultivĂ©es, signalons * l'Ă©peautre, sous-espĂšce du blĂ© tendre, Ă  grain vĂȘtu qu'il faut donc dĂ©cortiquer avant de moudre Triticum aestivum ssp. spelta ; trĂšs apprĂ©ciĂ© pour l'agriculture biologique en raison de sa rusticitĂ© et de la qualitĂ© du pain qu'il permet. * l'engrain ou petit-Ă©peautre, Triticum monococcum, espĂšce Ă  grain vĂȘtu Ă©galement, Ă  faible rendement, trĂšs anciennement cultivĂ©e, qui est en partie Ă  l'origine des blĂ©s cultivĂ©s actuels. R&B 785A Th60 Il faut bien que je supporte deux ou trois chenilles si je veux connaĂźtre les papillons A. de Saint-Exupery grenadine34 Membre Mega GĂ©nial Messages 4003 Inscription 14 avr. 2006 [1001] Localisation hĂ©rault Contact Re diffĂ©rence entre farine de blĂ© et farine de froment Messagepar grenadine34 » 01 fĂ©vr. 2007 [1315] Jean-Yves, je trouve de la farine T65 et au dessus bio en grande surface. Lylou, c'est rigolo car mon fils m'a appelĂ© hier soir pour me demander si on trouvait de la farine de froment car il avait une recette oĂč il en fallait R&B 785A Th60Il faut bien que je supporte deux ou trois chenilles si je veux connaĂźtre les papillons A. de Saint-Exupery Revenir vers Levure, levain, poolish, farine et additifs... » Autres discussions Dernier message par madiana 04 dĂ©c. 2006 [2233] Dernier message par JeanFil de masse 18 fĂ©vr. 2004 [1414] Dernier message par mys 03 sept. 2004 [0840] Dernier message par plume11 23 oct. 2005 [1206] AuXVIIIĂšme siĂšcle, le pain Ă©tait l’aliment de base et Ă©tait le symbole : sacrĂ©, l'espoir, la justice et la stabilitĂ©. C'Ă©tait l'Ă©poque des rĂ©bellions populaires tant apprĂ©hendĂ©es par le Roi de France, pour manque de pain. Alors l'Etat constitua des stocks de grains, et chercha des solutions pour Ă©viter les famines. 31 janvier 2007 3 31 /01 /janvier /2007 1126 2 fĂ©vrier Voici une serie de sites qui vous permettra d'occuper vos enfants pour cette occasion. En musique de fond, vous entendez une chanson de GĂ©rard Delahaye originaire de Morlaix comme moi voir aussi son blog qui s'intitule " Farine de froment, Farine de blĂ©-noir " et en prime, les paroles de la chanson que vous Ă©coutez si vous avez branchĂ© le son Farine de froment farine de blĂ© noir Trois bigoudĂšnes sont parties prendre le car Farine de froment farine de blĂ© noir trois bigoudĂšnes sont parties prendre le car elles vont Ă  New York faire des crĂȘpes et du far Gare de Quimper, kenavo au revoir farine de froment, farine de blĂ© noir Gare de Quimper, kenavo au revoir Essuyez vos larmes agitez les mouchoirs Il est midi, il fait encore tout noir farine de froment farine de blĂ© noir Il est midi, il fait encore tout noir dĂ©calage horaire le soleil est en retard C'est haut, c'est haut, ma douĂ©, que c'est haut tous ces grattes ciel comme des sapins de noel hello good morning monsieur l'agent where is the crĂȘperie of madam' Kerjean? You're lucky, jy suis allĂ© hier soir farine de froment farine de blĂ© noir You're lucky, jy suis allĂ© hier soir SoixantiĂšme Ă©tage au fond du couloir bats la pĂąte Ă  crĂȘpe et bats la pĂąte Ă  far Farine de froment farine de blĂ© noir bats la pĂąte Ă  crĂȘpe et bats la pĂąte Ă  far faut travailler dur si tu veux des dollars bis C'est bon, c'est bon, ma douĂ©, que c'est bon finis les hamburgers on veut des crĂȘpes au beurre! tout New York fait la queue sur le trottoir Les trois bigoudĂšnes sont devenues des stars Trois bigoudĂšnes sont revenues en fanfare farine de froment farine de blĂ© noir Trois bigoudĂšnes sont revenues en fanfare chacune Ă  son bras un mari tout noir bis Si vous voulez la fortune et la gloire Farine de froment farine de blĂ© noir Si vous voulez la fortune et la gloire J'vous dirai comment faire des crĂȘpes et du far! bis GĂ©rard Delahaye Published by Pascaly - dans FĂȘtes
Сաዊо ЮрአήЕήጅ áŒ€á‹ŹÏ†ĐŸŃ‰á‹¶ Đ°Ï„Î±ŐČŃƒŐŁĐŸÎ‘ĐŒĐžĐ¶ŃƒŃ‰ĐžĐłĐ» Ń‚Ń€ĐŸŃĐČŐ„á‹¶Ő­
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Lachanson du coutelier Thiernois. Le feu brille dans l'atelier. Se mĂȘle aux chants du coutelier. Attendent prĂšs du noir fourneau. Tu vas naĂźtre joli couteau. Contemplent le couteau naissant. Chacun d'eux lui fait son prĂ©sent. L'autre polit sa lame blanche. Te voilĂ  nĂ© joli couteau.
Cette cĂ©rĂ©ale est assez diffĂ©rente des autres graminĂ©es puisqu’elle appartient Ă  la mĂȘme famille que la rhubarbe et l’oseille famille des polygonacĂ©es. Le sarrasin pousse dans des sols assez pauvres et possĂšde la facultĂ© de les enrichir. Elle sert Ă  prĂ©parer des galettes, appelĂ©es selon les rĂ©gions crĂȘpes de sarrasin ou galettes de sarrasin. ConditionnĂ© en sac de 1kg, et 5kg ainsi que des 25 kg.
pourillustrer les paroles de la chanson “farine de froment, farine de blĂ© noir”. Ont Ă©tĂ© Ă©lues les bigoudĂšnes d’Olivia n°5, puis Kamal n°2, Amina n°20 et Youcef n°4. Choix difficile. bigorne 2 juillet 2022 2 juillet 2022 MS/GS. ← DĂ©cor; OcĂ©anopolis →; Contacts. École Forestou 7 rue Jean Teurroc 29200 Brest 02 98 44 63 00 gs.forestou@ Soyez le premier Ă  laisser votre avis sur “Farine de blĂ© noir Sarrasin” Votre adresse e-mail ne sera pas publiĂ©e. Votre noteVotre avis *Nom * E-mail * Enregistrer mon nom, mon e-mail et mon site dans le navigateur pour mon prochain commentaire. Listento Farine de froment, farine de blĂ© noir on Spotify. DJ Team · Song · 2005.
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\n \nchanson farine de froment farine de blé noir paroles
Ilsupervise sa production de farine de blé noir. Appelée aussi sarrasin, cette plante locale avait disparu au profit du maïs ou du froment.
Le mariage des saveurs Avec les fromages, les salades, les viandes fortes ou les charcuteries type andouille. Elle rehaussera la saveur des poissons en sauce ou des plateaux de fruits de mer. DĂ©licieuse avec du beurre salĂ©. CĂŽtĂ© nutrition Valeur Ă©nergĂ©tique 257 kcal soit 1 076 kj Valeur nutritionnelle moyenne pour 100 gr de pain MatiĂšres grasses gr dont acides gras saturĂ©s gr Glucides gr dont sucres 1 gr ProtĂ©ines gr Sel gr Fibres gr AllĂ©gations nutritionnelles Source de protĂ©ines. Le mot de votre artisan boulanger Un petit goĂ»t de vacances... ÉlaborĂ©e Ă  partir de farines de froment et de blĂ© noir, cette baguette rustique vous fera voyager sur les cĂŽtes sauvages du bord de mer. Sa croĂ»te et sa mie rehaussĂ©es d’éclats de blĂ© noir extrĂȘmement parfumĂ©s ne vous laisseront pas indiffĂ©rent.
CrĂȘpeau froment: IngrĂ©dients:500 grammes de farine de froment 1 cuillĂšre a soupe de farine de blĂ© noir 250 grammes de sucre deux sachet de sucre vahinĂ© 50 grammes de beurre demi sel 1 litre ÂŒ de lait 1 oeuf PrĂ©paration:MĂ©langer tout les ingrĂ©dients en ajoutant en dernier le beurre fondu .Vous pouvez rajouter un peu de rhum dans la pĂąte.
La crĂȘpe Ă  la farine de blĂ© noir connue sous le nom de la galette bretonne ou crĂȘpe de sarrasin, est un plat typique de la gastronomie bretonne fabriquĂ© Ă  partir de la farine de sarrasin. elle est consommĂ©e de diffĂ©rentes façons et s’accommode Ă  diverse garnitures en plus d’ĂȘtre facile. Galette Bretonne ou crĂȘpe de sarrasin En France, et plus particuliĂšrement en Bretagne mais aussi en Normandie la crĂȘpe salĂ©e au sarrasin est une tradition, elle peut ĂȘtre fourrĂ©e au fromage, viande hachĂ©e, poulet, Ă©pinard, duxelles de champignons et la plus classique de toute la galette complĂšte au jambon, oeuf et fromage. Les crĂȘpes sont les doux souvenirs des goĂ»ters de notre enfance, on les dĂ©gustait nature, Ă  la confiture, aux fruits, au chocolat Ă  tartiner etc
 La galette bretonne me rappelle MontrĂ©al, on se rendait souvent avec mes amies dans une crĂȘperie bretonne. Je pense d’ailleurs que c’était la seule qui existait Ă  l’époque. On aimait bien s’y rendre les week-end dĂ©guster une bonne galette chaude sous le froid canadien je peux vous dire que ça faisait du bien. D’antan, on preparait la galette avec de l’eau et diverses cereales, elle Ă©tait assez Ă©paisse. On la cuisait ensuite sur une pierre plate trĂšs chaude. Depuis, la confection de la galette bretonne s’est amĂ©liorĂ©e, elle est beaucoup plus fine et de forme ronde, rĂ©alisĂ©e avec de la farine de blĂ© noir appelĂ©e aussi farine de sarrasin, une farine qui a l’avantage d’ĂȘtre sans gluten. Galette Bretonne ou crĂȘpe de blĂ© noir DiffĂ©rence entre la galette et la crĂȘpe La crĂȘpe est Ă  base de farine de froment, lait, oeuf, sucre et parfois de la biĂšre et des arĂŽmes pour la parfumer. On la consomme en dessert et se distingue de la galette de sarrasin qui est exclusivement salĂ©e rĂ©alisĂ©e Ă  partir de farine de blĂ© noir. Aussi, on distingue la crĂȘpe de couleur claire faite avec de la farine de froment mais pas que, on peut aussi la prĂ©parer avec de la farine de maĂŻs ou farine de pois chiche Ă  celle plus brune faite Ă  partir de la farine de blĂ© noir farine de sarrasin. La texture aussi est diffĂ©rente puisque la crĂȘpe Ă  la farine de froment est fine et Ă  la surface lisse contrairement Ă  la galette de sarrasin qui est molle et plus Ă©paisse avec la formation de trous sur la surface lors de la cuisson et les bords en dentelle. La crĂȘpe a Ă©normĂ©ment voyagĂ©, on la retrouve partout dans le monde et chaque pays, rĂ©gion ou famille a sa propre recette. Aux États-Unis par exemple, il y a le pancake qui est une crĂȘpe assez Ă©paisse Ă  base de levure chimique. En AlgĂ©rie il y a la crĂȘpe mille trous baghrir Ă  base de levain. En Russie en retrouve les blinis etc
 La crĂȘpe est plus fine et ne contient pas de levure. Elle se dĂ©guste chaude ou froide, sucrĂ©e ou salĂ©e, comme accompagnement, plat principal ou dessert. On la sert nature ou agrĂ©mentĂ©e d’une garniture ou fourrĂ©e d’une farce. La galette bretonne constitue un bon repas de semaine lĂ©ger. Quand nous Ă©tions jeunes, ma soeur et moi faisions souvent des soirĂ©es crĂȘpe party avec au menu des galettes au sarrasin c’était la spĂ©cialitĂ© de ma soeur et des crĂȘpes sucrĂ©es pour le dessert garnies au goĂ»t de chacun, c’est moi qui m’y collais. Ce n’est pas compliquĂ© de faire la pĂąte Ă  galette de sarrasin. Cependant, il existe certains points Ă  retenir afin de garantir une jolie galette molle et lĂ©gĂšre qui ne casse pas. La premiĂšre galette est toujours ratĂ©e, ne vous inquiĂ©tez pas, d’ailleurs il existe un dicton français qui dit la premiĂšre crĂȘpe souvent ratĂ©e, pour le chat, pour le chien ou pour l’innocent de la maison !!. Cuisson de la galette bretonne On cuit la galette ou la crĂȘpe sur les deux faces pendante environ 30 secondes sur une plaque de fonte ou une crĂȘpiĂšre. D’abord, on verse une louche de pĂąte sur la plaque trĂšs chaude prĂ©alablement graissĂ©e et on fait un mouvement de rotation afin de l’étaler uniformĂ©ment en disque. La vraie galette bretonne est Ă  base de farine 100 % blĂ© noir, cette derniĂšre a souvent tendance Ă  se casser lors de la cuisson ce qui est tout Ă  fait normal puisqu’elle est dĂ©pourvue de gluten et manque donc d’élasticitĂ©. Elle collent aussi Ă  la poĂȘle, cela signifie que la tempĂ©rature n’est pas assez Ă©levĂ©e, ou alors la crĂȘpiĂšre n’a pas Ă©tĂ© assez graissĂ©e. Il est impĂ©ratif de bien graisser la plaque avant chaque crĂȘpe. Comment conserver la galette bretonne Les crĂȘpes se dĂ©gustent tout au long de l’annĂ©e et se conservent bien au rĂ©frigĂ©rateur. Alors, n’hĂ©sitez pas Ă  prĂ©parer une bonne quantitĂ© et varier les farces et les garnitures. On peut conserver la galette au blĂ© noir jusqu’à 3 jours au rĂ©frigĂ©rateur. Il faut prendre soin de recouvrir l’assiette d’un film alimentaire. Comment rĂ©chauffer la galette bretonne On peut la rĂ©chauffer dans un four chaud Ă©teint environ 20 secondes ou Ă  la poĂȘle. On fait d’abord fondre du beurre avant de dĂ©poser la crĂȘpe et la chauffer en la retournant. Comment plier la galette Le pliage le plus utilisĂ© est trĂšs simple il suffit de rabattre les 4 cĂŽtĂ©s aprĂšs avoir dĂ©posĂ© la garniture au centre sans pour autant la plier entiĂšrement. Quelle garniture pour la galette bretonne L’avantage de la galette ou crĂȘpe salĂ©e est qu’on peut la garnir de mille et une façon, lĂ©gumes pour les vĂ©gĂ©tariens, poisson, viande blanche ou rouge, crustacĂ©s etc
 Par ailleurs, la garniture traditionnelle de la galette bretonne est l’oeuf, jambon et fromage. Voici quelques idĂ©es de garniture Saumon fumĂ©, crĂšme fraĂźche et aneth. Duxelles de champignon et fromage. Épinards et fromage de chĂšvre. Poulet et Ă©pinards. Pomme de terre, munster et jambon fumĂ©. Crevettes et bĂ©chamel. Bon A Savoir Il est important de bien nettoyer la crĂȘpiĂšre avec un chiffon imbibĂ© d’huile avant chaque cuisson de crĂȘpe. Ceci, afin d’éviter que la prochaine galette ne colle Ă  la poĂȘle. Le fait de cuire la pĂąte Ă  crĂȘpe Ă  tempĂ©rature Ă©levĂ©e permet d’avoir des galettes lĂ©gĂšres et souples. Dans le cas contraire elles se dĂ©shydratent et se cassent lors de la cuisson. La galette est cuite lorsque les bords se dĂ©collent de la poĂȘle. A ce stade on la retourne dĂ©licatement. Je vous propose les deux version de la pĂąte Ă  crĂȘpe au blĂ© noir. La traditionnelle rĂ©alisĂ©e sans oeuf et la seconde avec oeuf. J’ai testĂ© les deux et bien qu’on laisse reposer la galette traditionnelle toute une nuit le rĂ©sultat est parfait. Une galette idĂ©ale pour les intolĂ©rants. La galette de sarrasin sans oeuf recette traditionnelle Cette recette traditionnelle est Ă  base de farine de blĂ© noir, miel, gros sel et eau. Cepedant, elle doit reposer toute une nuit au rĂ©frigĂ©rateur et filmĂ©e Ă  mĂȘme la pĂąte. Le lendemain on la dĂ©tend en incorporant plus d’eau. Comment faire cette galette Dans un saladier, verser la farine de blĂ© noir. Faire un puits et ajouter le gros sel et le miel. Verser la moitiĂ© de la quantitĂ© d’eau et mĂ©langer Ă  la main la pĂąte est liquide c’est normal. Continuer Ă  mĂ©langer en incorporant le reste d’eau jusqu’à ce que des bulles se forment sur la surface. On place la pĂąte prĂ©alablement filmĂ©e est prĂȘte au frais. Chauffer la crĂȘpiĂšre et la graisser Ă  l’aide d’un chiffon imbibĂ© d’huile. Verser une louche de pĂąte en l’étalant sur la surface uniformĂ©ment. Laisser cuire Ă  feu Ă©levĂ© jusqu’à ce qu’elle se dĂ©colle des bords de la poĂȘle. Retourner la galette en vous aidant d’une spatule. Laisser cuire environ 30 secondes. CrĂȘpe salĂ©e de sarrasin Ă  base d’oeuf Dans un saladier, mĂ©langer la farine et le gros sel. Faire un puits et verser l’eau tout en fouettant. On doit obtenir une pĂąte Ă©paisse et lisse. Incorporer l’oeuf et filmer la pĂąte avant de la laisser reposer au frais jusqu’à 2 heures. Chauffer la crĂȘpiĂšre et la graisser Ă  l’aide d’un chiffon imbibĂ© d’huile. Verser une louche de pĂąte en l’étalant sur la surface uniformĂ©ment. Laisser cuire Ă  feu Ă©levĂ© jusqu’à ce qu’elle se dĂ©colle des bords de la poĂȘle. Retourner la galette en vous aidant d’une spatule. Laisser cuire environ 30 secondes. DĂ©poser au fur et Ă  mesure sur une assiette et couvrir d’une seconde assiette afin de maintenir les galettes chaudes. Alors Ă  vos galettes !! et celui qui mange la derniĂšre crĂȘpe est perdant ou gagnant selon qu’il reste trop peu de pĂąte ou trop. Galette bretonne recette traditionnelle Type de platCrepes Cuisinerecette facile Temps de prĂ©paration10 min Temps de cuisson5 min Temps de repos 2 h Portions10 AuteurSamar La galette de blĂ© noir sans oeuf recette traditionnelle 500 g farine de blĂ© noir farine de sarrasin20 g miel20 g gros sel700 ml eauGalette de blĂ© noir Ă  l'oeuf 330 g farine de blĂ© noir farine de sarrasin650 g eau10 g gros sel1 oeuf La galette traditionnelle sans oeuf Dans un saladier, verser la farine de blĂ© noir. Faire un puits et ajouter le gros sel et le la moitiĂ© de la quantitĂ© d'eau et mĂ©langer Ă  la main la pĂąte est liquide c'est normal. Continuer Ă  mĂ©langer en incorporant le reste d'eau jusqu’à ce que des bulles se forment sur la surface. La pĂąte est prĂȘte Ă  reposer au frais, prĂ©alablement galette de sarrasin Ă  l'oeuf Dans un saladier, mĂ©langer la farine et le gros un puits et verser l'eau tout en fouettant. On doit obtenir une pĂąte Ă©paisse et l'oeuf et filmer la pĂąte avant de la laisser reposer au frais jusqu'Ă  2 la crĂȘpiĂšre et la graisser Ă  l'aide d'un chiffon imbibĂ© d' une louche de pĂąte en l’étalant sur la surface cuire Ă  feu Ă©levĂ© jusqu’à ce qu'elle se dĂ©colle des bords de la la galette en vous aidant d'une spatule. Laisser cuire environ 30 au fur et Ă  mesure sur une assiette et couvrir d'une seconde assiette afin de maintenir les galettes chaudes. entree, cuisine-saine, recette facile, accompagnement, cuisine-accessible, brunch 20+ Sauces pour barbecue et grillades Recevez mes derniĂšres publications sur mon blog de recette facile et rapide gratuitement

LÉPI ROUGE 3i Les Ă©plucheuses — A la queue, Norbert, Ă  la queue de la classe.A la porte, les mauvaises langues ! Un Ă©plucheur — Il mĂ©riterait d’ĂȘtre Ă©touffĂ© sous un tas de blĂ© d’Inde, ce Norbert. (Un moment de silence.) SCÈNE VIII L’Institutrice (poussant un cri et se levant soudainement) — Ah, par exemple !

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D A F#m G] Chords for Farine de froment, farine de blĂ© noir (GĂ©rard Delahaye)Reprise with song key, BPM, capo transposer, play along with guitar, piano, ukulele & mandolin. C hord U. home Home; restore Recently Viewed; event My Requests; person Login; album Weekly Top; album Pop Hotlist; Chords for Farine de froment, farine de blĂ© noir (GĂ©rard Indice glycĂ©mique des farines L’indice glycĂ©mique est la notion qui a remplacĂ© celles de sucres rapides et sucres lents. Pour ĂȘtre simple, cet indice indique l’élĂ©vation de la glycĂ©mie que produit un aliment quand on le consomme. Plus l’indice est Ă©levĂ©, plus l’aliment entraĂźne rapidement la hausse du taux de sucre dans le sang. Cette Ă©lĂ©vation entraĂźne immĂ©diatement une forte sĂ©crĂ©tion d’insuline destinĂ©e Ă  faire baisser ce taux de sucre. On obtient ainsi un effet yoyo du taux de sucre et de l’insuline ce qui, outre le fait que c’est un choc pour l’organisme, provoque une augmentation de l’appĂ©tit pendant la phase de baisse du taux de sucre. Pour rĂ©sumer, les aliments dont l’indice glycĂ©mique est haut ont tendance Ă  faire grossir. Le farines possĂšdent elles-aussi une indice glycĂ©mique. Classement alphabĂ©tique des farinesClassement par indice glycĂ©mique Classement alphabĂ©tique des farines Amarante 40BlĂ© froment T45 85BlĂ© froment T55 65BlĂ© froment T65 60BlĂ© froment Bise T80 45BlĂ© froment T110 85BlĂ© froment T130 85BlĂ© froment T150 85Coco 35Farro intĂ©grale Ă©peautre 45Grand Ă©peautre 75% et 80% type blanche et campagne ou bise 65Grand Ă©peautre 85% type semi-complet du type T130 60Grand Ă©peautre intĂ©grale 100% du type 150 et 98% du type complĂšte 45Kamut 45Lentilles brunes et jaunes 35Lentilles vertes 30Lupin 20MaĂŻs 70Noisettes et amandes 20Orge mondĂ©e 30Petit Ă©peautre 85% type 110 ou demi-complĂšte indice 45 45Petit Ă©peautre de Haute Provence ou engrain indice 40 40Petit Ă©peautre soit 100% ou 98%, type 150 ou complĂšte indice 40 40Pois chiche 35Quinoa 40Riz 95Sarrasin blĂ© noir 40Seigle complĂšte de T130 60Seigle de T70 Ă  T80 65Seigle intĂ©grale de T150 Ă  T170 45Soja 25Son d’avoine ou de blĂ© 15Souchet 45 Classement par indice glycĂ©mique 20 Lupin20 Noisettes et amandes25 Soja 30 Lentilles vertes30 Orge mondĂ©e35 Coco35 Lentilles brunes et jaunes35 Pois chiche 40 Amarante40 Petit Epeautre de Haute Provence ou engrain indice 4040 Petit Epeautre soit 100% ou 98%, type 150 ou complĂšte indice 4040 Quinoa40 Sarrasin blĂ© noir45 BlĂ© froment T15045 Farro intĂ©grale Ă©peautre45 Grand Ă©peautre intĂ©grale 100% du type 150 et 98% du type complĂšte45 Kamut45 Petit Epeautre 85% type 110 ou demi-complĂšte indice 4545 Seigle intĂ©grale de T150 Ă  T17045 Souchet 60 BlĂ© froment T13060 Grand Ă©peautre 85% type semi-complet du type T13060 Seigle complĂšte de T13065 BlĂ© froment T11065 Grand Ă©peautre 75% et 80% type blanche et campagne ou bise65 Seigle de T70 Ă  T80 70 MaĂŻs 85 BlĂ© froment T4585 BlĂ© froment T5585 BlĂ© froment T6585 BlĂ© froment Bise T80 95 Riz Farinede froment farine de blĂ© noir est une chanson populaire par Gerard Delahaye | CrĂ©e tes propres vidĂ©os TikTok avec la chanson Farine de froment farine de blĂ© noir et explore 4 vidĂ©os rĂ©alisĂ©es par des crĂ©ateurs nouveaux et populaires. TikTok . Upload . Log in. Keyboard shortcuts. Go to previous video. Go to next video. Like video . Mute / unmute video . For You Following
En français galettes de blĂ© noir ou sarrasin IngrĂ©dients 6 personnesPrĂ©paration 1La veille, faire un levain avec la levure + 100g de farine de sarrasin + 100g de farine de froment et un peu d'eau. 2Le lendemain ajouter le reste de farine et d'eau et le sel. Bien mĂ©langer. 3Pour juger de la bonne Ă©paisseur de la pĂąte prendre une petite cuiller, la tremper dans la pĂąte et la retourner cĂŽtĂ© bombĂ© vers le haut, elle doit ĂȘtre recouverte d'une Ă©paisseur de 1mm ajouter de l'eau si nĂ©cessaire. 4Laisser lever 3 heures dans un endroit cuire dans une poĂȘle graissĂ©e Ă  l'huile comme des crĂšpes. ConseilsEn Limousin, les galetous accompagnaient traditionnellement les plats ensauce comme le civet ou le notre Ă©poque, les galetous sont surtout servis Ă  l'apĂ©ritif, tartinĂ©s degrilhons rillettes limousines, roulĂ©s et coupĂ©s en tronçons le chic du chic est de les prĂ©senter dans une tourte de pain de seigle Ă©vidĂ©eCommentairesIdĂ©es de recettes Recettes Ă  base de sarrasin Recettes des galetous Recettes Ă  base de farine de froment
Recettede raviolis chinois (Dumpling) : 1- MĂ©langer la Farine Shui Kao (Raviolis Chinois Dumpling) et de l'eau. 2- Travailler l'ensemble pour rĂ©aliser une boule de pĂąte et laisser reposer 15 Ă  20 minutes. 3- Retravailler la pĂąte pour qu'elle devienne plus lisse. 4- Couper la pĂąte en plusieurs morceaux de 200 grammes puis faire chaque 01 Tri Martolod Argantael Chansons bretonnes forever 0351 Auteur Rights Reserved / Compositeurs Rights Reserved 02 Suite sudarmoricaine Paul Glaeser Chansons bretonnes forever 0322 Auteur Rights Reserved / Compositeurs Rights Reserved 03 LambĂ© An Dro Jean-Baptiste Mersiol Chansons bretonnes forever 0409 Auteur Henri Martinet / Compositeurs Henri Martinet 04 Gavotte Lily Guilloux Chansons bretonnes forever 0224 Auteur Rights Reserved / Compositeurs Rights Reserved 05 La jument de Michao Sarah Eddy Chansons bretonnes forever 0308 Auteur Rights Reserved / Compositeurs Rights Reserved 06 Dans les prisons de Nantes Les noces de Maden Chansons bretonnes forever 0249 Auteur Marc Holtz / Compositeurs Marc Holtz 07 Rozen Lagadu Breizh Chansons bretonnes forever 0358 Auteur Rights Reserved / Compositeurs Rights Reserved Lagalette de sarrasin est aux garnitures salĂ©es ce que la crĂȘpe est aux garnitures sucrĂ©es. ElaborĂ©e Ă  partir d’une farine de blĂ© noir, elle est issue de la Technique de fabrication d'une pĂąte Ă  galette de sarrasin La recette d'origine Pour confectionner des crĂȘpes ou galettes de blĂ© noir dites de Sarrasin il faut et il suffit de la farine, de l'eau, du sel et c'est tout. 1 kilo de farine de Sarrasin dite de blĂ© noir » 2 litres d'eau 2 litres un quart, voire 2 litres et demi Ă  ajuster suivant votre goĂ»t, l'aspect lisse ou trouĂ©e et aussi votre dextĂ©ritĂ©. 1 poignĂ©e de sel gris 30 gr Si de nos jours, certains ajoutent des Ɠufs, du beurre, voire du lait ou de la farine de froment afin d'obtenir une galette plus souple et colorĂ©e la recette avec du sarrasin, de l'eau et du sel, demeure la mĂȘme depuis bientĂŽt 1 000 ans. La farine de blĂ© noir, on trouve de tout allant du mauvais, du sans aucun goĂ»t, du banal et de l'excellence. Il faut bien se renseigner et surtout tester... L'eau doit ĂȘtre sans aucun goĂ»t de chlore, sinon prenez de l'eau de source en bouteille. Le sel gris de GuĂ©rande est parfait mais il ne sale pas autant que le sel ordinaire. PrĂ©paration de la pĂąte Comme dans toutes les recettes, on fait le puits, pour cela on verse la farine que l'on creuse au centre de façon Ă  former un cĂŽne en forme d'entonnoir. On y met au fond le sel gris et on commence Ă  y verser petit Ă  petit l'eau froide. On mĂ©lange en incorporant au centre de la farine creusĂ©e, l'eau petit Ă  petit tout en tournant fermement avec une spatule. On tourne du centre en allant progressivement vers les bords extĂ©rieurs, je prĂ©cise bien que l'on tourne mais on ne mĂ©lange pas ! Chaque tour grattera doucement les parois sĂšches du puits qui se forme et chaque tour de spatule prĂ©lĂšvera une petite quantitĂ© de farine mais jamais un paquet de farine qui, malheureusement, une fois entourĂ©e d'eau devient le fatidique grumeau ». Cette mĂ©thode est dictĂ©e ici surtout pour la farine de froment, car la farine de sarrasin ne fait pas de grumeaux. Avant que la prĂ©paration ne ressemble Ă  une crĂšme Ă©paisse, on continue Ă  ajouter de l'eau. AprĂšs le premier litre d'eau, la farine devrait ĂȘtre entiĂšrement transformĂ©e en crĂšme trĂšs Ă©paisse, il faut alors bien la travailler, la frapper pour y faire disparaĂźtre toute trace d'agglomĂ©rat. Dans la pure tradition Bretonne, on travaille cette pĂąte Ă  la main. C'est-Ă -dire que c'est la main nue qui remplace la spatule et malaxe entre les doigts cette prĂ©paration. On frappe fermement 3 ou 4 minutes, au moins 15 minutes disent certains crĂȘpiers en tapant avec la paume de la main doigts Ă©cartĂ©s, et de toutes ses forces ! Quand la pĂąte commence Ă  faire des bulles, c'est qu'elle aura Ă©tĂ© bien aĂ©rĂ©e et le goĂ»t au final s'en ressentira vraiment. On peut complĂ©ter le reste d'eau ultĂ©rieurement. On fait alors de qu'on appelle un pĂąton » qui sera recouvert d'un centimĂštre d'eau formant naturellement une protection. Autres façons de faire Travaillez la pĂąte sur la table. Remettez-la ensuite dans le rĂ©cipient et ajoutez petit Ă  petit le reste d’eau, et battez la pĂąte en la soulevant. Laissez la pĂąte reposer, mettez sur le dessus un peu d’eau pour Ă©viter qu’une croĂ»te ne se forme. Faire le pĂąton la veille avec 75 cl d’eau en battant bien la pĂąte avec la paume de la main, celle ci doit devenir de plus en plus souple et faire des bulles. Laisser reposer la nuit. Diluer le lendemain avec 1,5 l d’eau. Recette de crĂȘpe blĂ© noir du centre ouest Bretagne 500 g de farine de blĂ© noir, 200 g de farine de froment, 2 Ă  3 petites cuillĂšres de sel, 4 Ɠufs, 1 litre de lait entier ou demi-Ă©crĂ©mĂ©. Ajoutez tous les ingrĂ©dients et dĂ©layez Ă  la main avec un peu de lait. Malaxez de façon Ă  obtenir une pĂąte Ă©paisse et Ă©lastique. Ajoutez ensuite petit Ă  petit, le reste de lait garder 25 cl de lait tout en battant la pĂąte Ă  la main. AprĂšs 2 Ă  3 minutes, arrĂȘtez de battre, La pĂąte est prĂȘte. Il est prĂ©fĂ©rable de laisser reposer la pĂąte 30 minutes. Au moment de faire les crĂȘpes rallonger la recette avec le reste de lait, si vous souhaitez avoir des crĂȘpes plus fines. Les galettes se tournent plus facilement si la pĂąte a Ă©tĂ© mise au rĂ©frigĂ©rateur prĂ©alablement. On peut donc prĂ©parer notre pĂąte Ă  l'avance pour le lendemain et la conserver ainsi au frais. Il y a d'autres raisons pour procĂ©der ainsi, on le verra juste aprĂšs. Les crĂȘpiers professionnels procĂšdent ainsi et congĂšlent mĂȘme parfois le pĂąton inutilisĂ©. Temps de repos Dans la thĂ©orie, il est inutile d'attendre pour commencer la cuisson car dans cette farine de blĂ© noir il n'y a pas de gluten contrairement Ă  la farine de froment, et la prĂ©paration ne gonflera donc pas plus. En pratique le fait de laisser reposer la pĂąte plusieurs heures jusqu'Ă  48 heures ĂŽtera de l'aciditĂ© et en rendra la digestion plus facile. Pour ce qui est visible avant tout c'est le changement de couleur que subiront vos galettes, elles seront brunes au lieu d'ĂȘtre grises. Si les circonstances ne vous ont pas laissĂ© de temps pour faire reposer cette pĂąte et que vos premiĂšres galettes sont franchement pĂąlichonnes ajoutez Ă  votre pĂąte une bonne cuillĂšre Ă  soupe de miel et ne dites surtout rien Ă  personne car c'est un secret. VidĂ©o Krampouz d’une autre recette Variantes A chaque Breton sa recette, on y parlera aussi d'ajouter de la farine de froment blĂ©, de l’Ɠuf, du lait, du miel, du poivre ou de je ne sais quoi encore pour les rendre encore meilleurs ou plus nourrissantes ou plus lĂ©gĂšres. Mais se rappeler avant tout que farine, eau et sel suffisent. L'Ɠuf Dans ces cas difficiles, l'Ɠuf va nous ĂȘtre d'un prĂ©cieux secours, Ă  raison d'un Ă  deux Ɠufs par kilo de farine, il va vraiment empĂȘcher la pĂąte de coller sur la fonte surtout si elle est la culottĂ©e. Cet ingrĂ©dient vraiment magique fera en sorte que vous parviendrez enfin Ă  dĂ©coller et retourner ces coquines de crĂȘpes. L'aspect donnera des crĂȘpes cependant d'une coloration un peu plus foncĂ©es. Mon conseil pour les dĂ©butants rajouter cet Ɠuf systĂ©matiquement quelque soit la plaque de cuisson. Je prĂ©cise qu'il arrive parfois que la cuisson se passe bien durant un bon moment et que d'un coup, sans raison, cela se mette Ă  attacher pensez Ă  l'Ɠuf, vous le constaterez vous mĂȘme c'est magique ! La farine de froment Une autre astuce consiste Ă  incorporer Ă  peu prĂšs dix pour cent de farine de froment. Cet apport de gluten aidera beaucoup Ă  lier les particules de farine de sarrasin entre elles, et la crĂȘpe sera moins fragile compter une grosse cuillĂšre Ă  soupe par kilo. En contrepartie, on aura intĂ©rĂȘt Ă  faire reposer la pĂąte quelques heures cette fois ci... Cette farine rendra la galette plus souple et beaucoup moins cassante au pliage une fois refroidie. Important donc pour les crĂȘpes Ă  emporter. Le lait Dans certaines rĂ©gions de Bretagne FinistĂšre, il est assez frĂ©quent d'utiliser moitiĂ© eau et moitiĂ© lait du lait entier bien sĂ»r et mĂȘme parfois uniquement du lait. Les galettes sont alors plus lourdes, plus nourrissantes mais aussi plus moelleuse et d'une couleur beaucoup plus sombre. Le bon goĂ»t du blĂ© noir se fait cependant moins ressentir. Toutesles tablatures de FARINE-DE-FROMENT-FARINE-DE-BLE-NOIR sont ici, chez Clique ici. Tablatures Forums Membres Matos Cours partitions. Recherche farine de froment farine de ble noir Artistes . Noir DĂ©sir 404 tablatures 46 albums - 2657 fans. BĂ©rurier Noir 160 tablatures 54 albums - 575 fans. Noir Silence 32 tablatures 9 albums - 4 fans. Peste

BOULANGERIE CRÊPERIE BISCUITERIE Facebook Nous trouver Minoterie BerthoHurnel – 56420 GUÉHENNOTĂ©l. 02 97 42 30 31 DerniĂšres nouvelles Visite de futurs boulangers-pĂątissiers ! 12 avril 2022 Un groupe d’élĂšves du lycĂ©e Saint-Joseph de Concarneau est venue au moulin dĂ©couvrir l’entreprise. Ces futur boulangers-pĂątissiers ont ainsi visiter le moulin avec MickaĂ«l, Ă©changer En savoir plus » Nous contacter Tous droits rĂ©servĂ©s Minoterie Bertho – RĂ©alisation Agence Marot – Mentions lĂ©gales – Politique de confidentialitĂ©

500 gr de farine de blĂ© noir - du lait et de la farine de froment », Mme B Un jour, Paul (le prĂ©sident de l’écomusĂ©e) est venu chercher des galettes (pour les vendre dans les commerces vignolais). J’avais fait 2 piles et il les a emmenĂ©es toutes les deux. Mais Paulette en avait aussi besoin pour le repas du midi (pour toute l’équipe de l’écomusĂ©e) « A retenir l’astuce

Pourquoi venir me voir... Chanson par Stapula Votre navigateur ne supporte pas le lecteur mp3. par Stapula Pourquoi venir me voir... S’il te faut repartir ? Bien longs me sont les soirs OĂč je dois me mentir... Jouant le numĂ©ro De l’homme sans problĂšmes, Sans attaches, sans cƓur gros, Sans attentes, sans... Je t’aime ! » Tu es ancrĂ©e en moi Comme un bateau au port Je dĂ©rive sans toi ! Garde-moi Ă  ton bord ! Mets le cap vers ma terre, Vers mes cieux Ă©toilĂ©s, Vers mon vert univers À l’horizon voilĂ© ! Fends et pourfends les flots, Franchis les vastes mers... GuidĂ©e par les halos Qui vivent dans les airs ! Aborde ma maison... Le cƓur rempli d’amour... CƓur des quatre-saisons... CƓur Ă  aimer toujours ! Je serai Ă  jamais Ton mari, ton amant, Je t’aime, t’aimerai Mieux que dans les romans, J’inventerai pour toi Mille lunes de miel Qui rempliront d’émoi Tous les anges du ciel ! Mon cƓur sera comblĂ©, Belle sera ma vie Un riche champ de blĂ© OĂč notre amour mĂ»rit, Éclate au firmament En gerbes de farine, En graines de froment... La semence divine ! Pourquoi venir me voir... S’il te faut repartir ? Amour, Ă©thique et fantaisie La PensĂ©e Universelle, 1994 Chanson tirĂ©e de mon CD 17 titres L’Étaplois ». Enregistrement et mixage rĂ©alisĂ©s au Studio Dan Ă  Rance Belgique. Arrangements musicaux et programmations par Daniel Dropsy. Choristes Isabelle – Loretta – Daniel. PoĂšme postĂ© le 01/01/16 PoĂšte , InterprĂšte
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CHANSONDE FOU Brisez-leur pattes et vertĂšbres, Chassez les rats, les rats. Et puis versez du froment noir, Le soir, Dans les tĂ©nĂšbres. Jadis, lorsque mon cƓur cassa. Une femme le ramassa Pour le donner aux rats. —Brisez-leur pattes et vertĂšbres Souvent je les ai vus dans l'Ăątre, Taches d'encre parmi le plĂątre, Qui grignottaient ma mort.
Paroles de la chanson Fleur De BlĂ© Noir par Germaine MontĂ©ro Sur les bords de la Rance, oĂč j'ons vu le jour J'ons la douce espĂ©rance d'ĂȘtre aimĂ© d'amour Dans une mĂ©tairie comme aide-berger Pour mieux voir ma jolie, je me suis gagĂ© Ah ! Nulle bretonne n'est plus mignonne Ă  voir Que la belle que l'on appelle Fleur de blĂ© noir Non, non ! Nulle bretonne n'est si mignonne A voir que ma Fleur de blĂ© noir Lorsque je l'ons croisĂ©e un soir dans le blĂ© Si blanche et si rosĂ©e, j'en fus aveuglĂ© Et ma lĂšvre ravie murmura "bonsoir" Salut Ă  Vous Marie, la Fleur de blĂ© noir Ah ! Nulle bretonne n'est plus mignonne Ă  voir Que la belle que l'on appelle Fleur de blĂ© noir Non, non ! Nulle bretonne n'est si mignonne A voir que ma Fleur de blĂ© noir C'est dans les blĂ©s de mĂȘme, par un soir dorĂ©, Que je lui dis "Je t'aime, toujours t'aimerai" C'est dans les blĂ©s encore qu'au doigt je lui mis, Un quinze aoĂ»t dĂšs l'aurore, l'anneau des promis Ah ! Nulle bretonne n'est plus mignonne Ă  voir Que la belle que l'on appelle Fleur de blĂ© noir Non, non ! Nulle bretonne n'est si mignonne A voir que ma Fleur de blĂ© noir Allons, gars et fillettes, faucher les moissons Car les rĂ©coltes faites, nous nous Ă©pouserons Et puis dans la nuit claire, oĂč tous rassemblĂ©s Nous danserons sur l'aire oĂč l'on bat les blĂ©s Ah ! Nulle bretonne n'est plus mignonne Ă  voir Que la belle que l'on appelle Fleur de blĂ© noir Non, non ! Nulle bretonne n'est si mignonne A voir que ma Fleur de blĂ© noir Vivant la vie heureuse que Dieu nous fera Attendons la faucheuse qui nous fauchera Quand vous verrez que tombe notre dernier soir Semez sur notre tombe des fleurs de blĂ© noir.
ĂźCette lettre d’ Alphonse Daudet, est diffusĂ©e en mode manuel. Pour vous permettre de suivre le fil du conteur, en l’occurrence Fernandel, nous vous conseillons de saisir votre souris, et dĂ©licatement avec votre index, d’appuyer sur sa touche gauche.
Chants Ă  danser paroles et musiques Pendant que le moulin vire Traditionnel Bas-Berry – Valse mesure Ă  6/8 passĂ©e en 3/4 “Chansons populaires dans le Bas-Berry” Barbillat-Touraine [BT078-5]Bell’ voulez-vous que j’vous conduise } bis Cette phrase peut aussi ĂȘtre interprĂ©tĂ©e sur 9 que mon moulin vire Dans ce cas, la mesure 9 contient une blanche et un le bois et au delĂ  Mesure 25, 2 choix de mĂ©lodies en que mon moulin vireDedans le bois et au delĂ Pendiment que mon moulin peut faire suivre de
 Quand j’étais fille Ă  votre Ăąge Traditionnel Bas-Berry – Valse mesure Ă  6/8 passĂ©e en 3/4 “Chansons populaires du Nivernais et du Morvan” Millien-Delarue tome 3 adaptĂ©e aux paroles de “Pendant que le moulin vire” pour faire une suite de musique diffĂ©rentes sur des mĂȘmes paroles, ou une suite avec la chanson d’origine, voir page 32 La Chaumeilloise Auvergne – Mazurka “Chants et danses du Massif-Central” p. J. Leymarie, m. r. et h. J. SĂ©gurelQu’elles sont bĂȘtes les femmes d’obĂ©ir Ă  leur mari } bis Alors j’étais jeune fille, je voulais me marierJ’en ai un comme les autres, jamais je lui obĂ©is } bis DĂšs le lendemain d’mes noces, c’est moi qui ai passant devant le maire, tu avais pourtant promis Oh qu’ils sont bĂȘtes les hommes qui se laissent commanderEn prĂ©sence de ta mĂšre, d’obĂ©ir Ă  ton mari. Quand je prendrai une femme, c’est moi qui Hugues Page 27 “De l’esprit Ă  l’envie”Chants Ă  danser paroles et musiques Quand je menais mes chevaux boire Traditionnel Normandie, Bretagne – Gavotte de l’aven dansĂ©e enQuand je menais mes chevaux boire, Mais quand je fus dedans l’église 
ilaire, ilaire, itou, ilaire, ilaire, ĂŽ ma Nanette J’entendis les prĂȘtres chanterQuand je menais mes chevaux boire,j’entendis le coucou chanter Donnai du pied dedans la chĂąsse 
j’entendis le coucou chanter  2 mĂ©lismes dans le bis RĂ©veillez-vous si vous dormez »Il me disait dans son langage } bis Non je ne dors ni ne sommeille 
ilaire, ilaire, itou
 Il me disait
 Je vous attends dedans l’enfer » Ta bien-aimĂ©e vont l’enterrer » Vois ma bouche est pleine de terre 
Ah ! Que dis-tu mĂ©chante bĂȘte, 
 Et la tienne est pleine d’amour »j’étais prĂšs d’elle hier au soir AuprĂšs de moi reste une place 
Mais quand je fus dedans la lande 
 Et c’est pour toi qu’on l’a gardĂ©e »J’entendis les cloches sonner Polka des Madrangeois Traditionnel Auvergne – Polka “Chants et danses du Massif-Central” m. J. SĂ©gurelLa polka dals Madranjas La polka des MadrangeoisTot lo monde tot lo monde Tout le monde Tout le mondeLa polka dals Madranjas La polka des MadrangeoisTot lo monde la sab pas far Tout le mond’ sait pas la faire Per ben far la poleka Pour bien faire la polka N’en chal aver la chamba fina Il faut avoir la jambe fine Per ben far la poleka Pour bien faire la polka Chal n’en saber marquar lo pas. Il faut savoir marquer le pas J’ai un oiseau qui vole Jacques Mangeant Ă©d. 1615 Renaissance – Branle simpleIl volera dedans ma gorge
 Il a volĂ© dedans ma gorge
 Il volera dedans la vĂŽtre
 J’ai un oiseau qui vole...“De l’esprit Ă  l’envie” Page 28 Christian HuguesChants Ă  danser paroles et musiques Vous qui n’avez pas d’amants Traditionnel Bas-Berry – BourrĂ©e Ă  2 temps ; Rond d’Argenton ; Scottish ; en ternaire Rondeau ; Chapelloise
 “Chansons populaires dans le Bas-Berry” Barbillat-Touraine [BT093-1]Je me suis en allĂ©e au bois sans serviteur } bis Je me suis Ă©criĂ©e Au voleur ! au voleur ! »Il est venu t’un loup qui m’a fait grand frayeur Mon amant est venu la r’prendre avec ardeur } bis Vous qui n’avez pas d’amants, Mon amant est venu la r’prendre avec ardeur n’auriez-vous pas peur Et pour sa rĂ©compens’, je lui donn’rai mon cƓurIl est venu-t-un loup qui m’a fait grand frayeur Et pour sa rĂ©compens’, je lui donn’rai mon cƓurM’a pris dans mon troupeau la brebis la meilleure Mon cƓur sera le sien, le sien sera le mienM’a pris dans mon troupeau la brebis la meilleureJe me suis Ă©criĂ©e Au voleur ! au voleur ! » RĂ©veillez-vous belle endormie Traditionnel Bas-Berry – Valse 6/8 passĂ© en 3/4 “Chansons populaires dans le Bas-Berry” Barbillat-Touraine [BT039-2]RĂ©veillez-vous belle endormie, } bis Laissez-les fair’, laissez-les dire, } bisRĂ©veillez-vous car il est jour. Laissez parler qui voudera } bisMettez la tĂȘte Ă  la fenĂȘtre, C’est en dĂ©pit de jalousieVous entendrez parler de vous. Moi j’aimerai qui m’ vient m’appeler Ă  cette heure ? } bis Mon bon ami, revenez viteQui frappe pour me rĂ©veiller ? Et n’écoutez pas les jalouxC’est votre pĂšre et votre mĂšre BientĂŽt nous irons Ă  l’égliseQui parlent de nous marier. Et je resterai avec saison, printemps aimable Propositions de variantes de la phrase COĂč j’entends chanter les oiseauxAh ! que l’amour est agrĂ©able } bisSeulette en gardant mon les chevaux de chez mon pĂšre } bisSont mieux la nuit que vous le jourIl ont du foin et de l’avoine,Trois coups d’étrille au point du jourJ’ai bien filĂ© quatre fusĂ©es } bisEn attendant votre retourMais tout en filant la cinquiĂšmeL’alouette a chantĂ© le jour.1 Toutes les finales en “e” fĂ©minines sont Hugues Page 29 “De l’esprit Ă  l’envie”Chants Ă  danser paroles et musiques DerriĂšre chez nous Traditionnel Auvergne – Scottish-valse ; danse “l’Hirondelle” “Chants et danses du Massif-Central” r. J. SĂ©gurelDerriĂšr’ chez nous y a une montagne Moi et mon amant la montons souventEn la montant grand dieu qu’il y a de peine En la descendant quel soulagement Le message du rossignol Traditionnel Bas-Berry – Valse “Chansons populaires dans le Bas-Berry” Barbillat-Touraine [BT019-2]Rossignol prend la lettre, au chĂąteau il s’en va. } bis Dessus le pont de Nantes, non, non, je n’irai pas, } bisBelle Nanon, votre amant est en peine OĂč j’n’ai parents, ni bons amis, ni frĂšres } bisSi vous l’aimez, Belle, autant qu’il vous aime. À qui confier mes pein’s et mes m’aimer tant qu’je l’aime, non, non, ça n’se peut pas. Des pein’s et des misĂšres, Nanon, t’en aura pas, ïȘ bis Je te promets la foi du mariageIl a toujours dedans son espĂ©rance Jure-moi donc d’en faire un bon m’emmener dessus le pont de la contradiction entre le 1er et le 2Ăšme couplet est conservĂ©e comme la forme populaire communĂ©ment entendue. La destinĂ©e, la rose au bois Traditionnel Bas-Berry – Polka piquĂ©e “Chansons populaires dans le Bas-Berry” Barbillat-Touraine [BT061-2]Quand la maison est propre, les galants ils y v’nont Si l’coffre i fait la sourde, les galants is restont... Is caressont la fille, Ă  la mĂšre is causont...Ils y v’nont quatr’ par quatre, – Madame, ouvrez-nous donc Mais si l’coffre i rĂ©sonne, les galants is s’taisont... Quand la maison est sale, les galants is s’en vont...– Madame, ouvrez-nous donc } ritournelle Is s’en vont quatr’ par quatre, en tapant du talon... La mĂšre al les rappelle, – Galants, revenez donc...La destinĂ©e, la rose au bois – Non pas, non pas, la mĂšre, vot’ coffre il est plein d’son...– Madame, ouvrez-nous doncIls y v’nont quatr’ par quatre – Madame, ouvrez-nous doncIls s’assitont sus l’coffre En tapant du talon,En tapant du talon, La destinĂ©e
En tapant du talon“De l’esprit Ă  l’envie” Page 30 Christian HuguesChants Ă  danser paroles et musiques D’oĂč venez-vous si crottĂ© Traditionnel – Branle double “Chansons populaires du Val de Loire” Maurice ChevaisBinaire essayer en ternaireTernaire lĂ©gĂšrement diffĂ©rente, la musique convient aussi Ă  la version binaireQue m’avez-vous apportĂ©, Monsieur le CurĂ© ? } rĂ©p Je voudrais me confesser
 T’as donc commis un pĂ©ché  Celui de trop vous aimer
 Il faudra t’en corriger
Des souliers blancs pour danser, Simone, ma Simone, M’en corriger, j’en mourrai
 Il faudra donc t’enterrer
 Le ferez-vous sans pleurer
 Oui, puisqu’il faudra chanter
Des souliers blancs pour danser, ma petite mignonne. Quell’ chanson vous chanterez
 Requiescat in pace
Voulez-vous me les donner
 Il faut pour ça les gagner
Que faut-il pour les gagner
 Savoir lire et bien filer
Proposition passer du binaire au ternaire et vice versa pour influer sur le style de la danse. Suez XXe siĂšcle – Scottish p. et m. Guy BĂ©artSuppose qu’on ait d’l’argent bis On l’appellerait Suez bis On f’rait payer tous les gens bisEt qu’on soit intelligent bis Ça je peux te l’assurer bis Ça nous f’rait beaucoup d’argent bisPour pas faire les imbĂ©ciles bis Et lĂ  bougre d’animal bis Puisqu’il faut t’expliquer tout bisOn s’achĂšterait une ville bis On se creus’rait un canal bis On rentrerait dans nos sous bisTout rĂ©pĂ©ter depuis le dĂ©but Tout rĂ©pĂ©ter depuis le dĂ©but Tout rĂ©pĂ©ter depuis le dĂ©but+ Badabadam dabadam + Badabadam
 ïźâ€Š dans nos sous dabadam dadam Puis avec cet argent-là
Écrit en notes Ă©gales, ce chant s’interprĂšte avec beaucoup de swing. On s’achĂšt’rait Panama !Christian Hugues Page 31 “De l’esprit Ă  l’envie”Chants Ă  danser paroles et musiques Quand j’étais fille Ă  votre Ăąge Traditionnel Nivernais, Morvan – Valse “Chansons populaires du Nivernais et du Morvan” Millien-Delarue tome 3En entrant dans l’église, } bis Adieu les jeunes filles, Voyez cette belle ceintureUn romarin dedans ma main, } bisUne couronn’ dessur ma tĂȘte, C’est aujourd’hui qu’il faut nous quitter, qui fait trois fois le tour de moi,AccompagnĂ©e d’tous mes parents. Faut donc s’y mettre au rang des femmes, C’est ma sagess’ qui me la donne, Adieu plaisir, adieu gaietĂ©. FĂ©licitĂ© de mon sortant de l’église, bis Oh ! voyez-vous cette bell’ couronne Oh ! j’ai un merveilleux anneau d’or Qui est aujourd’hui sur ma tĂȘte, Qui fait tout le tour de mon doigt,}Toutes les jeun’s filles autour de moi, C’est ma sagess’ qui me la donne, C’est mon mari qui me le donne FĂ©licitĂ© de mon mari. Pour passer ses jours avec moiPlus je les vois, plus j’les regarde, bis}C’est un denier de pleurs pour moi. À l’ombre du cƓur de ma mie p. et m. Georges Brassens XXe siĂšcle – Ballade ; MazurkaEn chanson telle que BrassensÀ danser en mazurkaÀ l’ombre du cƓur de ma mi’ Alors cet oiseau de malheur Tant de rumeurs, de grondements,Un oiseau s’était endormi Se mit Ă  crier Au voleur », Ont fait peur aux enchantements,Un jour qu’elle faisait semblant, Au voleur » et À l’assassin » Et la belle dĂ©sabusĂ©eD’ĂȘtre la Belle au bois dormant. Comm’ si j’en voulais Ă  son sein. Ferma son cƓur Ă  mon moi, me mettant Ă  genoux, Aux appels de cet Ă©tourneau, Et c’est depuis ce temps, ma sƓur,Bonnes fĂ©es, sauvegardez-nous ! Grand branle-bas dans Landerneau. Que je suis devenu chasseur,Sur ce cƓur j’ai voulu poser Tout le monde et son pĂšre accourt Que mon arbalĂšte Ă  la mainUne maniĂšre de baiser. AussitĂŽt lui porter secours. Je cours les bois et les chemins.“De l’esprit Ă  l’envie” Page 32 Christian HuguesChants Ă  danser paroles et musiques L’avant-veille de mes nocesTraditionnel Poitou – Ronde Ă  Sidonie Ă  pas unique ou Ă  2 pasL’avant-veille de mes noces } rĂ©p RefrainAh ! que le temps m’y duraitJ’ai r’gardĂ© par la fenĂȘtre } bis 
 Ma mĂšr’ qu’était Ă  la porte,J’ai vu la Lun’ qui riait brillait Qu’entendait tous mes discoursCe joli jour arrive arriv’, ce joli jour arrivera } rĂ©p 
 Que dis-tu maudite fille Oh ! mais ton papa le sauraJ’ai r’gardĂ© par la fenĂȘtre } bis } rĂ©pJ’ai vu la Lun’ qui riait brillait 
 Ma mĂšr’ couche avec un hommeJ’lui ai dit Maudite Lune Et pi moi je n’y couch’ pasNe descendras-tu pas plus bas ? » Trois petites notes de musiqueXXe siĂšcle – Valse p. Henri Colpi ; m. Georges DelerueLa la la la je vous aime Vrai elle Ă©tait si jolie La la la la la tout rĂȘvechantait la rengaine, Si fraĂźche Ă©panouie rime avec s’achĂšve,la la mon amour Et tu n’ l’as pas cueillie le tien n’ rime Ă  rienDes parol’s sans rien d’ sublime Vrai pour son premier frisson Fini avant qu’il commencepourvu que la rime Ell’ t’offrait un’ chanson le temps d’une danseamĂšne toujours À r’prendre Ă  l’unisson l’espac’ d’un refrainUne romanc’ de vacances La la la la la la la la la la la la la la la laQui lancinant’ vous relance da Capo aller Ă  la codaChristian Hugues Page 33 “De l’esprit Ă  l’envie”Chants Ă  danser paroles et musiques XXe siĂšcle – Java La java p. Albert Willemetz, Jacques Charles ; m. Maurice Yvain 1922“De l’esprit Ă  l’envie” Page 34 Christian HuguesChants Ă  danser paroles et musiques Un petit cabanon XXe siĂšcle – Java p. RenĂ© Sarvil ; m. Vincent Scotto 1935A C’est bien beau ton cabanon, B Un petit cabanon C À l’intĂ©rieur une chambre et c’est soufflĂ© Cupidon, Pas plus grand qu’un mouchoir de poche, Dans cette chambre-lĂ , il faut un lit surtoutMais il sera plus joyeux Un petit cabanon Et dans ce lit, un oreiller moelleuxLorsque vous serez deux. Au bord de la mer sur des roches. Mais sur cet oreiller, il faut deux est mon vif dĂ©sir. Pour vivre il fera bonSi vous vouliez venir, Si l’amour Ă  son toit accroche D RefrainIl deviendra un chĂąteau Son pavillon lĂ©ger C’est pourquoi sans façon,Si nous y chantons en duo. OĂč l’on voit deux cƓurs enlacĂ©s. Je me dis lĂ  dans ma caboche Le bonheur, tĂ©, mon bon !InterprĂ©tation A couplet A, B faux refrain, C couplet C, D refrain C’est un tout petit cabanon. idem une 2Ăšme fois. Pour finir, le refrain peut ĂȘtre bissĂ©. Je suis garçon malheureux Traditionnel Auvergne – BourrĂ©e “Chants et danses du Massif-Central” r. Jean SĂ©gurelSur ce rocher, y a un’ claire fontaine, Sur ce rocher, y a un’ haute montagne, Le mal d’amour est une grande peineTout Ă  l’entour, y a des roses d’amour. Les amoureux y montent tous les jours. Quand on le tient, il vaudrait mieux mourirToute la nuit le rossignol y chante, Venez-y donc ma bien chĂšre compagne, L’herbe des prĂ©s qui n’est tant souveraine,Soir et matin jusqu’au lever du jour. Nous y prendrons le plaisir de l’amour. L’herbe des prĂ©s ne peut pas le Hugues Page 35 “De l’esprit Ă  l’envie”Chants Ă  danser paroles et musiques Avanie et framboise XXe siĂšcle – Tango p. et m. Boby LapointePour sĂ»r qu’elle Ă©tait d’Antibes1, Elle avait peu d’avantages. Davantage d’avantages,C’est plus prĂšs qu’ les CaraĂŻbes, Pour en avoir davantage, Avantagent davantage,C’est plus prĂšs que Caracas. Elle s’en fit rajouter Lui dis-je, quand elle revintEst-c’ plus prĂšs que PĂ©zenas ? À l’institut de beautĂ©. Avec ses seins n’ sais pas. Ah, ah, ah ! Deux fois dix !Et tout en Ă©tant Française, On peut dans le Maine-et-Loire Permets donc que je lutineL’était tout de mĂȘme Antibaise. S’offrir de beaux seins en poire. Cette poitrine bien qu’elle soit française, Y a un institut d’Angers Mais elle m’a Ă©chappĂ©,Et malgrĂ© ses yeux de braise, Qui opĂšre sans danger A pris du champ dans le préÇa n’ me mettait pas Ă  l’aise Des plus jeun’s aux plus ĂągĂ©s. Et j’ n’ai pas couru aprĂšs,De la savoir Antibaise, On peut presque tout changer, Je n’ voulais pas attraperMoi qui serais plutĂŽt pour ! ExceptĂ© ce qu’on n’ peut pas ! Une angevin’ de poitrine !Quelle avanie !
 Quelle avanie !
 MoralitĂ© Avanie et mamelles1 Toutes les finales en “e” fĂ©minines sont prononcĂ©es sauf Ă©lision notĂ©e. Sont les framboises du destinProposition porter la voix glissando de la blanche vers la noire “Françoise”
 ; raccourcir la noire en fin de phrase “adjudant” Les lavandiĂšres Traditionnel Bretagne – Ronde “morguĂ©e” Ă  rapprocher du branle des lavandiĂšres de la RenaissanceLa phrase non rĂ©pondue peut alterner Au dernier Trois coups d’ battoir, trois coups d’ savon... Au bord de la riviĂšre Ya plus qu’un’ lavandiĂšre } rĂ©pavec Ell’s tap’nt du pied et ell’s s’en vont... Ell’ tap’ du pied et ell’ s’en va, v’lĂ  comm’ la lavandiĂšre ell’ fait...“De l’esprit Ă  l’envie” Page 36 Christian HuguesChants Ă  danser paroles et musiques XXe siĂšcle – Tango Tel qu’il est p. Maurice Vandair & Charlys ; m. Alexander 1936Il est carrĂ© mais ses Ă©paules Le boulot pour lui, c’est la chosePar du carton sont rembourrĂ©es. La plus sacrĂ©e, il n’y touch’ il est tout nu, ça fait drĂŽle, Pour tenir le coup, il se doseOn n’en voit plus que la moitiĂ©. De quintonine Ă  tous les r’ n’a pas un seul poil sur la tĂȘte Ce qui n’est pas marrant, c’est qu’il ronfle,Mais il en a plein sur les gambettes On dirait un pneu qui se celui qu’il a dans la main, Et quand il faut se bagarrer,C’est pas du poil, c’est du crin. Il est encor’ J’avais rĂȘvĂ© de prendre d’avoir un homme ; Un garçon chic et distinguĂ© Un vrai de vrai bien balancĂ© ; Et mĂȘm’ s’il est plein de MalgrĂ© qu’il ait bien des dĂ©fauts ; s’il a qu’il ait l’air anormal ; Mais je sais qu’il Mais j’ m’en fous, il me plaĂźt tel qu’il est. C’est un fait, tel qu’il est, il me plaĂźt Jean Petit qui danse Chanson populaire XVe ou XVIIe siĂšcle – Animation De son doigt, de sa main, de son bras, du son coude, de son pied, de sa jambe, de son nez
 La phrase B Ă©numĂšre les Ă©lĂ©ments du corps citĂ©s depuis le Hugues Page 37 “De l’esprit Ă  l’envie”Chants Ă  danser paroles et musiques Pelot d’Hennebont Traditionnel Bretagne – Andro Pelot de Betton, texte modifiĂ© par Bernard Baudriller Tri YannÀ la bataill’, je combattions }rĂ©p Il a quĂ©ri un biau ruban Ma mĂšr’ si j’meurs en combattant,Les ennemis de la nation Et je n’sais quoi au bout d’argent. J’vous enverrai ce biau rubanEt tous ceux qui se prĂ©sentiont Il m’dit “Bout’ ça sur ton habit Et vous l’bout’rez Ă  votr’ fusiau r. Et combat toujours l’ennemi.” En souvenir du gars Pelot.}À grands coups d’ sabr’ les Ă©mondions. Dit’s Ă  mon pĂšre, Ă  mon cousin,Le roi Louis m’a z’appelĂ©, Faut qu’ce soye quĂ©qu’ chos’ de prĂ©cieux À mes amis que je vais Sans-Quartier qu’il m’a nommĂ©. Pour que les autr’s m’appell’nt Monsieur Je suis leur humble serviteurSir’, Sans-Quartier, c’est point mon nom, Et bout’nt la main Ă  leur chapiau Pelot qui vous embrass’ de dit “J’m’appell’ Pelot d’Henn’bont.” Quand ils veul’nt conter au Pelot. Frantz XXe siĂšcle – Valse p. et m. Guy BĂ©artChĂ©rie rentre, rentre chez toi ChĂ©rie rentre, tu dois rentrer ChĂ©rie rentre en ce momentTon mari est presque froid Ton mari est dĂ©cĂ©dĂ© On doit lire son testamentMon mari est presque froid Mon mari est dĂ©cĂ©dĂ© Que dis-tu en ce momentQu’on lui brĂ»le un feu de joie Y a plus rien qui puisse l’aider On doit lire son testamentRefrain } bis Ă  2 voix Refrain Non, mon cher Frantz plus une seul’ danse Je vais courir pleurer mon vieux mariXxxx homme ; Xxxx femme En revenant de Charenton Ă©d. Christophe Ballard 1724 Renaissance – Branle du PoitouEn revenant de Charenton Ziste zeste patapon } rĂ©p Qui racontait Ă  MargotonJ’ai rencontrĂ© MaĂźtre Guillon Comme on fait l’amour sans façon Or, Ă©coutez, voici le bonZiste zeste malepeste Qu’il est leste qu’il est preste Ziste zeste ce garçon } rĂ©p La Belle ne lui dit pas non Elle s’assit sur le gazonJ’ai rencontrĂ© MaĂźtre Guillon zeste patapon } rĂ©p Mais j’ai de la discrĂ©ti-onQui racontait Ă  Margoton... Ainsi s’achĂšve ma chanson11 ajout personnel et optionnel Christian Hugues“De l’esprit Ă  l’envie” Page 38Chants Ă  danser paroles et musiques Java qu’est-c’que tu fais lĂ  XXe siĂšcle – Java p. Eddy Marnay ; m. Emil Stern 1955 ChambriĂšre Renaissance – Branle coupĂ© d’aprĂšs Jehan Planson Ă©d. Ballard 1587 Une voix pour mener la ronde. Simple sur “Hola, hola”La chamberiĂšr’ fut habile, }rĂ©p – À quoi faire irai-je Ă  Rome, }rĂ©p Mais lĂ  survint sa maĂźtresse }rĂ©pPrit son chaperon de drap. Quand les pardons sont deçà ? – Que Diable faites-vous lĂ  ? Si la prend et si l’embrasse,– Monsieur, ma dame vous mande Sur l’herbette la jeta. – Taisez-vous, taisez, MaĂźtresse,Que son mari n’y est pas. Taisez-vous, l’on se hola ! Je tiens la dame peu sage Qui belle chambriĂšre a. }rĂ©pChristian Hugues Page 39 “De l’esprit Ă  l’envie”Chants Ă  danser paroles et musiques ChambriĂšre d’aprĂšs Jehan Planson Ă©d. Ballard 1587 À 4 voix pour faire danser. Simples sur “Hola, hola” Renaissance – Branle coupĂ©La chamberiĂšr’ fut habile, }rĂ©p – À quoi faire irai-je Ă  Rome, }rĂ©p Mais lĂ  survint sa maĂźtresse }rĂ©pPrit son chaperon de drap. Quand les pardons sont deçà ? – Que Diable faites-vous lĂ  ? Si la prend et si l’embrasse,– Monsieur, ma dame vous mande Sur l’herbette la jeta. – Taisez-vous, taisez, MaĂźtresse,Que son mari n’y est pas. Taisez-vous, l’on se hola ! Je tiens la dame peu sage Qui belle chambriĂšre a. }rĂ©p“De l’esprit Ă  l’envie” Page 40 Christian HuguesChants Ă  danser paroles et musiques C’est notre chambriĂšre Traditionnel Ouest, Est – Ronde Collectage Abel Soreau - Le Grand FougerayNombreuses versions de Bretagne en VendĂ©e, dans l’Est Jura, etc. avec, entre autres, des diffĂ©rences dans les notre valet Pierre qui la reconsolait. } rĂ©p La vache Ă©tait fringante, elle a jouĂ© du jarret Elle a cassĂ© la jatte, elle a gĂątĂ© le laitIl lui disait Ma Jeanne, Jeanne, veux-tu du lait? Elle a jetĂ© le garce par-dessus le tabouret Il a jurĂ© Saint Yaume c’est le nom qu’il portaitJoue de ton tambourin, Pierre } rĂ©p Que jamais dessous vache il ne s’accroupiraitJoue de ton tambourinet Qu’il n’ait eu une coĂ«ffe ou ben un beau colletA rĂ©pondu la Jeanne, oui bien qu’elle en voulaitPi-erre a pris une jatte, sous la vache il s’en vait À l’auberge de l’écu ainsi dĂ©fini par moi ! Traditionnel – Branle coupĂ©Tout’s les filles de Paris bis Une vieill’ se prĂ©senta bis La vieille, en s’en retournant bisDe Montmartre Ă  Saint-Denis bis Qui des leçons demanda. bis Marmonnait entre ses dents bisOnt vendu leurs chemisettes, Par la porte de derriĂšre Ah ! Vous me la baillez belleLeurs jarretiĂšr’s, leurs collerettes,Pour avoir un p’tit Ă©cu, Fait’s-moi passer la premiĂšre. De me croire encor’ apprendre Ă  jouer de l’épinette,Pour avoir un p’tit Ă©cu, Tiens, voilĂ  mon vieil Ă©cu VoilĂ  cinquante ans et plusPour apprendre Ă  jouer du ... Pour apprendre Ă  jouer de l’épinette. Que je sais jouer de l’épinette. Tiens, voilĂ  mon vieil Ă©cu VoilĂ  cinquante ans et plus Pour apprendre Ă  jouer du ... Refrain Que je sais jouer du ... Refrain bis Vieille, retournez-vous-en bis La morale de ceci,Trou la la, trou la la Et reprenez votre argent bis Je vais vous la dire ici. bisTrou la, trou la, trou la laire Car ce n’est pas Ă  votre Ăąge C’est quand on est jeune et belleTrou la la, trou la la Qu’on entre en apprentissage. Qu’il n’faut pas rester pucelle,Trou la, trou la, trou la la Vous avez trop attendu Faut profiter d’son Ă©cu Pour apprendre Ă  jouer de l’épinette. Pour apprendre Ă  jouer de l’ double 2 fois plus rapide suivi de Vous avez trop attendu Faut donner son p’tit Ă©cu 2 frappĂ©s Pour apprendre Ă  jouer du ... Refrain Pour apprendre Ă  jouer du ... RefrainOn peut aussi continuer tous les “Trou la la” en simplesChristian Hugues Page 41 “De l’esprit Ă  l’envie”Chants Ă  danser paroles et musiques Claude Gervaise Sur toutes demoiselles Renaissance – Branle doubleSur toute demoiselles }rĂ©p Ce n’est pas de merveille }rĂ©p Afin qu’à Dieu souvienne }rĂ©pQu’à ce jour crĂ©a Dieu Si je suis amoureux ; Que je fus votre ami,Qu’à ce jour crĂ©a Dieu } rĂ©p Si je suis amoureux ; } rĂ©p Que je fus votre ami, } rĂ©pDame vous ĂȘtes celle Que je dorme ou que veille, Et qu’encor soyez mienneQu’il a faite le mieux }rĂ©p J’endure mille feux. }rĂ©p Dedans le Paradis. }rĂ©pVotre bouche vermeille, }rĂ©p Dame, vous ĂȘtes belle }rĂ©pVos maintiens gracieux, Et parfaite Ă  mon maintiens gracieux, } rĂ©p Et parfaite Ă  mon grĂ©. } rĂ©pIls n’ont pas la pareille Je tiendrai vos querellesSur terre comme aux cieux. }rĂ©p Le temps que je vivrai. }rĂ©p La Fille du moulin Traditionnel Bas-Berry – Valse “Chansons populaires dans le Bas-Berry” Barbillat-Touraine [BT065-2]– HĂ©las, la Bell’, si jamais j’avais su – HĂ©las la Bell’, si j’ai perdu mon temps – Allons la Bell’, prends ton verre Ă  la main,Que mes amours t’auraient pas convenu, J’ai bien passĂ© d’agrĂ©ables moments. Faut oublier le souci, le pas tant dĂ©pensĂ© mon argent T’en souviens-tu quand nous Ă©tions tous deux, Avec le temps, ta beautĂ© pĂąlira,Au cabaret avec toi, tes parents. Dans ton jardin comme deux amoureux. Tu prendras bien l’amant qui s’prĂ©sent’ras.– Mon cher galant, si tu l’as dĂ©pensĂ©, – Mon cher galant, te vantes donc pas tant, – Mon cƓur joli, je ne sais qui l’ n’est pas moi qui te l’a de fois je t’ai dit si souvent J’ai mon honneur aprĂšs tout comme avant Toi gros dourdeau, tu l’auras toujours pas,Tu fais l’amour, galant, tu perds ton temps. Car mon honneur et ma fidĂ©litĂ©, Toi gros dourdeau, t’auras pas le plaisir J’ les ai gardĂ©s pour un autre berger. De m’embrasser ni le jour, ni la nuit. Descendez-moi je veux danser Ref... Traditionnel Pays de GuĂ©rande – Rond paludierbis + rĂ©pRefrain jusqu’à la fin rĂ©pDescendez-moi je veux danser bis + rĂ©p Par lĂ  passe un vieillard plaisant Dis rien, dis rien, vieillard plaisant Que faites-vous lĂ , jeune gens ? AprĂšs la pluie viendra le ventLĂ  il la prend il la descend bis + rĂ©p Vous pilez tout mon beau froment Il relĂšv’ra tout ton fromentIl la coucha sur le froment idem Christian Hugues“De l’esprit Ă  l’envie” Page 42Chants Ă  danser paroles et musiques La fille de la meuniĂšre Traditionnel France – Animation la Gigouillette* Variantes du 1er couplet Sa maman ne voulait guĂšre Autre refrain
 Qui dansait avec les gars... Son papa ne voulait pas }En gigouillant gigouillant de la gigue
 Qui dansait avec Lucas Elle a perdu sa jarr’tiĂšre rĂ©p
 Sa jarr’tiĂšr’ qui t’nait son bas Sa jarr’tiĂšr’ qui n’tenait pas En gigouillant gigouillant du mollet* Version trouvĂ©e dans “Chants et danses du Massif-Central” page 49Y a trois gars qui veul’nt ma fille } bis Y en a deux qui se chagrinentY en a deux qui n’l’auront pas Y en a un qui s’en fait pas Ah ! LĂšve donc lĂšve donc la gigue C’est P’tit Pierr’ qui aim’ ma fille Ah ! LĂšve donc, lĂšve donc plus haut Ce s’ra lui qui l’épous’ra Nagawika Paroles et musique Jacky Galou Animation ; Percussion corporelleQuand je serai grand } rĂ©p Sur mon cheval blanc } rĂ©pNagawika } rĂ©p Nagawika } rĂ©pJ’aurai un arc et un carquois, Nagawika, Nagawika } rĂ©p J’irai plus vite que le vent, Nagawika, Nagawika } rĂ©pAvec mes flĂšches } rĂ©p Autour du feu } rĂ©pNagawika } rĂ©p Nagawika } rĂ©pJe chasserai le grand bison, Nagawika, Nagawika } rĂ©p Je danserai toute la nuit, Nagawika, Nagawika } rĂ©pChristian Hugues Page 43 “De l’esprit Ă  l’envie”Chants Ă  danser paroles et musiques J’ai mon amant pour rire Traditionnel – Rond d’Argenton ; Rondeau en couple ; Cramignon liĂ©geois ; Animation A B CVersion de B et CJe prenderai mon cher amant, ma foi, pour compagnie } bis Prenez-en un, prenez-en deux mais ne l’allez point direQuand nous fum’nt au milieu du bois, il commence Ă  me dire Ah ah Car si mon pĂšre le savait, il m’en ferait mourire Quand Ă  ma mĂšre, j’en suis sĂ»re, ell’ ne ferait qu’en rireJ’ai mon amant pour rire avec moi } rĂ©p Ell’ se souvient comme ell’ faisait quand elle Ă©tait jeun’ filleJ’ai mon amant pour rireJe voudrais voler un baiser sur votre bouch’ ma mie ... Chant de fiançailles ou Chant des livrĂ©es Traditionnel Bas-Berry – Branle coupĂ© arrt CH “Chansons populaires dans le Bas-Berry” Barbillat-Touraine [BT120-2]Ouvrez, ouvrez la porte, Nanette, la jolie, } bis DanseJ’ai “un beau bouquet” Ă  vous prĂ©senter } bis DG double Ă  gauche ; DD double Ă  droiteOuvrez votre porte et laissez-moi entrer SG simple Ă  gauche ; SD simple Ă  droite TG tour Ă  gauche en 4 appuis Ma mĂšre est dans sa chambre, mon pĂšre est en colĂšre Et moi je suis fille de si haut prix, J’ouvre pas ma porte au milieu de la prĂ©sent diffĂ©rent est proposĂ© par couplet un beau bonnet, un beau jupon, un beau corsage, un beau fichu, un tablier, un’ bell’ quenouille, un’ bell’ couronne
Au prĂ©sent “un anneau d’or” proposĂ©, le refrain rĂ©pond Ma mĂšre va descendre, je vois sourir’ mon pĂšre } bisEt moi je suis fille de si haut prix,J’ouvre bien ma porte, entrez mes bons amis. mon bon ami ?“De l’esprit Ă  l’envie” Page 44 Christian HuguesChants Ă  danser paroles et musiques La fille au coupeur de paille Traditionnel VendĂ©e, Bretagne – Ronde Ă  3 pas ; MaraĂźchine ; Tour “Chansons et rondes enfantines des provinces de France” WeckerlinJamais je n’oublierai la fille au coupeur de paille, jamais je n’oublierai la fille au coupeur de blĂ©} }Il n’en est pas de plus belle Nous somm’s trois qui veul’nt sa fille Nous somm’s deux qui n’l’auront pasentre Paimpol et TrĂ©guier rĂ©p En dansant l’autre dimanche rĂ©p } rĂ©p m’a sourit si tendrement La fille du coupeur de paille Traditionnel VendĂ©e, Bretagne – MaraĂźchinePuis mĂȘmes paroles que la version 1 ou en chant Ă  dĂ©compter Variante de la phrase B pour les 2 versions ci-dessusNote pour les 2 versions ci-dessus ● le chant peut commencer indiffĂ©remment par les phrases A ou B ; ● les phrases A et B peuvent ĂȘtre combinĂ©es entre elles. Par exemple, A1+B2, etc., ce qui donne 4 versions. La fille du coupeur de paille Traditionnel – Ronde toutes possibles La petite Morvandelle Traditionnel – Branle Ă  6 du Morvan ; BourrĂ©e Ă  2 tempsPour danser la bourrĂ©e Ă  2 temps, chanter plutĂŽt “Elle alla danser, elle alla chanter”Christian Hugues Page 45 “De l’esprit Ă  l’envie”Chants Ă  danser paroles et musiques J’ai une commission reconstitution Marguerite Henry-Rosier Traditionnel Franche-ComtĂ© – Branle du JuraSi j’la dis Ă  l’alouette tout le monde le saura } rĂ©p Trouve la porte fermĂ©e, par la fenĂȘtre il entra Les dames Ă©taient assises, humblement les saluaRossignol du vert bocage, faites-moi ce plaisir-lĂ La violette double double La violette doublera } rĂ©p Bonjour l’une, bonjour l’autre, bonjour la bell’ que voilĂ L’rossignol prend sa volĂ©e, au chĂąteau d’amour s’en va Votre ami m’envoie vous dire que vous ne l’oubliiez pasÀ rapprocher des chants “La rose et le rosier” p. 32 dont on peut adopter et adapter les paroles pour prolonger de 2 variantes musicales Ă©vitant la rĂ©pĂ©tition du “la” et que l’on peut chanter Ă  2 voix Je mĂšne les loups Traditionnel Berry – BourrĂ©e Ă  2 temps source “L’arbre Ă  danses” ADP Atelier de la danse populaireJe mĂšne les loups, mĂšne les loups, laissez donc faire rĂ©p Je n’irai pas au bord de la riviĂšre, } rĂ©p Je n’irai pas si mon ami n’y est pas. } rĂ©p}Je mĂšne les loups, mĂšne les loups, loin de chez nous 2 Nous danserons au bord de la riviĂšre,Les blancs s’en vont1 le long de1 la riviĂšre, } rĂ©p Nous danserons quand les loups partirontLes blancs s’en vont, les rouges resteront.1 Écouter la diffĂ©rence sans fa diĂšse. 2 Couplet ajoutĂ© Ă  la source. En faire d’autres dans le mĂȘme et entremĂȘler avec “Le long du chemin” et la suite p. 23 qui sont de la mĂȘme veine et dans le mĂȘme esprit. Les enfants sans soucy Traditionnel Bourgogne – MarcheLes voulez-vous connaĂźtre les enfants sans soucis } rĂ©p Je viens de la taverne, mon argent rĂ©panduIl faut les aller prendre un dimanche matin } rĂ©p Si tu voulus me croire, ton argent t’aurais euSortant de la grand messe Compagnon d’oĂč viens-tu ? Tu aurais bu de l’aigre et laissĂ© ce bon vin J’aurais vendu ma robe et mon pourpoint satin Rossignolet sauvage, rossignolet joli Va-t-en dire Ă  ma mie qu’ell’ n’aura plus d’ami Qu’il est parti en guerre, c’est pour le roi servir Servir le roi, la reine et sa patrie aussi Rossignolet sauvage, rossignolet joli Va-t-en chercher mon fifre et mon tambour joli Pour donner des aubades aux enfants sans soucis Qui sont Ă  la taverne qui mangent du rĂŽti.“De l’esprit Ă  l’envie” Page 46 Christian HuguesChants Ă  danser paroles et musiques La Belle aux trois amants Traditionnel Bas-Berry – Branle ; Branle coupĂ© ; Marche “Chansons populaires dans le Bas-Berry” Barbillat-Touraine [BT087-1]Elle a trois amants sur terre qui lui font la cour. } rĂ©p Ya du pain du beurr’ dans l’arche Ma fill’ donn’-leur z’yenLe plus jeun’ dit aux deux autres“Comment l’aurons-nous ?” } rĂ©p De vot’ pain ni de vot’ beurre Nous n’en voulons pointHĂ© ! Comment l’aurons-nous, dĂ©lirett’...HĂ© ! Comment l’aurons-nous C’est la route de Versailles, Montrez-nous l’ cheminLe plus jeun’ dit aux 2 autres “Comment l’aurons-nous ?” La Belle dessur la route les a bien rejointsNous ferons faire une vielle Tout’ garnie d’argent Adieu pĂšre, adieu mĂšre, Adieu mes parentsHĂ© ! Tout’ garnie d’argent, dĂ©lirett’... } rĂ©p Si vous m’aviez mariĂ©e Quand il Ă©tait tempsNous irons de porte en porte L’aumĂŽn’ demandant Je s’rais femme Ă  mon mĂ©nage J’aurais du bon tempsÀ la porte de la Belle Jouent un branle charmant Je s’rais femme Ă  mon mĂ©nage j’aurais du bon temps } rĂ©p Et me voilĂ  fill’ perdue Avec trois amantsAh ! Maman ce sont trois pauvres Trois pauvres mendiants HĂ© ! Avec trois amants, dĂ©lirett’ HĂ© ! Avec trois amants } rĂ©p La boiteuse Traditionnel Bretagne – Rond de Saint-Vincent sur Oust Paroles tirĂ©es de “Anthologie de la chanson de Haute Bretagne” ; musique et autres paroles de Thierry Robin23 56 7C’était une boiteus’ 1revenant du marchĂ© } rĂ©p 
 Ell’ portait sur sa tĂȘt’ des oies Ă  plein panierEll’ portait sur sa tĂȘt’ des Ɠufs Ă  plein panier Les oies s’en vont cora-coquant
Les Ɠufs s’en vont rouli-roulant } rĂ©p 
 Ell’ portait sur sa tĂȘt’ des chats Ă  plein panier La vieill’ s’en va boiti-boitant Les chats s’en vont miauli-miaulant
 1Boiteuse par derriĂšr’, 1boiteuse par-devant } rĂ©p Sur les chemins du Morbihan 
 Ell’ portait sur sa tĂȘt’ des chiens Ă  plein panier la vieill’ s’en va boiti-boitant } rĂ©p Les chiens s’en vont jappi-jappant
 2Boiteuse par derriĂšr’, boiteuse par-devant 
 Ell’ portait sur sa tĂȘt’ des vach’s Ă  plein panier
 Ell’ portait sur sa tĂȘt’ des poul’s Ă  plein panier Les vach’s s’en vont meugli-meuglant
Les poul’s s’en vont piri-pipantLes Ɠufs s’en vont rouli-roulant La vieill’ s’en va
 
 Ell’ portait sur sa tĂȘt’ qui tu veux3 Ă  plein panier Les qui tu veux3 s’en vont chantant
1 Chanter swing comme en mesures 2 -3 ou Ă©gal comme en mesures 5 -6 -7 , ou mĂ©langer les deux styles.2 Optionnelle. Chaque phrase porte un pas complet, qu’on peut rĂ©pĂ©ter Ă  loisir, pour caler, relancer la danse.3 Quelqu’un de l’assemblĂ©e
 “Bricoler” si le mot compte plus d’une ou 2 chant est Ă  rapprocher de “Il Ă©tait une fermiĂšre”, p. 14Christian Hugues Page 47 “De l’esprit Ă  l’envie”Chants Ă  danser paroles et musiques Ce moys de may ClĂ©ment Janequin ~1485-1558 Renaissance – Branle gay“De l’esprit Ă  l’envie” Page 48 Christian HuguesChants Ă  danser paroles et musiques La Morvandelle Traditionnel Morvan – Marche Paroles Maurice Bouchor 1903 Musique vieille chanson morvandelle “Le galant d’lai Nan-nette”Il souffle un Ăąpre vent parmi nos solitudes. Pourtant nous subissons un reste d’esclavage de servage.On dit que le Morvan est un pays bien rude Pourquoi ces nourrissons privĂ©s du cher breuvage ?Mais s’il est pauvre et fier, il nous plaĂźt mieux ainsi Gardons, ĂŽ mes amis, nos femmes prĂšs de nous,Et qui ne l’aime pas n’est certes pas d’ici. Nos filles et nos fils ont droit Ă  leurs veut la libertĂ© dans nos montagnes noires Allons les Morvandiaux, chantons la Morvandelle,Nos pĂšres ont luttĂ©, pour elle et non sans gloire. Les bois, les prĂ©s, les eaux, aimĂ©s d’un cƓur fidĂšle,RĂȘveurs de coups d’état, CĂ©sars de quatre sous, Nos bĂ»ches qui s’en vont, Paris s’en chauffera,Les braves Morvandiaux se moquent bien de vous. Nos gars et leurs mamans, Paris s’en on nous l’a dit, surgirent nos ancĂȘtres, Notes Brisant le joug maudit de leurs avides maĂźtres,Ils firent bien danser les moines, leurs seigneurs, - Mesures 4, 6, 10 et 12, on peut chanter plusRepus de leur misĂšre et gras de leur sueur. dynamique ou Ă©gal pour varier avec les mesures 2 et 8. - Mesure 11, on peut chanter “tant” sur un sol blanche. Allant Ă  la chasse Traditionnel Bretagne – Rond paludierJ’ai rencontrĂ© Suzanne [aussi belle qu’un jour.] [bis] } rĂ©p Car j’aperçois ma mĂšr’ qui arme son courroux. Que faites-vous ma fille, un homme Ă  vos genoux ?Belle les maux de cƓur, belle, guĂ©rissez-vous ? } rĂ©p Quand vous aviez mon Ăąg’, ma mĂšre que faisiez-vous ? Moi du berger FĂ©lix, j’en ai fait mon je vous prie de m’aimer, serais-je refusĂ© ? } rĂ©p Et du berger Colin, moi, j’en ferai le les maux de cƓur, belle, guĂ©rissez-vous ?D’auprĂšs de moi Monsieur, Monsieur retirez-vous[bis] optionnel T’as perdu ta queue mon renard Traditionnel VendĂ©e – Maraichine Variantes trouvĂ©esCi-dessus les phrases A et B. Voir l’ajout des phrases C et D en page 52. T’as perdu
 Dans les pays sauvages Ç’ui qui t’a fait c’coup mon gars... Mais celui qui t’a fait ça Y va fair’ la grimace Variante personnelle Ç’ui
 L’a fait sans crier gare Jeu reprendre en changeant d’organe griffes, Ɠil, oreilles, moustaches, nez
Christian Hugues Page 49 “De l’esprit Ă  l’envie”Chants Ă  danser paroles et musiques La Chapelotte Traditionnel Berry – BourrĂ©e Ă  3 de la ChapelotteBigez-nous... vous nous fait’s rougir Bigez-nous.. vous nous fait’s souffrir Bigez-nous... vous nous fait’s mourir Les ricochets p. et m. Georges Brassens XXe siĂšcle – Rondeau ; ChapelloiseGens en place, dormez N’anticipons pas, Et durant un temps, J’en pleurai pas mal, Sur la berge en bas Les journaux d’antanSans vous alarmer, Tout contre une pile, D’ailleurs le relatent, Le flux lacrymal La belle tĂąchait Fallait se leverRien ne vous menace. D’ fair’ des ricochets Matin pour trouver Me fit la quinzaine. D’un’ main malhabile. Une pierre n’est qu’un jeun’ sot Moi, dans ce temps-lĂ , On redessina Au viaduc d’Auteuil Je n’ dis pas cela Du pont d’IĂ©naqui monte Ă  l’assaut En bombant le torse, Au pont Alexandre ParaĂźt qu’à vue d’Ɠil L’air avantageux Jusqu’à Saint-Michel,du p’tit Montparnasse. J’étais Ă  ce jeu Mais Ă  notre Ă©chelle, Grossissait la Seine. De premiĂšre force. bis La carte du s’étonn’ra pas Et si, pont d’ l’Alma, Tu m’ donn’s un baiser, Mais c’était trop beau ;Si mes premiers pas Ai-je proposĂ© Au pont Mirabeau J’ai pas noyĂ© ma À la demoiselle ; La belle volagetout droit me menĂšrent Et moi, sans retard Un jour se perchait DĂ©tresse ineffable, J’ t’apprends de cet art Sur un ricochetAu pont Mirabeau Toutes les ficelles. Et gagnait le large. C’est qu’ l’eau coulant sous Affaire conclue, Ell’ me fit faux-bondpour un coup d’ chapeau En une heure, elle eut Pour un vieux barbon, Les pieds du zouzou L’adresse requise. La petite ingrate,À l’Apollinaire. bis En Ă©change, moi Un CrĂ©sus vivant bis Était imbuvable. bis J’ cueillis plein d’émoi DĂ©tail aggravantBec enfarinĂ©, bis Ses lĂšvres exquises. bis Sur la rive droite. Et qu’ j’avais acquis bisPouvais-j’ deviner Cett’ conviction quiLe remue-mĂ©nage Du reste me navreQue dans mon destin Que mort ou vivantCauserait soudain Ce n’est pas souventCe pĂšlerinage ? Qu’on arrive au circonvenu Nous attristons pas,Mon cƓur ingĂ©nu Allons de ce pasAllait fair’ des siennes Donner, dĂ©bonnaire,Tomber amoureux Au pont MirabeauDe sa toute pre- Un coup de chapeaumiĂšre parisienne. bis À l’Apollinaire.“De l’esprit Ă  l’envie” Page 50 Christian HuguesChants Ă  danser paroles et musiques Scottish Celle que j’aime “L’arbre Ă  danses” ADP – p. et m. Yvon Guilcher arrt YG + CHCelle que j’aime dit parfois } rĂ©p }Celle que j’aime hier m’a dit rĂ©pQu’un ami qui aime quand on aime comme elle aime } rĂ©pCelle que j’aime dit parfois Qu’un amant qui aime quand on aime comme elle aimeQu’un ami qui aime fait le premier pas Celle que j’aime hier m’a dit } rĂ©p Qu’un amant qui aime c’est mieux qu’un ami La Bastringue Traditionnel quĂ©becois interprĂ©tĂ© par La Bolduc – MixerVenez, venez, j’vas vous fair’ danser T’as pas besoin de te fĂącher, Viens dans mes bras mon cher AndrĂ©,La bastringue et pis la bastringue, ah la bastringue et pis la bastringue, oh la bastringue et pis la bastringue,Venez, venez j’vas vous fair’ danser T’as pas besoin de te fĂącher, Viens dans mes bras mon cher AndrĂ©,La queue d’votr’ rob’ va r’voler. J’ai fait’ ça c’est pour t’étriver. Viens donc, je vas t’ touĂ©, je veux pas danser Me voilĂ  donc le cƓur brisĂ©, T’as donc un beau bec sucrĂ©,ah la bastringue et pis la bastringue, La bastringue et pis la bastringue, La bastringue, la bastringue,Avec touĂ©, je veux pas danser, Me voilĂ  donc le cƓur brisĂ© T’as donc un beau bec sucrĂ©,Tu es bien trop excitĂ©. D’la pein’ que tu m’as donnĂ©e. Je suis prĂȘt Ă  r’ dis-moi donc t’es pas gĂȘnĂ©e, IntermĂšde instrumentalLa bastringue, la bastringue, Ă©ventuel Ă  jouer 4 foisMais dis-moi donc t’es pas gĂȘnĂ©e entre les m’insulter dans un’ veillĂ©e. Ajouter plein de fioritures.* Ă©triver agacer, taquinerChristian Hugues Page 51 “De l’esprit Ă  l’envie”Chants Ă  danser paroles et musiques Rossignol, rossignolet Traditionnel Sud-Ouest – Rondeau ; Branle de la vallĂ©e d’OssauRossignol, rossignolet }b+r+fin Je suis venu expressĂ©ment Si je dois me marier JĂČena filha maria te Serenadas aurĂ s lo serQui dedans les chante }bis+rĂ©p Pour te faire demande Ou si je dois attendre Que serĂ s mai contenta E lo maitin l’aubada T’as perdu ta queue mon renard suite de la page 49 Pour varier ce chant trĂšs court, ces 2 phrases C et D peuvent ĂȘtre chantĂ©es en alternance avec les phrases A et B ou jouĂ©es aux instruments s’il y en a. Paroles de CH !Tu as perdu ta queue Et tu grimaces, tu grimaces, Tu as perdu ta queue Et te voilĂ  sans queue À 10 heures dans la plaine Traditionnel Bretagne – Hanter droÀ 10 heur’s dans la plaine Au pied d’une fontaine J’ai rencontrĂ© ma mie } rĂ©p Rossignolet sauvage va fair’ des envieux, Que le printemps arrive, amusons-nous tous deux } rĂ©p Ya cor’ dix filles Ă  la Madeleine Traditionnel Bretagne – Bal paludierYa cor’ 10 filles Ă  la Mad’leine Aimons les fill’s qui sont belles } rĂ©p Les fill’s qui sont bell’s ne peuvent pas dormir Leurs amants vont les voir Ă  toute heur’ de la nuit } rĂ©p“De l’esprit Ă  l’envie” Page 52 Christian HuguesChants Ă  danser paroles et musiques Je viens de Belle-Île Traditionnel Bretagne – Bal paludierC’est dans 10 ans d’oĂč venez-vous Je viens de Belle-Île d’y faire l’amour } rĂ©p Je viens de Belle-Île mon tralalala C’est bien Ă  mon toure d’y faire l’amour } rĂ©p Grouilli, grouillon, grouillette Traditionnel QuĂ©bec – Demi-rond de l’üle d’Yeu ; Branle de BarbĂątreVersion ArbadĂ©torne Version quĂ©bĂ©coiseMe suis levĂ© de bon matin } rĂ©p J’ai descendu dans mon jardin } rĂ©p J’aim’ ça quand ça grouille Moi j’aim’ ça quand ça grouilleJ’ai descendu dans mon jardin C’était pour cueillir du raisin Grouilli grouillon grouillette Grouillez, grouillons, grouilletteJ’aim’ ça quand ça grouill’ comm’ ça } rĂ©p }Moi j’aim’ ça quand ça grouille comm’ ça rĂ©pJ’aim’ ça quand ça grouille Moi j’aim’ ça quand ça grouilleJ’ai descendu dans mon jardin... } rĂ©p C’était pour cueillir du raisin... } rĂ©pPour y cueillir du romarin... J’en avais pas cueilli trois brins...J’en avais pas cueilli trois brins... Un rossignol vint sur ma main...Qu’un rossignol vint sur ma main... Il me dit trois mots en latin...Il me dit trois mots en latin... Ces trois mots-lĂ , j’ l’ai compris bien...Que tous les homm’s ne valent rien... C’est que les homm’s ne valent rien... On peut inter-Et que les femmes encor’ bien moins... Oui mais les femmes encor’ bien moins... vertir les sexesPour les jeun’s filles il n’en dit rien... Pour les garçons beaucoup de bien Voici le mois de mai Traditionnel Bretagne – Rond de Sautron piquĂ©Voici le mois de mai oĂč les fleurs vol’nt au vent } rĂ©p Tenez, tenez ma mie, Je vous porte un prĂ©sentoĂč les fleurs vol’nt au vent si jolie mignonn’ ... si mignonnement ou Tenez, voici mes gants ou gentill’ Vous ne les port’rez guĂšr’ Que trois ou quatr’ fois l’anLe fils du roi s’en va, S’en va les ramassantIl en ramasse tant Qu’il en remplit ses gants À PĂąques, Ă  la Toussaint, À NoĂ«l, Ă  Saint-JeanIl les porte Ă  sa mie Pour lui faire un prĂ©sent Et le jour de nos noc’s Qui sera le plus blancChristian Hugues Page 53 “De l’esprit Ă  l’envie”Chants Ă  danser paroles et musiques J’ai plantĂ© un rosier Traditionnel Bretagne – Rond paludierJ’ai plantĂ© un rosier le premier jour d’avril bis } rĂ©p Ne fleurit pas pour moi car j’en ai-t-un joliJe l’ai plantĂ© le soir le matin il fleurit Ah dites-moi la Belle oĂč donc est votr’ ami } rĂ©p Il est dans la Holland’, les Hollandais l’ont pris Donn’-moi ton cƓur ma mignonn’ Que donneriez-vous bell’ pour revoir votr’ mari... T’auras le mien aussi etc. voir les paroles du “Prisonnier de Hollande” fleurit pour les bell’s qui n’ont pas de mariMusique identique Ă  celle d’“Allant Ă  la chasse” Au castĂšth de Mossur Montet Traditionnel BĂ©arn et Gascogne – Congo de Vert ; Congo du Passage d’AgenAu castĂšth de Mossur Montet Ia nau* crampas 1 ia nau crampas 2 un crampet } rĂ©pAnĂšm donc bolegatz lo pĂš QuavĂštz l’aire 1 quavĂštz l’aire 2 trufandĂšr } rĂ©pEt en onomatopĂ©es, pas plus mal ! } rĂ©pYan’ da rin’ di da din’ daï° dan’ Yan’ da ran’ daĂŻ 1 di da daĂŻ dan’ 2 di daĂŻ dan’ } rĂ©pYan’ da di da da di daĂŻ dan’ Yan’ da ran’ daĂŻ 1 da di daĂŻ dan’ 2 di daĂŻ dan’* Chant de neuf en occitan nau, ueit, sĂšt, sheis, cinc, quate qui n’est pas dit, tres, dus, un =9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1 Shens titol Traditionnel BĂ©arn et Gascogne – Congo de Vert ; Congo du Passage d’AgenTout en onomatopĂ©es } rĂ©pYan’ da lan’ da lan’ daï° leĂŻ Yan’ da lan’ da 1 lan’ dan’ daĂŻ la 2 lan’ daĂŻ laĂŻ } rĂ©pYan’ da la lin’ da la lin’ daĂŻ la la Yan’ da la lin’ da la lin’ daĂŻ la° daĂŻ, leĂŻ ornementer ces notes par exmpleNota Les 2 chants ci-dessus s’enchaĂźnent merveilleusement mĂȘme tonalitĂ© en alternant paroles et onomatopĂ©es. Ajouter Ă  l’envi bourdons et motifs mĂ©lodiques en contre-chant et rythmiques aussi.“De l’esprit Ă  l’envie” Page 54 Christian HuguesChants Ă  danser paroles et musiques DejĂČl pont de Lion Traditionnel BĂ©arn et Gascogne – Ronde du Quercy ; Rondeau Ă  deuxDejĂČl pont de Lion laderi Margarida se banha } rĂ©p Passan trĂšs cavaliers laderi TrĂšs cavaliers d’armada } rĂ©pDĂ©joul poun’ dĂ© Lioun’ ladĂ©ri Margarido sĂ© baño } rĂ©p Passoun’ trĂšs cabaliĂ© ladĂ©ri TrĂšs cabaliĂ© d’armado } rĂ©pEla se banha pas laderi ne lavan la bugada ÇĂČ fĂšt lo de davant laderi Quela bĂšla lavaira !Élo sĂ© baño pa ladĂ©ri nĂ© labo la bugado So fĂš lou dĂ© daban’ laderi QouĂ©lo bĂ©lo labaĂŻro RĂ©veillez-vous belle endormie Traditionnel Vivarais – Ballade ; Valse Collecte C. Oller & P. Lejeune, 1978 ArdĂšche Ă  rapprocher de “RĂ©veillez-vous belle endormie” du Bas-Berry p. 29RĂ©veillez-vous belle endormie1 Ci la belle s’est endormie J’entends tambour, j’entends trompetteRĂ©veillez-vous car il est jour Entre les bras de son amant J’entends le son du vi-olonMettez votre cƓur en fenĂȘtre Son cher amant qui la regarde J’entends la voix de ma maĂźtresseVous entendrez parler de vous } bis2 Les yeux brillants, son cƓur mourant Qui est lĂ -bas dans ce vallonJe ne dors pas lorsque je veille Si les Ă©toiles sont brillantes Pauvre galant3, tu es Ă  plaindreToute la nuit je pense Ă  vous Et le soleille ravissant Tu fais la cour, tu perds ton tempsMais vers minuit mon cƓur s’éveille Les jolis yeux de ma maĂźtresse Tu fais la cour Ă  une blondeMon cher amour marions-nous Y sont encore bien plus charmants Qu’à tout moment change d’amantEn ballade, ajouter mĂ©lismes sur les longues et blanches Ă  cheval sur la barre de mesure 1 les finales fĂ©minines se prononcent toutes 2 bis optionnel 3 galant ou jeune homm’ À LocminĂ© Traditionnel Bretagne – PilĂ© menuÀ LocminĂ©, en vĂ©ritĂ©, Ya bien 10 jolies filles VarianteYen a un’ par dessus tout Oh c’est cell’-lĂ  qu’elle est Ă  mon goĂ»tJ’aime la voir lon ladelira J’aime la voir Ă  rireChristian Hugues Page 55 “De l’esprit Ă  l’envie”Chants Ă  danser paroles et musiques Jean Renaud a un pommier Traditionnel Bretagne – RidĂ©e de JosselinVersion “Les Ours du Scorff”Phrases A et C bis et rĂ©pVariantes chant Ă  compter ou Ă  dĂ©compter ; “boutonnent” ou “bourgeonnent” ; “ne donn’nt” ou “n’ ramĂšn’nt” C’était un capitaine de Nantes Traditionnel Bretagne – Rond de MolĂšneIl se fit faire un beau navire } bis } rĂ©p Il commande Ă  la plus belle De larguer les voil’s au ventPour aller dans le Levant, leste, leste, } rĂ©p Il aperçoit la belle HĂ©lĂšne Qui pleurait dans les haubansPour aller dans le Levant, lestement Qu’avez-vous donc la belle Qu’avez-vous donc Ă  pleurer tantCe navire Ă©tait en ivoire } bis } rĂ©p Regrettez-vous pĂšre ou mĂšre Ou quelqu’un de vos parentsSes avirons en argent leste leste... lestement } bis } rĂ©p Je ne regrett’ ni pĂšr’, ni mĂšre Ni aucun de mes parentsLa grand’ voile Ă©tait en dentelle La misaine en satin blanc leste... Je regrette mon ami Pierre Qu’est parti dans le Levant Il est parti par vent arriĂšre Il reviendra en louvoyantL’équipage de ce navire Sont des jeun’s fill’s de 16 ans... Il reviendra mouiller son ancre Entre Basse-Indre et Saint-JeanLe capitain’ qui les commande Est un beau gars de 20 ans... Tout’s les jeun’s fill’s de ce village Viendront voir son bĂątimentLa 1Ăšre phrase musicale compte 10 notes dont 2 liĂ©es. Quand le texte n’a que 8 syllabes, remplacer la 1Ăšre croche par un 1Ăšre partie de la 2Ăšme phrase compte 7 notes. Quand le texte a 8 syllabes, ajouter une croche AVANT le temps.“De l’esprit Ă  l’envie” Page 56 Christian HuguesChants Ă  danser paroles et musiques XXe siĂšcle – Valse Le champ de naviots p. Gaston CoutĂ© 1880-1911 ; m. GĂ©rard Pierron 1945-Et lĂ -bas, tandis que j’m’esquinte Et tertous, l’pĂ©san coumme el’riche,À racler l’harbe autour des sĂąs, El’rich’ tout coumme el’pauv’ pĂ©san,Que j’su’, que j’souff’, que j’geins, que j’quinte On les a mis Ă  plat sous l’friche,Pour gangner l’bout d’pain que j’n’ai pas. C’est pus qu’du feumier Ă  passer souvent dans la s’maine Du bon feumier qu’engraiss’ ma tarreDes tas d’gens qui braill’nt coumm’ des vieaux, Et rend meilleurs les vins un pauv’ bougr’ que l’on emmĂšne V’lĂ  c’que c’est qu’d’ĂȘt’ propriĂ©tarePour l’entarrer dans l’champ d’naviots. D’eun’vigne en cont’ el’champ d’naviots !J’en ai-t-y vu d’pis l’temps que j’pioche ! AprĂšs tout faut pas tant que j’blague,J’en ai-t-y vu d’ces entarr’ments. Ça m’arriv’ra itou, tout vu passer c’ti du p’tit mioche La vi’, c’est eun abr’ qu’on Ă©lagueEt c’ti du vieux d’quater’vingts ans ; Et j’s’rai la branch’ qu’la Mort coup’ vu passer c’ti d’la pauv’fille J’pass’rai un bieau souĂšr calme et digneEt c’ti des poqu’s aux bourgeoisieaux, Tandis qu’chant’ront les p’tits c’ti des ceux d’tout’ ma famille Et quand qu’on m’trouv’ra dans ma vigne,Qui dorm’nt Ă  c’tt’ heur’ dans l’champ d’naviots ! On m’emport’ra dans l’champ d’naviots !Nota Pouiller se vĂȘtir, enfiler un vĂȘtement Hotteziau petite hotte en osier qui servait surtout Ă  transporter les petits outils Bezouet ou besouet houe large Ă  manche recourbĂ© dont se servait le vigneron pour piocher sa vigne Sautezieau masculin de sauterelle Quarquier pour quartier, mesure agraire ancienne SĂąs les ceps de vigne Poques filles Bourgeoisieau habitant aisĂ© du bourg Et tertous Ă  prĂ©sent En cont’ ou Ă  coutĂ© Ă  cĂŽtĂ© deChristian Hugues Page 57 “De l’esprit Ă  l’envie”Chants Ă  danser paroles et musiques J’ai fait une maĂźtresse Traditionnel QuĂ©bec, Centre France ? – MazurkaJ’ai fait une maĂźtresse, trois jours, ya pas longtemps } rĂ©p 1 S’il faut que je m’retire, Je me retirerai } rĂ©pMais c’est quand je vais la voire Qu’elle m’y invite Ă  boire }Et dans un couvent d’ermites, Pour l’amour d’un’ jolie fille rĂ©p rĂ©p}Du meilleur de son vin, À ta santĂ© catin. J’irai finir mes jours, Adieu donc, mes amours !À ta santĂ© Lisette, À ta santĂ© je bois. } rĂ©p L’auteur de cette chanson, C’est un p’tit cordonnier } rĂ©p1Si tu n’étais pas si jeunette, 1Je te parlerais d’amourette. Assis dessus sa selle, En cousant sa semelle, rĂ©p RĂ©parant son talon, Excusez la chanson. } rĂ©p}Attends encore un an, Je serai ton amant.1Le bonhomm’ qu’est aux Ă©coutes Entend ce discours-lĂ  } rĂ©p } rĂ©pMa fille en mariage, Elle a reçu tous les gagesD’un autre amant que vous. Galant, retirez-vous !1 comptant une syllabe de plus, “n’étais”, “bonhomm’” sont chantĂ©s sur 2 notes et dĂ©liĂ©es ; “parlerais” sur Le voleur de prunes CERDO Parthenay 002734_04 Traditionnel VendĂ©e –En revenant d’ BĂ©thune un soir de clair de lune } rĂ©p J’ai pris mon p’tit bĂąton pour en fair’ tomber uneJ’aperçois un prunier qu’était couvert de prunes Un’ bonn’ femm’ m’aperçoit crie au voleur de prunes VoilĂ  l’ bon temps qui vire qui vir’ } rĂ©p Moi j’dĂ©boutonne ma culotte et j’y fait voir la Lune VoilĂ  l’ bon temps qui vir’ longtemps Ell’ prit son p’tit cisiau voulant m’en couper une } rĂ©p Ah j’dis pardon Madame ce n’sont pas lĂ  vos prunesJ’aperçois un prunier qu’était couvert de prunes Ce sont les deux Ă©toiles qui accompagn’nt la LuneJ’ai pris mon p’tit bĂąton pour en fair’ tomber uneNota Et la queue d’la comĂšte qui fait rougir les prunesPrononcer toutes les finales muettes sans les rĂ©ponse du refrain fait un point d’orgue sur la syllabe “temps” de “longtemps”.Variantes “dure” au lieu de “vire” ; “VoilĂ  l’ bon temps pour les enfants”“De l’esprit Ă  l’envie” Page 58 Christian HuguesChants Ă  danser paroles et musiques L’oiseau dans la cage Traditionnel Bretagne – Chant de marins ; PilĂ©-menuÀ la Rochelle est arrivĂ© } rĂ©p Larguez les focs, les voil’s d’étais ...Roulez jeunes gens roulez } rĂ©p La belle s’est mise Ă  pleurer ...Trois beaux navir’s chargĂ©s de blĂ©Roulez, roulez, jeunes gens roulez Qu’avez-vous la belle Ă  pleurer ... Vous avez eu mon pucelag’ ... J’ai mis l’oiseau dans la cage Mais l’oiseau s’est envolĂ© Vous avez eu mon pucelag’ ... Mais je n’ai pas eu votre argent ...Trois dam’s s’en vont les marchander ...Marin, marin, combien ton blĂ© ? ... VarianteEmbarquez belles vous le saurez ... Qu’avez-vous la belle Ă  pleurer ...La plus belle jeune eut le pied levĂ© lĂ©ger ... J’entends mes p’tits enfant pleurer ...Le capitain’ s’est Ă©criĂ© ... Taisez-vous la bell’ vous mentez ...Larguez devant, larguez derriĂšr’ ... Jamais d’enfant n’avez portĂ©s ...“...” remplacĂ©s par “Roulez...” Ă  la fin de chaque phrase S’il plaĂźt Ă  Dieu vous en aurez ... Ils porteront bonnet, cirĂ© Et ce sera d’un marinier ... Le maĂźtre de maison Lorraine ? Traditionnel – Branle coupĂ©OĂč reste1 donc le maĂźtre de la maison ? } rĂ©p OĂč reste1 donc le fils de la maison ? } rĂ©pIl descend la rue, oublie sa charrue, } rĂ©p C’est un petit qui chasse les mĂ©sanges, } rĂ©pBien qu’il serait temps d’labourer les champs. Avec son pipeau, crie comme un crapaud... } rĂ©pChan chan chan chan chan * Croa croa croa croa *OĂč reste1 la maĂźtresse de la maison ? OĂč reste1 donc la fille de ma maison ?Elle fait la cuisine sans oeufs ni farine, Elle est Ă  la messe, reçoit des caressesVends la poule au pot, garde le magot... D’un ou deux amants, d’tout un rĂ©giment...Go go go go go * Man man man man *1Variantes OĂč reste... → Mais oĂč est...* OnomatopĂ©es de CH OĂč reste1 la servante de la maison ? En battant la chatte avec sa barratte,Danse D = double Ă  droite Elle a mis d’la crĂšm’ dans toute la piĂšce, PaD, PaG = pied en l’air droit, gauche ; Et le maĂźtre l’aime. TaG = tour Ă  gauche en 4 appuis sur 4 mesuresChristian Hugues Page 59 “De l’esprit Ă  l’envie”Chants Ă  danser paroles et musiques Au joli bois Au joly boys Renaissance – Pavane irrĂ©guliĂšre Claudin de Sermisy 1529, Ă©d. Pierre Attaingnant Jean-Marie il est malade Traditionnel Bretagne – LaridĂ©Jean-Marie il est malade, il lui faut le mĂ©decin } rĂ©p ArrivĂ©e en haut d’la cĂŽte, j’entendis sonner pour luiLe mĂ©d’cin dans sa visite lui a interdit le vin ArrivĂ©e sur l’pas d’sa porte je le vis enseveli On l’enterra sous un arbre sur lequel on inscrivitMoi qu’aimais tant tant et tant Ici gĂźt Jean-Marie, le plus grand roi des qu’aimais tant Jean-MarieLe mĂ©d’cin dans sa visite lui a interdit le vin } rĂ©pOn m’envoya Ă  la ville chercher des remĂšdes pour lui“De l’esprit Ă  l’envie” Page 60 Christian HuguesChants Ă  danser paroles et musiques Au joli bois suite Ah mon beau laboureur Christophe Ballard Ă©d., 1703 Renaissance – Branle coupĂ©Ah mon beau laboureur } bis } rĂ©p Je la poussais trois fois Sans qu’elle osĂąt mot dire...Beau laboureur de vigne o lire o lire La quatriĂšme fois Son petit cƓur soupire...Beau laboureur de vigne o lire ola } rĂ©p Pour qui soupirez-vous Marguerite ma mie... Je soupire pour vous Et ne m’en puis dĂ©dire...N’a vous pas vu passer ? Marguerite ma mie... Les voisins nous ont vus Et ils iront tout dire... Laissons les gens parler Et n’en faisons que rire...Je don’rois cent Ă©cus Qui diroit oĂč est ma mie... Quand ils auront tout dit N’auront plus rien Ă  dire...Monsieur comptez-les lĂ  Entrez en notre vigne...Dessous un prunier blanc La belle est endormie...Christian Hugues Page 61 “De l’esprit Ă  l’envie”Chants Ă  danser paroles et musiques Alors que mon cƓur s’engage Pierre Bonnet Ă©d. Ballard 1585 Renaissance – AllemandeAlors que mon cƓur s’engage En aimer une centaine Vous qui blĂąmez l’inconstanceCe n’est si non pour un jour Les courtiser nuit et jour Vous ignorez les plaisirsCar de languir en servage C’est rendre preuve certaine C’est ĂȘtre sans connaissanceCe n’est pas goĂ»ter l’amour Que l’on a beaucoup d’amour Que de n’avoir qu’un ne puis aimer longtemps Car j’aime les inconstants } rĂ©p aprĂšs chaque strophe Quin te va l’aulhada ‱ Fin avec les 4 1Ăšres mesures de la 1Ăšre Traditionnel BĂ©arn – Branle d’Ossau te va l’aulhada, aulhĂšr, } rĂ©p Lavetz que hĂštz vos, aulhĂšr ? Dro- ‱ Chaque ligne deQuin te va l’aulhada ? } rĂ©p mi dens la cabana texte s’applique Ă  2Plan que’m va l’aulhada augan Pensam a har lo miussat mesures de qui vien dilhĂšu pas tant. LeĂč aprĂšs la lhevada. ‱ Strophes 2, 3 et 5 An passat capsĂčs BagĂšs La Puish quan Ăšm arregolats la 1Ăšre syllabe de latĂšrra desirada, Batem la cailhada 2Ăšme phrase dĂ©marreLo matin son a l’omprĂšr Lo De ço qu’ùm drin fatigats en anacrouse de lavrĂšspe a la solana. Drin luenh qu’ei l’aigueta. mesure 3.“De l’esprit Ă  l’envie” Page 62 CĂšrtas, non n’ùm trop talats, So- vent bevem leitota Co qui’ns da plan de chagrin Las crabas que mancavan. En passant a l’arreplan S’i son esbarjadas. Los carboĂšns de Lavedan Las i an espleitadas Christian HuguesChants Ă  danser paroles et musiques Un jour sur la route de Paris Traditionnel VendĂ©e, Bretagne – Demi-rond de l’üle d’Yeu ; RondeUn jour sur la rout’ de Paris } bis } rĂ©p L’hĂŽtesse dit Ă  son mari...Plus de trois cents coques je vis OĂč logerons-nous tous ceux-ci...Bonjour mon coq noir, bonjour mon coq gris } rĂ©p Dans la grand’ chambre oĂč ya trois lits...À toi l’coq noir, Ă  moi l’coq gris Mais v’lĂ  qu’vers les onze heur’s minuit...Jamais je n’ai vu tant de coqs noirs } rĂ©p L’hĂŽtesse entendit un grand bruit...Jamais je n’ai vu tant de coqs gris Les coqs noirs ont mangĂ© les gris... } rĂ©pPlus de trois cents coques je vis } bisIls sont entrĂ©s Ă  l’hĂŽtellerieRefrain Ainsi finit la comĂ©die... Qui veut chasser une migraine Gabriel Bataille 1615 Renaissance – Branle double ; Chant Ă  boireQui veut chasser une migraine } rĂ©p Le vin goĂ»tĂ© par ce bon pĂšreN’a qu’à boire toujours du bon, Qui s’en rendit si bon garçonEt maintenir sa table pleine Nous fait discourir sans grammaireDe cervelas et de jambon. Et nous rend savant sans leçons. L’eau ne fait rien que pourrir le poumon Loth, buvant dans une taverne Boute boute boute, boute compagnon De ses filles enfla le sein, Vide-nous ce verre et nous le remplirons. Montrant qu’un sirop de taverne Passe celui d’un mĂ©decin. Buvons donc tous Ă  la bonne heure Pour nous Ă©mouvoir le rognon Et que celui d’entre nous meure Qui dĂ©dira son Hugues Page 63 “De l’esprit Ă  l’envie”Chants Ă  danser paroles et musiques Les lavandiĂšres Renaissance – Branle morguĂ© “OrchĂ©sographie” [p. 83] Thoinot Arbeau 1589 ; paroles CHTout li le long de la riviĂšre, Tout le li le long... } rĂ©p Ainsi font font font } rĂ©pIl y a dix lavandiĂšres De leurs battoirs et de leurs savons Ainsi font font fontElles tapotent et papotent Un p’tit tour et puis s’en vontElles ballottent et barbotent1 Variante “Tout le li le long” sur À 10 heures dans la froidure Traditionnel Bretagne – KejajÀ 10 heur’s dans la froidure Dansons sur la terre dure } rĂ©p Andro sur 4/4 ; hanter dro sur 6/4Dansons sur la terre dure lĂ©gĂšrement } rĂ©p Mouvement des bras permanent Ya longtemps que l’hiver y dure, vienne le printemps Le loup, le renard et la belette Traditionnel Bretagne – Andro ; Rond de Saint-Vincent sur OustC’est dans 10 ans, je m’en irai } rĂ©p C’est dans 9 ans, je m’en iraiJ’entends le loup et le renard chanter La jument de Michao a passĂ© dans le prĂ©J’entends le loup, le renard et la belette } rĂ©p La jument de Michao et son petit poulain } rĂ©pJ’entends le loup et le renard chanter A passĂ© dans le prĂ© et mangĂ© tout le foin } rĂ©p Ces paroles se chantent sur  L’hiver viendra, les gars, l’hiver viendra La jument de Michao, ell’ s’en repentira une musique lĂ©gĂšrement diffĂ©renteou carrĂ©ment une musique improvisĂ©e“De l’esprit Ă  l’envie” Page 64 Christian HuguesChants Ă  danser paroles et musiques Mes parents n’veul’nt pas Traditionnel Bretagne – Rond de Saint-Vincent sur OustC’est dans 10 ans je m’en irai, rĂ©p }Gai, gai, gai, mon affaire est Ă  mouĂ©, rĂ©p}Mes parents n’veul’nt pas m’laisser m’amuser MalgrĂ© mes parents, j’m’amus’rai tout l’temps. Quand je suis Ă  la cabaret Traditionnel Nivernais – Valse 6/8 Ă  l’origine passĂ© en Millien-Delarue “Recueil de chants populaires du Nivernais” tome 3Quand1 je suis Ă  la cabaret2, } rĂ©p Quante5 j’arrive Ă  la maison, } rĂ©pBien3 des gens aimont le vin. Tous mes petits enfants criont, Tous mes petits enfants vois ma femm’ qui vient m’chercher À mes oreilles. Non, ça n’est point folichon, C’est ma une lanterne Tiens, te voilĂ  donc, sac Ă  vin, Comm’ tu t’gouvernes3Oh ! je la prends sur mes genoux } rĂ©p Vous aut’, garçons Ă  marier, } rĂ©pMon petit cƓur embrassons-nous, Pauv’ camarad’s, fait’s point comm’ cinq Ă  six fais donc point la folle, C’est un’ fill’ qui m’a dĂ©laissĂ©,Oh ! je te jur’ que j’m’en irai Sur ta parole. Al a jouĂ© de finesse, Oh ! ell’ m’a mis dans l’embarras, Comm’ la 1 “Quand que je...” ; 2 ... “ret” sur 2 mesures pour un rĂ©sultat comme 4 ; 3 “Bi-en” d’origine devient “Bien” avec mĂ©lisme sur “ai” ; 4 “-nes” sur une seule mesure pour donner un total impair de mesures ; 5 D’origine “Quande”, varier en “Quante” ou “Quand que” J’ai une commission Traditionnel Poitou – Grand danse ; PolaĂŻeJ’ai un’ commission Ă  faire }} bis rĂ©p Si j’la dis Ă  l’alouette tout le monde le sauraJe ne sais qui la fera La violette double double La violette doublera } rĂ©pParoles identiques avec adaptation Ă  la musique aux “La rose et le rosier” p. 16 et Ă  “J’ai une commission” p. 46.Christian Hugues Page 65 “De l’esprit Ă  l’envie”Chants Ă  danser paroles et musiques Aimer n’est pas un crime Traditionnel Nivernais, Morvan, BĂ©arn, Bretagne... – Valse ; BourrĂ©e carrĂ©e Ă  3 temps Morvan Millien-Delarue “Recueil de chants populaires du Nivernais” tome 1Version en valse sous le titre “LĂ -haut sur la montagne” Millien-Delarue Be10qVersion en valse Millien-Delarue Be10i mode de RĂ© sur un Sol Fa♼, adaptĂ© en Sol min Fa par “La Machine”LĂ -bas dans la prairie } rĂ©p Aimer n’est pas un crime,J’ai entendu la voix } rĂ©p Dieu ne le dĂ©fend voix de ma bergĂšre Ça n’vaudrait pas la peine de vivreAh je m’en vais la consoler } rĂ©p La bell’ si on ne s’aimait pas } rĂ©pQu’avez-vous donc la belle Les moutons dans la plaineQu’avez-vous Ă  pleurer ? Sont en danger du loup,Ah si je pleure c’est de tendresse Et nous ĂŽ ma bergĂšre,Mon cher amant, c’est de t’aimer Nous somm’s en danger de l’ en bourrĂ©e “Union des groupes et mĂ©nĂ©triers Morvandiaux”LĂ -haut sur la montagne } rĂ©p Les moutons dans la plaineJ’ai entendu pleurer. } rĂ©p Sont en danger du loup,Oh ! C’est la voix de ma maĂźtresse, Et vous et moi, ma jolie bergĂšre,J’m’en vais aller la reconsoler. Nous sommes en danger de l’amour. ...de l’amourQu’avez-vous donc la belle A Les moutons vivent d’herbe,Qu’avez-vous Ă  pleurer ? Les papillons de fleurs,Oh ! Si je pleure, si je soupire, Et vous et moi, ma petite maĂźtresse,C’est du regret d’avoir aimĂ©. Nous ne vivrons que de n’est pas un crime, B Il y a trois chos’s au mondeDieu ne le dĂ©fend pas. Qui sont Ă  dĂ©sirer,Faudrait avoir le cƓur bien dur C’est le bon vin et la monnaie blancheLa bell’ pour ne point vous aimer. Et ma maĂźtresse Ă  mes cĂŽtĂ©s.C Si j’étais hirondelle Que je puisse voler D Mon sein n’est pas un arbre Pour vous y reposerSur le blanc sein de ma maĂźtresse Choisissez-vous une autre brancheOh ! Oui, j’irai me reposer Qui puisse mieux vous supporterDans toutes les strophes, prononcer toutes les finales en “e”. Suggestion finir en reprenant les strophes 3 ou bourrĂ©e chanter trĂšs vigoureusement et rigoureusement pour donner l’impulsion. Ornementations en valse chanter trĂšs rubato. Si on omet les rĂ©pĂ©titions ou pour augmenter la durĂ©e, ajouter en fin les strophes A et Bci-dessus changer “maĂźtresse” en “bergĂšre” en cohĂ©rence avec le reste du texte, voire C et D du BĂ©arn aprĂšs la strophe du BĂ©arn en page 80 aux paroles trĂšs proches sauf la strophe 3 devenue macho en inversant qui aime qui !“De l’esprit Ă  l’envie” Page 66 Christian HuguesChants Ă  danser paroles et musiques Chibeurli ou Chiberli Traditionnel Bretagne, Champagne, Jura, Morvan, Nivernais... – AnimationChibeurli chibeurla On dit qu’elle est malade Chibeurli chibeurla On dit qu’elle en mourra } rĂ©p Version de Champagne LangresChiberli chiberla On dit qu’elle est malade Chiberli chiberla On dit qu’elle en mourra } rĂ©pVion vion vion To pa les e-tons Zen zen zen To pa los e-tenn’Chiberli chiberla On dit qu’elle est malade Chiberli chiberla On dit qu’elle en mourraJean Jean Jean La bouteille au cul Si tu la cass’s Tu s’ras pendu Deux versions de Bretagne Jibidi jibida~~~~~Jibidi jibida On dit qu’elle est malade Jibidi jibida Qu’ell’ ne reviendra pasJibidi jibida On dit qu’elle est malade Jibidi jibida On dit qu’elle en mourra Jibidi Jibida* Les versions bretonnes apparaissent sous les noms Jibidi, Jibeli, Chiberli, SĂ©meri...Christian Hugues Page 67 “De l’esprit Ă  l’envie”Chants Ă  danser paroles et musiques Un jour m’y prend envie Variantes des mesures 6 , 7 et 8 Traditionnel VendĂ©e – Valse Ă  5 temps 67 8Un jour, un jour, m’y prend envi-e Veux-tu venir, belle Louise, La belle a mis le pied par terre, Que nous allions voir nos amis, Le cƓur tremblant, les larmes aux yeux,De ma maĂźtresse la fair’ mourir, Que nous allions voir nos amis Il l’a frappĂ©e si durementLa fair’ mourir de ci de loin Pour ne plus rev’nir au pays. Que la belle a perdu son le sang. rĂ©p}Que ses parents le sauriont point. Et je l’ai pris par sa main blanche, La belle avait trois petits frĂšres, Dessur ma selle je l’ai montĂ©e, Le l’ont cherchĂ©e, l’ont point trouvĂ©e,J’ai Pris le cheval de mon pĂšre, Tenez-vous bien, bell’ Louison, Le l’ont cherchĂ©e, l’ont point trouvĂ©e, Je m’en vais piquer de l’éperon. La belle est morte et pistolet, ses fourniments,Alors Tout droit m’en su-is allĂ© Le beau cheval noir comme un nĂšgre rĂ©p Est comme un lion dĂ©senchaĂźnĂ©,}À la porte Ă  ma bien-aimĂ©e. Il s’est lancĂ© sans s’arrĂȘter Jusqu’au milieu de la vous dormez belle endormi-e, LĂ , c’est ici, belle Louise,Belle endormi-e si vous dormez, LĂ , c’est ici qu’il faut vous dormez, rĂ©veillez-vous, Mon bel amant si j’ai grand tort, rĂ©p Donnez-moi le coup de la mort.}C’est votre amant qui parle Ă  ! Ni ne dors, ni ne sommeille,Toute la nuit, je pense en la nuit, je pense en vous, rĂ©p}Mon bel amant, rapprochez-vous. Arrangement en mazurka 68Les variantes rythmiques sont possibles comme proposĂ© en mesures 6 et 8, ou autrement. Le revenant L’ñme de nout fils SimonTraditionnel Morvan, Anjou... – Valse version originelle Martine Hunimels Ouroux en MorvanÀ mon s’cours mes enfants, 14Rentrons, l’est bien temps,D’ frayeur me v’lĂ  Simon not’ grand garsQui r’vient du trĂ©pasEn m’ tendant1 les sur la riviĂšre, Voyez, dĂ©jĂ  l’an dernier, Mon dieu ! ils sont perdus, Je vais fair’ dire une messeIl Ă©tait bien minuit, Passant sur le carouge2, Nous voilĂ  tous prĂ©v’nus, À son intention,J’ai vu sa grand-mĂšre Les Ăąmes des damnĂ©s Vous entendez qu’on parle ? P’t-ĂȘtr’ qu’il trouv’ra la s’ cachait sous l’ noyer HabillĂ©es de drap rouge Il y a Simon, notr’ grand gars C’est demain l’Ascension,Mais causons tout bas, Se trĂ©moussaient d’vant moi Qui revient du trĂ©pas On peut sonner le glas,C’est p’t-ĂȘtr’ bien l’ sabbat. Chantant aĂŻ lo lĂ©. En m’ tendant les bras Petiots, n’ causez pas.1 variante de la mesure 14 fin de phrase B2 “le carouge” un lieu“De l’esprit Ă  l’envie” Page 68 Christian HuguesChants Ă  danser paroles et musiques Belle tu n’es pas venue Traditionnel Bretagne – Bal LoudĂ©acÀ 10 heur’s dans la plaine Bell’ tu n’es pas venue } bis + rĂ©p Variante dans la plaine ou sur la landeBell’ tu n’es pas venue m’attendre mĂ©chanteBell’ tu n’es pas venue mes amours sont perdues } rĂ©p La valse des ombres XXe siĂšcle – Valse musette Paroles HandrĂ© Danerty & GĂ©o Charley - Musique Paul Sego 1912Quand1 sonne minuit, Tout tremblant, voici Aujourd’hui trĂšs grand,Que s’éteint le bruit Le gueux de Paris Demain dans l’ nĂ©ant,Alors que Paris sommeille, Qui refile la comĂšte.2 L’homme est une ombre qui on peut voir Surgir dans le noir La tĂȘte baissĂ©e Sous le vent glacĂ© Rentiers ou richards, Ouvriers trimards,Les vagues ombres du soir. Perçant ses haillons souillĂ©s. La mort vous frappe au le ciel ils dĂ©ambulent, Il s’en va dans la nuit noire Au lieu de vous fair’ la guerreApaches et misĂ©reux, Sans haine mais sans remords, Apprenez Ă  vous aimerFilles, viveurs, noctambules Berçant un rĂȘve illusoire Puisqu’un jour en d’autres sphĂšresChantent dans les coins ombreux. Chante en espĂ©rant la mort. Vous danserez enlacĂ©s. La1 valse des ombres Au marchĂ© d’amour, 1 Chanter le premier RÉ Ă  l’aigu et De minuit Au coin du faubourg, avec un court port de voix d’attaque Qui vont dans la pĂ©nombre La pierreuse va cynique ou vers la 2Ăšme note crĂ©era une Comme des oiseaux de nuit Offrir son baiser Et son corps tarĂ© ambiance de dĂ©but du XXe siĂšcle. Loin de la foule importune Aux bons poivrots attardĂ©s. Loin du bruit Et lĂ -bas, l’homme, la brute 2 filer la comĂšte vagabonder, passer La1 valse des ombres Sur sa maĂźtresse est tombĂ© la nuit dehors, dormir Ă  la belle De la nuit Et leurs corps liĂ©s par la lutte Ă©toile Sous la lune Dans l’ombre semblent danser. “De l’esprit Ă  l’envie”Christian Hugues Page 69Chants Ă  danser paroles et musiques La tourterelle Traditionnel Bretagne gallo – Animation ; Branle coupĂ© ←Dg →Dd ←Dg →Dd ←Dg →Dd ←Dg →Sd ←Dg →Sd←Dg →Sd ←Dg →Sd ←Sg →DdY a ben dix ans que je suis mariĂ© mais je ne suis point riche } rĂ©p Dg double Ă  gauche Dd double Ă  droiteJ’ai trois chiens courants, trois liĂšvr’s aux champs, trois lapins blancs grattant la terre, Sg simple Ă  gauchetrois moutons blancs portant leur laine, trois chevaux blancs portant leur selle, Sd simple Ă  droiteUne tourterelle qui vole qui vole dedans ce bouĂ©. } rĂ©p Y a 10 marins sur mer Traditionnel Bretagne – Hanter droY a 10 marins sur mer Loin de leurs amitiĂ©s loin de leurs amitiĂ©s Phrase B variante de finQuand ils seront sut terre Fa Tra la la la la la lĂšr’ lĂšreNous les ferons danser Fa Tra la la la ri dĂ© Mon pĂšre a fait faire un bateau Traditionnel VendĂ©e – RidĂ©e ; Rond de l’üle d’YeuMon pĂšre a fait faire un bateau } bis } rĂ©p Prenez-en un prenez-en deuxPour y passer les filles Mais n’allez pas le direDe bon matin me suis levĂ©En passer un’ gentille ĂŽ guĂ© Car si mon papa le savait En prison je s’rais miseDu prĂ© dans la rive du prĂ© Du prĂ© dans la rive } rĂ©px2De bon matin me suis levĂ© } bis } Mais si ma maman le savaitEn passer une gentille rĂ©p Ell’ ne ferait qu’en rireJe lui demande un doux baiserLa bell’ se mit Ă  rire ĂŽ guĂ© Ça lui rappell’rait son jeun’ temps Le temps qu’elle Ă©tait jeune fille“De l’esprit Ă  l’envie” Page 70 Christian HuguesChants Ă  danser paroles et musiques Prends garde au loup Traditionnel Auvergne – BourrĂ©e d’Auvergne 3 versions, musiques et paroles 37 10Prends garde au loup bergĂšre1, prends garde au loup. } rĂ©p Veilles-y bien bergĂšre, veilles-y bien. } rĂ©p Il faut veiller mieux que lui, bergĂšre veille,Il est au bois qui regarde, qui regarde, } rĂ©p Il est au bois qui regarde tes moutons. } rĂ©pIl est au bois qui regarde tes moutons. Veilles-y bien biquette, veilles-y bien. } rĂ©pPrends garde au loup biquette, prends garde au loup. } rĂ©p Il faut veiller mieux que lui, biquette veille, Il est au bois qui regarde tes chevreaux. } rĂ©pIl est au bois qui regarde, qui regarde, } rĂ©pIl est au bois qui regarde tes chevreaux.1 Dans cette version, ajouter autant de paires de couplets que l’on veut en changeant la bergĂšre et ses moutons en biquette et ses chevreaux, en fermiĂšre et ses cochons, fillette et sa maison, la mĂšre et ses enfants...2. Exemples de variantes en mesures 3 -7 - 10A2 ~~~~~~~~~~ BVariantes phrase A // / / / mesure 2 phrase B ~~~~~~~~~~Para lou loup petiota para lou loup Prends garde au loup petite prends garde au loupPara lou loup qu’emporta qu’emporta Prends garde au loup qui emporte qui emportePara lou loup qu’emporta tous moutons Prends garde au loup qui emporte tes moutons ~~~~~~~~~~Para lo lop, bergiĂšra, para lo lop, SautarĂ  dins lo pargue, ManjarĂ  tos garde au loup, bergĂšre, prends garde au loup, Il sautera dans le parc, Il mangera tes Hugues Page 71 “De l’esprit Ă  l’envie”Chants Ă  danser paroles et musiques Ne prenez point femme Traditionnel Bretagne – RidĂ©e de BĂ©ganneNe prenez point femme dans le mois de mai 1 } bis } rĂ©p Je viens du jardin, de piquer des chouxMoi j’en ai prise un’ dondaine 2 Je lui ai dit femm’ j’irai bien avec vousqui me joue des tours et tous les jours 2 } rĂ©p Non, oh non, dit-elle, vous gĂącheriez tout Les choux, les carott’s et les oignons itouMoi j’en ai prise une qui me joue des tours } bis } rĂ©p Je lui ai dit femme qui qu’ya donc lĂ -d’ssousEll’ s’en va le soir dondaineell’ revient toujours et tous les jours } rĂ©pJe lui ai dit femme par oĂč venez-vous Ya la carott’ qui lĂšve et les oignons itou1 Variante “Ne prenez point femme plus belle que vous”2 “dondaine” et “et tous les jours” s’ajoutent quand le texte se pose sur la phrase B et disparaissent quand il est redit en A. Petits moutons blancs Traditionnel Bretagne – Andro ; PilĂ©-menu ; Rond de Saint-Vincent ; TourC’est dans 10 ans petits moutons blancs } rĂ©p Ell’ voulait que j’ la caresse et moi qui n’avais pas le temps }rĂ©pJ’aime la meuniĂšr’ du moulin Ă  vent Attendez la Belle Ă  tantĂŽt, j’ vous caress’rai comme il faut Attendez la Belle Ă  minuit, j’ vous caress’rai dans votr’ lit Marguerite Traditionnel ? – MazurkaMarguerite, ma petite, vous avez de jolis yeux1 }Moi je t’aime, toi tu m’aimes, nous nous aimons tous les deux rĂ©pMais vous ĂȘtes trop petite pour avoir un amoureux. Et Ă  la saison prochaine, nous nous marierons tous deux.1 Changer “yeux” en bƓufs, cheveux, gueux, pot-au-feu, sacrebleu... et pour finir “je m’en vais vous dire adieu car vous ĂȘtes...““De l’esprit Ă  l’envie” Page 72 Christian HuguesChants Ă  danser paroles et musiques Y a encore dix filles dans Nantes Traditionnel Bretagne – Rond de LandĂ©daY a encor’ dix fill’s dans Nantes Ah je l’sais bien } rĂ©pAh je l’sais bien ton p’tit cƓur Marivonic Ah je l’sais bien ton cƓur aim’ le mien } rĂ©p Les filles des forges Version “rĂ©cente” des Tri Yann Traditionnel Bretagne – Rond de LandĂ©daDigue ding dondon Ce sont les fill’s des forges } bis } rĂ©p ... Ma fille pour pĂ©nitence / Nous nous embrasserons...Des forges de Paimpont Digue ding dondaine } rĂ©p ... Je n’embrass’ point les prĂȘtres / Mais les jolis garçons... Qu’ont du poil au menton...Des forges de Paimpont Digue ding dondon ... On peut bien ĂȘtre prĂȘtre / Et ĂȘtr’ joli garçon...... Ell’s s’en vont Ă  confesse / Au curĂ© du canton... ... Ell’ l’embrass’ra quand mĂȘme / Pour avoir son pardon...... Qu’avions-vous fait les filles / Pour demander pardon...... J’avions couru les baleu / Et les jolis garçons... Les filles des forges 1872 Traditionnel Bretagne – LaridĂ© Recueillie par A. Orain en 1872 qui recueillit en 1884 une version du type chanson Ă  sont les fill’s des forg’s Ce sont les fill’s des forges } rĂ©p Vous aviez des culott’s Vous aviez des culottes } rĂ©p Dessous vos blancs jupons... Dessous vos blancs jupons...Des forges de1 Paimpont Falaridon falaridain’Des forges de1 Paimpont Falaridain’ falaridon J’avions ben des culott’s J’avions ben des culottes Mais point de cotillons... Mais point de cotillons...Qui s’en fur’nt Ă  confess’ Qui s’en fur’nt Ă  confesseAu curĂ© de Beignon... Au curĂ© de Beignon... Allez-vous-en les filles Allez-vous-en les filles Pour vous point de pardon... Pour vous point de pardon...En entrant dans l’église En entrant dans l’égliseOnt demandĂ© pardon... Ont demandĂ© pardon... Il faut aller Ă  Rome Il faut aller Ă  Rome Chercher l’absolution... Chercher l’absolution...Qu’avez-vous fait les fill’s Qu’avez-vous fait les fillesPour demander pardon... Pour demander pardon... Si j’ l’avons ben Ă  Rom’ Si j’ l’avons ben Ă  Rome J’l’aurons ben Ă  Beignon... J’ l’aurons ben Ă  Beignon...J’avons couru les dans’s J’avons couru les dansesEn habit de garçon... En habit de garçon...En mode de LA ou Ă©olien ou La mineur naturel sur un RĂ© passant en La mineur harmonique dans la descente1 “Des forges de”.Essayer les Do♼ pour rester en Hugues Page 73 “De l’esprit Ă  l’envie”Chants Ă  danser paroles et musiques L’autre jour en m’y promenant Traditionnel Bretagne – Passe-pied de PlaintelL’autre jour en m’y promenant } bis + rĂ©p Si vous allez un peu plus haut Vous trouverez fontaineLe long du bois d’Gravelle les gars* Le gars dĂ©brida son bidet L’fit boire Ă  la fontaineLe long du bois d’Gravelle } rĂ©p Il en tira cinq, six bons coups Jusqu’à z’en perdre haleine Quand vous repass’rez par chez nous N’oubliez pas Mad’leineEn mon chemin j’ai rencontrĂ© Une bell’ demoiselleJe lui ai demandĂ© son nom Je m’appell’ MadeleineJ’lui mis la main sur les genoux Sur sa jarr’tell’ de laine Y aura du pain, du vin pour tous Pour le bidet d’ l’avoine* La ritournelle “les gars” s’ajoute systĂ©matiquement entre les 2 demi-phrases. Je m’en vais cueillir la rose Traditionnel Nivernais – Mazurka “Chants et chansons du Nivernais” Achille MillienJe m’en vais cueillir la rose, jolie rose du rosier, } rĂ©p Venez avec moi la belle, vous en gagnerez bien chemin, j’ai fait rencontre, Vous ferez le lit, le mĂ©nage, ...* Non, non, non, je n’ai pas d’amant ! Nous y serons bien ensemble, ah ! le joli temps du gentilhomme de ville qui ne passe pas souvent. Je n’ suis pas fille volage, ma mĂšre me le dĂ©fendDites-moi belle fillette, combien gagnez-vous par an ? } rĂ©p Laissez dire, laissez-la dire, ...Je ne gagne pas grand chose, ... À votre Ăąge, que faisait-elle, jeune fille, courant les champs ?Je n’ai guĂšre que cent livres et quatre aunes de ruban. Tout lĂ -haut, sur ces montagnes, il y a-t-un rosier blanc,* Ritournelle rĂ©pĂ©tĂ©e Ă  chaque strophe Ă  la place des “...” Je m’en vais cueillir la rose, ... Non, non, je n’ai pas d’amant, ah ! le joli temps du printemps. La fille d’un riche fermier Traditionnel Poitou – Demi-tour de NoirmoutierSi c’était une fille la Si c’était une fille Les mĂ©tives sont pasĂ©es, je ne suis pas mariĂ©eLa fill’ d’un rich’ fermier qui voulait se marier. } bis ou rĂ©p Le blĂ© battu aussi, la je n’ai pas de mari. } bis ou rĂ©pNous te marierons Ă  PĂąques Nous te marierons Ă  PĂąques Attends donc les vendanges Attends donc les vendangesÀ PĂąques, Ă  la Saint-Jean, la nous te marierons. } bis ou rĂ©p Et nous vendangerons et la nous te marierons. } bis ou rĂ©pMais PĂąques est bien passĂ©-e, je ne suis pas mariĂ©-e Les vendang’s sont pasĂ©es, je ne suis pas mariĂ©eEt la Saint-Jean aussi, je n’ai pas de mari. } bis ou rĂ©p Et le vin bu aussi, la je n’ai pas de mari. } bis ou rĂ©pAttends donc les mĂ©tives Attends donc les mĂ©tives moissons Si c’était une fille la Si c’était une filleEt nous mĂ©tiverons et nous te marierons. } bis ou rĂ©p La fill’ d’un rich’ fermier qui voulait se marier. } bis ou rĂ©p“De l’esprit Ă  l’envie” Page 74 Christian HuguesChants Ă  danser paroles et musiques Amour tu n’entends point Traditionnel Bas-Berry – Rond d’Argenton “Chansons populaires dans le Bas-Berry” Barbillat-Touraine [BT1-097]M’étant levĂ© de grand matin Amour tu n’entends point } rĂ©p Je n’en eus pas cueilli trois brins...J’ai descendu dans mon jardin Amour d’une maĂźtresse Le rossignol vint sur ma main...Amour tu n’entends point } rĂ©p M’a dit en son charmant latin...Le bout de la rue qui fait le coinJ’ai descendu dans mon jardin Amour tu n’entends point } rĂ©p Que tout’s les fill’s ne valent rien...Pour y cueillir le romarin Amour d’une maĂźtresse Et les garçons encor bien moins... Refrain Mais pour en fair’ quĂ©qu’ chos’ de bien Amour tu n’entends pointPour y cueillir le romarin... Les marier c’est l’ bon moyen Amour d’une maĂźtresse Refrain Rossignolet du bois joli Traditionnel Bas-Berry – BourrĂ©e Ă  2 temps “Chansons populaires dans le Bas-Berry” Barbillat-Touraine [BT2-099] Arrt CH pour la B2T pour la danse, la ΊB passe de 10 Ă  8 mesures et elle est bissĂ©eRossignolet du bois joli, } bis Vous autres filles de trente ans, } bisÔ toi qui chantes le jour et la nuit, N’avez-vous pas bien passĂ© votre temps ?Disant toujours dans ton chant si charmant, } bis S’il est passĂ©, vous le repasserez } bisVoilĂ  l’ printemps, Et vous attendrez,VoilĂ  l’ moment Qu’il faut changer d’amant. } bis Sans vous marier Toujours vous comment donc changer d’amant ? } bis Veux-tu venir, Belle, au jardin ? } bisCelui que j’aime il a tant d’agrĂ©ment. Nous cueillerons de ce doux romarin, } bisDedans mon cƓur toujours je l’aimerai } bisJe l’épous’rai Nous cueillerons un beau bouquet d’honneurCher bien aimĂ© Pour sa fidĂ©litĂ© } bis Mon aimable cƓur,Vous autres filles de quinze ans Si nous somm’s ici, C’est pour cueillir des attendez l’amour et les viendra et les amants aussi Belle, il est temps de nous quitter, } bisPour vous divertir, C’est le moment que je dois m’en aller. } bisLes fill’s de quinze ans Sont femmes Ă  prĂ©sent. La nuit se pass’, voilĂ  le jour qui vient Et nous n’gagnons rien. L’argent de notr’ gain, Nous le dĂ©pens’rons Hugues Page 75 “De l’esprit Ă  l’envie”Chants Ă  danser paroles et musiques Quand j’étais chez mon pĂšre D’une poulette grasse ... Et d’un pigeon ramier Traditionnel Bretagne, CambrĂ©sis – Trikot Les os sont sous la table ...Quand j’étais chez mon pĂšre } rĂ©p Maintenant j’en ai t’une ... Jean veux-tu les roucherDjĂ© laridon laridaine Elle me fait enragerGarçon z’à marier LaridĂ© } bis+rĂ©p Oh nenni non ma Jeanne ... Ell’ m’envoie t’à la chasse ... J’aim’rais bien mieux m’coucherJe n’avais rien Ă  faire ... } rĂ©p Souvent sans dĂ©jeunerQu’une femme Ă  chercher ... } bis+rĂ©p Pleure Jean mon Jean pleure ... Et souvent quand je rentre ... T’auras biau que d’pleurer Elle a dĂ©jĂ  soupĂ© Jean s’tourne vers la muraille ...La version cambrĂ©sienne est trĂšs proche en paroles et trĂšs diffĂ©rente en musique. Et se met Ă  pleurer Tant que je serai jeune ... Je me divertirai Et quand je serai vieille ... Je me retirerai Dans un biau presbytĂšre ... Avec un vieux curĂ© Qu’a du vin dans sa cave ... Du lard dans son charnier Le deuil d’amourTraditionnel Berry, DauphinĂ©, Haute-Savoie, Lorraine, Normandie, Wallonie – Ballade ; BourrĂ©e Ă  2 temps “Chansons populaires dans le Bas-Berry” Barbillat-Touraine [BT2-017] ThĂšme poĂ©tique objet de nombreuses versions musicales dont la phrase B a toujours 7 mesures !Vous autres jeunes gens } rĂ©p Dans sa chambre montĂ©, Maman, ma bonn’ maman,Qu’avez pas de maĂźtresse. Je vois ma mie malade. Eh galonnez mes manches.}Moi j’en ai-t-une Ă  quatre lieues d’ici, rĂ©p Je fais refais trois fois le tour du lit Frottez aussi mes Ă©p’rons argentĂ©s,J’m’en vais la voir Ă  mon loisir.1 Sans pouvoir parler Ă  Melly parler Ă  Melly. Pour ce qu’ma mie est selle mon cheval, À moi, mon cher amant, Mon fils, mon trĂšs cher fils, Écris-moi z’une lettre. T’en trouveras bien d’ me donne la bride, Tu la mettras au chevet de mon lit N’y a-t-il pas les fill’ de prĂ©sidentQue l’on me donn’ mes Ă©p’rons argentĂ©s, Pour que j’la lise Ă  mon loisir. Qui sont pour toi mon cher enfant ?Que j’m’en aill’ voir ma bien-aimĂ©e.1Dans mon chemin rencontr’ La lettr’ fut pas finie Les fill’s de prĂ©sident,Le pĂšre de Melly-y-e. Que ma mie Ă©tait morte. Maman, ça n’convient guĂšre. Ma mie est mort’, ma mie est dĂ©cĂ©dĂ©e, J’aimais Melly plus que l’or et l’argentOh il m’a dit OĂč vas-tu mon ami, Le deuil d’amour je vais porter. Et tout’s les fill’s de petit cƓur il va mourir.11 Pour la B2T, ajouter une mesure Ă  la Ί B. Plusieurs solutions possibles ïƒŁ  En ballade, commencer la ΊA par un La grave pour accentuer le ton dramatique. J’m’en vais la voir la voir Ă  mon loi-sirVersion wallonne Manuscrit anonyme, musĂ©e de la Vie wallonne LiĂšge, et ÉlisabethGrĂ©goire Wallonia, 1889Musique identique sauf deviennent Ă  interprĂ©ter rubato et la 2Ăšme partie de ΊB →Ma mĂšre apportez-moi Mon habit de soie rose Et mon chapeau qu’il soit d’argent bordĂ© Voir ma maĂź-tress’ je veux al - lerTout en chemin qu’il fit, Il rencontra t’un homme Qui lui cria Pauvre garçon transi Ta belle elle s’en V’lĂ  ta maĂźtresse qui va mourirNon non ce n’est pas vrai Que ma bell’ soit dolente Car il n’y a pas plus de trois jours passĂ©s Baisers d’amour lui ai dans la maison, Il fit trois rĂ©vĂ©rences Bonjour cher cƓur, bonjour vous soit donnĂ©, Comment se port’ votre santĂ© ?Oh qu’avez-vous la bell’ Que la couleur vous change ? Êtes-vous morte ou allez-vous mourir Sans plus parler Ă  votre mon beau cher amant, Faites-moi z’une tombe, Fait’s-la placer tout au pied de mon lit, Je sens mon Ăąm’ qui va c’est vers la minuit, La belle a tombĂ© morte. Elle a sorti sa blanche main du lit Pour dire adieu Ă  son galant qui retourne Au logis de son pĂšre Bonjour mon pĂšr’ bonjour vous soit donnĂ©, Ma mie est morte et donc chercher Mon habit de soie noir Et mon chapeau, qu’il soit de crĂȘpe ornĂ© Le deuil d’amour je vais porter.“De l’esprit Ă  l’envie” Page 76 Christian Hugues Hopla c'est le vent, Farine de froment farine de blĂ© noir, OĂč est-ce qu'est la pie GĂ©rard Delahaye. 1998 | Dylie Productions Hop lĂ  ! GĂ©rard Delahaye | 01-10-1998 Compositeurs : GĂ©rard Delahaye . DurĂ©e totale : 39 min. 01. Hop la c'est le vent . GĂ©rard Delahaye. Hop lĂ  ! 02:56 Auteur : GĂ©rard Delahaye / Compositeurs : GĂ©rard Delahaye. 02. Farine de froment farine de blĂ©
Ă©mile colin — imprimerie de lagny NIKOLAÏ GOGOL ――――― VEILLÉES DE L’UKRAINE TRADUIT DU RUSSE Par E. HALPÉRINE-KAMINSKY ――――――― PARIS C. MARPON & E. FLAMMARION, ÉDITEURS26, rue racine, prĂšs l’odĂ©on ── PRÉFACE Qu’est-ce que cette nouveautĂ© VeillĂ©es du hameau prĂšs de Dikagnkat ? Quelles veillĂ©es ? Et encore lancĂ©es dans le monde par un certain Ă©leveur d’abeilles[1]. GrĂące Ă  Dieu, l’on a dĂ©jĂ  assez dĂ©pouillĂ© d’oies pour fournir des plumes et usĂ© assez de chiffons pour fabriquer du papier ! Assez de gens de toutes provenances et de toutes catĂ©gories se sont tachĂ©s les doigts d’encre, et voilĂ  qu’un Ă©leveur d’abeilles s’en mĂȘle aussi ! Vraiment, il y aura bientĂŽt plus de papier que de choses Ă  envelopper. » Mon cƓur avait pressenti, il avait pressenti tous ces discours un mois avant que je ne me fusse dĂ©cidĂ© Ă  publier ces rĂ©cits ! Je veux dire par lĂ  qu’à nous autres campagnards, montrer le nez du fond de nos retraites dans le grand monde — holĂ  ! petit pĂšre ! — c’est la mĂȘme chose que quand il vous arrive d’entrer dans les appartements d’un grand seigneur, alors qu’on vous entoure et qu’on se met Ă  rire Ă  vos dĂ©pens. Encore si ce n’était que la haute valetaille, mais le plus petit sauteur, le rien du tout Ă  voir qui fouille lĂ  dans la basse-cour, s’en mĂȘle aussi. Et tous se mettent Ă  frapper du pied et Ă  vous crier OĂč vas-tu ? Que viens-tu faire ici ? Va-t’en moujik, va-t’en. — Ah ! vous dirai-je
 mais Ă  quoi bon vous dire
 J’aurais moins de peine Ă  me rendre deux fois par an Ă  Mirgorod oĂč depuis cinq ans, je ne suis pas allĂ© voir le scribe rural ni l’honorable pope que de me montrer dans ce grand monde, car une fois qu’on s’y est montrĂ©, qu’on en soit fĂąchĂ© qu’on ne le soit pas, il faut quand mĂȘme tenir bon. Chez nous, chers lecteurs, cela soit dit sans vous fĂącher peut-ĂȘtre vous fĂącherez-vous qu’un Ă©leveur d’abeilles vous parle aussi familiĂšrement qu’à son compĂšre, chez nous, Ă  la campagne, voici ce qui se passe de toute Ă©ternitĂ© aussitĂŽt que les travaux des champs sont terminĂ©s, le moujik grimpe pour tout l’hiver sur son poĂȘle, et nous autres, nous cachons nos abeilles dans une cave obscure. Quand il n’y a plus une seule grue dans le ciel, plus une seule poire sur l’arbre, alors, aussitĂŽt le soir arrivĂ©, vous ĂȘtes sĂ»rs d’apercevoir, au bout de la rue, une maisonnette Ă©clairĂ©e d’oĂč sortent des bruits de rires, de chansons qui s’entendent au loin ; la balalaika[2] rĂ©sonne et quelquefois aussi le violon mĂȘlĂ©s au brouhaha des conversations. Ce sont nos vetchernitsy[3]. Elles ressemblent, voyez-vous, Ă  vos bals; seulement, on ne peut pas dire que ce soit tout Ă  fait la mĂȘme chose. Quand vous vous rendez au bal, c’est uniquement dans le bĂ»t de faire aller vos jambes et de bĂąiller dans vos mains ; tandis que chez nous, une foule de jeunes filles se rĂ©unissent non pas pour danser, mais pour faire marcher la quenouille et le fuseau. Au commencement, on semble tout absorbĂ© par son travail ; les quenouilles bruissent, les chansons coulent, pas une fille ne lĂšve les yeux, mais aussitĂŽt que les parobki[4] tombent en bande dans la khata[5] avec le violoniste en tĂȘte, ce sont des cris Ă  vous assourdir, des lutineries, des danses et d’autres amusements encore qu’on ne pourrait mĂȘme pas raconter. Mais ce qui vaut encore mieux c’est quand on se presse en un seul groupe compact et qu’on se met Ă  jouer aux devinettes ou tout simplement Ă  bavarder. Tudieu ! que de choses ne raconte-t-on pas ? D’oĂč ne va-t-on pas tirer de vieilles histoires ? Quelle montagne de terreurs n’en emporte-t-on pas? Mais nulle part peut-ĂȘtre, on n’a racontĂ© autant de choses merveilleuses qu’aux veillĂ©es de l’éleveur d’abeilles, Roudiy Panko[6]. Pourquoi les pays m’ont-ils appelĂ© Roudiy Panko ? Pardieu, je ne le saurais pas dire. Mes cheveux, il me semble, sont maintenant plutĂŽt gris que roux, mais chez nous, ne vous en fĂąchez pas, voici l’habitude quand les gens donnent Ă  quelqu’un un surnom, cela reste pour toute l’éternitĂ©. Donc, on se rĂ©unissait Ă  la veille d’une fĂȘte dans la chaumiĂšre de l’éleveur d’abeilles; on se rangeait autour de la table
 vous n’aviez plus qu’à Ă©couter. Il faut vous dire que les invitĂ©s n’étaient pas les premiers venus; ce n’étaient pas les simples moujiks du hameau ; ils auraient pu faire honneur mĂȘme Ă  un personnage plus important que l’éleveur d’abeilles. Ainsi, par exemple, connaissez-vous le sacristain de l’église de Dikagnka, Foma Grigorievitch ? Ah ! voilĂ  une tĂȘte ! Quelles histoires il savait tourner ! Vous en trouverez deux dans ce livre. Il ne portait jamais la soutane de coutil que vous voyez chez nombre de sacristains de village ; et si mĂȘme vous rentriez chez lui pendant la semaine, il vous recevait toujours en robe de drap fin couleur gelĂ©e de pommes de terre, et qu’il payait Ă  Pultava jusqu’à six roubles l’aune. Personne n’aurait pu dire, dans tout notre hameau, que ses bottes sentaient le goudron[7]. Chacun savait, au contraire, qu’il les nettoyait avec la meilleure des graisses que certain moujik mettrait volontiers dans sa soupe. Personne n’aurait dit non plus qu’il se mouchait avec le pan de sa robe comme le font certains autres de sa profession. Il retirait de sa poitrine un mouchoir blanc proprement pliĂ©, brodĂ© tout autour de fil rouge et, aprĂšs avoir fait ce qu’il Ă©tait nĂ©cessaire, le repliait de nouveau en douze carrĂ©s et le remettait dans sa poitrine. Le second invité  Eh bien, celui-lĂ  Ă©tait barine Ă  un tel point, qu’on aurait pu lui donner tout de suite la place de juge rural. Quand il lui arrivait de lever son doigt devant lui et de raconter, en le regardant, son rĂ©cit Ă©tait d’un si grand style qu’on aurait pu l’imprimer sĂ©ance tenante. Parfois en l’écoutant, on restait Ă©bahi ; on aurait eu beau se tuer, on ne comprenait rien. OĂč allait-il chercher des mots pareils?
 Foma Grigorievitch lui broda Ă  ce propos un joli Ă©pisode Il lui raconta qu’un collĂ©gien qui Ă©tudiait chez un sacristain, retourna tellement latiniste chez son pĂšre, qu’il avait mĂȘme oubliĂ© notre langue orthodoxe. Tous les mots, il les tournait en us ; une pioche, c’était pour lui piochus, une femme, femmus. Un jour, il se rend avec son pĂšre dans les champs, il aperçoit un rĂąteau et demande Ă  son pĂšre Comment, pĂšre, cela s’appelle-t-il dans votre langue ? » Et puis, sans y prendre garde, il pose son pied sur les dents du rĂąteau ; le pĂšre n’a pas eu le temps de rĂ©pondre que le manche basculant vient frapper notre latiniste au front. Maudit rĂąteau », s’écrie-t-il en portant la main Ă  la bosse que le coup vient de lui faire et en bondissant d’au moins un mĂštre. Comme il tape fort, que le diable jette Ă  l’eau celui qui l’a produit ! » — Vous voyez ! Il a bien su se rappeler le nom, le pigeon ! Cet Ă©pisode ne fut pas absolument du goĂ»t du grand styliste. Sans souffler mot, il se leva, Ă©carta ses jambes au milieu de la chambre, inclina lĂ©gĂšrement la tĂȘte en avant, passa sa main dans la poche du derriĂšre de son cafetan couleur petits pois, en retira une tabatiĂšre ronde vernie, claqua du bout de ses doigts sur le museau peint de quelque gĂ©nĂ©ral turc et saisissant une grosse pincĂ©e de tabac mĂ©langĂ© des cendres de feuilles de livĂšche, la porta Ă  son nez, le coude en avant et arrondi ; il aspira au vol toute la pincĂ©e sans mĂȘme se servir de son pouce ; et toujours pas une parole. Ce ne fut que quand il alla fouiller dans sa seconde poche et qu’il en retira un mouchoir de coton bleu rayĂ©, qu’il murmura tout bas le proverbe Jeter des perles devant les pourceaux !
 » Un orage va Ă©clater ! » pensais-je en remarquant que les doigts de Foma Grigorievitch allaient se plier en doulia[8]. Heureusement que ma vieille eut la bonne idĂ©e d’apporter en cet instant sur la table un pĂątĂ© chaud et du beurre. Tous se mirent Ă  la besogne. La main de Foma Grigorievitch, au lieu de montrer la doulia, se porta vers le pĂątĂ© et, comme de coutume, chacun loua la mĂ©nagĂšre. Nous avions encore un autre conteur, mais celui-lĂ  je n’aurais pas dĂ» parler de lui vers la nuit exhumait des histoires si effrayantes que les cheveux se dressaient sur la tĂȘte. C’est volontairement que je ne les ai pas mises dans ce livre ; elles pourraient faire tellement peur aux bonnes gens, qu’on craindrait comme le diable — Dieu me pardonne — l’éleveur d’abeilles. Je prĂ©fĂšre, si Dieu me donne vie jusqu’à l’annĂ©e prochaine, publier un autre livre ; alors on pourra effrayer avec les revenants et autres merveilles qui se passaient au bon vieux temps dans les pays orthodoxes. Au nombre de ces histoires, vous trouverez peut-ĂȘtre aussi les contes de l’éleveur d’abeilles lui-mĂȘme Ă  ses petits-enfants. Pourvu qu’il vous plaise de me lire et de m’écouter, j’aurai bientĂŽt, quant Ă  moi si ce n’était ma maudite paresse de chercher, rĂ©uni assez d’histoires pour faire dix volumes pareils. Je m’aperçois tout Ă  coup que j’ai oubliĂ© le principal quand vous voudrez venir me rendre visite, messieurs, prenez droit le grand chemin qui conduit Ă  la Dikagnka. J’ai prĂ©cisĂ©ment mis ce nom Ă  la premiĂšre page de ce volume pour que vous trouviez plus vite notre hameau. De la Dikagnka elle-mĂȘme, vous avez, je pense, assez entendu parler. Vous savez bien que lĂ  les maisons sont plus belles que la chaumiĂšre de quelque Ă©leveur d’abeilles. Quant au jardin public, il n’y a pas Ă  y contredire Vous n’en trouverez certes pas un pareil dans votre PĂ©tersbourg. Une fois Ă  Dikagnka, demandez au premier gamin en chemise sale que vous rencontrerez gardant les oies Et oĂč demeure l’éleveur d’abeilles Roudiy Panko ? » — HĂ© ! par lĂ , vous rĂ©pondra-t-il, en montrant la direction du doigt ; et mĂȘme, si vous le voulez, il vous conduira jusqu’au hameau. Je vous prierai seulement de ne pas trop vous croiser les mains derriĂšre le dos en faisant le fier, car chez nous, les routes ne sont pas aussi unies que devant vos palais. Ainsi, Foma Grigorievitch en venant de Dikagnka chez nous, il y a deux ans, eut l’occasion de visiter malgrĂ© lui une orniĂšre avec sa nouvelle voiture et sa jument baie, bien qu’il conduisĂźt lui-mĂȘme et qu’en outre de ses yeux, il mit encore de temps Ă  autre des yeux achetĂ©s. En revanche, une fois que vous serez notre hĂŽte, nous vous servirons des melons comme vous n’en avez jamais peut-ĂȘtre mangĂ© de voire vie. Quant au miel, je vous jure que vous n’en trouverez pas de meilleur dans les environs. Imaginez-vous que quand on apporte dans la chambre un rayon entier, il se rĂ©pand une odeur qu’il est impossible de se figurer ; et le miel est pur comme une larme ou comme ces prĂ©cieux cristaux que l’on enchĂąsse dans les pendants d’oreilles. Et quels gĂąteaux, ma vieille vous fera manger ! quels gĂąteaux, si vous saviez seulement !
 Du sucre ! c’est vraiment du sucre ! Et le beurre ! il fond sur les lĂšvres quand on commence Ă  le manger ! Quand on pense, pourtant, combien ces femmes sont habiles ! Avez-vous jamais bu du poirĂ©, messieurs ? ou de l’eau-de-vie cuite avec des raisins secs et des pruneaux ? Ou encore, vous est-il arrivĂ© parfois de manger de la bouillie au lait ? Oh ! petit Dieu ! quels mets il y a dans le monde !
 Quand on se met Ă  manger, c’est Ă  n’en plus quitter ! c’est une jouissance indescriptible ! Ainsi, l’annĂ©e derniĂšre
 voyons, cependant, je finis par trop bavarder !
 Venez seulement, venez vite ! et on vous fera manger Ă  en parler Ă  tous ceux que vous rencontrerez. Éleveur d’abeilles, Roudiy Panko VEILLÉESDE L’UKRAINE CHAPITRE PREMIER Quel dĂ©lire ! quelle splendeur qu’un jour d’étĂ© dans la Petite-Russie ! De quelle chaleur languissante sont chargĂ©es les heures quand midi Ă©clate silencieux et brĂ»lant, et que l’OcĂ©an bleu, infini, Ă©tendu en voĂ»te ardente sur la terre, semble dormir tout noyĂ© de voluptĂ© en enlaçant et en Ă©treignant la bien-aimĂ©e dans ses bras Ă©thĂ©rĂ©s. Pas un nuage au ciel ; dans les champs, pas une parole. Tout semble mort. En haut, seulement, dans la profondeur du ciel, frĂ©mit l’alouette ; et sa chanson d’argent roule sur les marches aĂ©riennes jusqu’à la terre amoureuse. Par instant, le cri de la mouette ou la voix sonore de la caille, rĂ©sonne dans la steppe. Paresseux et sans pensĂ©e, comme vaguant sans but, s’élĂšvent les chĂȘnes ombrageux. Et le jet aveuglant des rayons solaires embrase pittoresquement des masses entiĂšres de feuillages en enveloppant les autres d’une ombre noire comme la nuit, sur laquelle un vent violent fait çà et lĂ  scintiller de l’or. L’émeraude, la topaze, le saphir des insectes aĂ©riens, ruissellent sur les jardins bigarrĂ©s ombragĂ©s de tournesols Ă©lancĂ©s. Les meules grises du foin et les gerbes dorĂ©es du blĂ©, s’étagent en camps dans la plaine et se dĂ©roulent Ă  l’infini. Les larges branches des cerisiers, des pruniers, des pommiers et des poiriers, plient sous le poids des fruits. Le ciel se reflĂšte dans la riviĂšre comme dans un miroir au cadre vert et Ă©levé  De quelle voluptĂ© et de quelle langueur dĂ©borde l’étĂ© de la Petite-Russie ! C’est de cette splendeur que brillait une des chaudes journĂ©es du mois d’aoĂ»t dix-huit cent
 dix-huit cent
 oui, il y a une trentaine d’annĂ©es, lorsque, sur une longueur de plus de dix verstes, la route conduisant au village de Sorotchinetz grouillait de la foule accourue Ă  la foire de tous les environs et des hameaux les plus lointains. DĂšs le matin, s’allongeait la foule ininterrompue de Tchoumaks[9], avec leurs voitures de sel et de poisson. Des montagnes de poteries enterrĂ©es sous le foin se mouvaient lentement, comme ennuyĂ©es de leur obscure prison. Çà et lĂ , seulement quelques terrines ou soupiĂšres aux couleurs Ă©clatantes se montraient vaniteusement au sommet de la charrette surchargĂ©e et provoquaient les regards attendris des adorateurs du confort. De nombreux passants contemplaient d’un Ɠil d’envie le potier de haute taille, propriĂ©taire de ces richesses, lequel, d’un pas lent, marchait derriĂšre ses marchandises, enveloppant soigneusement le dandysme et la coquetterie de ses vases dans l’humble foin. Loin des autres, se traĂźnait une charrette tirĂ©e par des bƓufs fatiguĂ©s, et remplie de sacs de chanvre, de toile et de divers objets de mĂ©nage. DerriĂšre venait le propriĂ©taire vĂȘtu d’une chemise de toile bien blanche et d’une culotte de toile sale. D’une main paresseuse, il essuyait la sueur qui coulait en pluie de son visage basanĂ© et dĂ©gouttait de ses longues moustaches poudrĂ©es par ce perruquier impitoyable qui vient sans qu’on l’appelle, s’emparant Ă©galement des plus belles et des plus laides, et poudrant par force, depuis des milliers d’annĂ©es, toute l’espĂšce humaine. À ses cĂŽtĂ©s, marchait attachĂ©e Ă  la charrette une jument dont l’aspect timide trahissait un Ăąge plus qu’avancĂ©. Beaucoup et surtout les jeunes gens portaient la main Ă  leur bonnet en croisant le moujik. Ce n’étaient cependant ni sa moustache grise ni sa dĂ©marche imposante qui lui valaient ces saluts. Il suffisait de lever la tĂȘte pour en dĂ©couvrir la cause. Sur la charrette, Ă©tait assise son enfant, une jolie fille au visage arrondi, aux sourcils noirs et bien arquĂ©s surmontant des yeux brun-clair, aux lĂšvres roses et souriantes, la tĂȘte ornĂ©e de rubans rouges et bleus qui, avec ses longues nattes, un bouquet de fleurs des champs et une riche couronne, formaient le plus ravissant tableau. Tout semblait l’intĂ©resser ; tout lui Ă©tait Ă©trange et neuf
 et ses beaux yeux allaient sans cesse d’un objet Ă  l’autre. Comment ne pas se distraire ! À la foire pour la premiĂšre fois ! Une jeune fille de dix-huit ans et Ă  la foire pour la premiĂšre fois ! Mais aucun des passants ne pouvait se douter du mal qu’elle avait eu Ă  persuader son pĂšre de la prendre avec lui, non pas que, personnellement, il ne l’eĂ»t fait volontiers, mais il avait Ă  compter avec la mĂ©chante marĂątre qui avait su le brider et le conduisait aussi facilement qu’il conduisait lui-mĂȘme la vieille jument qu’on allait vendre aujourd’hui pour prix de ses longs services. La criarde Ă©pouse
 mais nous avons oubliĂ© qu’elle est assise, elle aussi, au haut de la charrette, dans une superbe camisole de laine verte, piquĂ©e, comme la fourrure de la martre, de petites queues, mais rouges ; avec une riche jupe bigarrĂ©e comme un Ă©chiquier et un bonnet d’indienne de couleur, qui donnait un certain air d’importance Ă  son visage rouge et plein d’aspect si rĂ©barbatif que chacun se hĂątait de reporter son regard inquiet sur le gai visage de la jeune fille. Aux yeux de nos voyageurs, Psiol[10] commençait Ă  poindre. De loin venait une fraĂźcheur d’autant plus sensible que la chaleur avait Ă©tĂ© plus lourde et plus accablante. À travers le feuillage vert-clair des peupliers et des bouleaux, nĂ©gligemment semĂ©s dans la prairie, apparaissaient des plaques de lumiĂšre froide ; et la belle riviĂšre dĂ©couvrit la splendeur de sa poitrine d’argent sur laquelle se rĂ©pandait richement la verte chevelure des arbres. Fantasque comme une jolie femme, Ă  l’heure enivrante oĂč, devant le miroir jaloux de son front altier, de ses Ă©paules rosĂ©es et de sa gorge de marbre, ombragĂ©e par une boucle sombre tombĂ©e de sa tĂȘte blonde, elle jette avec mĂ©pris ses parures pour les remplacer par d’autres et ne connaĂźt pas de fin Ă  ses caprices, ses eaux presque chaque annĂ©e changent leurs cours, choisissent une nouvelle voie et s’entourent de paysages nouveaux et divers. Les rangĂ©es de moulins soulevaient sur leurs lourdes roues de larges nappes qu’elles rejetaient avec force en les brisant en pluie et en emplissant les environs de poussiĂšre humide et de bruit. La charrette, avec les voyageurs que nous connaissons, roulait en ce moment vers le pont, et, la riviĂšre, dans toute sa majestueuse beautĂ©, s’étendait devant eux comme une seule glace. Le ciel, les forĂȘts vertes et bleues, les hommes, les voitures chargĂ©es de poteries, les moulins, tout se renverse, surgit et marche les pieds en l’air sans tomber dans la splendide profondeur bleue. Notre belle devint songeuse Ă  ce magnifique spectacle et oublia mĂȘme de faire craquer sous sa dent les graines de tournesol qu’elle Ă©tait occupĂ©e Ă  grignoter depuis le dĂ©part, lorsque tout Ă  coup, les mots Ah ! la jolie fille ! » frappĂšrent ses oreilles. Elle tourna la tĂȘte et aperçut sur le pont une foule de jeunes gens dont l’un, mieux vĂȘtu que les autres, en svitka[11] blanche et en bonnet gris d’Astrakan, les mains sur les hanches, regardait hardiment les passants. La belle ne put faire autrement que de remarquer son visage basanĂ© mais respirant la sympathie et ses regards brĂ»lants qui semblaient vouloir la transpercer. Elle baissa les yeux Ă  la pensĂ©e que, peut-ĂȘtre, l’exclamation entondue lui appartenait. — Une riche fille ! continua le jeune homme Ă  la svitka blanche, sans la quitter de l’Ɠil. Je donnerais bien tout ce que je possĂšde pour l’embrasser, mais c’est le diable qui est aussi derriĂšre elle. Des rires Ă©clatĂšrent de tous cĂŽtĂ©s. Mais la compagne chamarrĂ©e de l’époux qui s’avançait Ă  pas lents, ne goĂ»ta pas le compliment. Ses joues rouges s’empourprĂšrent et un crĂ©pitement d’épithĂštes choisies roula en averse sur la tĂȘte des joyeux gars. — Puisses-tu Ă©touffer, propre Ă  rien ! Puisse un vase tomber sur la tĂȘte de ton pĂšre ! Qu’il se rompe le cou sur la glace, l’antichrist maudit ! Et que, dans l’autre monde, le diable lui roussisse la barbe ! — Voyez-vous l’insulteuse ! fit le jeune homme en Ă©carquillant les yeux, comme stupĂ©fait d’une pareille explosion de compliments inattendus. Comment la langue de cette sorciĂšre hors d’ñge ne se blesse-t-elle pas Ă  articuler de semblables mots ! — Hors d’ñge[12] ! saisit au vol la mĂ»re personne. L’impudent ! Va donc d’abord te dĂ©barbouiller, moricaud. Je n’ai pas connu ta mĂšre, mais je suis certaine que c’est une pas grand’chose ; ton pĂšre aussi est un pas grand’chose. Hors d’ñge ! parce qu’il a encore du lait au bec ! La charrette, en ce moment, sortait du pont, et les derniĂšres paroles se perdirent dans l’air. Mais le jeune homme ne voulut pas en rester lĂ . Sans plus rĂ©flĂ©chir, il saisit une motte de boue et la lança
 Le coup Ă©tait mieux dirigĂ© qu’on ne pouvait le supposer tout le bonnet neuf d’indienne se trouva couvert de boue ; et les rires des joyeux compagnons de reprendre avec une force nouvelle. L’obĂšse coquette frĂ©mit de colĂšre ; mais la charrette Ă©tait alors assez loin et elle tourna sa vengeance contre sa belle-fille innocente et son lent Ă©poux, lequel, habituĂ© de longue date Ă  des incidents de ce genre, gardait un silence obstinĂ© et Ă©coutait avec le plus grand sang-froid la sortie emportĂ©e de son Ă©pouse en fureur. MalgrĂ© cela, la langue infatigable crĂ©pitait et ne s’arrĂȘta qu’à leur entrĂ©e dans le faubourg, lorsqu’ils arrivĂšrent chez leur vieil ami et compĂšre le cosaque Tsyboulia. Cette entrevue entre compĂšres qui ne s’étaient pas rencontrĂ©s depuis longtemps, fit oublier momentanĂ©ment le fĂącheux Ă©vĂ©nement en forçant nos voyageurs Ă  s’entretenir de la foire et Ă  reposer quelque peu aprĂšs une longue route. CHAPITRE II Peut-ĂȘtre vous est-il arrivĂ© d’entendre une cataracte lointaine quand les environs troublĂ©s sont pleins de fracas et qu’un chaos de rumeurs Ă©tranges et indistinctes passe devant vous comme un tourbillon. N’est-ce pas une sensation analogue que l’on Ă©prouve, lorsque l’on est pris dans le tourbillon d’une foire au village et que les rangs serrĂ©s de la foule ne forment plus qu’un monstre sinueux qui se meut de tout son corps sur la place et dans les rues Ă©troites, criant, s’interpellant et grondant. Vacarme, jurons, mugissements, bĂȘlements, rugissements, tout se fond en un brouhaha discordant. Les bƓufs, le son, le foin, les tziganes, les poteries, les babas[13], les pains d’épices, les bonnets, tout flamboie bigarrĂ© et criard, s’agite en groupe et dĂ©file devant vos yeux. Des voix de diffĂ©rents timbres se couvrent l’une l’autre, et pas une parole ne peut ĂȘtre saisie, sauvĂ©e de ce dĂ©luge. Pas un cri ne s’articule distinctement ; on n’entend dans toute la foire que des mains de marchands frappant l’une dans l’autre, Ă  l’appui du marchĂ© conclu. Une charrette se brise, le fer rĂ©sonne ; des planches jetĂ©es Ă  terre retentissent et la tĂȘte qui nous tourne ne sait oĂč s’arrĂȘter. Notre moujik avec sa fille aux noirs sourcils s’était depuis longtemps mĂȘlĂ© Ă  la foule. Il s’approchait d’une charrette, hĂ©lait l’autre, comparait les prix, et cependant, sa pensĂ©e tournait toujours autour des dix sacs de blĂ© et de la vieille jument qu’il avait amenĂ©s pour la vente. On pouvait voir Ă  l’expression du visage de sa fille qu’il n’était rien moins qu’agrĂ©able Ă  celle-ci de se frotter aux charrettes de foin ou de blĂ©. Elle aurait voulu aller lĂ  oĂč, sous la toile des tentes, sont coquettement appendus des rubans rouges, des boucles d’oreilles, des croix d’étain et de cuivre et des piĂšces d’or pour colliers. Cependant le spectacle qu’elle avait devant les yeux ne manquait pas d’intĂ©rĂȘt. Elle prenait un intime plaisir Ă  regarder ici un tzigane bigarrĂ© et un moujik se frapper dans la main jusqu’à crier de douleur ; lĂ  un juif ivre offrir du kissel[14] Ă  une baba ; plus loin, des poissardes s’injurier et se jeter des Ă©crevisses Ă  la tĂȘte ; ailleurs encore, un Moscovite caresser d’une main sa barbe de bouc et de l’autre
 mais voilĂ  qu’elle se sent tirer par la manche brodĂ©e de sa chemise. Elle se retourne et se trouve en face du parobok Ă  la svitka blanche et aux yeux ardents. Tout son corps tressaillit, son cƓur se mit Ă  battre comme jamais il n’avait encore battu, ni sous la joie, ni sous la douleur, sensation Ă©trange et dĂ©licieuse en mĂȘme temps ; elle ne pouvait se rendre compte de ce qu’elle prouvait. — N’aie pas peur, mon petit cƓur ! n’aie pas peur, fit-il Ă  demi-voix en lui prenant la main. Je ne te dirai rien de mal ! Il se peut que tu ne me dises rien de mal, pensa la jeune fille, seulement, c’est Ă©trange. Ce doit ĂȘtre le diable. Je sais que sĂ»rement ce n’est pas bien
 et cependant je n’ai pas la force de lui reprendre ma main. » Le moujik se retourna, voulant dire quelque chose Ă  sa fille, mais le mot blĂ© » retentit alors Ă  ses cĂŽtĂ©s. Ce mot magique le fit immĂ©diatement s’approcher de deux nĂ©gociants qui parlaient haut, et, son attention fixĂ©e sur eux, rien n’était capable de la distraire. Or, voici la conversation qui s’était engagĂ©e sur le blĂ©. CHAPITRE III — Tu penses donc, pays, que notre blĂ© se vendra mal ? disait l’un dont l’extĂ©rieur dĂ©notait un petit bourgeois Ă©tranger, habitant quelque bourgade, en pantalon de coutil tachĂ© de goudron et de graisse. Le personnage auquel il s’adressait Ă©tait vĂȘtu d’une svitka bleue rapiĂ©cĂ©e en diffĂ©rents endroits, et il avait une bosse au front. — Il ne s’agit pas de penser ! je suis prĂȘt Ă  me laisser passer une corde autour du cou et Ă  me balancer Ă  cet arbre comme une saucisse de NoĂ«l au plafond de la chambre, si nous vendons une seule mesure de blĂ©. — Qu’est-ce que tu me contes, pays ? Il n’y a pas sur le marchĂ© un grain de blĂ© en dehors de celui que nous avons apportĂ©. Dites tout ce que vous voudrez, pensait le pĂšre de notre belle, qui ne perdait pas une parole de la conversation des deux marchands ; cela ne m’empĂȘchera pas d’avoir dix sacs en rĂ©serve. » — Mais c’est prĂ©cisĂ©ment oĂč le diable s’en mĂȘle, qu’il n’y a pas plus Ă  tabler lĂ -dessus que sur un Moscovite affamĂ©, reprenait d’un air significatif l’homme Ă  la bosse au front. — Quel diable ? demanda l’homme au pantalon de coutil. — As-tu entendu ce que l’on dit dans la foule ? continua le front bombĂ© en regardant de cĂŽtĂ© son interlocuteur de ses yeux mornes. — Eh bien ? — Eh bien ! Le commissaire, — puisse-t-il ne jamais tremper sa moustache dans l’eau-de-vie de prunes — le commissaire nous a assignĂ© pour la foire une place si maudite que nous pouvons crever, nous ne vendrons pas un seul grain. Vois-tu ce vieux hangar en ruine lĂ -bas, lĂ -bas, prĂšs de la montagne ici, la curiositĂ© du pĂšre de notre belle le fit se rapprocher encore, et il devint tout oreilles, c’est dans ce hangar que les diables prennent leurs Ă©bats, et pas une seule foire ne s’est terminĂ©e sans malheur. Hier encore, le scribe passait par lĂ , et, Ă  la lucarne, se montra un groin de porc, grognant si terriblement qu’un frisson lui passa dans tout le corps. On s’attend d’un instant Ă  l’autre Ă  voir apparaĂźtre de nouveau la svitka rouge. — Qu’est-ce que cette svitka rouge ? À ce moment les cheveux de notre auditeur attentif se dressĂšrent sur sa tĂȘte. Il regarda avec terreur derriĂšre lui et aperçut
 sa fille et le parobok tranquillement enlacĂ©s, devisant d’amour dans l’oubli le plus complet de toutes les svitkas du monde. Ce spectacle dissipa sa terreur et le ramena Ă  son insouciance habituelle. — Eh ! eh ! pays, tu me parais aller bien vite en embrassades. Moi, ce n’est que le quatriĂšme jour aprĂšs la noce que j’ai appris Ă  embrasser ma Khveska et encore, grĂące Ă  mon compĂšre, qui, en sa qualitĂ© de garçon d’honneur, me mit sur la voie. Le jeune homme comprit immĂ©diatement que le pĂšre de sa bien-aimĂ©e n’était pas trĂšs dĂ©sagrĂ©able ; et il se prit Ă  combiner un plan pour le mettre dans son jeu. — Toi, mon bon, tu ne me connais probablement pas ; mais moi, je t’ai reconnu tout de suite. — C’est possible que tu m’aies reconnu. — Si tu veux, je te dirai et ton nom et ton prĂ©nom et tout ce qui te concerne. Tu t’appelles Solopi Tcherevik. — C’est bien cela, Solopi Tcherevik. — Et regarde-moi bien, peut-ĂȘtre me reconnaĂźtras-tu ? — Non, je ne te connais pas ; et cela soit dit sans te fĂącher. Dans ma longue vie, j’ai tant vu de museaux divers, que ce serait le diable de me souvenir de tous
 — C’est dommage que tu ne te rappelles pas du fils de Holopoupenko ? — Tu serais donc le fils d’Okhrimo ? — Et qui le serait ? Ă  moins que ce ne soit le Domovoi[15]. Sur quoi, les deux amis se dĂ©couvrirent et l’embrassade commença. Cependant notre fils Holopoupenko, sans perdre de temps, se hĂąta de couper court Ă  cette dĂ©monstration. — Eh bien ! Solopi, comme tu le vois, moi et ta fille nous nous aimons au point de passer l’éternitĂ© ensemble. — Eh bien ! Paraska, fit Tcherevik en s’adressant avec un sourire Ă  sa fille, — peut-ĂȘtre, en effet
 pour que dĂ©jà
 comme on dit
 ensemble
 afin qu’on paisse la mĂȘme herbe. Eh bien ! tapons lĂ , et allons, beau fils frais Ă©lu, arroser le contrat ! Et tous les trois se trouvĂšrent bientĂŽt rĂ©unis dans une derniĂšre buvette, sous la tente, chez la Juive, au milieu de tout une flotte de bouteilles et de flacons de toutes façons et de toutes tailles. — Eh ! le luron ! Pour cela je t’aime, disait Tcherevik, quelque peu Ă©mĂ©chĂ©, en voyant la façon dont son beau fils frais Ă©lu se versait prĂšs d’un demi-litre d’eau-de-vie, l’avalait d’un trait sans sourciller et brisait sur la table le vase vide. Qu’en dis-tu ? Paraska. Quel fiancĂ© je t’ai choisi ! regarde ! regarde ! Comme il lampe gaillardement. Et, tout gai et en titubant, il s’achemina avec elle vers sa charrette, pendant que notre parobok se rendait aux boutiques occupĂ©es par les marchands de Gadiatch et de Mirgorod, les deux cĂ©lĂšbres villes du gouvernement de Pullava, pour y choisir une des plus belles pipes en bois, richement montĂ©e sur cuivre, ainsi qu’un foulard Ă  fleurs sur fond rouge et un bonnet d’Astrakan, cadeaux de noce au beau-pĂšre et aux autres, ainsi que le voulait la coutume. CHAPITRE IV — Eh bien ! femme ! j’ai trouvĂ© Ă  la fille un fiancĂ©. — C’est ce qui peut s’appeler bien choisir son moment pour chercher des fiancĂ©s ! ImbĂ©cile ! imbĂ©cile ! tu ne changeras donc jamais ? OĂč as-tu vu, oĂč as-tu entendu que des gens sensĂ©s courent Ă  cette heure aprĂšs des fiancĂ©s ? Tu aurais mieux fait de t’occuper de vendre notre blĂ©. Ton fiancĂ©, lui aussi, doit ĂȘtre quelque chose de bien. Le plus gueux, sans doute, de tous les va-nu-pieds. — Quelle erreur ; si tu voyais le jeune homme ! Rien que sa svitka vaut plus que ta camisole verte et que tes bottes rouges ; et comme il siffle bien l’eau-de-vie ! Que le diable m’emporte et toi avec, si de ma vie, j’ai vu un parobok avaler comme lui un demi-litre d’un trait sans sourciller ! — C’est cela, un ivrogne doublĂ© d’un vagabond, voilĂ  ce qu’il lui faut. Je gagerais que c’est le mĂȘme vaurien qui nous a pris Ă  partie sur le pont. Quel dommage qu’il ne me soit pas encore tombĂ© sous la main ! Je vous l’aurais arrangĂ© ! — Et qu’importe ! Khivria, si c’était lui ? Pourquoi serait-ce un vaurien ? — Pourquoi ce serait un vaurien ! oh ! tĂȘte sans cervelle ! Entendez-vous ? Pourquoi ce serait un vaurien ? Oh avais-tu donc tes yeux d’imbĂ©cile lorsque nous passions prĂšs du moulin, lĂ  devant lui, sous son nez sali de tabac ? on dĂ©shonorerait ta femme que cela te laisserait indiffĂ©rent. — Tu auras beau dire, je ne vois pas ce qu’on pourrait lui reprocher. C’est un garçon de valeur ; serait-ce parce qu’il a un moment couvert de fumier ton museau ? — Eh ! eh ! voyez-vous ! Tu ne me laisses pas placer un mot. Qu’est-ce que cela veut dire ? Quand cela t’est-il jamais arrivĂ© ? Tu as dĂ©jĂ , sans doute, pris le temps de licher alors que tu n’as encore rien vendu ? Notre Tcherevik remarqua en effet lui-mĂȘme qu’il avait trop parlĂ©, et il se hĂąta de cacher sa tĂȘte dans ses mains, persuadĂ© que son irascible compagne ne tarderait pas Ă  planter dans ses cheveux ses griffes conjugales. Diable ! le mariage est flambĂ©, pensait-il en esquivant l’épouse qui marchait vers lui ; il faudra refuser un bon garçon et pour rien ! Seigneur Dieu ! Pourquoi une pareille plaie sur nous autres pĂ©cheurs ? Il y avait dĂ©jĂ  assez de vilaines choses dans ce monde ; et tu nous as encore encombrĂ©s de femmes ! » CHAPITRE V Le jeune homme Ă  la svitka blanche, assis prĂšs de sa charrette, regardait distraitement la foule qui bourdonnait sourdemont autour de lui. Le soleil fatiguĂ© quittait l’horizon aprĂšs avoir brĂ»lĂ© son midi et son matin. Le jour s’éteignait dans le charme et dans l’éclat de la pourpre. Le sommet blanc des tentes brillait d’une clartĂ© aveuglante sous les rayons d’un feu rose Ă  peine perceptible. Les vitres des chĂąssis empilĂ©s flambaient sur les tables des cabaretiĂšres ; bouteilles et verres Ă©taient transformĂ©s en autant de flammes. Des montagnes de melons, de pastĂšques et de citrouilles semblaient moulĂ©es en or et en cuivre bruni. Le bruit des conversations devenait sensiblement plus rare et plus sourd. Les langues fatiguĂ©es des marchands, des moujiks et de tziganes se faisaient plus paresseuses et plus lentes. Çà et lĂ , des feux commençaient Ă  s’allumer et le fumet odorant des galouschki[16] se rĂ©pandait dans les rues calmĂ©es. — À quoi songes-tu si tristement Hirtsko[17], s’écria un Tzigane de haute taille et hĂąlĂ© par le soleil, en frappant sur l’épaule de notre jeune homme. Voyons ! me laisses-tu tes bƓufs pour vingt ? — Tu n’as de pensĂ©e que pour les bƓufs ! toujours les bƓufs. Votre race ne vit que pour l’argent monnayer, filouter les honnĂȘtes gens. — Fi ! que Diable ! Te voilĂ  donc pris bien sĂ©rieusement ! serait-ce le dĂ©pit de t’ĂȘtre embarrassĂ©e d’une fiancĂ©e ? — Non, ce n’est pas dans ma nature je tiens ma parole ; quand je fais quelque chose, c’est pour toujours, mais c’est ce vieux brigand de Tcherevik qui n’a pas de conscience pour un demi-kopek ; il a dit Oui », et maintenant il se reprend. On ne peut guĂšre, d’ailleurs, lui en vouloir ; c’est une bĂ»che et rien de plus, ce sont lĂ  les tours de la vieille sorciĂšre que nous avons, avec les amis, si bien arrangĂ©e aujourd’hui sur le pont. Ah ! si j’étais Tzar ou grand seigneur, je commencerais par faire pendre tous ces imbĂ©ciles qui se laissent brider par les femmes
 — Me laisses-tu les bƓufs pour vingt si nous forçons Tcherevik Ă  nous rendre Paraska ? Hirtsko le considĂ©ra avec Ă©tonnement. Les traits basanĂ©s du Tzigane exprimaient quelque chose de mĂ©chant, de rusĂ©, de bas et de hautain en mĂȘme temps ; il suffisait d’un regard pour se convaincre que, dans cette Ăąme Ă©trange, bouillonnaient de grandes qualitĂ©s, mais de celles qui n’ont sur la terre qu’une seule rĂ©compense le gibet. Une bouche disparaissait presque entre le nez et le menton, pointue et toujours animĂ©e d’un mauvais sourire ; des yeux petits mais vifs comme le feu ; un visage sillonnĂ© de l’éclair des projets et des combinaisons sans cesse modifiĂ©s. Tout cela semblait comme exiger un costume aussi particulier et aussi extraordinaire que celui qu’il portait effectivement. Un cafetan brun-noir que le moindre attouchement paraissait devoir faire tomber en poussiĂšre ; de longs cheveux noirs tombant en broussailles sur ses Ă©paules ; des souliers emboĂźtant des pieds nus et brĂ»lĂ©s ; tout cela semblait comme soudĂ© Ă  lui et faire partie de son ĂȘtre. — Ce n’est pas pour vingt, mais pour quinze que tu les auras si tu ne mens pas, rĂ©pondit le jeune homme, sans le quitter de son regard pĂ©nĂ©trant. — Pour quinze, c’est entendu ! mais ne pas oublier, pour quinze. Et voici cinq roubles d’arrhes. — Mais si tu m’as menti ! — Si je mens, Ă  toi les arrhees. — C’est entendu. Allons ! topons. — Allons ! CHAPITRE VI — Par ici, Aphanasi Ivanovitch. Il y a une haie. Levez le jarret, mais ne craignez rien. Mon imbĂ©cile est parti pour toute la nuit avec le compĂšre pour veiller sur les charrettes, de peur que les Moscovites ne chipent quelque chose. C’est ainsi que la terrible compagne de Tcherevik encourageait d’un ton affable le popovitch[18] qui, s’accrochant peureusement Ă  la clĂŽture, grimpa sur la haie et y resta debout, hĂ©sitant comme un long et effrayant fantĂŽme. AprĂšs avoir longtemps cherchĂ© de l’Ɠil la place oĂč sauter le plus facilement, il finit par tomber lourdement dans les hautes herbes. — Malheur ! ne vous ĂȘtes-vous pas fait de mal ? Ne vous ĂȘtes-vous pas — Dieu vous en garde — cassĂ© le cou? murmurait Khivria tout inquiĂšte. — Chut ! rien, rien, ma trĂšs chĂšre Khavronia Nikiforovna, fit le popovitch d’une voix basse et plaintive en se dressant sur ses jambes, rien que des piqĂ»res d’orties, cette plante vipĂ©rine, comme disait le dĂ©funt protopope. — Entrez donc vite dans la khata. Il n’y a personne. Et moi qui me demandais si vous n’étiez pas retenu par un furoncle ou un mal de ventre. On ne vous voit plus. Comment cela va-t-il? J’ai entendu dire que le pope, votre pĂšre, a reçu un tas de choses. — Presque rien, Khavronia Nikiforovna, mon pĂšre n’a reçu pour tout le carĂȘme que quinze sacs de blĂ©, quatre de millet, une centaine de pains au beurre et des poulets qui, bien comptĂ©s, ne dĂ©passent pas la cinquantaine. Quant aux Ɠufs, ils sont en partie gĂątĂ©s ; mais le plus prĂ©cieux de tous les dons, c’est de vous seule que je peux le tenir, Khavronia Nikiforovna, continua le popovitch, en la regardant tendrement et en se rapprochant d’elle. — VoilĂ , Aphanasi Ivanovitch, fit-elle, en posant sur la table divers plats et en boutonnant d’un air confus sa camisole qui s’était ouverte comme par hasard, des vareniki[19], des galouchetchki[20] de froment, des pampouchetchki[21], des tovtchenitchki[22]. — Tout cela, je gage, est sorti des plus habiles mains de toutes les filles d’Ève, dit le popovitch en entamant les tovtchenitchki et en attirante Ă  lui, de l’autre main, les varenitchki. Cependant, Khavronia Nikiforovna, mon cƓur a soif d’autres choses plus douces que les pampouchetchki et tous les galouchetchki — Je ne sais rĂ©ellement plus ce que je pourrais vous offrir encore, Aphanasi Ivanovitch, rĂ©pondit la belle obĂšse en feignant de ne pas comprendre. — Mais votre amour ! mon incomparable Khavronia Nikiforovna, murmura le popovitch, tenant d’une main un varenik et, de l’autre, enlaçant la large taille de la matrone. — Dieu sait ce que vous imaginez ! Aphanasi Ivanovitch, dit Khidria en baissant pudiquement les yeux, vous allez peut-ĂȘtre encore entreprendre de m’embrasser ! — Quant Ă  cela, je vous dirai, en ce qui me concerne, reprit le popovitch, qu’au temps pour ainsi dire oĂč j’étais au sĂ©minaire je me souviens encore comme aujourd’hui
 À ce moment, des aboiements se firent entendre dans la cour et des coups furent frappĂ©s Ă  la porte cochĂšre. Khivria sortit prĂ©cipitamment et rentra toute pale. — Allons ! Aphanasi Ivanovitch, nous sommes pris ! Un tas de gens frappent Ă  la porte et il me semble avoir reconnu la voix du compĂšre. Le varenik s’arrĂȘta dans la gorge du popovitch
 ses yeux sortirent de leurs orbites, comme s’il s’était trouvĂ© en face de quelque revenant. — Vite, grimpez lĂ , criait Khivria Ă©pouvantĂ©e, en lui indiquant les planches reposant sur deux solives juste au-dessous du plafond et sous lesquelles Ă©taient entassĂ©s divers ustensiles de mĂ©nage. Le pĂ©ril donna des forces Ă  notre hĂ©ros. Revenant un peu Ă  lui, il sauta sur la partie du poĂȘle qui sert de lit, et de lĂ , avec prĂ©caution, il se hissa sur les planches, tandis que Khivria courait Ă  toutes jambes vers la porte, car les coups redoublaient, frappĂ©s avec plus de force et d’impatience. VII Un Ă©trange Ă©vĂ©nement s’était produit Ă  la foire. Le bruit courait que, quelque part, parmi les marchandises, la svitka rouge devait faire son apparition. La vieille qui vendait des boubliki[23] crut voir Satan au museau de cochon qui se penchait sans cesse sur les charrettes comme s’il cherchait quelque chose. Cela se rĂ©pandit rapidement dans tous les coins du campement silencieux; et tout le monde eĂ»t considĂ©rĂ© comme un crime de ne pas y ajouter foi, bien que la marchande de boubliki, dont l’étalage mobile attenait Ă  la tente du cabaretier, se fĂ»t livrĂ©e toute la journĂ©e Ă  des saluts sans objet et dessinĂąt de ses jambes des courbes empruntĂ©es Ă  ses gĂąteaux. À cela, s’ajoutaient encore les histoires grossies de bouche Ă  bouche du prodige vu par le scribe dans le hangar en ruine, de telle sorte qu’avec la nuit, chacun se serrait plus prĂšs de son voisin. La tranquillitĂ© disparut; la peur empĂȘchait les yeux de se fermer ; et ceux qui n’étaient pas des plus braves et qui purent se procurer un coin dans une izba[24], s’y rĂ©fugiĂšrent. Au nombre de ces derniers, se trouvaient Tcherevik avec son compĂšre et sa fille ; et ce sont eux, qui renforcĂ©s de quelques camarades, leur ayant demandĂ© asile, ont causĂ© le tapage qui a si fort effrayĂ© notre Khivria. Le compĂšre Ă©tait dĂ©jĂ  quelque peu Ă©mĂ©chĂ©. Cela rĂ©sultait de ce qu’il dut faire deux fois avec sa charrette le tour de la cour avant de trouver la porte de sa khata. Les hĂŽtes, eux aussi, Ă©taient d’humeur joyeuse et, sans plus de façon, ils pĂ©nĂ©trĂšrent dans la chambre avec le maĂźtre. L’épouse de notre Tcherevik Ă©tait assise comme sur des aiguilles quand ils se mirent Ă  fureter dans tous les coins. — Eh quoi ! commĂšre, s’écria le compĂšre en entrant, la fiĂšvre te fait toujours trembler ! — Oui, je ne me sens pas bien, rĂ©pondit Khivria en jetant un regard inquiet sur les planches au-dessous du plafond. — Voyons, femme, va-t’en me chercher la bouteille dans la charrette, dit le compĂšre Ă  son Ă©pouse qui le suivait. Nous la viderons avec ces braves amis ; les maudites femmes nous ayant fait une peur telle qu’il est presque honteux de l’avouer. Car, au fond, frĂšres, nous nous sommes rĂ©fugiĂ©s ici inutilement, continua-t-il, en vidant Ă  petites gorgĂ©es la cruche de terre. Je suis prĂȘt Ă  percer mon neuf, que les femmes se sont tout simplement moquĂ©es de nous. En admettant mĂȘme que ce fĂ»t le diable, que nous importe le diable ? Crachez-lui Ă  la figure ! Qu’il s’avise Ă  l’instant mĂȘme de se dresser ici devant moi ! et que je ne sois qu’un fils de chien si je ne lui fais pas la nique. — Pourquoi, alors, es-tu devenu si pĂąle ? s’écria l’un des Ă©trangers qui dominait les autres de la tĂȘte et posait pour le brave. — Moi ! Dieu vous patafiole ! vous avez rĂȘvĂ©. Les hĂŽtes ne purent rĂ©primer un sourire auquel s’associa d’un air de satisfaction le bravache qui avait pris la parole. — Comment pourrait-il parler, fit observer un autre, alors que ses joues flamment comme le coquelicot ? Ce n’est plus un oignon mais une betterave, ou mieux encore la svitka rouge qui a tant Ă©pouvantĂ© les gens. La bouteille fit le tour de la table et aug-menta encore la gaĂźtĂ© des convives. Notre Tcherevik, que la svitka rouge n’avait pas cessĂ© de torturer, ne laissant pas une seconde de rĂ©pit Ă  son esprit curieux, s’approcha alors du compĂšre. — Dis, par grĂące, compĂšre, J’ai beau questionner, je ne puis connaĂźtre l’histoire de cette satanĂ©e svitka. — Eh ! compĂšre, ces choses-lĂ  ne se racontent pas la nuit, mais pour te faire plaisir ainsi qu’aux braves amis qui m’ont l’air d’y tenir autant que toi, soit
 Écoutez. Il se gratta l’épaule, s’essuya la bouche avec le pan de son cafetan, appuya la main sur la table et commença — Une fois, pour quel crime, c’est ce que j’ignore, tout ce que je sais c’est qu’un diable fut chassĂ© de l’enfer. — Comment cela, compĂšre, interrompit Tcherevik, est-il possible qu’on chasse un diable de l’enfer ? — Qu’y pourrais-je, compĂšre ? On l’a chassĂ© et voilĂ  tout, comme un moujik chasse un chien de sa khata. Peut-ĂȘtre s’était-il avisĂ© de commettre quelque bonne action, et, alors, on lui a montrĂ© la porte. Or, ce pauvre diable s’ennuyait hors de l’enfer, mais s’ennuyait Ă  se pendre. Que faire ? Il se mit alors Ă  boire de dĂ©sespoir, Il se nicha dans ce mĂȘme hangar que tu as vu en ruines prĂšs de la montagne, et auprĂšs duquel aucun honnĂȘte homme ne peut plus dĂ©sormais passer, sans ĂȘtre prĂ©alablement armĂ© du signe de croix. Et ce diable est un homme d’un dissolu Ă  rendre des points aux parobki. Du matin au soir, il ne dĂ©marre pas du cabaret. À ce moment, le grave Tcherevik interrompit de nouveau notre conteur. — Que dis-tu lĂ , compĂšre ? Comment est-il possible qu’on ait laissĂ© entrer le diable au cabaret ? Il a bien, grĂące Ă  Dieu, des griffes aux pattes et de petites cornes sur la tĂȘte. — Sans doute ! mais il s’était muni de bonnet et de mitaines ; impossible, par suite, de le reconnaĂźtre. Il noçait, noçait
 Enfin il avait bu tout ce qu’il possĂ©dait. Le cabaretier eut beau lui faire longtemps crĂ©dit, finalement, il dut cesser. Le diable fut alors forcĂ© de changer sa svitka rouge pour un tiers de sa valeur au juif qui tenait le cabaret de la foire de Sorotchinetz. Il la lui engagea et lui dit Prends garde, juif, je viendrai chercher la svitka dans un an jour pour jour. Conserve-la. » Et il disparut comme s’il fĂ»t tombĂ© dans l’eau. Le juif examina attentivement la svitka. Le drap en Ă©tait de telle qualitĂ© que mĂȘme Ă  Miregorod on n’aurait pu en trouver de semblable. Le rouge flambait comme le feu ; impossible une fois vu d’en dĂ©tacher ses yeux. Le juif se fatigua d’attendre l’échĂ©ance. Il se gratta l’oreille[25], et il en tira de quelque seigneur de passage jusqu’à cinq piĂšces d’or. Mais voilĂ  qu’un soir un homme entre. Eh bien ! juif, rends-moi ma svitka. » Le juif ne le reconnut pas d’abord, mais, aprĂšs l’avoir remis, il feignit de ne l’avoir jamais vu. — Quelle svitka ? je n’ai pas de svitka. » L’autre s’en alla. Seulement, vers le soir, quand le juif ayant fermĂ© sa boutique et aprĂšs avoir comptĂ© son argent, se mit, un drap sur la tĂȘte, Ă  prier Dieu Ă  la façon juive, un frĂŽlement s’entendit ! — Le juif regarde ! Ă  toutes les fenĂȘtres apparaissaient des museaux de cochon
 À ces mots, prĂ©cisĂ©ment, on entendit un bruit indistinct qui ressemblait fort au grognement du porc. Tous pĂąlirent
 La sueur perla sur le visage du conteur. — Quoi ? demanda Tcherevik, effrayĂ©. — Rien ! rĂ©pondit le compĂšre tremblant de tout son corps. — Rien ! fit Ă  son tour l’un des assistants. — C’est toi qui disais ?
 — Moi ! — Quoi donc ? Ă  propos ?
 — Dieu sait pourquoi tout cet Ă©moi ! il n’y a rien. Tous se mirent Ă  examiner craintivement autour d’eux et Ă  chercher dans les recoins. Khivria Ă©tait plus morte que vive. — Quelles femmes vous faites ! dit-elle Ă  haute voix. Et vous vous appelez des Cosaques et vous ĂȘtes des hommes Il faudrait vous mettre une quenouille Ă  la main. Quelqu’un peut-ĂȘtre s’est
 Dieu me pardonne
 Sous quelqu’un le banc a craquĂ© et cela a suffi pour vous affoler tous. Cette sortie fit honte Ă  nos braves et les obligea de reprendre courage. Le compĂšre but son coup et poursuivit son rĂ©cit — Le juif s’évanouit d’effroi ; mais les cochons, sur leurs longues jambes comme des Ă©chasses, pĂ©nĂ©trĂšrent par les fenĂȘtres et le firent vite revenir Ă  lui Ă  coups d’étriviĂšres et le forcĂšrent Ă  danser plus haut que cette solive. Le juif se jeta Ă  leurs pieds et avoua tout
 mais le difficile Ă©tait de retrouver la svitka. VolĂ©e au seigneur par un tzigane, elle avait Ă©tĂ© vendue Ă  une marchande. Celle-ci la porta de nouveau Ă  la foire de Sorotchinetz, mais, depuis lors, personne ne lui achetait quoi que ce soit. La marchande s’étonna, s’étonna longtemps et finit par comprendre que la faute en Ă©tait Ă  la svitka rouge. Ce n’est pas pour rien qu’en l’endossant elle se sentait toujours gĂȘnĂ©e. Sans plus de rĂ©flexion, elle la jeta au feu. — Il ne brĂ»le pas, ce satanĂ© vĂȘtement !
 HĂ© ! mais !
 c’est un cadeau du diable ! » — La marchande l’introduisit sous la charrette d’un moujik venu pour vendre son beurre. L’imbĂ©cile s’en rĂ©jouit ; seulement personne plus ne lui achetait de beurre. Hein ! ce sont des mains ennemies qui m’ont glissĂ© cette svitka ! » Il saisit sa hache et la mit en piĂšces. Mais voilĂ  que les morceaux rampent les uns vers les autres et que la svitka est de nouveau entiĂšre. Se signant alors, il assĂ©na un second coup de hache, sema les morceaux Ă  droite et Ă  gauche et s’enfuit. Depuis, chaque annĂ©e, juste Ă  l’époque de la foire, le diable au museau de cochon se promĂšne par toute la place, grognant et ramassant les morceaux de la svitka. On dit maintenant qu’il ne lui manque plus que la manche gauche. Les gens, depuis lors, se signent Ă  l’endroit ; et voilĂ  une dizaine d’annĂ©es dĂ©jĂ  que la foire ne s’y tenait plus, lorsque le malin a poussĂ© le commissaire de
 Ă  en
 La fin du mot resta sur les lĂšvres du conteur la fenĂȘtre vola en Ă©clats et, Ă  travers les vitres brisĂ©es, apparut un museau de cochon roulant de terribles yeux et ayant l’air de demander Que faites-vous ici, braves gens ? » CHAPITRE VIII La terreur cloua tout le monde dans la khata. Le compĂšre, la bouche bĂ©e, fut transformĂ© en pierre. Ses yeux jaillirent comme des projectiles. Ses doigts Ă©carquillĂ©s s’arrĂȘtĂšrent immobiles en l’air. Le brave, de haute taille, dans une Ă©pouvante impossible Ă  maĂźtriser, sauta jusqu’au plafond et frappa de sa tĂȘte contre la solive. Les planches s’écartĂšrent et le popovitch, avec tonnerre et fracas, vola par terre. — AĂŻe ! aĂŻe ! aĂŻe ! s’écria dĂ©sespĂ©rĂ©ment l’un des assistants en tombant tout terrifiĂ© sur le banc et en agitant les bras et les jambes. — Au secours ! exclamait dĂ©sespĂ©rĂ©ment un autre en se couvrant de son touloupe[26]. TirĂ© de sa pĂ©trification par ce nouvel effroi, le compĂšre se traĂźna Ă  quatre pattes, tout tremblant, sous les jupons de son Ă©pouse. Le brave de haute taille grimpa dans le four du poĂȘle malgrĂ© l’étroitesse de l’ouverture, en refermant la porte derriĂšre lui ; et Tcherevik, comme Ă©chaudĂ©, prenant un pot de fer pour son bonnet, s’en coiffant, se prĂ©cipita dehors et courut comme un fou Ă  travers les rues sans toucher presque terre. La fatigue seule l’obligea de ralentir sa course. Son cƓur battait comme une meule de moulin. La sueur l’inondait. EpuisĂ©, il Ă©tait sur le point de s’affaisser, quand, tout Ă  coup, il entendit derriĂšre lui quelqu’un Ă  sa poursuite
 La respiration lui manqua. — Le Diable ! Le Diable ! criait-il hors de lui, en faisant appel Ă  toutes ses forces, et, un moment aprĂšs, il tomba sans connaissance. — Le Diable ! Le Diable ! criait-on derriĂšre lui ; et tout ce qu’il put sentir encore c’est que quelque chose s’abattit sur lui. Le vide se fit alors complĂštement dans son cerveau et, comme l’hĂŽte terrible de l’étroite biĂšre », il resta muet et immobile au milieu de la route. CHAPITRE IX — Entends-tu, Vlas ? disait en se soulevant au milieu de la nuit, un de ceux qui dormaient dans la rue. Quelqu’un, tout prĂšs d’ici a appelĂ© le diable. — Que m’importe ! grogna en s’étirant un tzigane couchĂ© Ă  ses cĂŽtĂ©s, il pourrait aussi bien appeler tous ses parents. — Mais il a criĂ© comme si on l’étouffait ! — De quoi n’est pas capable un homme pris de sommeil ? — Comme tu voudras, mais il faut aller voir. Bats donc le briquet. L’autre tzigane, en maugrĂ©ant, se leva sur ses jambes, fit jaillir Ă  doux reprises une Ă©tincelle qui passa sur lui comme un Ă©clair, et, aprĂšs avoir soufflĂ© sur l’amadou, se mit en marche, un kaganetz[27] Ă  la main. — Halte ! il y a quelque chose Ă  terre ; Ă©claire par ici. D’autres personnes s’étaient jointes Ă  eux. — Qu’est-ce, Vlas ? — On dirait deux hommes ; l’un dessus et l’autre dessous. Lequel des deux est le diable ? c’est ce que je ne puis pas reconnaĂźtre. — Et qui est dessus ? — Une baba femme. — Alors, c’est ça qui est le diable. Un Ă©clat de rire gĂ©nĂ©ral rĂ©veilla toute la rue. — Une baba grimpĂ©e sur un homme ! Allons, cette baba doit s’entendre en monture ! disait quelqu’un dans la foule. — Regardez, frĂšres ! — fit un autre en ramassant un fragment du pot de fer dont une moitiĂ© seulement restait sur la tĂȘte de Tcheverik, — de quel bonnet ce brave homme s’est coiffĂ© ! Le bruit et les rires qui augmentaient, finirent par rappeler Ă  la vie nos deux morts, Solopi et son Ă©pouse, pleins encore de la frayeur passĂ©e et regardant avec terreur, de leurs yeux fixes, les visages basanĂ©s des tziganes. À la lumiĂšre fausse et tremblante des kaganetz, ceux-ci ressemblaient Ă  une bande hideuse de gnomes enveloppĂ©s d’une pesante vapeur souterraine dans les tĂ©nĂšbres d’une nuit sans rĂ©veil. CHAPITRE X La fraĂźcheur du matin soufflait sur les habitants rĂ©veillĂ©s de Sorotchinetz. Des bouffĂ©es de fumĂ©e s’envolaient de toutes les cheminĂ©es Ă  la rencontre du soleil levant. La foire se ranima. Les moutons se mirent Ă  bĂȘler, les chevaux Ă  hennir et, de nouveau, les cris des oies et des marchandes emplirent tout le campement ; les racontars effrayants sur la svitka rouge, qui avaient tant Ă©pouvantĂ© le monde dans les heures mystĂ©rieuses de la nuit, s’évanouirent avec l’apparition du matin. En bĂąillant et en s’étirant, Solopi Tcherevik somnolait chez le compĂšre sous le hangar couvert de paille, au milieu des bƓufs, des sacs de farine et de blĂ©. Il ne paraissait nullement disposĂ© Ă  s’arracher Ă  ses rĂȘveries, lorsque, tout Ă  coup, il entendit une voix qui lui Ă©tait aussi familiĂšre que le refuge de sa paresse, le poĂȘle bĂ©ni de sa khata ou le cabaret d’une parente installĂ©e Ă  dix pas de chez lui. — Debout ! debout ! lui scandait Ă  l’oreille sa tendre Ă©pouse, en le tirant de toutes ses forces par le bras. Tcherevik, pour toute rĂ©ponse, enfla les joues et simula, de ses mains, le battement des tambours. — Idiot ! s’écria-t-elle en Ă©vitant le bras qui faillit l’atteindre au visage. Tcherevik se souleva, se frotta les yeux et regarda autour de lui. — Que le diable m’emporte, ma colombe, si ton museau ne m’a pas fait l’effet d’un tambour sur lequel je me voyais forcĂ© de battre la diane, comme un superbe Moscovite ; museau de cochon dont, comme dit le compĂšre
 — Assez, assez de sottises. DĂ©pĂȘche-toi donc d’aller vendre la jument. C’est Ă  faire rire de nous, vraiment. Être venus Ă  la foire, et n’avoir pas mĂȘme vendu une poignĂ©e de chanvre ! — Que dis-tu femme ? interrompit Solopi — mais c’est maintenant qu’on va rire. — Va, va ; on rit dĂ©jĂ  assez sans cela. — Je sais bien que je ne suis pas encore dĂ©barbouillĂ©, continua Tcherevik en bĂąillant et en se grattant le dos pour gagner du temps Ă  sa paresse, — VoilĂ  qu’il lui prend mal Ă  propos la fantaisie d’ĂȘtre propre ! Cela t’est-il jamais arrivĂ© ? voilĂ  une serviette ; essuie ton masque. Et elle saisit quelque chose roulĂ© en tas qu’elle rejeta brusquement avec terreur ; c’était la manche rouge de la svitka. — Va faire ton affaire, reprit-elle en rassemblant ses esprits et en voyant que la peur cassait les jambes de son Ă©poux et que ses dents claquaient. — J’en aurai maintenant une vente, murmura-t-il en dĂ©tachant la jument et la conduisant sur la place. Ce n’est pas sans cause qu’en mes prĂ©paratifs pour cette maudite foire, je me sentais un poids comme si quelqu’un m’avait jetĂ© sur les Ă©paules une vache crevĂ©e. Et les bƓufs qui, d’eux-mĂȘmes, se sont par deux fois retournĂ©s vers la maison ! Sans compter, si je me souviens bien, que c’est un lundi que nous nous sommes mis en route. De lĂ , tout le mal

 Et ce maudit diable qui ne veut pas se tenir tranquille ! Qu’est-ce que ça peut lui faire de porter une svitka qui n’a qu’une manche ! mais non. Il ne veut pas laisser la paix aux honnĂȘtes gens. Si j’étais un diable, moi, par exemple ce dont Dieu me garde ! est-ce que je me dĂ©mĂšnerais la nuit Ă  la recherche d’un maudit chiffon ! Ici le monologue de notre Tcherevik fut interrompu par une voix grave et criarde. Le tzigane de haute taille Ă©tait devant lui. — Qu’est-ce que tu vends ? mon brave. Le vendeur eut un silence. Il examina son interlocuteur des pieds Ă  la tĂȘte et dit d’un air tranquille, sans s’arrĂȘter et sans lĂącher la bride — Tu sais bien toi-mĂȘme ce que je vends. — Des courroies ? demanda le tzigane en regardant la bride. — Oui, des courroies, si une jument ressemble Ă  des courroies. — Mais diantre, pays, tu l’as donc nourrie avec de la paille ? — De la paille ! Et Tcherevik tira sur la bride pour faire passer devant lui la jument et convaincre de mensonge ce calomniateur effrontĂ© mais avec une vitesse extraordinaire sa main vint frapper son menton. Il regarda et que vit-il ? Dans sa main il n’a plus qu’une bride et, Ă  la bride est attaché  Ô terreur ! ses cheveux se dressent sur sa tĂȘte
 un morceau de la manche rouge de la svitka !
 Il cracha, se signa et, en agitant les bras, il s’enfuit de ce cadeau inattendu, et, plus rapide qu’un jeune homme, se perdit dans la foule. CHAPITRE XI — ArrĂȘtez-le ! arrĂȘtez-le ! criaient plusieurs jeunes gens dans le fond Ă©troit d’une rue ; et Tcherevik se sentit tout Ă  coup saisi par des mains vigoureuses. — Qu’on le garrotte ! c’est lui qui a volĂ© au brave homme sa jument ? — Que Dieu soit avec vous ! Pourquoi me garrottez-vous ? — Et c’est lui qui le demande ! Pourquoi as-tu volĂ© la jument ? — Êtes-vous fous ? jeunes gens. OĂč a-t-on vu qu’un homme puisse se voler lui-mĂȘme ? — Connu ! connu ! Pourquoi te sauvais-tu Ă  toutes jambes comme si Satan lui-mĂȘme Ă©tait Ă  tes trousses
 — On se sauverait Ă  moins quand un vĂȘtement diabolique
 — HĂ© ! mon pigeon, conte cela Ă  d’autres. Tu auras encore affaire au commissaire qui t’apprendra Ă  faire peur aux gens avec tes diableries. — ArrĂȘtez-le ! arrĂȘtez-le. Ce cri retentit de nouveau Ă  l’autre bout de la rue. Le voilĂ  ! le voilĂ , le fuyard ! Et, aux yeux de notre Tcherevik, apparut le compĂšre dans le plus piteux Ă©tat, les mains liĂ©es derriĂšre le dos et conduit par plusieurs jeunes gens. — Que de miracles il se fait ! disait l’un de ceux-ci. Si vous entendiez ce que raconte ce filou ! qu’il suffit de regarder en face pour reconnaĂźtre un voleur, quand on s’avise de lui demander pourquoi il courait comme un affolĂ©. Je fouillais, dit-il, dans ma poche pour y prendre une prise, et, au lieu de ma tabatiĂšre, j’ai retirĂ© un morceau de la diabolique svitka qui flamba soudain comme du feu
 et je m’enfuis Ă  toutes jambes. » — HĂ© ! hĂ© ! ce sont deux oiseaux du mĂȘme nid, garrottez-les ensemble. CHAPITRE XII — Peut-ĂȘtre, en effet, compĂšre, as-tu chipĂ© quelque chose ? demanda Tcherevik Ă©tendu, liĂ© Ă  son compĂšre, dans une botte de paille. — Comment ! toi aussi ? compĂšre ? Que me sĂšchent bras et jambes si jamais j’ai volĂ© quoi que ce soit, si ce n’est des vareniki Ă  la crĂšme, chez ma mĂšre, et encore n’avais-je que dix ans. — Pourquoi donc, compĂšre, un pareil calamitĂ© sur nous ? Toi encore, ce n’est rien On ne t’accuse que d’avoir volĂ© autrui ! mais qu’ai-je fait pour ĂȘtre en butte Ă  une calomnie aussi idiote m’ĂȘtre volĂ© Ă  moi-mĂšme ma propre jument ! Il Ă©tait Ă©crit, compĂšre, que nous ne devions pas avoir de chance. — Malheur Ă  nous ! pauvres orphelins. Et les deux compĂšres se mirent Ă  sangloter bruyamment. — Qu’as-tu donc Solopi ? demanda Hirtzko qui entra en ce moment — qui t’a garrottĂ© ? — Ah ! Halopoupenko ! Halopoupenko ! s’écria Solopi tout joyeux — le voilĂ , compĂšre, celui-lĂ  mĂȘme dont je t’ai parlĂ©. HĂ© ! camarade, que Dieu me tue sur place, s’il n’a pas lampĂ© devant moi une cruche presque aussi grosse que ta tĂȘte, et sans seulement sourciller. — Pourquoi donc, compĂšre, n’as-tu pas fait honneur Ă  un aussi brave parobki ? — Comme tu vois, continua Tcherevik en s’adressant a Hirtzko, Dieu m’a puni probablement parce que je suis en faute Ă  son Ă©gard. Pardonne-moi, mon brave. Pour toi, je serais prĂȘt Ă  tout faire, mais que veux-tu, c’est le diable qui est dans la ville. — Je ne te tiens pas rancune, Solopi ; si tu veux, je te dĂ©barrasserai de tes liens. Et il fit signe aux jeunes gens, et ceux-lĂ  mĂȘme qui gardaient les prisonniers s’empressĂšrent de les dĂ©lier. — En revanche, agis bien de ton cĂŽtĂ© ; marie-nous, et que l’on danse au point que pendant toute une annĂ©e les jambes nous fassent mal. — Bien ! voilĂ  qui est bien ! dit Solopi en battant des mains, et je me revois aussi gai en ce moment, que si les Moscovites m’avaient enlevĂ© ma vieille. Il n’y a plus Ă  rĂ©flĂ©chir, Ă  tort ou Ă  raison, aujourd’hui on se marie et tout est dit. — Prends bien garde, Solopi, dans une heure je serai chez toi, car on t’attend pour acheter ta jument et ton blĂ©. — Comment ! est-ce qu’on aurait retrouvĂ© la jument ? — On l’a retrouvĂ©e. Tcherevik demeurait immobile de joie en suivant des yeux Hirtzko qui s’éloignait. — Eh bien ! Hirtzko, l’affaire a-t-elle Ă©tĂ© bien menĂ©e ? demanda le tzigane de haute taille au jeune homme qui pressait le pas ; les bƓufs sont Ă  moi, maintenant ? — À toi ! Ă  toi ! CHAPITRE XIII Son joli menton dans la main, Paraska Ă©tait assise songeuse et seule dans la khata. Les rĂȘves, en grand nombre, voltigeaient autour de sa tĂȘte blonde. De temps Ă  autre un sourire lĂ©ger effleurait ses petites lĂšvres pourpres et une sorte d’émotion joyeuse soulevait ses sombres sourcils. D’autres fois, un nuage d’inquiĂ©tude les abaissait de nouveau sur le brun de ses yeux. Que devenir si ce qu’il a dit ne se rĂ©alise pas ? murmurait-elle avec une expression de doute. Que devenir si on ne me marie pas ? Si
 mais non
 cela ne sera pas. Ma marĂątre fait tout ce qui lui passe par l’esprit. Est-ce que je ne peux pas en faire autant ? Je saurai moi aussi m’entĂȘter. Qu’il est beau ! Comme ses yeux noirs brillent merveilleusement. Comme il dit Ma Parasiou »[28] chĂ©rie ! Comme sa svitka blanche lui va bien. Il lui faudrait une ceinture plus Ă©clatante ; il est vrai que j’aurai le temps de lui en broder lorsque nous serons en mĂ©nage
 Je ne puis penser sans joie, continua-t-elle en tirant de son sein un petit miroir doublĂ© de papier rouge, achetĂ© Ă  la foire, et en s’y regardant avec un vrai plaisir — je ne puis penser sans joie au jour oĂč je la rencontrerai quelque part ! Je ne la saluerai pour rien au monde, dĂ»t-elle en crever. Non marĂątre, tu as assez battu ta belle-fille ! le sable germera sur la pierre et le chĂȘne se penchera sur l’eau comme un saule pleureur, plutĂŽt que je m’incline devant toi. Ah ! oui
 j’oubliais
 je veux essayer le bonnet[29] mĂȘme de la marĂątre pour voir comment il me va. » Elle se leva le miroir dans la main et la tĂȘte inclinĂ©e sans le quitter des yeux, elle marcha timidement Ă  travers la chambre comme si elle craignait de tomber en voyant sous elle, au lieu du sol, le plafond avec ses planches d’oĂč Ă©tait dĂ©gringolĂ© le popovitch et ses rayons garnis de poteries. — Quelle enfant je fais, s’écria-t-elle en riant ; j’ai peur de faire un pas ! Et elle se mit Ă  frapper du pied ; et plus elle allait, plus elle activait le mouvement. Finalement, sa main gauche s’établit sur sa hanche, et elle se prit Ă  danser en faisant rĂ©sonner le cuivre de ses talons, en tenant devant elle le miroir et en fredonnant sa chanson favorite Petite plante verte, Couche-toi plus bas, Et toi, mon aimĂ© aux sourcils noirs, Approche-toi plus prĂšs. Petite plante verte, Couche-loi plus bas encore Et toi, mon aimĂ© aux sourcils noirs, Approche-toi plus prĂšs encore. À ce moment Tcherevik passa sa tĂȘte par la porte, et, apercevant sa fille devant le miroir, s’arrĂȘta. Longtemps il regarda souriant Ă  cette fantaisie inattendue de la jeune fille, laquelle tout absorbĂ©e ne semblait rien voir. Mais quand il entendit l’air connu de la chanson, il campa ses poings sur les hanches, s’avança fiĂšrement et se mit lui-mĂȘme Ă  danser, oubliant toutes ses affaires. Un gros rire du compĂšre les fit tressaillir tous deux. — HĂątez-vous ! le fiancĂ© est arrivĂ©. — Bravo ! le pĂšre et la fille font ici la noce tout seuls. À ces derniers mois, Paraska devint plus rouge que le ruban Ă©carlate qui nouait ses cheveux et l’oublieux pĂšre se rappela pourquoi il Ă©tait venu. — Eh bien ! fille, viens vite. Khivria, toute joyeuse que j’aie vendu la jument, a couru, dit-il en regardant craintivement autour de lui — a couru s’acheter des jupons et autres chiffons. Il faut donc en finir avant sa rentrĂ©e. À peine Paraska eut-elle franchi le seuil de la khata qu’elle se sentit dans les bras du jeune homme Ă  la svitka blanche qui, avec tout une bande, l’attendait dans la rue. — Que Dieu vous bĂ©nisse ! — dit Tcherevik, en joignant leurs deux mains — vivez unis comme les fleurs d’une couronne. Il se produisit Ă  cet instant un mouvement dans la foule. — Je crĂšverai plutĂŽt que de laisser la chose s’accomplir ! — criait la compagne de Solopi — que les gens repoussaient avec des rires. — Ne t’enrage pas ! ne t’enrage pas ! femme — dit avec sang-froid Tcherevik, en s’apercevant qu’une paire de vigoureux tziganes s’étaient emparĂ©s des bras de son Ă©pouse, — ce qui est fait est fait ; je n’aime pas Ă  revenir sur ce qui est convenu. — Non, non ! ce ne sera pas, criait Khivria ; mais personne ne l’écoutait. De nombreux couples entourĂšrent le nouveau couple et formĂšrent autour de lui une haie dansante, infranchissable. Un sentiment Ă©trange et inexprimable aurait envahi le spectateur, Ă  voir comment un seul coup d’archet du musicien, en svitka de bure et aux longues manchettes pendantes, suffit Ă  rĂ©tablir l’harmonie et l’unitĂ© dans cette foule aux sentiments les plus divers. Des hommes, sur le visage morne desquels il semblait qu’un sourire n’eĂ»t jamais glissĂ©, battaient la mesure des pieds et des Ă©paules. Tout s’élançait, tout dansait. Mais plus Ă©trange et plus inexprimable encore Ă©tait le spectacle des vieilles, dont le visage antique exhalait une indiffĂ©rence de tombeau, et qui se bousculaient au milieu de cette jeunesse riante, vivante. Insouciantes, sans mĂȘme une joie enfantine, sans une Ă©tincelle de sympathie, celles que l’alcool seul poussait — semblables Ă  un mĂ©canicien qui force son automate inanimĂ© Ă  exĂ©cuter des gestes humains — balançaient doucement leur tĂȘte enivrĂ©e, dansonnaient avec la foule joyeuse sans mĂȘme regarder le jeune couple. Puis le bruit, les rires, les chants se firent de plus en plus bas. L’archet se mourait affaibli et perdant ses sons indistincts dans le vide de l’atmosphĂšre. On entendit encore au loin un piĂ©tinement, quelque chose comme le murmure d’une mer lointaine. Tout enfin redevint dĂ©sert et muet. Ainsi la joie, belle et inconsciente hĂŽtesse, s’envole de chez nous, et c’est en vain qu’une voix isolĂ©e pense exprimer la gaietĂ©. Dans son propre Ă©cho, elle entend dĂ©jĂ  la tristesse et la solitude, et elle Ă©coute stupĂ©faite. Ainsi les espiĂšgles amis d’une jeunesse agitĂ©e et libre se perdent un Ă  un et laissent finalement seul leur ancien frĂšre. L’ennui s’étend sur l’abandonnĂ©, son cƓur se serre et rien ne peut le consoler. CHAPITRE PREMIERHANNA Un bruit de chansons roulait comme un fleuve sonore Ă  travers les rues du village de ***. C’était l’heure oĂč, fatiguĂ©s des travaux, des soucis du jour, jeunes gens et jeunes filles se rĂ©unissent en rondes bruyantes, dans l’éclat d’un soir limpide, traduisant leurs joies en sons toujours empreints de mĂ©lancolie ; et le soir mystĂ©rieux enveloppait de mĂ©lancolie le ciel bleu, noyant toutes choses dans son vague lointain. C’était dĂ©jĂ  le crĂ©puscule, et les chansons n’avaient pas cessĂ©. La bandoura Ă  la main, se glissait loin des chanteurs le jeune Cosaque Levko, fils du bailli[30] du village. Sur le Cosaque, un bonnet d’Astrakan. Le Cosaque s’avança de la rue, faisant rĂ©sonner sous ses doigts les cordes de son instrument et battant la mesure avec tout son corps. VoilĂ  qu’il s’arrĂȘte doucement devant la porte d’une khata[31] entourĂ©e de cerisiers nains. À qui cette khata ? À qui cette porte ? AprĂšs un court silence, il se mit Ă  jouer et chanta Le soleil est bas et le soir est proche, Viens auprĂšs de moi, mon petit cƓur. — Mais sans doute ma belle aux yeux clairs s’est profondĂ©ment endormie, dit le Cosaque, sa chanson finie en s’approchant de la fenĂȘtre. — Haliou ![32] Haliou ! Dors-tu ou ne veux-tu pas venir vers moi ? Tu crains peut-ĂȘtre que quelqu’un ne nous aperçoive, ou peut-ĂȘtre ne veux-tu pas exposer au froid ton petit visage blanc. Ne crains rien ; il n’y a personne. La soirĂ©e est chaude ; et si mĂȘme quelqu’un survenait, je te couvrirais de ma svitka[33], je t’envelopperais de ma ceinture, je te ferais un Ă©cran de mes mains et personne ne nous verrait. Si mĂȘme le froid se faisait sentir, viens encore je te presserai plus fort sur mon cƓur, je te rĂ©chaufferai de mes baisers, j’étendrai mon bonnet sur tes pieds blancs. Ô mon Ăąme ! mon petit poisson ! mon collier ! Montre-toi, ne fĂ»t-ce qu’un instant. À travers la petite fenĂȘtre, passe au moins ta petite main blanche. — Mais tu ne dors pas, fille orgueilleuse, reprit-il, en Ă©levant la voix et d’un ton qui trahissait la honte d’ĂȘtre ainsi Ă©conduit. Il te plaĂźt de te moquer de moi, adieu ! Ce disant, il tourna le dos, enfonça son bonnet sur l’oreille et s’éloigna fiĂšrement en promenant doucement ses doigts sur les cordes de la bandoura. Le loquet en bois de la porte tourna en ce moment, la porte s’ouvrit en grinçant, et une jeune fille Ă  son dix-septiĂšme printemps franchit le seuil, enveloppĂ©e par le crĂ©puscule et regardant timidement autour d’elle. Dans la demi-obscuritĂ© rayonnaient sympathiquement comme de petites Ă©toiles ses yeux clairs, son collier de corail rouge Ă©tincelait, et, aux yeux d’aigle du jeune homme, ne pĂ»t Ă©chapper mĂȘme la rougeur qui s’alluma pudiquement sur ses joues. — Que tu es impatient ! lui disait-elle Ă  demi-voix. Te voilĂ  dĂ©jĂ  fĂąchĂ©. Pourquoi avoir choisi une pareille heure ? La rue est pleine de monde qui va et vient. Je tremble toute
 — Oh ! Ne tremble pas, ma sensitive. Serre-toi plus fort contre moi, dit le jeune homme en l’entourant de ses bras, aprĂšs avoir rejetĂ© en arriĂšre sa bandoura suspendue Ă  une courroie, et en s’asseyant avec elle Ă  la porte de la khata. Tu sais bien comme il m’est douloureux de rester une heure sans te voir. — Sais-tu ce que je pense, interrompit la jeune fille, en fixant sur lui ses yeux songeurs ; — quelque chose me murmure Ă  l’oreille qu’à l’avenir nous ne pourrons plus nous voir aussi souvent. Ils sont mauvais les gens d’ici ; toutes les jeunes filles vous regardent avec jalousie et les jeunes gens
 Je remarque mĂȘme que ma mĂšre, depuis quelque temps, me surveille de plus prĂšs. J’avoue que je me sentais plus gaie chez les Ă©trangers. Une expression douloureuse passa sur son visage Ă  ces derniers mots. — Depuis deux mois Ă  peine dans ton pays natal, et dĂ©jĂ  tu t’ennuies ! Peut-ĂȘtre que moi aussi, je t’importune ? — Oh non ! toi, tu ne m’importunes pas, — dit-elle avec un sourire. — Je t’aime, Cosaque aux noirs sourcils. Je t’aime pour tes yeux fauves, et, quand tu les fixes sur moi, il me semble que quelque chose sourit dans mon Ăąme. Que tu marches dans la rue, que tu chantes ou que tu joues de la bandoura, j’aime Ă  t’écouter. — Oh ! Ma Halia[34], s’écria le jeune homme en l’embrassant et en la pressant plus fort contre sa poitrine. — Voyons, assez Levko, dis plutĂŽt si tu as dĂ©jĂ  parlĂ© Ă  ton pĂšre. — Quoi ? fit-il comme sortant d’un rĂȘve, que je veux me marier et toi m’épouser ? je l’ai dit. Mais ce je l’ai dit » rĂ©sonna tristement dans sa bouche. — HĂ© bien ? — Que puis-je y faire ? Le vieux raifort a fait le sourd comme toujours. Il n’entend rien et il me gronde par-dessus le marchĂ©, me reprochant de courir je ne sais oĂč avec je ne sais qui. Mais ne te chagrine pas, ma Halia, je te donne ma parole de Cosaque, que je saurai en avoir raison. — Mais tu n’as qu’un mot Ă  dire, Levko, et il sera fait selon ta volontĂ©. Je le sais par moi-mĂȘme ; parfois je voudrais bien ne pas te cĂ©der, mais, Ă  ta premiĂšre parole, je fais malgrĂ© moi tout ce que tu veux. Regarde, regarde, continua-t-elle en posant sa tĂȘte sur l’épaule du jeune homme et en Ă©levant ses yeux vers le ciel bleu et chaud de l’Ukraine voilĂ© en bas par les branches frisĂ©es des cerisiers qui les entouraient, regarde comme loin, bien loin, apparaissent de petites Ă©toiles une, deux, trois, quatre, cinq

 n’est-ce pas que ce sont les anges de Dieu qui ont ouvert les petites fenĂȘtres de leurs lumineuses demeures et qui nous observent, n’est-ce pas, Levko ? N’est-ce pas que ce sont eux qui contemplent notre terre ? Ah ! si les hommes avaient des ailes comme les oiseaux, c’est lĂ  qu’il faudrait voler, plus haut, toujours plus haut
 C’est effrayant, pas un chĂȘne de chez nous ne saurait atteindre le ciel ! On dit cependant qu’il y a quelque part, dans je ne sais quel lointain pays, un de ces arbres qui fait sa cime dans le ciel mĂȘme, et c’est par lĂ  que Dieu descend sur la terre la nuit qui prĂ©cĂšde PĂąques. — Non, Halia, Dieu a une longue Ă©chelle qui va du ciel jusqu’à la terre. Dans la nuit du samedi saint, les archanges la dressent, et, dĂšs que Dieu a mis le pied sur le premier Ă©chelon, tous les mauvais esprits s’enfuient prĂ©cipitamment et tombent en masse dans l’enfer. VoilĂ  pourquoi, Ă  PĂąques, il ne se rencontre plus un seul mauvais esprit sur la terre. — Comme l’eau s’agite doucement ! on dirait un enfant qu’on berce, reprit Hanna en dĂ©signant l’étang entourĂ© d’un noir fourrĂ© d’érables et de saules pleureurs baignant dans l’eau leurs branches plaintives. Semblable Ă  un vieillard dĂ©bile, il tenait dans sa froide Ă©treinte le sombre ciel lointain, couvrant de baisers les Ă©toiles brĂ»lantes qui rĂ©pandaient leur pĂąle lumiĂšre dans l’air sombre de la nuit comme si elles pressentaient la prochaine venue du roi Ă©clatant de la nuit. PrĂšs de la forĂȘt, sur la montagne, sommeillait avec ses contrevents fermĂ©s une vieille maison en bois ; la mousse et l’herbe sauvage couvraient le toit. Les pommiers s’étageaient devant les fenĂȘtres ; la forĂȘt l’enveloppant de son ombre, donnait Ă  cette maison un aspect morne et farouche ; un petit bois de noyers s’élevait au pied de la colline et descendait jusqu’à l’étang. — Je me rappelle comme Ă  travers un rĂȘve, dit Hanna, qu’il y a longtemps, longtemps, quand j’étais encore toute petite et que je vivais chez ma mĂšre, on me racontait sur cette maison quelque chose de terrible ; tu dois connaĂźtre cette histoire, Levko, raconte-la-moi. — Laissons cela, ma belle, que d’histoires ne racontent pas les babas et les sots ! Ce serait de l’inquiĂ©tude inutile ; tu prendrais peur et tu ne t’endormirais pas tranquille. — Raconte, raconte, mon chĂ©ri, mon parobok aux noirs sourcils, — disait-elle en appuyant son visage sur la joue du jeune homme et en l’entourant de ses bras, — sinon, c’est que tu en aimes une autre. Je n’aurai pas peur, je m’endormirai tranquillement. C’est si tu ne me dis rien que je ne pourrai pas m’endormir ; je m’agiterai avec cette idĂ©e en tĂȘte. Raconte, Levko. — On a bien raison de dire qu’il y a du diable chez les jeunes filles, qui les pousse Ă  vouloir tout connaĂźtre. Eh bien, soit ! Ă©coute — Il y a longtemps, mon petit cƓur, vivait dans cette maison un sotnik[35]. Ce sotnik avait une fille, une belle enfant blanche comme la neige, comme ton petit visage. Ce sotnik pensa Ă  se remarier. — Me dorloteras-tu comme avant, pĂšre, quand tu auras pris une autre femme ? — Oui, ma fille, je te presserai plus fort encore contre mon cƓur, — oui, ma fille, je te donnerai des boucles d’oreilles et des colliers plus Ă©clatants encore. Et le sotnik amena dans la maison sa jeune femme. Elle Ă©tait belle, cette jeune femme ; rose et blanche Ă©tait cette jeune femme. Mais elle jeta sur la jeune fille un regard si effrayant que celle-ci poussa un cri ; et, de toute la journĂ©e, la sĂ©vĂšre marĂątre ne lui adressa pas la parole. Le sotnik gagna avec sa femme la chambre Ă  coucher. Dans sa chambre, Ă©galement, s’enferma la blanche demoiselle ; elle se sentait accablĂ©e et se mit Ă  pleurer. Elle lĂšve les yeux un horrible chat noir s’est glissĂ© furtivement jusqu’à elle ; ses poils flamboient, ses griffes de fer rĂ©sonnent sur le plancher. EpouvantĂ©e, elle saute sur un banc, le chat monte aprĂšs elle. Elle saute sur le poĂȘle et le chat la suit encore ; et soudain, il se jette Ă  son cou et cherche Ă  l’étrangler. Elle l’arrache avec un cri et le jette par terre ; de nouveau le terrible chat s’approche d’elle. La colĂšre la prend ; un sabre Ă©tait accrochĂ© au mur, elle le saisit et frappe. Sous le coup, une patte est restĂ©e armĂ©e de ses griffes de fer. Et le chat, en hurlant, disparaĂźt dans l’obscuritĂ©. De toute la journĂ©e, la jeune femme ne sortit pas de sa chambre. Elle sortit le troisiĂšme jour, mais la main bandĂ©e. La pauvre demoiselle comprit que sa marĂątre Ă©tait une sorciĂšre et qu’elle lui avait coupĂ© la main. Le quatriĂšme jour, le sotnik ordonna Ă  sa fille d’aller Ă  l’eau, de balayer la khata comme une simple moujitchka[36] et de ne plus paraĂźtre dans la chambre de maĂźtre. C’était dur pour la pauvrette ; mais que faire ? elle se rĂ©signa aux ordres de son pĂšre. Le cinquiĂšme jour, le sotnik chassa sa fille les pieds nus et ne lui donna pas mĂȘme un morceau de pain pour la route. Alors, seulement, la jeune fille Ă©clata en sanglots, en couvrant de ses mains son blanc visage. — Tu m’as perdue, ĂŽ pĂšre ! moi, ta propre fille ! la sorciĂšre perdra ton Ăąme pĂ©cheresse. Que Dieu te pardonne ! Pour moi, infortunĂ©e, je n’ai plus rien Ă  faire ici-bas
 » — Et lĂ -bas, vois-tu bien ?
 Ici Levko se retourna vers Hanna, en montrant du doigt une maison. — Regarde de ce cĂŽtĂ©, lĂ -bas, un peu au-delĂ  de la maison, la berge la plus Ă©levĂ©e de l’étang, c’est de cette berge que la jeune fille se prĂ©cipita dans l’eau, et, depuis, elle n’est plus de ce monde. — Et la sorciĂšre ? interrompit anxieusement Hanna, en fixant sur le jeune homme ses yeux pleins de larmes. — La sorciĂšre ? Les vieilles femmes prĂ©tendent que depuis lors, toutes les noyĂ©es sortent de l’étang par les nuits claires et viennent dans le jardin du sotnik se chauffer aux rayons de la lune. Et la jeune fille mĂšne le funĂšbre cortĂšge. Une nuit, elle aperçut sa marĂątre auprĂšs de l’étang ; elle tomba sur elle et l’entraĂźna avec des cris dans l’eau ; mais la sorciĂšre lui joua un dernier tour. Elle se transforma sous l’eau en une des noyĂ©es et elle put ainsi Ă©chapper Ă  la volĂ©e des roseaux verts que les noyĂ©es voulaient lui administrer. Les babas, en content encore bien d’autres ! Elles rapportent, par exemple, que la jeune fille rĂ©unit chaque nuit les noyĂ©es qu’elle passe en revue, les dĂ©visageant l’une aprĂšs l’autre et s’efforçant de reconnaĂźtre celle qui cache la sorciĂšre. Mais jusqu’à prĂ©sent, ses efforts ont Ă©tĂ© vains ; et si elle rencontre quelque vivant, elle l’oblige Ă  l’aider dans ses recherches, le menaçant, en cas de refus, de le noyer Ă  son tour. — VoilĂ , ma Halia, ce que racontent les vieilles gens. Le maĂźtre actuel de la maison a l’intention de la transformer en distillerie ; il a, Ă  cet effet, envoyĂ© ici un distillateur
 Mais j’entends des voix, ce sont les nĂŽtres qui reviennent de la danse. Adieu, Halia ! Dors en paix et ne pense pas Ă  toutes ces inventions des babas. » Cela dit, il l’étreignit plus Ă©troitement, l’embrassa et partit. — Adieu, Levko, fit Hanna, sans dĂ©tacher ses yeux songeurs de la forĂȘt sombre. L’immense lune en feu surgissait en ce moment majestueuse de l’horizon ; une moitiĂ© Ă©tait encore sous la terre et dĂ©jĂ  le monde entier Ă©tait inondĂ© d’une lumiĂšre sereine. L’étang Ă©clata en Ă©tincelles ; l’ombre des arbres commençait Ă  se dessiner nettement sur la sombre verdure. — Adieu Hanna ! — et ce mot qui retentit derriĂšre elle fut accompagnĂ© d’un baiser. — Le voilĂ  de retour, dit-elle en se retournant ; mais en apercevant devant elle un inconnu, elle se rejeta en arriĂšre. — Adieu Hanna ! — Ce mot retentit de nouveau, et de nouveau quelqu’un dĂ©posa un baiser sur sa joue. — VoilĂ  que le diable en a envoyĂ© un autre, dit-elle avec colĂšre. — Adieu chĂšre Hanna ! Et des baisers tombaient sur elle de tous cĂŽtĂ©s. — Mais il y en a ici toute une lĂ©gion ! — exclama Hanna en s’arrachant Ă  la foule des jeunes gens qui l’embrassaient Ă  l’envi. Comment, n’est-ce pas assez de ces embrassades sans fin ? BientĂŽt, pardieu, on ne pourra plus se montrer dans la rue ! Sur ces paroles, la porte se referma et l’on n’entendit plus que le grincement de la barre que l’on poussait. CHAPITRE IILE BAILLI Connaissez-vous la nuit de l’Ukraine ? oh ! vous ne connaissez pas la nuit de l’Ukraine. Contemplez-la. Au milieu du ciel, la lune regarde ; la voĂ»te incommensurable s’étend et paraĂźt plus incommensurable encore ; elle s’embrase et respire. Toute la terre est dans une lumiĂšre d’argent ; l’air admirablement pur est frais, et, pourtant, il suffoque, chargĂ© de langueur et devient un ocĂ©an de parfums. Nuit divine ! Nuit enchanteresse ! Inertes et pensives, les forĂȘts reposent pleines de tĂ©nĂšbres, projetant leurs grandes ombres. Silencieux et immobiles sont les Ă©tangs ; la froideur et l’obscuritĂ© sont mornement emprisonnĂ©es dans les murailles vert sombre des jardins. Le fourrĂ© vierge de merisiers et de cerisiers Ă©tend pensivement ses racines dans le froid de l’eau ; par instants ses feuilles murmurent comme dans un frisson de colĂšre, quand le vent libertin de la nuit se glisse et leur surprend un baiser. Toute l’étendue dort. Au-dessus, lĂ -haut, tout respire ; tout est splendide et triomphal, et, dans l’ñme, s’ouvrent des espaces sans fin ; une foule de visions argentĂ©es se lĂšvent harmonieusement dans ses profondeurs. Nuit divine ! Nuit enchanteresse ! Soudain, tout s’anime et les forĂȘts, et les Ă©tangs et les steppes. Le grondement majestueux du rossignol de l’Ukraine Ă©clate et il semble que la lune s’arrĂȘte au milieu du ciel pour Ă©couter

 Sur la colline, le village sommeille comme enchantĂ©. D’un Ă©clat plus vif brillent aux rayons de la lune les lignes des chaumiĂšres ; plus Ă©clatantes, surgissent de l’ombre leurs murailles basses. Les chants se sont tus ; tout est silencieux. Les honnĂȘtes gens sont dĂ©jĂ  endormis. Çà et lĂ , cependant, sautille quelque Ă©troite fenĂȘtre. Sur le seuil d’une rare cabane, une famille attardĂ©e achĂšve de souper. Mais le Hopak[37] ne se danse pas ainsi. Non, non ; ce n’est pas cela. Que me disait donc mon confrĂšre ?
 Allons ! hop, tra la la, hop, tra la, hop, hop, hop. » Ainsi se parlait Ă  lui-mĂȘme un moujik d’ñge mĂ»r quelque peu Ă©mĂ©chĂ©, en traversant la rue. — Pardieu ! ce n’est pas ainsi que se danse le Hopak. Pourquoi me mentir ? Pardieu, non ce n’est pas cela. Allons hop, hop, tra la, hop tra la, hop, hop, hop. — Est-ce qu’il perd la tĂȘte celui-lĂ  ? Passe encore pour un jeune homme, mais un vieux sanglier comme lui, danser ainsi dans la rue pour la risĂ©e des enfants ! — s’écria une vieille femme qui passait portant une brassĂ©e de paille. — Rentre donc chez toi ; il est largement temps de dormir. — On y va, dit en s’arrĂȘtant le moujik ; on y va. Ce n’est pas le bailli qui m’en empĂȘchera. Pour qui me prend-il ? Parce qu’il fait verser de l’eau froide sur des gens dĂ©jĂ  gelĂ©s, il s’avise de lever le nez. Bailli ! Bailli ! mais je suis moi-mĂȘme mon bailli. Et que le diable m’emporte ! Que m’emporte le diable ! je suis moi-mĂȘme mon bailli. C’est entendu, bien entendu, — continua-t-il, en s’approchant de la premiĂšre Khata venue, Ă  la fenĂȘtre de laquelle il s’arrĂȘta, tĂątant du doigt les vitres et cherchant Ă  saisir le loquet en bois. — Baba, ouvre ! baba, vite ! On te dit Ouvre ! Il est temps de dormir, pour le Cosaque. — OĂč vas-tu, Kalenik ? Te trompes-tu de porte ? — criaient au milieu des rues, derriĂšre lui, des jeunes filles rentrant de la danse. — Faut-il te montrer ta Khata. — Montrez, mes chĂšres petites. — Ses chĂšres petites ! — entendez-vous ? exclama l’une d’elles. — Comme il est aimable ce Kalenik ! Il mĂ©rite qu’on lui indique sa Khata
 mais non, danse d’abord. — Danser !
 Et vous, coquines, — fit d’une voix traĂźnante Kalenik en les menaçant du doigt ; et riant et flageolant sur ses jambes il reprit Vous laisserez-vous embrasser ? Je vous embrasserai toutes, toutes
 Et titubant, il se mit Ă  leur poursuite. Les jeunes filles se mirent Ă  crier et Ă  courir en se prĂ©cipitant les unes sur les autres ; mais bientĂŽt elles reprirent courage en s’apercevant qu’il n’était pas solide sur ses jambes, et elles passĂšrent de l’autre cĂŽtĂ© de la rue. — La voilĂ  ta Khata, lui criĂšrent-elles en s’éloignant et en lui dĂ©signant une maison un peu plus grande que les autres et qui appartenait au bailli du village. Kalenik suivit docilement la direction indiquĂ©e en se mettant de nouveau Ă  injurier le bailli. Mais qui donc est ce bailli qui a pu provoquer des paroles aussi peu flatteuses Ă  son adresse ? Oh ! ce bailli est un important personnage. Avant que Kalenik n’arrive Ă  la fin de son voyage, nous aurons sans doute le temps de vous le faire connaĂźtre. Tout le village en l’apercevant lui tire son bonnet, et les plus jeunes filles lui adressent leur plus gracieux bonjour. Qui parmi les hommes, ne voudrait pas ĂȘtre bailli ? Pour lui, l’entrĂ©e est libre dans toutes les habitations, et le plus hardi moujik reste humblement tĂȘte nue tout le temps oĂč il plaĂźt au bailli de fourrer ses gros doigts dans son tabac. À l’assemblĂ©e du mir[38], bien que son pouvoir soit limitĂ© par la majoritĂ©, le bailli prend toujours le dessus, et presque Ă  sa guise. Grave et renfrognĂ©, le bailli est avare de ses paroles. Il y a longtemps, bien longtemps, lorsque la grande Czarine Catherine — de bienheureuse mĂ©moire — faisait son voyage de CrimĂ©e, il fut choisi pour l’escorter. Deux jours entiers, il remplit cette fonction, et il eut mĂȘme l’insigne honneur de s’asseoir sur le siĂšge du cocher impĂ©rial. Depuis ce temps le bailli a appris Ă  baisser la tĂȘte d’un air important et absorbĂ©, caressant ses longues moustaches et jetant, en dessous, un regard de faucon. Depuis ce temps, quel que fĂ»t le sujet de la conversation, il trouvait moyen de rappeler comment il avait conduit la Czarine et comment il s’était assis sur le siĂšge de la voiture impĂ©riale. Le bailli aime parfois Ă  faire le sourd, surtout quand il entend ce qu’il ne voudrait pas entendre. Le bailli ne peut pas souffrir une mise recherchĂ©e ; il porte invariablement une svitka en drap noir tissĂ© Ă  la maison, sur laquelle est passĂ©e une ceinture en laine de couleur ; et personne ne l’a jamais vu dans un autre accoutrement, sauf le temps du voyage de la Czarine en CrimĂ©e, lorsqu’il avait revĂȘtu un cafetan bleu de Cosaque. Il est d’ailleurs peu probable que oncques, dans le village, se souvienne de ce temps. Quant au cafetan, il le tient toujours enfermĂ© Ă  clef dans une malle. Le bailli est veuf, mais il a une parente avec lui qui lui fait la cuisine, lave les bancs, blanchit Ă  la chaux la Khata, lui tisse de la toile pour chemises et dirige toute la maison. On prĂ©tend dans le village qu’elle n’est pas sa parente ; mais nous avons dĂ©jĂ  vu que le bailli a beaucoup d’ennemis trĂšs heureux de rĂ©pandre des calomnies sur son compte. D’ailleurs, ce qui pourrait donner prĂ©texte Ă  ces on dit, c’est que la parente en question ne cacherait pas son mĂ©contentement chaque fois que le bailli entrerait dans un champ oĂč se trouveraient des moissonneuses ou chez quelque Cosaque possĂ©dant une jeune fille. Le bailli est borgne ; mais en revanche son unique Ɠil est un luron, il voit de loin une jolie villageoise ; il ne le fixe cependant pas sur un joli minois sans s’ĂȘtre bien assurĂ© que sa parente ne l’épie pas de quelque part. Nous avons dĂ©jĂ  presque tout dit au sujet du bailli, et l’ivrogne Kalenik n’est pas encore arrivĂ© Ă  moitiĂ© chemin ; et longtemps encore il continuera Ă  dĂ©verser sur le bailli toutes les Ă©pithĂštes choisies qui ne pouvaient naĂźtre que sous sa langue Ă©paisse et lourde. CHAPITRE IIIUN RIVAL INATTENDU — LE COMPLOT — Non, amis, non, je ne veux pas. Assez de folies ! Tout doit avoir une fin. On ne nous traite que dĂ©jĂ  trop de cerveaux brĂ»lĂ©s ! Allons nous coucher !
 Ainsi parlait Levko Ă  ses compagnons de noces qui voulaient l’entraĂźner Ă  de nouvelles escapades. — Adieu, frĂšres. Bonne nuit. — Et il s’éloigna Ă  grands pas. Ma Hanna dort-elle ? » pensait-il en s’approchant de la Khata aux cerisiers nains que nous connaissons. Le silence fut soudain interrompu par des paroles Ă©changĂ©es Ă  voix basse. Levko Ă©couta. Le blanc d’une chemise[39] s’apercevait Ă  travers les arbres. Qu’est-ce que cela signifie ? » pensa-t-il. Et se glissant en avant, il se cacha derriĂšre le tronc d’un arbre. À la clartĂ© de la lune, Ă©clatait un visage de jeune fille
 C’est Hanna ! Mais quel est donc cet homme de grande taille dont je ne vois que le dos ? » En vain Ă©carquillait-il les yeux, l’ombre lui cachait l’inconnu des pieds Ă  la tĂȘte. La poitrine seule Ă©tait un peu Ă©clairĂ©e ; et le moindre pas en avant de Levko l’eĂ»t exposĂ© Ă  se faire surprendre. S’appuyant sans bruit contre l’arbre, il rĂ©solut de rester immobile. La jeune fille prononça distinctement son nom. — Levko ?
 Levko est encore un blanc-bec — disait d’une voix basse et enrouĂ©e l’homme de haute taille. — Si je le rencontre jamais chez toi, je lui tirerai les oreilles
 — Je voudrais bien connaĂźtre le coquin qui se vante de me tirer les oreilles — se dit Levko, et il avança la tĂȘte de façon Ă  ne pas perdre un seul mot ; mais l’inconnu continuait Ă  parler si bas, qu’il Ă©tait impossible de rien entendre. — Tu n’as donc pas honte ! fit Hanna, aprĂšs que son interlocuteur se fut tu, — tu mens, tu me trompes, tu ne m’aimes pas ; je ne croirai jamais que tu m’aies aimĂ©e ! — Je sais, reprenait l’homme de haute taille, Levko t’a contĂ© un tas de bĂȘtises et il t’a fait tourner la tĂȘte. Cette fois il parut au jeune homme que la voix de l’inconnu ne lui Ă©tait plus aussi inconnue, qu’il l’avait dĂ©jĂ  entendue quelque part. — Je me charge de ton Levko, continuait toujours l’inconnu. Il s’imagine que je ne vois pas toutes ses polissonneries. Je lui apprendrai, Ă  ce fils de chien, la couleur de mes poings. À ces paroles, Levko ne put retenir sa colĂšre. Se prĂ©cipitant vers l’inconnu, il leva son bras sur lui pour lui administrer une volĂ©e sous laquelle, tout robuste qu’il fĂ»t, l’inconnu n’aurait pu tenir, mais, au mĂȘme moment, la lune Ă©claira son visage, et Levko resta comme pĂ©trifiĂ©, il avait devant lui son pĂšre. Seuls un hochement de sa tĂȘte et un lĂ©ger sifflement exprimĂšrent sa stupĂ©faction. On entendit un frĂŽlement. Hanna disparut dans sa Khata en poussant derriĂšre elle la porte. — Adieu Hanna ! s’écria alors un des jeunes gens survenant tout Ă  coup et ouvrant ses bras pour la suivre ; mais, ĂŽ terreur ! il se rejeta en arriĂšre, stupĂ©fait de s’ĂȘtre heurtĂ© aux raides moustaches du bailli. — Adieu, adieu, Hanna, continuĂšrent plusieurs jeunes gens en se suspendant Ă  son cou. — Allez au diable, polissons maudits, hurlait le bailli en se dĂ©battant et en frappant rageusement la terre du pied. — Pour quelle Hanna me prenez-vous ? Allez donc prendre Ă  la potence la place de vos pĂšres, fils de Satan ! Vous ĂȘtes comme autant de mouches aprĂšs le miel. Je vous en donnerai des Hanna !
 — Le bailli ! le bailli ! c’est le bailli ! s’écriĂšrent les jeunes gens en se dispersant de tous cĂŽtĂ©s. — Voyez-vous ce pĂšre ! fit Levko revenu de sa stupeur et suivant des yeux le bailli qui s’éloignait en jurant — quel polisson cela fait ! c’est joli ! Et moi qui m’étonnais et qui ne comprenais rien Ă  cette Ă©nigme de la sourde oreille qu’il me fait lorsque je lui parle de mes amours. Attends un peu, vieux raifort ; je t’apprendrai Ă  courir la fiancĂ©e d’autrui. — HĂ© ! hĂ© ! vous autres. Ici, ici, criait Levko en faisant de la main signe Ă  ses amis qui, de nouveau, s’étaient rassemblĂ©s. — Venez vite. Je vous ai tout Ă  l’heure engagĂ©s Ă  aller vous coucher, mais maintenant j’ai rĂ©flĂ©chi, me voilĂ  prĂȘt Ă  nocer avec vous toute la nuit s’il faut. — À la bonne heure, reprit l’un d’eux large d’épaules et bien bĂąti et qui passait pour le premier noceur et le plus grand polisson de la bande. — Je ne suis pas dans mon assiette lorsque je n’ai pas assez nocĂ©. Il me semble qu’il me manque quelque chose, comme si j’avais perdu mon bonnet ou ma pipe. En un mot, je ne suis plus un Cosaque, c’est tout dire. — Êtes-vous dĂ©cidĂ©s Ă  bien faire endiabler le bailli ? — Le bailli ? — Oui, le bailli. Qu’est-ce qu’il s’est fichĂ© dans la tĂȘte ? Il fait ici son hetmann. Il ne lui suffit pas de nous traiter en esclaves, il s’acharne encore aprĂšs nos filles. Il n’est peut-ĂȘtre pas dans tout le village une seule fille Ă  peu prĂšs jolie qu’il n’ait relancĂ©e. — C’est vrai ! c’est vrai ! s’écriĂšrent-ils tous d’une seule voix. — Eh ! quoi donc, enfants ; nous prendrait-on pour la vile race de Cham ? Nous ne sommes pas du mĂȘme sang que lui. GrĂące Ă  Dieu, nous sommes de libres Cosaques. Prouvons-lui, camarades, que nous sommes de libres Cosaques ! — Nous le prouverons ! exclamĂšrent les jeunes gens, et si nous rĂšglons nos comptes avec le bailli, il ne faudra pas oublier le scribe. — Le scribe ne sera pas oubliĂ©. J’ai prĂ©cisĂ©ment pour la circonstance une chanson toute prĂȘte contre le bailli. En route, je vais vous l’apprendre, ajouta Levko en pinçant les cordes de sa bandoura, Que chacun se travestisse comme bon lui semblera. — ArriĂšre, toi, tĂȘte de Cosaque, dit notre robuste polisson en frappant pied contre pied et en faisant claquer ses mains. Quelle fĂȘte ! quelle libertĂ© ! quand tu te mets Ă  dĂ©lirer, il te revient comme une bouffĂ©e des anciens temps. C’est bon Ă  ton cƓur libre et ton Ăąme est comme dans le paradis. HĂ© compagnons ! HĂ© ! amusez-vous !
 La foule s’élança bruyamment Ă  travers les rues ; et les honnĂȘtes vieilles femmes, rĂ©veillĂ©es par les cris, soulevaient leurs fenĂȘtres, et en se signant de leurs mains endormies, elles murmuraient Allons, les parobki s’amusent aujourd’hui. » IVLES PAROBKI S’AMUSENT Une seule khata est encore Ă©clairĂ©e Ă  l’extrĂ©mitĂ© de la rue. C’est la demeure du bailli. Le bailli a depuis longtemps fini de souper et depuis longtemps dĂ©jĂ , il serait endormi, sans doute, s’il n’avait chez lui un convive, le distillateur envoyĂ© pour installer la distillerie par le Pomiestchik[40] qui prendrait un petit lopin de terre au milieu des Cosaques libres. Juste sous les ikĂŽnes, Ă  la place d’honneur, Ă©tait assis le convive, un petit homme tout rond, aux petits yeux toujours riants oĂč reluisait le plaisir de fumer sa courte pipe en crachant Ă  tout instant et en tassant de son doigt la cendre de tabac qui dĂ©bordait. Le nuage de fumĂ©e qui s’épanouissait au-dessus de sa tĂȘte, l’enveloppait d’une brume grisĂątre. On eĂ»t dit un large tuyau de cheminĂ©e de distillerie qui, s’ennuyant de monter la garde sur son toit, se serait avisĂ© de s’échapper et d’aller confortablement s’asseoir Ă  la table du bailli. Sous son nez se dressaient de courtes et Ă©paisses moustaches, mais elles ne s’entrevoyaient que par instants et si indistinctement, Ă  travers l’atmosphĂšre du tabac, qu’elles semblaient une souris que le distillateur aurait happĂ©e et tiendrait dans sa bouche au dĂ©triment du monopole du chat de la grange. Le bailli, comme maĂźtre de maison, Ă©tait assis simplement vĂȘtu d’une chemise et d’un pantalon de toile. Son Ɠil d’aigle, comme un soleil couchant, commençait peu Ă  peu Ă  cligner et Ă  s’éteindre. Au bout de la table, fumait sa pipe un des dizainiers du village qui composaient la garde du bailli. Par dĂ©fĂ©rence pour le maĂźtre, il portait sa svitka. — Pensez-vous bientĂŽt installer votre distillerie ? dit le bailli en s’adressant au distillateur et en faisant un signe de croix sur sa bouche ouverte pour un bĂąillement. — Dieu aidant, il se peut que nous distillions dĂšs cet automne. À la Pokrov[41] je gage que monsieur le bailli zigzaguera textuellement Ă©crira de ses pieds des croissants allemands dans la rue. Sur ces mots, les yeux du distillateur disparurent et firent place Ă  des plis allant jusqu’aux oreilles ; tout son corps fut secouĂ© d’un fou rire et ses lĂšvres joyeuses quittĂšrent pour un moment la pipe fumante. — Plaise Ă  Dieu ! fit le bailli dont le visage exprima quelque chose qui voulait ĂȘtre un sourire. Aujourd’hui encore, il ne se monte que peu de distilleries, mais, dans l’ancien temps, alors que j’accompagnais la Czarine sur la route de PereĂŻaslav, dĂ©funt Bezborodko
 — À quelle Ă©poque tu nous ramĂšnes, compĂšre ! Alors, de Krementchoug jusqu’à Romen mĂȘme, Ă  peine si on pouvait compter deux distilleries, tandis qu’aujourd’hui
 As-tu ouĂŻ dire ce que les maudits Allemarids ont inventĂ© ? BientĂŽt, paraĂźt-il, on ne distillera plus au bois comme tous les honnĂȘtes chrĂ©tiens, mais avec quelque vapeur de diable
 En prononçant ces paroles, le distillateur fixait ses regards vers la table sur ses mains qu’il y avait appuyĂ©es. — Comment fera-t-on avec la vapeur ? C’est ce que, pardieu, je ne m’explique pas ! — Quels imbĂ©ciles que ces Allemands — fit le bailli. — Il faudrait les fustiger, ces fils de chien ! A-t-on jamais eu l’idĂ©e de faire bouillir quelque chose avec la vapeur. On ne pourra plus porter une cuillerĂ©e de borstch soupe Ă  sa bouche sans se brĂ»ler les lĂšvres comme un cochon de lait
 — Et toi, compĂšre, interrompit la parente assise sur le poĂȘle les jambes repliĂ©es, est-ce que tu vas vivre ici tout le temps sans ta femme ? — Eh ! qu’en ai-je besoin ? Ce serait autre chose si elle en valait la peine. — Elle n’est donc pas jolie ? demanda le bailli en fixant sur lui son Ɠil unique. — Jolie ? vieille comme le diable. Tout son museau n’est qu’un amas de rides ; on dirait une bourse vidĂ©e. Et la basse charpente du distillateur s’ébranla de nouveau d’un rire Ă©norme. À ce moment un frĂŽlement s’entendit derriĂšre la porte ; la porte s’ouvrit et un moujik, sans ĂŽter son bonnet, franchit le seuil et s’arrĂȘta au milieu de la khata, comme absorbĂ© dans ses rĂ©flexions, la bouche ouverte et examinant le plafond. C’était notre connaissance Kalenik. — Me voici arrivĂ© chez moi, dit-il, en s’asseyant sur un banc prĂšs de la porte, et sans faire la moindre attention aux personnes prĂ©sentes. — Ce fils du malin, a-t-il allongĂ© la route. On marche, on marche, et pas de fin, on dirait que quelqu’un m’a brisĂ© les jambes. Cherche-moi, baba, mon touloupe[42] pour l’étendre sous moi. Je n’irai pas auprĂšs de toi sur le poĂȘle ; ma parole ! je n’irai pas. Les jambes me font trop mal. Donne-le !
 il est lĂ , auprĂšs des ikĂŽnes. Prends garde seulement de renverser le pot au tabac ; ou plutĂŽt non, n’y touche pas ! n’y touche pas ! Tu es peut-ĂȘtre ivre aujourd’hui laisse, je vais le chercher moi-mĂȘme. Kalenik fit un effort pour se soulever, mais une force irrĂ©sistible le cloua sur le banc. — Pas gĂȘnĂ© ! dit le bailli. Il est dans la Khata des autres ; il y donne des ordres comme chez lui ; qu’on le mette dehors et vite !
 — Laisse-le, compĂšre, rĂ©pondit le distillateur en le retenant par la main. C’est un homme prĂ©cieux ; plus il y en aura de son espĂšce, plus marchera notre distillerie
 Ce n’était cependant pas par bontĂ© d’ñme qu’il s’exprimait ainsi ; le distillateur Ă©tait superstitieux ; il croyait que chasser un homme Ă  peine entrĂ©, portait malheur. — Et que sera-ce quand viendra la vieillesse ? grognait Kalenik en s’étendant sur le banc. — Passe encore si j’étais ivre ! mais, moi ! Je ne suis pas ivre, non, je ne le suis pas. Pourquoi mentirais-je ? Je suis prĂȘt Ă  le soutenir devant le bailli lui-mĂȘme. Que m’importe le bailli ! qu’il crĂšve, ce fils de chien ! Je crache sur lui. Qu’une charrue passe sur ce borgnon du diable ! Parce qu’il verse de l’eau glacĂ©e sur des gens qui gĂšlent
 — HĂ© ! HĂ© ! Laissez entrer le cochon dans la maison, et, immĂ©diatement, il met ses pattes sur la table, dit le bailli en se levant tout en colĂšre. Mais, au mĂȘme instant, une grosse pierre faisant voler la fenĂȘtre en Ă©clats, vint tomber Ă  ses pieds. Le balli s’arrĂȘta
 — Si je savais, reprit-il, en ramassant la pierre, quel est l’échappĂ© de potence qui l’a lancĂ©e, je lui apprendrais Ă  tirer. Quelle coquinerie ! — continua-t-il en examinant le projectile d’un regard dĂ©sespĂ©rĂ©. Puisse cette pierre l’étouffer. — Halte-lĂ  ! Halte-lĂ  ! que Dieu t’en prĂ©serve, compĂšre, interrompit vivement le distillateur en pĂąlissant, que Dieu te prĂ©serve dans ce monde et dans l’autre de gratifier personne d’un pareil souhait !
 — Ne vas-tu pas encore prendre sa dĂ©fense ? qu’il crĂšve !
 — Loin de toi une pareille pensĂ©e, compĂšre. Tu ne sais probablement pas ce qui est arrivĂ© Ă  ma dĂ©funte belle-mĂšre. Oui ! Ă  ma belle-mĂšre. Un soir, peut-ĂȘtre un peu plus tĂŽt qu’il n’est Ă  prĂ©sent, on soupait DĂ©funte belle-mĂšre, dĂ©funt beau-pĂšre, un valet de ferme et une servante et une demi-douzaine d’enfants. La belle-mĂšre avait versĂ© des galouchki de l’énorme marmite dans un plat pour qu’elles ne fussent pas aussi chaudes. Ce travail terminĂ©, tous avaient grand faim et ne voulaient pas attendre qu’elles se refroidissent. En les piquant avec de longues aiguilles de bois, ils se mirent Ă  manger. Soudain, survint on ne sait d’oĂč, un homme Dieu sait qui il Ă©tait, demandant Ă  ce qu’on lui fit place. Comment ne pas donner Ă  manger Ă  un homme affamĂ© ! On lui donne aussi une aiguille ; mais l’hĂŽte engloutissait les galouchki comme une vache le foin. Avant que les autres aient avalĂ© une galouchka et ne soient mis en mesure d’en prendre une seconde, le fond du plat Ă©tait aussi net qu’une dalle d’église. La belle-mĂšre le remplit de nouveau. Elle pensait qu’ayant dĂ©jĂ  apaisĂ© sa faim, l’inconnu procĂ©derait moins vite. Pas du tout, il n’en dĂ©vora que plus fort et il vida le second plat. Puisses-tu Ă©touffer de ces galouchki ! pensa la belle-mĂšre affamĂ©e. Lorsque tout Ă  coup, il avala de travers ; il tomba. On s’empressa autour de lui. La vie n’y Ă©tait plus ! il Ă©tait Ă©touffĂ©. — Il ne l’avait pas volĂ© ! le maudit goulu !
 exclama le bailli. — VolĂ© ou non ! depuis ce soir, ma belle-mĂšre n’eut plus de repos. AussitĂŽt la nuit, le mort se dressait ; il s’asseyait Ă  cheval sur la cheminĂ©e, le maudit, et tenait la galouchka entre ses dents. Pendant le jour tout allait bien ; aucune trace de lui ; mais aussitĂŽt qu’il faisait sombre
 regardez le toit ; il enfourche dĂ©jĂ  le tuyau, ce fils de chien !
 — Et la galouchka entre ses dents ? — La galouchka entre ses dents. — Etrange ! compĂšre ; j’ai entendu quelque chose d’approchant, moi aussi, Ă  propos de la dĂ©funte
 Mais le bailli s’arrĂȘta, on entendait vers la fenĂȘtre du bruit et un piĂ©tinement de danseurs. D’abord, les lĂ©gers sons de la bandoura auxquels vint s’ajouter une voix. La bandoura rĂ©sonna plus fort ; plusieurs voix l’accompagnaient et la chanson Ă©clata comme un ouragan Amis, avez-vous entendu ? Vos tĂȘtes ne sont donc pas solides !
 Chez le borgne bailli Les douves de la tĂȘte se sont disjointes. Tonnelier, ressoude lui la tĂȘte Avec des cercles en acier. Remets-lui, tonnelier, la tĂȘte, À coups de fouet, Ă  coup de fouet. Notre bailli est grisonnant et borgne, Vieux comme le diable et imbĂ©cile, Despote et dĂ©bauchĂ©. Il se frotte aux filles, l’imbĂ©cile. Et ça se mĂȘle aux parobki ! Il faudrait te mettre dans la biĂšre ; T’arracher les moustaches et te bourrer de coups Te tirer les cheveux, te tirer les cheveux. — Une jolie chanson ! compĂšre, dit le distillateur en inclinant la tĂȘte de cĂŽtĂ© et en se tournant vers le bailli pĂ©trifiĂ© de tant d’audace, — trĂšs jolie ! le dommage est qu’elle parle du bailli dans des termes pas tout Ă  fait convenables. Et il apposa de nouveau ses mains sur la table, les yeux pleins d’un doux attendrissement en se disposant Ă  Ă©couter encore, car, sous la fenĂȘtre, retentissaient des rires et les cris Bis ! bis ! Cependant un Ɠil attentif aurait dĂ©couvert que ce n’était pas la stupeur qui retenait si longtemps le bailli sur place. C’est ainsi qu’un vieux matou expĂ©rimentĂ© laisse parfois courir autour de sa queue une souris sans expĂ©rience, tout en Ă©chafaudant un plan pour lui couper la retraite. L’Ɠil solitaire du bailli Ă©tait encore fixĂ© sur la fenĂȘtre que dĂ©jĂ  sa main, aprĂšs avoir fait signe au dizainier, s’était emparĂ©e du loquet en bois de la porte
 et, soudain, dans la rue, une rumeur s’éleva
 Le distillateur qui, Ă  une foule d’autres qualitĂ©s, joignait la curiositĂ©, bourrant rapidement sa pipe, se prĂ©cipita Ă  son tour dehors, mais les espiĂšgles Ă©taient dĂ©jĂ  dispersĂ©s. — Non ! tu ne m’échapperas pas ! criait le bailli, en traĂźnant par la main un individu enveloppĂ© dans un touloupe noir retournĂ©[43]. Profitant de la circonstance, le distillateur accourut regarder le visage de ce trouble-fĂȘte, mais il recula effrayĂ© en apercevant une longue barbe et un museau entiĂšrement peint. — Non ! tu ne m’échapperas pas, criait le bailli en continuant Ă  traĂźner dans le vestibule son prisonnier lequel, sans opposer la moindre rĂ©sistance, le suivait docilement comme s’il entrait dans sa propre khata. — Karpo, ouvre le cachot, dit le bailli au dizainier. Nous allons l’enfermer dans le cachot noir, puis nous rĂ©veillerons le scribe ; nous rĂ©unirons les dizainiers ; nous ferons une rafle de tous ses complices et, aujourd’hui mĂȘme, nous rĂšglerons leur compte. Le dizainier fit rĂ©sonner un petit cadenas et ouvrit le cachot. À ce moment, le prisonnier, profitant de l’obscuritĂ© du vestibule, se dĂ©gagea de ses mains avec une force extraordinaire. — Halte lĂ  ! exclama le bailli en le saisissant plus fortement au collet. — Laisse donc ! c’est moi, fit entendre une voix aigrelette. — Inutile ! inutile ! frĂšre, tu auras beau piauler, non seulement comme un diable mais comme une baba, tu ne me donneras pas le change, — et il le poussa avec une telle violence dans le cachot sombre que le pauvre prisonnier gĂ©mit et roula par terre. Le bailli, accompagnĂ© du dizainier, sortit de la maison et se rendit chez le scribe ; et derriĂšre lui, suivait en fumant comme un bateau Ă  vapeur le distillateur. Ils marchaient ainsi tous trois absorbĂ©s dans leurs pensĂ©es, la tĂȘte basse, lorsque tout Ă  coup, au dĂ©tour d’une ruelle obscure, ils poussĂšrent un cri unanime sous un coup violent qui venait de les atteindre au front. Un cri semblable leur rĂ©pondit. Le bailli, en clignant de l’Ɠil, aperçut avec stupeur devant lui le scribe et deux dizainiers. — J’allais justement chez toi, maĂźtre scribe. — Et moi, je me rendrais chez Ton Honneur, maĂźtre bailli. — Quelles choses Ă©tranges il se passe, maĂźtre scribe ! — D’étranges choses ! maĂźtre bailli ! — Eh ! quoi donc !
 — La jeunesse est dĂ©chaĂźnĂ©e ; elle court la rue en bande, mettant tout sens dessus dessous ; et elle cĂ©lĂšbre Ton Honneur avec de telles paroles
 qu’on a honte de les rĂ©pĂ©ter Un Moscovite mĂȘme hĂ©siterait Ă  les prononcer de sa langue impure ! Tout cela fut dit par le scribe, efflanquĂ© en pantalon Ă  carreaux et en gilet couleur lie de vin, dont le cou s’allongeait et rentrait tout Ă  tour. — J’avais dĂ©jĂ  fait un petit somme lorsqu’ils m’ont arrachĂ© de mon lit avec leur impudente chanson et leur tapage ; mon idĂ©e Ă©tait de les corriger ; mais, avant de le faire, j’ai voulu passer pantalon et gilet, et ils avaient dĂ©campĂ©. Le principal, cependant, ne m’a pas Ă©chappĂ©. Il chante maintenant dans la cabane oĂč l’on enferme les malfaiteurs. Je grillais de reconnaĂźtre l’oiseau, mais son museau est barbouillĂ© de suie et noir comme celui d’un diable occupĂ© Ă  forger des clous pour les damnĂ©s. — Et comment est-il vĂȘtu ? maĂźtre scribe. — D’un touloupe noir retournĂ©, ce fils de chien, maĂźtre bailli. — Ne mentirais-tu pas, maĂźtre scribe ? celui que tu prĂ©tends avoir arrĂȘtĂ© est, en ce moment, enfermĂ© chez moi au cachot. — Non, maĂźtre bailli, c’est toi-mĂȘme, cela soit dit sans te fĂącher, qui te trompes. Tout en parlant, les deux troupes rĂ©unies se dirigeaient vers la maison du bailli. — Qu’on apporte de lĂ  lumiĂšre, nous allons voir. La lumiĂšre fut apportĂ©e. On ouvrit la porte et le bailli poussa un Ha ! » de stupeur en apercevant devant lui sa parente. — Dis-moi un peu, fit-elle, n’as-tu pas perdu ce qui te reste d’esprit ? Avais-tu dans ta caboche Ă  l’Ɠil unique un brin de cervelle, lorsque tu m’as poussĂ©e dans le cachot ? Heureusement encore que je ne me suis pas heurtĂ©e la tĂȘte contre le banc de fer. Ne t’ai-je pas criĂ© C’est moi ! » ce qui ne t’a pas empĂȘchĂ©, maudit ours, de me saisir dans tes pattes de fer et de me pousser. Que les diables te poussent ainsi dans l’autre monde !
 Elle prononça les derniers mots de derriĂšre la porte dans la rue oĂč elle Ă©tait appelĂ©e par quelque affaire particuliĂšre. — Oui, je vois bien que c’est toi, dit le bailli en revenant Ă  lui. — Qu’en dis-tu, maĂźtre scribe, n’est-ce pas une canaille que ce maudit coquin ? — Une vraie canaille, maĂźtre bailli ! — N’est-il pas temps de donner une leçon Ă  tous ces vauriens et de leur apprendre Ă  ne se mĂȘler que de ce qui les regarde ? — Il y a beau temps, maĂźtre bailli. — Ces imbĂ©ciles qui se sont mis
 que diable ! il me semble entendre dans la rue les cris de ma parente
 Ces imbĂ©ciles qui se sont mis dans la tĂȘte que je suis leur Ă©gal ; ils me prennent pour un autre, un simple Cosaque ! Une petite toux et un regard jetĂ© en dessous autour de lui, donnaient Ă  croire, que le bailli allait dire quelque chose d’important. — En mille
 ces maudites dates, on aurait beau me tuer, impossible de me les rappeler enfin, peu importe l’annĂ©e, on donna l’ordre au commissaire d’alors, Ledatchy, de choisir parmi les Cosaques celui qui serait plus intelligent que les autres. Oh ! ce oh ! le bailli le prononça en Ă©levant le doigt, le plus intelligent pour accompagner la Czarine. Moi alors. — Cela va sans dire ; tout le monde sait dĂ©jĂ , maĂźtre bailli, comment tu as mĂ©ritĂ© les faveurs de la Czarine. Avoue maintenant que c’est moi qui Ă©tais dans le vrai ; tu as menti quelque peu littĂ©ralement, tu as pris un petit pĂ©chĂ© sur ton Ăąme, en disant que tu avais arrĂȘtĂ© le coquin en touloupe retournĂ©. — Quant Ă  ce diable en touloupe retournĂ©, il faut le charger de chaĂźnes et le chĂątier exemplairement. Il faut qu’on sache ce que c’est que l’autoritĂ©. De qui donc le bailli tient-il son pouvoir, si ce n’est du Czar lui-mĂȘme ? Nous nous occuperons aprĂšs des autres
 Je n’ai pas oubliĂ© comment ces satanĂ©s vauriens ont introduit dans mon potager toute une bande de cochons qui ont dĂ©vorĂ© mes choux et mes concombres. Je n’ai pas oubliĂ© comment ces fils du diable ont refusĂ© de battre mon blĂ© ; je n’ai pas oublié  mais qu’ils aillent se faire pendre ! avant tout, il me faut absolument apprendre quelle est cette canaille en touloupe retournĂ©. Nous n’avons plus maintenant qu’à aller reconnaĂźtre ton prisonnier
 Et de nouveau la petite bande sortit de la maison. — C’est certainement une fine mouche, dit le distillateur dont les joues au cours de toute cette conversation se chargeaient sans cesse de fumĂ©e comme un cƓur de siĂšge et dont les lĂšvres, abandonnant la courte pipe, jetĂšrent comme un torrent de feu ; — il ne serait pas mal de tenir un pareil homme, Ă  tout hasard, Ă  portĂ©e de la distillerie ou encore de l’accrocher au sommet d’un chĂȘne en guise d’encensoir. Cette saillie ne sembla pas trop bĂȘte au distillateur qui, sans attendre l’approbation des autres, se dĂ©cida aussitĂŽt Ă  se rĂ©compenser par un rire enrouĂ©. On approchait en ce moment d’une petite maison presque tombĂ©e en ruines. La curiositĂ© de notre petite troupe augmenta. Ils se pressĂšrent tous contre la porte. Le scribe prit la clef et la heurta contre la serrure ; mais c’était la clef de sa malle. L’impatience redoublait. Plongeant la main dans sa poche, le scribe se mit de nouveau Ă  chercher et Ă  jurer sans pouvoir rien trouver. — VoilĂ  ! voilĂ  la clef ! dit-il enfin en se baissant et en tirant la vraie clef des profondeurs de sa large poche dont Ă©tait muni son pantalon Ă  carreaux. À ces mots, les cƓurs de nos hĂ©ros semblaient se confondre en un seul, et cet Ă©norme cƓur se mit Ă  battre si fortement que ses battements inĂ©gaux n’étaient pas mĂȘme recouverts par le bruit du cadenas. La porte s’ouvrit
 et le bailli devint pĂąle comme un linge, le distillateur ressentit un froid et ses cheveux semblaient vouloir s’envoler au ciel. La terreur se peignit sur le visage du scribe. Les dizainiers restaient clouĂ©s sur place et n’étaient pas en mesure de fermer leurs bouches ouvertes par une commune Ă©pouvante ils avaient devant eux la Parente ! Non moins stupĂ©faite, elle revint cependant quelque peu Ă  elle et fit un mouvement pour s’approcher d’eux. — Halte ! hurla d’une voix sauvage le bailli et il referma la porte sur elle ; mes amis, c’est Satan ! continua-t-il, du feu ! vite, du feu ! Peu importe que ce soit un bĂątiment du trĂ©sor ! Flambez-le ! Flambez-le ! La parente, entendant la terrible sentence, criait terrifiĂ©e derriĂšre la porte. — Que faites-vous ! frĂšres, dit le distillateur. Eh quoi ! vos cheveux sont dĂ©jĂ  presque couleur de neige et vous avez encore assez peu d’esprit pour ignorer que les sorciers ne peuvent ĂȘtre brĂ»lĂ©s par le simple feu ? Ce n’est que le feu de la pipe qui peut rĂŽtir le malin. Attendez, je vais y mettre ordre tout de suite. » Cela dit, il versa la cendre allumĂ©e de sa pipe sur de la paille et souffla dessus pour activer la flamme. Le dĂ©sespoir donna alors du courage Ă  la pauvre parente ; elle mit toute sa voix Ă  les supplier et Ă  les convaincre — Attendez, frĂšres pourquoi vous charger inutilement d’un pĂ©chĂ© ! — Peut-ĂȘtre, n’est-ce pas Satan, dit le scribe. Si elle, — c’est-Ă -dire ce qui est enfermĂ© lĂ -dedans — consent Ă  faire un signe de croix, ce sera une preuve certaine que ce n’est pas le Malin. L’idĂ©e fut approuvĂ©e. — ArriĂšre, Satan ![44] continua le scribe en appliquant sa bouche Ă  la fente de la porte, — si tu ne bouges pas de place nous ouvrirons la porte. La porte s’ouvrit. — Fais un signe de croix, dit le bailli en regardant autour de lui comme s’il cherchait un refuge en cas de danger. La parente se signa. — Que Diable ! c’est bien la parente ! — Quelle puissance infernale t’a traĂźnĂ©e, commĂšre, dans cette prison ? Et la parente en sanglotant, raconta comment les jeunes gens l’avaient saisie dans la rue, et, malgrĂ© sa rĂ©sistance, l’avaient fait passer Ă  travers la large fenĂȘtre de la cabane en refermant sur elle le contrevent. Le scribe examinan le fenĂȘtre et constata, en effet, que les gonds Ă©taient arrachĂ©s et que le contrevent avait Ă©tĂ© refermĂ© de dehors Ă  l’aide d’une barre de bois. — C’est bon ! borgne du diable ! s’écria-t-elle, en marchant sur le bailli qui se rejeta en arriĂšre en continuant Ă  l’observer de l’Ɠil qui lui restait, je connais le fond de ta pensĂ©e ; tu Ă©tais bien aise de profiter de l’occasion pour te dĂ©barrasser de moi, de façon Ă  ĂȘtre plus libre pour courir les filles et n’avoir plus personne qui puisse voir un grand-pĂšre aux cheveux gris, faire bĂȘtement le galant ! Je sais tout, va ! ce n’est pas Ă  moi qu’on donne le change, surtout une caboche comme la tienne. Je peux supporter longtemps, mais gare la fin !
 Et ce disant, elle lui montra le poing et s’éloigna rapidement en laissant le bailli comme pĂ©trifiĂ© ! Non vraiment ! c’est bien le diable qui est lĂ -dessous ! » pensa-t-il en se grattant rageusement la nuque. — Nous le tenons ! s’écriĂšrent les dizainiers qui entrĂšrent en ce moment. — Qui tenez-vous ? demanda le bailli. — Le diable en touloupe retournĂ©. — Amenez-le, s’écria le bailli, en saisissant le prisonnier par la main. — Êtes-vous fous ? mais c’est l’ivrogne Kalenik ! — Pas possible ! c’est nous-mĂȘmes qui l’avons empoignĂ©, maĂźtre bailli, rĂ©pondirent les dizainiers. Les satanĂ©s gars nous ont entourĂ©s dans la ruelle ; ils se sont mis Ă  danser en s’accrochant Ă  nos vĂȘtements, Ă  nous tirer la langue et Ă  nous arracher les mains !
 Que le diable les emporte !
 Et comment, au lieu et place de l’un d’eux, a-t-on substituĂ© ce corbeau ?
 Dieu le sait
 — En mon nom et au nom de tout le mir que je reprĂ©sente, ordre est donnĂ©, dit le bailli, de saisir immĂ©diatement le brigand et, de la mĂȘme façon, tous ceux qui seront trouvĂ©s dans la rue. Et qu’on me les amĂšne pour le chĂątiment. — Par grĂące ! maĂźtre bailli, s’écriĂšrent quelques-uns en s’inclinant jusqu’à terre, si tu voyais ces museaux ! Que Dieu nous tue, si depuis notre naissance, et depuis que nous avons Ă©tĂ© baptisĂ©s, nous avons jamais rencontrĂ© des masques aussi Ă©pouvantables ! Un accident est vite arrivĂ©, maĂźtre bailli ! On peut s’effrayer quelquefois Ă  tel point qu’aucun honnĂȘte homme ni aucune honnĂȘte femme en puissent guĂ©rir. — Je vous guĂ©rirai de ces frayeurs ! Eh quoi ! vous refusez d’obĂ©ir ? Vous ĂȘtes peut-ĂȘtre d’accord avec eux ? vous vous mutineriez ? qu’est-ce donc ? mais qu’est-ce donc ?
 Vous encouragez le dĂ©sordre ?
 vous
 Je ferai mon rapport au commissaire, vite, entendez-vous,
 plus vite
 courage
 volez comme une flĂšche. Pour que vous me
 Tous s’enfuirent. CHAPITRE VLA NOYÉE Sans s’inquiĂ©ter de rien, sans plus de souci de ceux qui Ă©taient envoyĂ©s Ă  sa poursuite, l’auteur responsable de tout ce tapage s’acheminait lentement vers la vieille maison de l’étang. Inutile, n’est-ce pas, de dire que c’était Levko. Son touloupe noir Ă©tait dĂ©boutonnĂ©, il tenait Ă  la main son bonnet ; la sueur ruisselait de son front. Majestueuse et morne, la forĂȘt d’érables prĂ©sentait Ă  la lune ses masses noires. Immobile, l’étang soufflait sa fraĂźcheur sur le passant fatiguĂ© et l’obligeait Ă  s’asseoir sur le bord. Tout Ă©tait calme, dans le profond fourrĂ© on n’entendait que les roulades du rossignol. Un sommeil irrĂ©sistible ne tarda pas Ă  fermer ses paupiĂšres. Ses membres fatiguĂ©s se laissaient aller Ă  l’assoupissement, sa tĂȘte s’inclinait. — Non ! je serais capable de m’endormir, dit-il, en se redressant sur ses jambes et en se frottant les yeux. Il regarda autour de lui. La nuit lui semblait encore plus fĂ©erique. Une lueur Ă©trange et dĂ©licieuse s’ajoutait Ă  l’éclat de la lune. Jamais il n’avait assistĂ© Ă  pareil spectacle. Une brume argentĂ©e descendait partout autour de lui. Le parfum des pommiers fleuris et des fleurs nocturnes inondait la terre. StupĂ©fait, il contemplait les eaux immobiles de l’étang. La vieille maison seigneuriale renversĂ©e dans ce miroir mouvant y apparaissait sereine et dans une Ă©clatante majestĂ©. Au lieu des volets sombres, Ă©taient ouvertes comme des yeux les vitres joyeuses des fenĂȘtres et des portes ; Ă  travers leur limpiditĂ© s’entrevoyait la dorure. Et voilĂ  qu’il lui semble voir s’ouvrir une fenĂȘtre. En retenant son souffle, mais sans trembler et sans quitter des yeux l’étang, il se sent transportĂ© dans sa profondeur et voit Un bras blanc apparaĂźt d’abord Ă  la fenĂȘtre, bientĂŽt suivi d’une charmante petite tĂȘte aux yeux clairs luisant doucement Ă  travers des flots de cheveux d’un blond sombre. Elle s’accoude ; et il voit
 elle secoue lĂ©gĂšrement la tĂȘte, elle agite ses mains ; elle sourit
 son cƓur tressaille soudain
 l’eau tremble et la fenĂȘtre se referme. Il s’éloigna doucement de l’étang et observa la maison les volets mornes Ă©taient ouverts ; les vitres Ă©tincelaient aux rayons de la lune. VoilĂ  comment il faut ajouter foi aux racontars des gens, pensa-t-il. La maison est toute neuve les couleurs sont aussi vives que si elle Ă©tait peinte d’hier. Elle est habitĂ©e. » Et, silencieux, il se rapprocha. Mais, dans la maison, tout Ă©tait calme. Les chants Ă©clatants des rossignols se rĂ©pondaient avec force et sonoritĂ© ; et, quand ils semblaient expirer dans la langueur et l’abandon, on entendait le frĂŽlement et le crĂ©pitement des grillons ou le gloussement de l’oiseau des marrais frappant de son bec poli le large miroir des eaux. Une paix douce et une joie dĂ©bordante s’emparĂšrent du cƓur de Levko. Il accorda sa bandoura et chanta en s’accompagnant Ô lune, petite lune ! Et toi, aube blanche ! Projetez votre lumiĂšre lĂ  OĂč est la belle fille. La fenĂȘtre s’ouvrit et la mĂȘme tĂȘte mignonne, dont il avait vu l’image dans l’étang, regarda en Ă©coutant attentivement la chanson. De longs cils voilaient Ă  demi le regard ; elle Ă©tait toute pĂąle comme un linge, comme la lueur de la lune. Mais qu’elle Ă©tait merveilleuse ! qu’elle Ă©tait belle ! Elle se mit Ă  rire. Levko tressaillit. — Chante-moi quelque chose, jeune Cosaque ! — dit-elle en penchant la tĂȘte de cĂŽtĂ© et en baissant complĂštement ses longs cils. — Quelle chanson faut-il te chanter ? ma radieuse enfant. Des larmes coulĂšrent doucement sur le visage de la jeune fille. — Parobok, dit-elle, — et quelque chose d’un touchant inexprimable rĂ©sonnait dans ses paroles, — Parobok, trouve-moi ma marĂątre, Je ne te refuserai rien ; je te rĂ©compenserai ; je te rĂ©compenserai largement et richement. J’ai des manchettes de soie brodĂ©es ; j’ai du corail, des colliers. Je te ferai cadeau d’une ceinture ornĂ©e de brillants. J’ai de l’or
 Parobok, trouve-moi ma marĂątre. C’est une terrible sorciĂšre ; je n’ai pas eu de repos sur la terre Ă  cause d’elle. Elle me torturait ; elle me forçait Ă  travailler comme une simple moujitchka. Regarde mon visage ! elle a terni la couleur de mes joues par ses sorcelleries impures. Regarde mon cou blanc, les bleus qu’y ont faits ses griffes de fer ne s’effacent plus, ne s’effaceront jamais. Regarde mes pieds blancs ; ils ont beaucoup marchĂ©, mais pas sur des tapis, sur le sable brĂ»lant, sur la terre humide, sur les pierres, ils ont marchĂ© ! Et mes yeux ! regarde mes yeux ils sont Ă©teints sous les larmes. Trouve-la, Parobok, trouve la marĂątre ! Sa voix, qui tout Ă  coup s’était Ă©levĂ©e, se tut. Des torrents de larmes coulĂšrent sur son visage pĂąle. Un sentiment pĂ©nible, plein de pitiĂ© et de tristesse, oppressa la poitrine du jeune homme. — Je suis prĂȘt Ă  tout pour toi, ma belle, dit-il avec Ă©motion, mais comment ? oĂč la trouver ? — Regarde, regarde, fit-elle vivement, elle est ici ; elle passe sur la rive mĂȘlĂ©e Ă  mes jeunes filles ; elle se chauffe aux rayons de la lune ; mais elle est malicieuse et rusĂ©e. Elle s’est transformĂ©e en noyĂ©e ; mais je sais, je sens qu’elle est ici. Elle m’oppresse, elle m’étouffe. Je ne puis pas, Ă  cause d’elle, nager librement et lĂ©gĂšrement comme un oiseau. Je plonge et je tombe au fond comme une pierre. Trouve-la, Parobok. Levko regarda vers la rive. Dans le brouillard argentĂ© flottaient les jeunes filles, lĂ©gĂšres comme des ombres, en blanches chemises, comme une prairie semĂ©e de muguets. Des colliers de piĂšces d’or Ă©tincelaient Ă  leur cou ; mais elles Ă©taient pĂąles ; leurs corps Ă©taient formĂ©s de nuages diaphanes et Ă©taient comme traversĂ©s par les rayons d’argent de la lune. Leur ronde, en jouant, se rapprochait de lui ; il entendait leurs voix. — Allons jouer au corbeau ! Jouons au corbeau ! — bruissent-elles comme les roseaux de la rive touchĂ©s Ă  l’heure calme du crĂ©puscule par les lĂšvres aĂ©riennes du vent. — Et qui sera le corbeau ? On tira au sort et une jeune fille sortit de la foule. Levko se mit Ă  l’examiner. Son visage, ses vĂštements ne la distinguaient pas des autres. On remarquait seulement qu’elle remplissait malgrĂ© elle ce rĂŽle. La foule s’est dispersĂ©e pour Ă©chapper aux atteintes de l’ennemi rapace. — Non ! je ne veux pas ĂȘtre le corbeau, dit la jeune fille Ă©puisĂ©e, il me rĂ©pugne d’enlever les poussins Ă  leurs pauvres mĂšres. — Tu n’es pas la sorciĂšre ! pensa Levko. — Qui sera donc le corbeau ? Les jeunes filles se rĂ©unirent de nouveau pour tirer au sort. — C’est moi qui serai le corbeau ! fit l’une d’elles en s’avançant. Levko se mit Ă  l’examiner attentivement. Rapide et ardente, elle poursuivait la bande des jeunes filles et se jetait Ă  droite et Ă  gauche pour saisir sa victime. Levko, alors remarqua que son corps n’était pas aussi transparent que les autres. Il s’y voyait Ă  l’intĂ©rieur quelque chose de noir. Tout Ă  coup, un cri retentit le corbeau se prĂ©cipite sur une des noyĂ©es, la saisit et Levko croit apercevoir des griffes, tandis que sur son visage Ă©clatait une joie mĂ©chante. — La sorciĂšre ! cria-t-il, en la dĂ©signant brusquement du doigt et en se tournant vers la maison. La jeune fille eut un rire joyeux et les noyĂ©es entraĂźnĂšrent au milieu des cris celle qui reprĂ©sentait le corbeau. — Comment te rĂ©compenser, Parobok ? — Je sais que ce n’est pas de l’or qu’il te faut. Tu aimes Hanna ; mais ton bourru de pĂšre t’empĂȘche de l’épouser. DĂ©sormais il ne t’en empĂȘchera pas. Prends ce billet et remets-le lui. La petite main blanche s’allongea ; le visage s’éclaira et brilla d’un merveilleux Ă©clat. Avec un frĂ©missement indĂ©finissable et un battement dĂ© son cƓur anxieux, Levko saisit le billet et

 se rĂ©veilla. CHAPITRE VIRÉVEIL — Dormai-je donc ? se dit Levko en se levant. Tout Ă©tait pourtant si rĂ©el, si vivant !
 c’est Ă©trange ! Ă©trange ! rĂ©pĂ©ta-t-il en regardant autour de lui. La lune, qui Ă©tait rayonnante au-dessus de sa tĂȘte, indiquait minuit. Partout le silence. Un froid montait de l’étang, aux bords duquel se dressait tristement la vieille maison aux volets clos. La mousse et l’herbe sauvage tĂ©moignaient de son long abandon. Il dĂ©tendit alors sa main qui s’était crispĂ©e pendant son sommeil et jeta un cri de surprise en y dĂ©couvrant le billet. — Oh ! si je savais lire ! pensa-t-il en le tournant en tous sens. À ce moment, il entendit du bruit derriĂšre lui. — Courage ! empoignez-le ! Pourquoi craindre ? nous sommes dix, et c’est un homme et non un diable ! Ainsi criait le bailli Ă  ses compagnons. Et Levko se sentit apprĂ©hendĂ© par plusieurs mains dont quelques-unes tremblaient de peur. — Ôte donc, ami, ton masque effrayant ; c’est assez se moquer du monde, dit le bailli en le prenant au collet, et s’arrĂȘtant stupĂ©fait aprĂšs avoir fixĂ© sur lui son Ɠil unique. Levko ! mon fils ! » continua-t-il en se rejetant en arriĂšre d’étonnement et en laissant tomber ses bras. — C’est toi, fils de chien ! — voyez-vous cette satanĂ©e engeance ! moi qui me disais Quelle est donc cette canaille, ce diable de touloupe retournĂ© qui fait toutes ces farces ? Et il se trouve que c’est toi ! — puisse ton pĂšre, en avaler sa soupe de travers. Toi qui t’avises de mettre la rue sens dessus dessous et de fabriquer des chansons !
 HĂ© ! hĂ© ! hĂ© ! Levko ! qu’est-ce qui t’a pris ? Il paraĂźt que le dos te dĂ©mangeait. Liez-le ! — Attends, pĂšre ; on m’a ordonnĂ© de te remettre ce billet, fit Levko. — Il n’y a pas de billet qui tienne, mon pigeon. Liez-le. — ArrĂȘte, maĂźtre bailli, interrompit le scribe, en dĂ©pliant le papier, c’est l’écriture du commissaire ! — Du commissaire ? — Du commissaire ? rĂ©pĂ©taient machinalement les dizainiers. Du commissaire ! c’est Ă©trange ! c’est Ă  n’y plus rien comprendre du tout », pensa Levko. — Lis ! lis ! dit le bailli, que peut-il bien Ă©crire, le commissaire ? — Écoutons ce qu’écrit le commissaire, fit le distillateur en tenant sa pipe entre les dents et en battant le briquet. Le scribe toussota et lut Ordre au bailli Yevtoukh Makogonenko. » Il est arrivĂ© Ă  notre connaissance que toi, vieil imbĂ©cile, au lieu de faire rentrer les impĂŽts arriĂ©rĂ©s et de veiller Ă  l’ordre dans le village, tu perds la tĂȘte et commets toute espĂšce de sottises. » — Mais pardon ! je n’entends rien. Le scribe recommença Ordre au bailli Yevtoukh Makogonenko. » Il est arrivĂ© Ă  notre connaissance que toi, vieil imbé  — Assez, assez ! — c’est inutile ! — s’écria le bailli. Quoi que je n’aie rien entendu, je sais cependant que tout cela n’est qu’un prĂ©ambule. Lis plus loin. En consĂ©quence, je t’ordonne de marier tout de suite ton fils Levko avec la Cosaque de votre village Hanna Petrytchenko et, aussi, de faire rĂ©parer les ponts sur la grand’route et de ne pas livrer les chevaux de rĂ©quisition, sans m’en avoir rĂ©fĂ©rĂ©, Ă  ces messieurs de la justice, mĂȘme s’ils venaient directement du palais. Et, si Ă  mon arrivĂ©e, je ne trouve pas cet ordre exĂ©cutĂ©, c’est Ă  toi seul que je m’en prendrai. — SignĂ© le commissaire, lieutenant en retraite, Kozma Derkatch-Drichpanovski. » — VoilĂ , dit le bailli, la bouche grande ouverte ; entendez-vous ! entendez-vous ! Toutes ces mesures, c’est le bailli qui en rĂ©pondra. Donc, qu’on m’obĂ©isse ! qu’on m’obĂ©isse sans mot dire ! sinon, gare
 Quant Ă  toi, continua-t-il en s’adressant Ă  Levko, quoiqu’il me paraisse Ă©trange que la chose soit arrivĂ©e jusqu’à lui, — je te marie. Seulement, tu goĂ»teras tout d’abord du knout ; tu sais, celui qui est suspendu chez moi au mur prĂšs des ikĂŽnes. Tu l’étrenneras demain. OĂč as-tu pris ce billet ? Levko, malgrĂ© la stupeur qu’il Ă©prouvait de la tournure prise par son affaire, eut le bon sens de rouler dans sa tĂȘte une autre rĂ©ponse et de cacher la vĂ©ritable origine du billet. — J’étais sorti hier soir, je m’étais rendu en ville et j’ai rencontrĂ© le commissaire qui descendait de voiture. En apprenant que je suis de ce village, il me remit ce billet et m’ordonna de t’apprendre de vive voix, pĂšre, qu’à son retour, il viendra dĂźner chez nous. — Il te l’a dit ? — Il me l’a dit. — Entendez-vous ? dit le bailli avec importance en s’adressant Ă  ses compagnons. Le commissaire, en personne, viendra chez nous, c’est-Ă -dire, chez moi, dĂźner ! Oh !
 et le bailli Ă©leva son index et inclina la tĂȘte comme quelqu’un qui Ă©coute le commissaire ! — Entendez-vous, le commissaire viendra chez moi ! Qu’en penses-tu, maĂźtre scribe ? et loi, compĂšre ? Ce n’est pas un petit honneur, n’est-ce pas ? — Autant que je me souviens, surenchĂ©rit le scribe, jamais bailli ne reçut Ă  dĂźner un commissaire. — Il y a bailli et bailli — fit le bailli en se rengorgeant ; sa bouche se contracta et quelque chose comme un rire pĂ©nible et enrouĂ©, ressemblant plutĂŽt Ă  un grondement lointain de tonnerre, retentit sur ses lĂšvres. — Qu’en penses-tu ? maĂźtre scribe, il faudrait pour un pareil hĂŽte donner ordre que, de chaque khata, on apporte au moins un jeune poulet, et puis de la toile et quelque chose encore
 Hein !
 — Il faudrait, il faudrait, maĂźtre bailli. — Et Ă  quand la noce, pĂšre ? demanda Levko. — La noce ! Je t’en donnerai de la noce
 Mais, en l’honneur d’un hĂŽte de cette importance, demain le pope vous mariera. Allez au diable !
 que le commissaire voie ce que c’est que l’exactitude ! Et maintenant, enfants, allons dormir
 rentrez chez vous, l’évĂ©nement de cette nuit me rappelle le temps oĂč je
 À ces mots, le bailli lança le regard en dessous que l’on sait, important et significatif. — Allons ! maintenant le bailli va raconter comment il a escortĂ© la Czarine, dit Levko, et, Ă  pas rapides, tout joyeux, il se hĂąta vers la khata aux cerisiers nains que nous connaissons. — Que Dieu te donne le royaume des Cieux ! bonne et belle demoiselle, pensait-il. Que tout te sourie Ă©ternellement dans l’autre monde parmi les saints anges ! Je ne rapporterai Ă  personne l’intervention miraculeuse qui s’est produite cette nuit. À toi seule, Halia ! je le dirai. Toi seule tu y ajouteras foi et tu prieras pour le repos de l’ñme de la malheureuse noyĂ©e. Il s’approcha de la khata. La fenĂȘtre Ă©tait ouverte. Les rayons de la lune l’inondaient et Ă©clairaient Hanna endormie. Sa tĂȘte Ă©tait appuyĂ©e sur sa main ; ses joues Ă©taient animĂ©es d’une douce rougeur ; ses lĂšvres s’agitaient en murmurant le nom de Levko. — Dors, ma toute belle ! rĂȘve Ă  ce qu’il y a de meilleur dans le monde ; tout cela ne vaudra pas notre rĂ©veil ! Et, aprĂšs avoir tracĂ© dans l’air un signe de croix, il ferma la fenĂȘtre et s’éloigna sans bruit. Quelques instants plus tard, tout Ă©tait endormi dans le village. Seule la lune flottait aussi Ă©clatante et aussi merveilleuse dans le dĂ©sert immense du splendide ciel d’Ukraine. La mĂȘme solennitĂ© planait sur les hauteurs et la nuit, la nuit divine, s’éteignait majestueusement. La terre n’était pas moins belle dans la splendeur de la lumiĂšre argentĂ©e ; mais personne pour admirer ! Tout Ă©tait plongĂ© dans le sommeil. À de rares intervalles, seulement, le silence Ă©tait rompu par l’aboiement des chiens et, longtemps encore, l’ivrogne Kalenik erra par les rues en cherchant sa khata. HISTOIRE VRAIE RacontĂ©e par le sacristain de l’église de ***. Phoma Grigorievitch avait une bizarrerie Ă  lui il n’aimait pas Ă  raconter toujours la mĂȘme chose. Si parfois, Ă  force d’obsessions, on le dĂ©cidait Ă  rĂ©pĂ©ter une histoire qu’il nous eĂ»t dĂ©jĂ  fait entendre, vous pouviez ĂȘtre sĂ»r, alors, qu’il y ajoutait une version nouvelle ou qu’il la transformait de telle sorte que les deux rĂ©cits n’avaient plus entre eux aucune ressemblance. Un jour, un de ces messieurs de ceux que nous autres, simples gens, il nous est difficile de dĂ©finir sont-ce des Ă©crivains ou des Ă©crivailleurs ? mais enfin pareils Ă  ces saltimbanques de foire, qui quĂ©mandent, grapillent, volent de ci de lĂ  toutes sortes de choses, pour nous les servir ensuite en petits feuillets au mois ou Ă  la semaine, un de ces messieurs apprit cette histoire de Phoma Grigorievitch qui, depuis, l’a lui-mĂȘme oubliĂ©e. Mais voilĂ  que prĂ©cisĂ©ment arrive de Pultava ce jeune barine en cafetan couleur petits pois dont je vous ai une fois parlĂ© ; peut-ĂȘtre mĂȘme avez-vous dĂ©jĂ  lu son rĂ©cit ; il apporte avec lui un petit livre et nous le montre en l’ouvrant au milieu. Phoma Grigorievitch s’apprĂȘte Ă  enfourcher ses lunettes sur son nez, puis se souvenant qu’il a oubliĂ© de les consolider avec du fil et de la cire, il me passe le livre. Moi qui sais lire tant bien que mal et qui n’ai pas besoin de lunettes, je me mets Ă  faire la lecture tout haut. À peine ai-je tournĂ© deux pages que tout Ă  coup Phoma m’arrĂȘte par le bras. — Un instant ! Dites-moi avant tout ce que vous lisez. J’avoue que j’étais stupĂ©fait d’une telle question. — Comment ce que je lis, Phoma Grigorievitch, mais c’est votre histoire, ce sont vos propres paroles. — Qui vous a dit que ce sont mes propres paroles ? — Il n’y a pas Ă  en douter ; c’est mĂȘme imprimĂ© racontĂ© par un tel
 sacristain. — Eh bien ! crachez-lui sur la figure, Ă  celui qui a imprimĂ© cela. Il ment, ce fils de chien ! ce Moscovite ! Est-ce de cette maniĂšre que j’aurais racontĂ© cette histoire ? Il faudrait avoir une araignĂ©e dans la tĂȘte ! Écoutez plutĂŽt, je vais vous la raconter telle qu’elle est. Nous nous approchĂąmes de la table et il commença. Mon grand-pĂšre Dieu ait son Ăąme ! Qu’il ne mange dans l’autre monde que des petits pains au lait et des gĂąteaux de miel mon grand-pĂšre savait trĂšs bien raconter. Quand une fois il s’était mis en train, on n’aurait pas bougĂ© de sa place d’une journĂ©e pour l’écouter. Ce n’était pas un de ces hĂąbleurs d’aujourd’hui qui cherchent Ă  vous en imposer et traĂźnent leurs rĂ©cits avec une langue pĂąteuse, comme s’ils n’avaient pas mangĂ© depuis trois jours ; c’est Ă  saisir son bonnet et Ă  se sauver. Ma vieille mĂšre Ă©tait alors encore de ce monde ; et, aussi bien que si c’était maintenant, je me souviens que, par une longue soirĂ©e d’hiver oĂč la gelĂ©e crĂ©pitait au dehors et murait l’étroite fenĂȘtre de notre chaumiĂšre, elle Ă©tait assise en tenant sa quenouille, d’une main Ă©tirant le long fil, et, avec son pied, faisant mouvoir le berceau tout en fredonnant une chanson que je crois toujours entendre. La chambre Ă©tait Ă©clairĂ©e par un lampion qui tremblait et qui, par instants, se ravivait tout Ă  coup comme s’il eĂ»t pris peur de quelque chose ; le rouet bourdonnait ; et nous tous, enfants, tassĂ©s en un petit groupe, nous Ă©coutions le grand-pĂšre qui, Ă  cause de sa vieillesse, depuis plus de cinq ans ne descendait pas du poĂȘle [45]. Tout merveilleux que fussent ses beaux rĂ©cits du vieux temps sur les invasions des Zaporogues, sur les Polonais, les grands exploits de Podkova, de SagaĂŻdatchny[46], aucun ne nous intĂ©ressait autant qu’une de ces vieilles lĂ©gendes qui vous donnent des frissons dans tout le corps et vous font dresser les cheveux sur la tĂȘte. Parfois une telle peur vous envahit, que vers le soir vous croyez voir un monstre dans le moindre objet. Quand il m’arrivait d’ĂȘtre obligĂ© de sortir de ma chambre pendant la nuit, je ne faisais que penser Pourvu que quelque revenant ne vienne pas se coucher sur mon lit ! Et que je meure ! si je ne prenais pas ma propre svitka, posĂ©e du cĂŽtĂ© de la tĂȘte, pour un diable recroquevillĂ© !
 Mais ce qui Ă©tait surtout Ă  considĂ©rer dans le rĂ©cit du grand-pĂšre, c’est que de toute sa vie, il ne mentait jamais ; et ce qu’il racontait Ă©tait rĂ©ellement arrivĂ© tel quel. C’est une de ces histoires extraordinaires que je vais vous narrer Ă  l’instant. Je sais qu’il se trouve beaucoup de ces raisonneurs, Ă©crivains publics, sachant mĂȘme lire les caractĂšres laĂŻques[47] Ă  qui, cependant, vous ne pourriez mettre entre les mains un simple brĂ©viaire vu qu’ils n’y comprendraient rien ; mais, pour rire de vous, exhiber leurs dents Ă  leur propre honte, cela, ils le savent. Tout ce que vous leur racontez est sujet Ă  rire. VoilĂ  Ă  quel point l’incrĂ©dulitĂ© s’est rĂ©pandue dans le monde ! Ainsi, le croiriez-vous Dieu et la sainte Vierge me renient, si cela n’est pas, un jour, je parlais de sorciĂšres devant des gens et, parmi eux, il s’est trouvĂ© un luron qui ne croyait pas aux sorciĂšres ! Oui, je puis le dire, j’en ai rencontrĂ© dans ma vie de ces incrĂ©dules, Ă  qui il coĂ»te moins de mentir Ă  confesse qu’à nous autres de prendre une prise de tabac. À ceux-lĂ , naturellement, les sorciĂšres n’ont jamais fait peur. Mais qu’il se dresse tout Ă  coup devant eux
 je tremble mĂȘme de dire quoi
 au fait, inutile de s’occuper de ces gens-lĂ . Il y a de cela plus de cent ans, disait mon dĂ©funt grand-pĂšre, personne n’aurait pu reconnaĂźtre notre village un hameau, le plus pauvre des hameaux ! Une dizaine de chaumiĂšres pas mĂȘme blanchies Ă  la chaux, mal couvertes, se dressaient çà et lĂ  au milieu du champ. Pas de haies, pas de hangars suffisamment abritĂ©s pour le bĂ©tail ou les charrettes ; et encore Ă©taient-ce les riches qui habitaient ces demeures ; si vous nous aviez vus, nous autres pauvres ! un trou creusĂ© dans la terre, voilĂ  notre chaumiĂšre Ă  nous ! Par la fumĂ©e, seulement, on pouvait reconnaĂźtre qu’un ĂȘtre humain vivait lĂ . Vous me demanderez peut-ĂȘtre pourquoi il en Ă©tait ainsi ? Ce n’était pas prĂ©cisĂ©ment par pauvretĂ©, puisque dans ce temps presque tous faisaient les libres Cosaques et allaient ramasser des biens Ă  l’étranger, mais plutĂŽt parce qu’on trouvait inutile de construire de meilleures demeures. Et quel monde n’y voyait-on pas marauder ? Des Tartares, des Polonais, des Lithuaniens ! Des Ukraniens mĂȘme venaient en bandes pour dĂ©valiser les leurs. Tout arrivait ! Donc, dans ce hameau apparaissait souvent un homme ou plutĂŽt un diable sous la figure d’un homme. D’oĂč venait-il ? pourquoi venait-il ? personne ne le savait. Il faisait la noce, il s’enivrait ; puis, subitement, il disparaissait comme sous terre et l’on n’entendait plus parler de lui. Tout Ă  coup, de nouveau, il semblait tomber du ciel, parcourait les rues du village dont il ne reste mĂȘme plus de traces. Il ramassait sur sa route les Cosaques qu’il rencontrait ; et alors c’étaient des rires, des chansons ; il semait l’argent et l’eau-de-vie coulait comme de l’eau !
 Il bombardait les jeunes filles de cadeaux rubans, boucles d’oreilles, colliers de sequins Ă  ne savoir qu’en faire. Il faut dire cependant que les jeunes filles hĂ©sitaient Ă  les accepter. — Qui sait ! peut-ĂȘtre Ă©taient-ils passĂ©s par les mains du Malin. La tante de mon grand-pĂšre tenait alors sur la route un cabaret oĂč souvent noçait Basavriouk c’est ainsi l’on appelait ce diable d’homme et elle disait que, pour rien au monde, elle ne consentirait Ă  accepter de lui le moindre cadeau. Et pourtant, comment ne pas accepter quand on voyait Basavriouk froncer ses sourcils drus et lancer en dessous un tel regard que l’on se serait sauvĂ© Ă  mille lieues ; mais si on se laissait tenter et que l’on prĂźt le cadeau, la mĂȘme nuit quelque ĂȘtre du marais, les cornes sur la tĂȘte, venait vous visiter et se mettait Ă  vous serrer le cou, s’il Ă©tait ornĂ© du collier de sequins, ou Ă  vous mordre le doigt qui portait la bague, ou Ă  tirer la natte, si le ruban y Ă©tait attachĂ©. Alors vous comprenez ! merci de ces cadeaux ! Seulement, voilĂ  le malheur ; c’est qu’il Ă©tait mĂȘme impossible de s’en dĂ©faire on le jetait Ă  l’eau, le diable de collier ou d’anneau surnageait et revenait de lui-mĂȘme se remettre Ă  sa place. Dans ce village, se trouvait une Ă©glise dĂ©diĂ©e, je crois, Ă  saint PantalĂ©on. Le curĂ© du presbytĂšre, le pĂšre Athanase, de sainte mĂ©moire ! ayant remarquĂ© que Basavriouk, mĂȘme le dimanche de PĂąques, ne venait pas Ă  l’église, voulut le gourmander et lui imposer une pĂ©nitence. Eh bien ! c’est Ă  peine s’il eut le temps de se sauver. — Écoute, mon bonhomme, gronda Basavriouk comme rĂ©ponse, mĂȘle-toi de tes affaires et non de celles des autres, si tu ne veux pas qu’on te bouche la gueule avec de la bouillie chaude. Que vouliez-vous faire avec ce maudit ! Le pĂšre Athanase se contenta de dĂ©clarer que celui qui aurait le moindre point de contact avec Basavriouk serait considĂ©rĂ© comme l’ennemi de l’Eglise orthodoxe et de tout le genre humain. Dans ce mĂȘme village vivait, chez un Cosaque du nom de Korje, un domestique que les gens appelaient Petre, le sans-famille, peut-ĂȘtre parce qu’il ne se souvenait plus ni de son pĂšre ni de sa mĂšre. Le marguillier disait, il est vrai, qu’ils Ă©taient morts de la peste l’annĂ©e qui avait suivi la naissance de Petre ; mais mon arriĂšre-grand’tante n’en voulait rien croire, et elle s’efforçait de trouver de tous cĂŽtĂ©s des parents Ă  Petre, bien que celui-ci s’en souciĂąt aussi peu que nous autres de la neige d’antan. Elle disait que le pĂšre de Petre, actuellement dans le pays des Zaporogues, avait Ă©tĂ© jadis prisonnier chez les Turcs, oĂč il avait souffert des tortures Ă©pouvantables et n’était parvenu Ă  s’échapper presque miraculeusement qu’en se travestissant en eunuque. Qu’importait d’ailleurs la parentĂ© de Petre ! Les jeunes filles s’en inquiĂ©taient fort peu. Elles disaient seulement que, si on l’habillait d’un cafetan neuf, d’une ceinture rouge autour des reins, qu’on lui mĂźt sur la tĂȘte un bonnet d’astrakan terminĂ© au faĂźte par une Ă©lĂ©gante calotte en velours bleu, un sabre turc au cĂŽtĂ©, une jolie pipe ornĂ©e d’arabesques Ă  la main, il enfoncerait tous les garçons du pays ; mais le malheur Ă©tait que le pauvre Petrus n’avait pour tout bien qu’un maigre cafetan gris percĂ© de plus de trous qu’un Juif n’a d’écus dans sa poche. AprĂšs tout, ce n’eĂ»t pas Ă©tĂ© lĂ  un malheur irrĂ©parable. La vraie misĂšre la voici MaĂźtre Karja avait une fille, une beautĂ© telle qu’il ne vous a pas Ă©tĂ© encore donnĂ©, je crois, d’en voir de pareille. Ma grand’tante disait et vous savez, — sauf votre respect, — qu’on ferait plutĂŽt embrasser le diable Ă  une femme que de lui faire avouer qu’une autre femme est belle, ma grand’tante disait que les joues de la jeune Cosaque en question Ă©taient aussi Ă©clatantes de fraĂźcheur que la fleur d’un coquelicot du rose le plus tendre, alors que, lavĂ©e par la lĂ©gĂšre rosĂ©e du matin, coquette, elle flamboie, Ă©tend ses pĂ©tales et se pavane aux rayons du soleil levant ; elle comparait ses sourcils noirs, ombrageant ses yeux limpides comme, s’ils eussent voulu s’y mirer, aux cordons fins que les jeunes filles achĂštent aux Moscovites ambulants pour suspendre au cou leurs croix et leurs mĂ©dailles ; sa bouche, que les jeunes garçons ne pouvaient regarder sans se pourlĂ©cher, semblait comme créée pour ne faire retentir que des chansons de rossignol. Ses cheveux, noirs comme le plumage du corbeau et souples comme du lin alors les jeunes filles ne les nouaient pas en nattes ; elles les laissaient pendants en les enlaçant de jolis rubans Ă©carlates, ses cheveux tombaient en boucles par derriĂšre sur son kountouch[48] brodĂ© d’or, et que je ne chante plus jamais un seul alleluia dans le chƓur, si, moi-mĂȘme, en la voyant ainsi, je ne m’étais laissĂ© aller Ă  l’embrasser, malgrĂ© les cheveux blancs qui se faufilent dans la vieille forĂȘt qui couvre mon crĂąne et ma vieille qui ne me quitte pas plus qu’une taie sur l’Ɠil. Or, lĂ  oĂč une fille et un garçon vivent cĂŽte Ă  cĂŽte, vous savez vous-mĂȘme ce qui arrive souvent Ă  l’aube on dĂ©couvrait l’empreinte des talons ferrĂ©s des bottes rouges de Pidarca Ă  la place oĂč elle conversait avec son Petrus. Cependant Korje n’aurait eu aucun soupçon, mais voilĂ  qu’un jour probablement le Malin le poussait Petrus, Ă©tourdiment, apposa de tout son cƓur un baiser retentissant sur les lĂšvres roses de la Cosaque, et, probablement aussi, le mĂȘme Malin que ce fils de chien voie la sainte croix en rĂȘve ! fit que le vieux raifort ouvrit au mĂȘme instant la porte sur le vestibule. Korje pĂ©trifiĂ©, bouche bĂ©ante, prĂȘt Ă  tomber de surprise, se raccrocha de la main Ă  la porte. Ce maudit baiser semblait l’ahurir complĂštement ; il l’entendait retentir Ă  son oreille comme une grondement de tonnerre. Revenu Ă  lui, il prit au mur le knout de son grand-pĂšre et s’apprĂȘtait dĂ©jĂ  Ă  en rĂ©galer le dos du pauvre Petre, quand, tout Ă  coup, Yvas, le frĂšre de Pidarca, jeune garçonnet de six ans, accourut, et tout effrayĂ©, entourant de ses petites mains la jambe de son pĂšre, se mit Ă  crier PĂšre ! PĂšre ! Ne frappe pas PĂ©trus. » — Que faire ! le cƓur d’un pĂšre n’est pas de pierre. AprĂšs avoir raccrochĂ© le knout au mur, Korje mit doucement Petre Ă  la porte — Si jamais tu reparais devant ma maison ou mĂȘme sous mes fenĂȘtres, tu risques de perdre tes moustaches noires, et que je ne m’appelle plus Korje, si les oceledets[49] qui font deux fois le tour de tes oreilles ne disent pas adieu Ă  ton crĂąne. Le lĂ©ger coup sur la nuque dont il accompagna ces mots, projeta PĂ©trus hors de la maison comme une pierre sans toucher terre. Ainsi finit l’embrassade. Le chagrin s’empara de nos tourtereaux. PrĂ©cisĂ©ment on commençait Ă  dire dans le village qu’un certain Polonais prenait l’habitude de visiter Korje. C’était un homme tout chamarrĂ© d’or, moustachu, avec un sabre, des Ă©perons, des poches qui rĂ©sonnaient comme l’aumĂŽniĂšre avec laquelle notre bedeau Taras fait la quĂȘte dans les rangs Ă  l’église. Eh bien ! on sait pour quelle raison un homme frĂ©quente la maison d’un pĂšre qui a une jolie fille aux sourcils noirs. VoilĂ  qu’un jour, Pidarca tout en larmes prit dans ses bras son jeune frĂšre Ivas et lui dit — Ivas, mon chĂ©ri ! Ivas, mon adorĂ© ! cours chez Petrus, mon trĂ©sor, comme une flĂšche, raconte-lui ce qui se passe ; dis-lui que j’aimerais toujours ses yeux bruns, que j’embrasserais toujours son visage blanc, mais ma destinĂ©e ne le veut pas. J’ai mouillĂ© plus d’un mouchoir de mes larmes brĂ»lantes, le chagrin est comme un poids sur mon cƓur, mon propre pĂšre devient mon ennemi ; il me force Ă  Ă©pouser un Polonais que je ne puis aimer. Dis-lui qu’on fait dĂ©jĂ  les prĂ©paratifs pour la noce, seulement il n’y aura pas de musique ; les sacristains seuls chanteront au lieu de kobza[50] et de fifres. Je ne danserai pas avec mon fiancĂ©. On m’emportera, ma chambre sera sombre ! sombre ! Ses cloisons seront de bois blanc, et au lieu d’une cheminĂ©e, c’est une croix qui se dressera sur son toit. TerrifiĂ©, sans bouger de place, PĂ©trus Ă©couta l’innocent enfant lui rĂ©pĂ©ter les paroles de Pidarca. — Et moi, malheureux, dit-il, qui pensais aller en CrimĂ©e et dans la Turquie pour batailler, amasser de l’or et revenir riche auprĂšs de toi, ma beautĂ© !
 le sort, hĂ©las ! en dĂ©cide autrement. C’est un mauvais Ɠil qui nous a jetĂ© un sortilĂšge. Eh bien ! moi aussi, ma colombe ! moi aussi, j’aurai une noce, seulement il n’y aura mĂȘme pas de sacristain Ă  mon mariage. Le corbeau noir croassera au-dessus de moi au lieu du pope ; le vaste champ sera ma demeure, le nuage gris sera mon toit, l’aigle, de son bec, videra mes yeux, la pluie lavera les os du Cosaque, le vent les sĂšchera ! Mais que dis-je lĂ  ? De qui me plaindre ? Ă  qui me plaindre. Dieu l’a voulu ainsi, que cela soit ! Et droit, il s’en alla au cabaret. Ma grand’tante fut un peu Ă©tonnĂ©e de voir Petrus dans le cabaret, surtout au moment oĂč tout homme un peu rangĂ© est Ă  la messe du matin. Elle ouvrit ses yeux tout grands, comme si elle venait seulement de s’éveiller, quand il lui demanda une cruche d’eau-de-vie mesurant presque un demi-seau, C’est en vain que le malheureux pensait noyer son chagrin. L’eau-de-vie lui produisait sur la langue le mĂȘme effet que des piqĂ»res d’orties et lui semblait plus amĂšre que l’absinthe. Il jeta la cruche par terre. — Cesse de te chagriner, Cosaque, gronda tout Ă  coup derriĂšre lui une voix de basse. Petrus se retourna c’était Basavriouk. Quel masque ! les cheveux comme du crin ! les yeux, des yeux de bƓuf ! — Je sais ce qu’il te manque, dit-il, voilĂ  quoi ! Et alors, avec un sourire diabolique, il fit rĂ©sonner la bourse en cuir pendue Ă  sa ceinture. Petro tressaillit. — HĂ© ! hĂ© ! comme ça brille !
 ricanait-il en versant en pluie, d’une main dans l’autre, les Ă©cus qu’il avait tirĂ©s de sa bourse, HĂ© ! HĂ© ! HĂ© ! comme ça sonne ! Et cependant, pour tout un tas de ces jouets, je ne te demanderai qu’un seul service. — Donne, diable, s’écria Petro, je suis prĂȘt Ă  tout. Ils se tapĂšrent mutuellement dans la main. — Attention, Petro ! tu viendras au moment convenu. C’est demain la Saint-Jean — c’est dans cette seule nuit de l’annĂ©e que la fougĂšre fleurit. Ne laisse pas Ă©chapper l’occasion. Je t’attendrai cette nuit dans le FossĂ© de l’ours. Je crois que les poules n’attendent pas la fermiĂšre qui leur apporte du grain avec plus d’impatience que Petrus n’attendit le soir. Il ne faisait que regarder si l’ombre des arbres ne s’allongeait pas, si le soleil couchant ne prenait pas son Ă©clat pourpre, et chaque minute augmentait sa fiĂšvre. — Que le temps est long ! VoilĂ , cependant, le soleil disparu ! Le ciel n’est plus rouge que sur un point de l’horizon ; mais lĂ  aussi s’éteint la lumiĂšre. La fraĂźcheur s’élĂšve des champs. Il se fait sombre, plus sombre encore ; il fait nuit ! Enfin !
 Le cƓur bondissant d’émotion comme s’il allait Ă©clater dans sa poitrine, Petrus, traversant la forĂȘt, descendit dans le ravin profond qu’on appelle le FossĂ© de l’ours. Basavriouk l’y attendait. La nuit Ă©tait aussi profonde que dans un souterrain. Bras dessus, bras dessous, les deux compagnons pataugeaient dans les marĂ©cages en se raccrochant aux buissons Ă©pineux et drus, et butaient presque Ă  chaque pas. Ils Ă©taient enfin arrivĂ©s Ă  un endroit uni. Petre regarda autour de lui. Jamais encore il ne s’était hasardĂ© dans ce lieu. Basavriouk s’arrĂȘta aussi. — Devant toi, n’est-ce pas, demanda-t-il, tu vois trois monticules ? Il va soudain y croĂźtre mille fleurs diffĂ©rentes. Qu’aucune volontĂ© au monde ne te pousse Ă  en toucher une seule ! Mais aussitĂŽt que la fougĂšre fleurira, arrache sa fleur, et ne regarde pas derriĂšre toi, malgrĂ© tout ce qui pourra arriver. PĂ©trus voulait encore questionner, mais dĂ©jĂ  Basavriouk avait disparu. Petre, alors, s’avança vers les trois monticules ; aucun n’avait ni fleurs, ni mĂȘme trace de fleurs ; seule, l’herbe sauvage les couvrait de sa noire Ă©paisseur. Soudain, l’étoile du soir apparaĂźt dans le ciel et tout un parterre de fleurs merveilleuses, comme Petre n’en avait jamais vu, resplendit devant lui. Parmi elles, se trouvait aussi la simple verdure de la fougĂšre. Petre, les deux mains sur ses flancs, demeura hĂ©sitant et rĂ©flĂ©chi. — Mais qu’y a-t-il, aprĂšs tout, de si Ă©tonnant ? se disait-il ; dix foix par jour, il arrive de rencontrer cette herbe ! Qu’y a-t-il de si merveilleux ! Ce museau de diable aurait-il voulu, par hasard, se moquer de moi ? Tout Ă  coup, il voit un petit bourgeon rougir et s’agiter comme si la vie l’animait. — C’est Ă©trange, en effet ! Le bourgeon continue Ă  s’agiter, grandit et brĂ»le comme un tison ? Une Ă©tincelle Ă©clate ; un lĂ©ger crĂ©pitement se fait entendre et la fleur s’épanouit devant ses yeux comme une flamme, en jetant un Ă©clat incandescent sur les autres fleurs autour d’elle. — Il est temps, se dit PĂ©trus en avançant le bras ; mais en mĂȘme temps il voit sortir de derriĂšre lui des centaines de bras velus qui se tendent aussi vers la fleur, et il perçoit comme un bruit de pas qui courent. Il ferme les yeux, attire Ă  lui la tige, et la fleur reste entre ses mains. Tout se tut ; sur le tronc coupĂ© d’un arbre, se montra assis Basavriouk, tout bleu comme un mort ; pas un muscle ne remuait en lui. Ses yeux immobiles fixaient une chose que lui seul pouvait voir. Sa bouche, Ă  demi ouverte, Ă©tait sans parole. Pas un souffle autour de lui. Oh !
 effrayant !
 Soudain, on entendit un sifflement qui glaça le sang dans les veines de Petre ; il lui sembla que l’herbe chuchotait ; et les fleurs commencĂšrent Ă  parler entre elles avec des voix aigrelettes, semblables Ă  des tintements de clochettes d’argent. Des arbres agitĂ©s et qui bourdonnaient en se menaçant, tombait comme une pluie d’injures Ă©grenĂ©es. Le visage de Basavriouk s’anima tout Ă  coup, ses yeux lancĂšrent des Ă©clairs. — Enfin, te voilĂ  arrivĂ©e ! sorciĂšre, grommela-t-il entre les dents. — Regarde, Petro, la belle va apparaĂźtre tout Ă  l’heure devant toi. Fais tout ce qu’elle t’ordonnera ; sinon tu es perdu. Puis de son bĂąton noueux, il Ă©carta le buisson Ă©pineux et aussitĂŽt, apparut la petite maisonnette ordinaire des sorciĂšres, bĂątie, comme on sait, sur des pattes de poule. Basavriouk frappa du poing et le mur chancela; un grand chien noir, aux aboiements furieux, s’élança Ă  la rencontre de Basavriouk et de son compagnon, puis, subitement, se transformant en chat, se jeta sur eux. — Ne fais pas la furibonde ! ne fais pas la furibonde, vieille diablesse ! fit Basavriouk avec un tel juron que tous les braves gens s’en seraient bouchĂ© les oreilles. Soudain, au lieu du chat, se montra une vieille femme au visage ridĂ© comme une pomme cuite, et courbĂ©e en deux, le nez et le menton en casse-noisette. — Une vraie belle, pensa Petro, et un frisson lui courut dans le dos. La sorciĂšre lui arracha la fleur, se baissa, et la tenant dans ses mains, l’arrosa d’une certaine eau en marmottant longuement. Des Ă©tincelles jaillirent de sa bouche, et l’écume monta Ă  ses lĂšvres. — Jette-la, dit-elle Ă  Petre en lui rendant la fleur. Petrus obĂ©it, et, ĂŽ merveille ! la fleur ne tomba pas tout de suite, mais longtemps l’on vit comme une petite boule de feu qui voguait dans l’air ainsi qu’une petite barque au milieu de l’obscuritĂ©. Enfin, tout doucement, elle commença Ă  descendre, et tomba si loin qu’elle n’apparaissait plus que comme une petite Ă©toile de la grosseur d’un grain de pavot. — Ici ! fit la vieille d’une voix rauque et sourde, tandis que Basavriouk, remettant une pioche Ă  Petre, lui dit — Creuse ici, Petre. Tu y trouveras plus d’or que toi et Korje n’en n’avez jamais vu, mĂȘme en rĂȘve. Petrus cracha dans ses mains, prit la pioche, appuya de son pied, et retourna la terre, une premiĂšre, une seconde, une troisiĂšme et encore une autre fois
 il rencontra quelque chose de dur. La pioche rĂ©sonna et n’alla pas plus loin. Alors il commença Ă  distinguer une petite caisse cerclĂ©e de fer. DĂ©jĂ  il s’apprĂȘtait Ă  la retirer, mais la caisse s’enfonça dans la terre; plus il faisait d’efforts pour la saisir, plus profondĂ©ment elle descendait. DerriĂšre lui, se fit entendre un rire qui ressemblait plutĂŽt Ă  un sifflement de serpent. — Non! tu n’auras pas l’or avant que tu ne te sois procurĂ© du sang humain, dit la sorciĂšre, en amenant devant lui un enfant de six ans recouvert d’un drap blanc; et, d’un signe, elle fit comprendre Ă  Petre qu’il devait lui couper la tĂȘte. Le jeune homme resta pĂ©trifiĂ©. Non seulement il fallait couper la tĂȘte Ă  un ĂȘtre humain, mais encore cet ĂȘtre Ă©tait un enfant innocent !
 Furieux, il arracha le drap qui couvrait l’enfant et que vit-il ?
 Ivas. Le pauvre petit avait les mains jointes sur la poitrine et la tĂȘte baissĂ©e !
 Hors de lui, Petrus s’élança avec un couteau sur la sorciĂšre; dĂ©jĂ  il levait la main
 — Et ta promesse pour possĂ©der la jeune fille? — fit Basavriouk d’une voix tonnante qui tapa comme une balle le dos de Petre. La sorciĂšre frappa du pied. Une flamme bleue s’échappa de la terre et la place resta illuminĂ©e, le sol devint transparent comme du cristal et tout ce qui Ă©tait au-dessous, devint aussi visible que sur la main. Des Ă©cus, des pierres prĂ©cieuses Ă©taient entassĂ©s dans des caisses, dans des chaudiĂšres, juste sous les pieds. Les yeux de Petrus flamboyaient, sa tĂȘte se troubla. AffolĂ©, il saisit son couteau et le sang innocent jaillit sur sa figure. Des rires diaboliques retentirent de tous cĂŽtĂ©s. Des monstres affreux sautĂšrent en bandes devant lui. La sorciĂšre, enfonçant ses griffes dans le corps dĂ©capitĂ©, en but le sang comme une louve
 Tout tourna dans la tĂȘte de Petre ; rĂ©unissant ses forces, il se mit Ă  courir ; tout devant lui se couvrait d’une couleur rouge. Les arbres ensanglantĂ©s flambaient en gĂ©missant ; le ciel embrasĂ© tremblait
 Des taches de feu passaient comme des Ă©clairs devant les yeux de Petre. À bout de forces, il rentra en courant dans sa chaumiĂšre, et comme une gerbe, il tomba par terre. Un sommeil de mort l’envahit aussitĂŽt. Deux jours et deux nuits, Petrus dormit sans se rĂ©veiller ; en revenant Ă  lui, le troisiĂšme jour, il examina longtemps les coins de sa chambre ; mais en vain il s’efforçait de rassembler ses souvenirs. Sa mĂ©moire Ă©tait comme la poche d’un vieil avare, de laquelle on ne peut pas mĂȘme retirer un demi kopek. En s’étirant un peu, il entendit rĂ©sonner quelque chose Ă  ses pieds. Il regarda et vit deux sacs pleins d’or. Alors seulement il se rappela d’une maniĂšre vague qu’il cherchait un trĂ©sor et qu’il avait eu peur tout seul dans la forĂȘt
 Mais Ă  quel prix, comment avait-il pu se procurer ce trĂ©sor ? cela, il ne pouvait le comprendre d’aucune façon. Quand Korge vit les sacs, il s’attendrit ; ce fut HĂ© ! PĂ©trus, par ci, HĂ© ! PĂ©trus par lĂ . Voyez-vous ce noiraud ! est-ce que je ne l’aimais pas ? N’était-il pas ici chez moi comme mon propre fils ? » Et le vieux raifort se mit Ă  tant lui en conter, Ă  tant lui en chanter, que le jeune homme en fut touchĂ© jusqu’aux larmes. Pendant ce temps, Pidarca lui apprit que des Tziganes de passage avaient volĂ© Ivas ; mais Petre ne se rappelait plus rien, Ă  tel point l’infernale diablerie l’avait Ă©tourdi. Il n’y avait pas de temps Ă  perdre. On fit un pied de nez au Polonais, et on commença les prĂ©paratifs du mariage. On fit cuire des chichkas[51] ; on confectionna des essuie-mains brodĂ©s et des foulards ; on remonta de la cave un tonneau d’eau-de-vie ; on fit asseoir Ă  table les jeunes mariĂ©s ; le pain de noce fut coupĂ© ; des bandouras, des cymbales, des fifres, des kobzas retentirent. On ne peut pas comparer les noces du vieux temps aux noces d’aujourd’hui. Quand la tante de mon grand-pĂšre se mettait Ă  nous les raconter,
 je ne vous dis que ça
 D’abord c’était comment les jeunes filles — richement coiffĂ©es de rubans jaunes, bleus, roses, par-dessus lesquels se nouaient des passementeries dorĂ©es, et, en chemise de toile fine brodĂ©e sur toutes les coutures de soie rouge et toutes couvertes de petites fleurs d’argent, chaussĂ©es de bottes de maroquin avec de hauts talons ferrĂ©s, glissaient comme des paonnes ou, bruyantes commes des ouragans, sautaient dans la chambre ; puis comment d’autres jeunes filles, coiffĂ©es d’un korablik[52] dont le haut Ă©tait de brocart d’or avec une petite sĂ©paration sur la nuque d’oĂč sortaient un bonnet dorĂ© et deux petites cornes de la plus fine fourrure du noir mouton, allant l’une en avant l’autre en arriĂšre ; vĂȘtues de kountouchs bleus de la meilleure soie, avec des parements rouges sur la poitrine, sur les manches et Ă  l’endroit des poches, les mains campĂ©es sur les reins, s’avançaient fiĂšrement une Ă  une en frappant de leurs pieds la mesure du hopak ; comment les jeunes gens avec de hauts bonnets de Cosaques, vĂȘtus de svitkas de drap fin, serrĂ©s dans des ceintures brodĂ©es d’argent, leur pipe entre les dents, se dĂ©menaient autour des jeunes filles en leur contant des balivernes. Le vieux Korje lui-mĂȘme ne put se retenir en voyant les jeunes et se mit aussi de la partie, Une bandoura dans les mains, en tirant de sa pipe des bouffĂ©es de fumĂ©e et en chantonnant en mĂȘme temps, un gobelet sur la tĂȘte, il s’élança et se mit Ă  tournoyer, accompagnĂ© par les cris des noceurs. Que de choses n’invente-t-on pas quand on a dĂ©jĂ  la tĂȘte un peu Ă©chauffĂ©e ! On se dĂ©guisa et on mit des masques. On ne ressembla plus Ă  des gens ! Ce n’étaient pas comme les travestissements de nos noces d’aujourd’hui. Que fait-on maintenant ? on se borne Ă  imiter les Tziganes et les Moscovites. Non, tandis que jadis, l’un se travestissait en Juif, l’autre en diable, on commençait d’abord par s’embrasser, puis on se tirait par les cheveux
 Enfin, que vous dirai-je ? on riait Ă  s’en tenir les cĂŽtes. On mettait des habits de Turc et des habits de Tartare ; cela brillait sur vous comme du feu
 et quand on se mettait Ă  faire des tours
 alors il fallait emporter tous les saints de la maison[53] ! À mon arriĂšre-grand’tante qui assista Ă  cette noce, il arriva une amusante histoire. Elle s’était affublĂ©e d’une large robe de Tartare et, un gobelet Ă  la main, elle faisait les honneurs Ă  l’assistance. VoilĂ  que le Malin poussa l’un des convives Ă  lui verser de l’eau-de-vie sur le dos ; un autre qui Ă©tait aussi un avisĂ©, battit le briquet au mĂȘme moment et alluma le dos de la tante. La malheureuse, toute effrayĂ©e, commença Ă  se dĂ©shabiller devant tout le monde
 des cris ! des rires ! une vraie cacophonie comme Ă  la foire ; en un mot, les vieux eux-mĂȘmes ne se souvenaient pas d’une noce aussi joyeuse. Aussi Pidarca et Petrus commençaient Ă  vivre comme de vrais seigneurs. Ils avaient de tout en abondance ; tout Ă©tincelait autour d’eux
 cependant, les bonnes gens hochaient la tĂȘte avec mĂ©fiance. — Il n’y a jamais du bien oĂč le diable se mĂȘle — disaient-ils d’une seule voix — car d’oĂč PĂ©trus avait-il pu avoir une telle richesse, si ce n’était pas du tentateur de la gent orthodoxe ? Pourquoi prĂ©cisĂ©ment, le jour oĂč il devint riche, Basavriouk disparut-il comme sous terre ? Dites que les gens aiment Ă  inventer, puisque, en effet, un mois Ă  peine aprĂšs le mariage, Petrus n’était plus reconnaissable. Pourquoi et comment avait-il changĂ© ainsi ? Dieu le sait ! Toujours est-il qu’il restait assis sur place, sans Ă©changer un seul mot avec personne, toujours absorbĂ© dans ses rĂ©flexions et comme s’efforçant de se rappeler quelque chose. Quand Pidarca rĂ©ussit Ă  le faire parler un peu, il semble soudain s’animer, s’oublier, devenir mĂȘme gai ; mais si, par hasard, il jette ses regards sur les sacs d’or — Attends ! attends ! j’ai oubliĂ©, crie-t-il. Et de nouveau, il devient songeur et, de nouveau, il cherche Ă  se rappeler !
 Par moments, quand il reste longtemps Ă  la mĂȘme place, il lui semble que le jour va enfin se faire dans son esprit
 Mais, encore une fois, tout disparaĂźt. Il se rappelle bien ĂȘtre allĂ© au cabaret ; il s’y voit ; on lui apporte de l’eau-de-vie ; elle lui brĂ»le la gorge ; elle le dĂ©goĂ»te ; quelqu’un s’approche, lui frappe sur l’épaule
 Puis tout se couvre d’un brouillard devant lui. La sueur inonde son visage et il reste extĂ©nuĂ© Ă  sa place. Que ne faisait pas Pidarca ? Elle demandait conseil aux guĂ©risseurs ; elle faisait couler le perepolokh, cuire la soniachnitsa[54] ; rien ne soulageait Petrus ! L’étĂ© passa ainsi. Nombre de Cosaques avaient dĂ©jĂ  fauchĂ© et rĂ©coltĂ©. Nombre d’autres, plus hardis, Ă©taient partis en excursion. Des bandes de canards sauvages se pressaient encore sur nos marĂ©cages, mais dĂ©jĂ  depuis longtemps, les roitelets avaient disparu. Les steppes prenaient leur teinte rouge d’automne. Çà et lĂ , semblables Ă  des bonnets de Cosaques, des meules se montraient dans les champs. Sur la route on rencontrait des charrettes pleines de broussailles et de bois. La terre devenait dĂ©jĂ  plus dure sous les pieds et, par endroits, se glaçait. DĂ©jĂ  la neige commençait Ă  se tamiser, et les branches des arbres saupoudrĂ©es de givre, semblaient recouvertes d’une fourrure de liĂšvre. DĂ©jĂ , par une claire journĂ©e de gelĂ©e, le bouvreuil au poitrail rouge, comme un Ă©lĂ©gant dandy Polonais, se promenait sur les monticules de neige en y picorant des grains, et les enfants, avec de grandes perches, faisaient tourner des toupies en bois, pendant que leurs pĂšres, aprĂšs s’ĂȘtre longtemps prĂ©lassĂ©s sur leurs fourneaux, apparaissaient par intervalles sur le seuil de leur demeure, la pipe entre les dents, pour envoyer un bon juron Ă  la gelĂ©e orthodoxe, ou prendre un peu l’air ou remuer le blĂ© dans la grange. Enfin la neige elle-mĂȘme commence Ă  fondre. Le brochet, de sa queue, a dĂ©jĂ  rompu la glace »; mais Petrus reste toujours le mĂȘme, et plus il va, plus il devient morose. Il est assis, comme clouĂ© au milieu de sa katha, ses sacs d’or Ă  ses pieds ; il est devenu sauvage ; il a laissĂ© croĂźtre ses cheveux et sa barbe, il est terrifiant, et ne pense qu’à une chose se souvenir !
 Il se fĂąche, il s’irrite de son impuissance. Souvent, l’air Ă©garĂ©, il se lĂšve de sa place, agite les bras, et, de ses yeux fixes, semble dĂ©signer quelque chose qu’il veut atteindre. Ses lĂšvres remuent comme si elles voulaient prononcer une parole oubliĂ©e, puis elles s’arrĂȘtent
 Une rage l’envahit. Fou, il ronge et mord ses mains, il s’arrache avec colĂšre des poignĂ©es de cheveux, jusqu’à ce que calmĂ©, il tombe dans une sorte de torpeur ; puis il recommence Ă  se souvenir et, de nouveau, la rage, de nouveau les souffrances !
 D’oĂč vient cette malĂ©diction de Dieu ? La vie n’est plus possible pour Pidarca. Elle avait peur d’abord de rester seule auprĂšs de son mari dans la khata ; peu Ă  peu cependant la pauvrette s’est habituĂ©e Ă  son malheur. Mais on ne reconnaĂźt plus la Pidarca de jadis. Plus de rose sur ses joues, plus de sourire sur ses lĂšvres ; elle est fatiguĂ©e, amaigrie, les larmes se sont taries dans ses yeux. Un jour, quoiqu’un eut pitiĂ© d’elle et lui conseilla d’aller trouver la sorciĂšre qui demeurait dans le ravin de l’Ours et qui avait la renommĂ©e de guĂ©rir toutes les maladies du monde. Pidarca se dĂ©cida Ă  employer ce dernier moyen. Elle se rendit Ă  l’endroit indiquĂ© et rĂ©ussit Ă  persuader la vieille de la suivre au village. C’était prĂ©cisĂ©ment ce soir-lĂ  encore la veille de la Saint-Jean. Petro Ă©tait Ă©tendu sur un banc et ne vit pas la nouvelle arrivĂ©e ; mais peu Ă  peu, il commença Ă  se soulever et Ă  l’examiner. Tout Ă  coup il tressaillit comme sur le billot ; ses cheveux se dressĂšrent sur sa tĂȘte et il s’esclaffa d’un tel rire que Pidarca en devint terrifiĂ©e. — Je me souviens, je me souviens, s’écria-t-il, avec une joie horrible, et, brandissant une hache, il la lança de toutes ses forces dans la vieille. La hache s’enfonça de trois pouces dans la porte de chĂȘne. La vieille disparut et un enfant de sept ans, en chemise blanche, la tĂȘte recouverte, resta au milieu de la khata
 Le drap tomba. — Ivas ! s’écria Pidarca en s’élançant vers lui. Mais le fantĂŽme se couvrit de sang de la tĂȘte aux pieds et remplit la khata d’une lumiĂšre rouge
 Tout effrayĂ©e, Pidarca se sauva hors de la maison, puis revenant Ă  elle, elle voulut courir Ă  l’aide de son frĂšre ; ce fut en vain. La porte s’était fermĂ©e derriĂšre elle si fortement qu’elle n’eut pas la force de l’ouvrir. Des gens accoururent ; ils se mirent Ă  frapper et finalement enfoncĂšrent la porte ; pas une Ăąme ! Toute la khata est pleine de fumĂ©e et, au milieu, lĂ  oĂč Ă©tait PĂ©trus, se trouvait un tas de cendres d’oĂč, par endroits, s’échappait encore de la vapeur. On se jeta sur les sacs et, au lieu d’écus, on n’y trouva que des dĂ©bris de poteries cassĂ©es. Les yeux et les bouches grandes ouvertes, n’osant pas remuer un seul poil de leurs moustaches, les Cosaques demeuraient comme clouĂ©s sur terre. Telle fut l’épouvante qui les envahit ! De ce qui se passa aprĂšs, je ne me souviens plus. Pidarca fit le vƓu d’aller en pĂšlerinage, ramassa tout le bien qui lui vint de son pĂšre et, quelques jours aprĂšs, elle avait quittĂ© le village. OĂč Ă©tait-elle partie ? Personne ne pouvait le dire. Les vieilles commĂšres l’avaient d’abord envoyĂ©e lĂ  oĂč Ă©tait dĂ©jĂ  parti Petrus. Mais un Cosaque, qui arrivait de Kiew, racontait qu’il voyait dans la laure[55] une religieuse dessĂ©chĂ©e comme un squelette et tout le temps en priĂšre ; dans la description qu’il en fit, les gens du pays reconnurent Pidarca. Il disait encore que personne n’avait jamais entendu une seule parole d’elle ; qu’elle Ă©tait venue Ă  pied, en apportant pour l’icĂŽne de la Sainte-Vierge un ornement semĂ© de pierres si Ă©clatantes que les yeux Ă©blouisse fermaient tous en le regardant. Permettez ! lĂ  ne se termine pas encore l’histoire. Le mĂȘme jour que le diable avait entraĂźnĂ© Petrus chez lui, Basavriouk reparut de nouveau ; mais tout le monde le fuyait. On connaissait dĂ©jĂ  l’oiseau il n’était rien autre que Satan qui avait pris le masque d’un homme pour dĂ©couvrir les trĂ©sors ; mais comme les trĂ©sors ne se laissent pas prendre par des mains impures, il sĂ©duisait des gens !
 La mĂȘme annĂ©e, tous abandonnĂšrent leurs chaumiĂšres et allĂšrent habiter le grand village. Mais lĂ , non plus, on ne fut pas Ă  l’abri du maudit Basavriouk. La tante de mon dĂ©funt grand-pĂšre disait que c’était Ă  elle qu’il en voulait le plus, parce qu’elle avait abandonnĂ© son cabaret de la grand’route, et il cherchait Ă  se venger de toutes les maniĂšres. Un jour, les anciens du village, rĂ©unis dans le cabaret, s’entretenaient entre eux assis autour d’une table au milieu de laquelle Ă©tait servi, pour vous dire sans mentir, un mouton entier rĂŽti. On parlait de cela, d’autre chose. On contait aussi des histoires merveilleuses. Tout Ă  coup, les convives croient voir — ce ne serait encore rien si ce n’eĂ»t Ă©tĂ© qu’un seul, mais tous Ă  la fois, — le mouton lever la tĂȘte, ses yeux Ă©teints s’animer et s’allumer et des moustaches drues, qui poussĂšrent soudain, remuer du cĂŽtĂ© des assistants d’une maniĂšre significative. On reconnut aussitĂŽt, dans la tĂȘte du mouton, le museau de Basavriouk. Mon arriĂšre-grand’tante s’attendait dĂ©jĂ  Ă  l’entendre demander de l’eau-de-vie. Les honorables anciens saisirent aussitĂŽt leur bonnet et se sauvĂšrent. Une autre fois, le marguillier lui-mĂȘme qui aimait de temps Ă  autre Ă  causer en tĂȘte-Ă -tĂȘte avec le gobelet des aĂŻeux, eut Ă  peine regardĂ© pour la seconde fois le fond de son verre qu’il vit tout Ă  coup ce mĂȘme verre le saluer respectueusement. — Que le diable t’emporte ! et il se signa !
 En mĂȘme temps une chose aussi Ă©trange arrivait Ă  sa moitiĂ© Ă  peine s’était-elle mise Ă  pĂ©trir la pĂąte dans un grand tonneau, que tout Ă  coup, le tonneau sursauta. — ArrĂȘte ! arrĂȘte ! Mais quoi ! Dans la position d’un homme qui se tiendrait les deux mains sur les hanches, le tonneau, avec un air d’importance, se mit Ă  danser dans toute la khata
 Riez, riez, de cela !
 Mais nos grands-pĂšres Ă©taient loin d’en rire, et malgrĂ© que le pĂšre Athanase traversĂąt tout le village pour chasser le diable en aspergeant les rues d’eau bĂ©nite, mon arriĂšre-grand’tante se plaignait quand mĂȘme toujours, disant qu’aussitĂŽt le soir venu, quelque chose frappait sur le toit et grattait le mur. Mais quoi ! Ainsi Ă  prĂ©sent, sur la place mĂȘme oĂč est bĂąti notre village et oĂč tout semble tranquille, il n’y a cependant pas bien longtemps encore que feu mon pĂšre se souvenait et moi aussi que les braves gens ne pouvaient passer auprĂšs du cabaret en ruines ; longtemps la race impure l’entretint Ă  son compte. Du tuyau du poĂȘle noirci la fumĂ©e s’échappait en colonne et s’élevait si haut que, quand on la regardait, le bonnet tombait de la tĂȘte ; cette fumĂ©e se rĂ©pandait en tisons embrasĂ©s sur les steppes ; et le diable je ne devrais mĂȘme pas nommer ce fils de chien ! le diable sanglotait si plaintivement dans sa retraite, que les corbeaux, effrayĂ©s, s’envolaient de la forĂȘt de chĂȘnes voisine et sillonnaient le ciel avec des cris sauvages. HISTOIRE VRAIE RacontĂ©e par le sacristain de l’église de ***. Alors vous voulez que je vous raconte encore quelque chose sur mon grand-pĂšre ? Soit ! pourquoi refuserais-je de vous amuser d’une historiette ? Ah ! le bon vieux temps le bon vieux temps ! Quelle joie, quel dĂ©lire envahit le cƓur quand on entend raconter quelque chose sur ce qui se passait dans le monde il y a longtemps, si longtemps qu’il est impossible de prĂ©ciser l’annĂ©e et le mois. Et, si encore il s’agit de quelque parent, grand-pĂšre ou aĂŻeul, alors c’est Ă  n’en pas revenir ! Qu’il me pousse un rat dans la gorge en chantant le gloria Ă  sainte Barbe Martyre, s’il ne me semble pas que la chose m’est arrivĂ©e Ă  moi-mĂȘme, et que je suis entrĂ© dans la peau de mon aĂŻeul ou que c’est son Ăąme qui tressaute en moi
 Non ! ce qui est pire encore, ce sont nos jeunes filles et nos jeunes gens. Que je me montre seulement devant eux — Foma Grigorievitch ! Foma Grigorievitch ! allons, un conte bien effrayant, vite, vite !
 Et ta ra ta ta ta ta ! et ci et ça
 Certes ! il ne m’en coĂ»te pas beaucoup de leur raconter quelque chose, mais si vous voyiez ensuite ce qu’ils deviennent une fois dans leur lit
 je sais pertinemment que chaque jeune fille tremble sous sa couverture comme si elle avait la fiĂšvre et serait bien aise de pouvoir tirer son touloupe jusque par-dessus sa tĂȘte. Qu’un rat gratte sur une marmite ou que la jeune fille elle-mĂȘme fasse tomber son tisonnier d’un mouvement de son pied ! Oh, seigneur ! elle en reste glacĂ©e de frayeur ; et le lendemain matin, c’est comme si rien ne s’était passĂ© ; elle vous harcĂšle de nouveau ; contez-lui une histoire effrayante ; elle ne connaĂźt que ça. Eh bien ! que vais-je donc vous raconter ? ça ne vient pas tout de suite Ă  l’esprit. Ah ! oui ! je vais vous dire comment les sorciĂšres jouĂšrent avec mon grand-pĂšre au dourak[56]. Seulement je vous prierai, messieurs, de ne pas me troubler par des questions, autrement il en sortirait un salmigondis impossible Ă  servir. Il faut vous dire que mon dĂ©funt grand-pĂšre Ă©tait bien au-dessus des simples Cosaques. Il savait oĂč mettre les signes d’abrĂ©viation dans la langue vieille-slave. Pendant les fĂȘtes, il vous psalmodiait les Ă©pĂźtres avec une rapiditĂ© Ă  rendre des points Ă  un fils de pope d’aujourd’hui. Eh bien ! comme vous savez, dans le temps jadis, si on avait rĂ©uni tous les lettrĂ©s de la ville de Batourine, on n’aurait pas eu besoin de tendre son bonnet pour les mettre dedans ; le creux de la main aurait suffi. Par consĂ©quent il n’y a pas Ă  s’étonner si tous ceux que rencontrait le grand-pĂšre s’inclinaient jusqu’à la ceinture. Un jour, le sĂ©rĂ©nissime Hetmann eut l’idĂ©e d’envoyer une missive Ă  la Czarine. Le scribe du rĂ©giment que le diable l’emporte, j’ai oubliĂ© son nom ! est-ce Viskriak ou non ? Motuzotchka ou non ? Golopoutsek ou non ?
 En tout cas, ce que je sais, c’est que son nom Ă©tait trĂšs difficile. Enfin le scribe du rĂ©giment appela mon grand-pĂšre et lui dit que l’hetmann le chargeait d’aller porter une missive Ă  la Czarine. Mon grand-pĂšre n’aimait pas Ă  faire de longs prĂ©paratifs. Il cousit la missive dans son bonnet, attela son cheval, embrassa sa femme et ses deux comme il les appelait petits cochons dont l’un Ă©tait mon pĂšre, et partit en soulevant derriĂšre lui autant de poussiĂšre que si quinze gaillards eussent jouĂ© aux barres au milieu de la rue. Le lendemain matin, le coq n’avait pas encore chantĂ© pour la quatriĂšme fois que mon grand-pĂšre Ă©tait dĂ©jĂ  Ă  Konotop. Il y avait lĂ  en ce moment une foire une telle foule encombrait les rues qu’on en avait mal aux yeux Ă  regarder ; mais comme il Ă©tait encore de trĂšs bonne heure, tous les gens dormaient Ă©tendus par terre. AuprĂšs d’une vache, Ă©tait couchĂ© un parobok noceur au nez rouge comme un bouvreuil ; plus loin ronflait, assise devant son Ă©talage, une marchande de pierres Ă  feu, de bleu, de plomb Ă  fusil et de bubliki. Sous une tĂ©lĂ©ga[57], Ă©tait couchĂ© un tzigane ; sur une charrette chargĂ©e de poisson Ă©tait Ă©tendu un tchoumak[58]; et, sur la grande route, les jambes Ă©talĂ©es, restait couchĂ© un Moscovite barbu avec une cargaison de ceintures et de mitaines
 En un mot, il y avait lĂ  toutes sortes de gens comme on en trouve dans les foires. Mon grand-pĂšre s’arrĂȘta pour regarder autour de lui. Les tentes commençaient peu Ă  peu Ă  s’animer les juives rangeaient leurs flacons ; la fumĂ©e montait çà et lĂ  en spirales et l’odeur des friandises chaudes se rĂ©pandait sur tout le campement. Mon grand-pĂšre se rappela qu’il n’avait ni de l’étoupe ni du tabac, et il se mit Ă  en chercher dans la foire. Il avait Ă  peine fait vingt pas qu’il rencontra un Zaporogue, un vrai noceur ; on s’en rendait bien compte en le voyant. Des pantalons rouges comme le feu, un cafetan bleu, une ceinture de couleur Ă©carlate, le sabre au cĂŽtĂ©, un brĂ»le-gueule avec une chaĂźnette en cuivre pendant jusqu’aux pieds, en un mot un vrai Zaporogue ! Ah ! quels gars ! comme ils s’arrĂȘtent, s’étirent en passant la main dans cette brave moustache, font retentir le fer de leurs talons et se mettent Ă  danser leurs jambes tournent avec la vitesse d’une quenouille dans les mains d’une femme ! comme un tourbillon ils font rĂ©sonner toutes les cordes de leurs bandouras, puis, les mains sur les hanches, ils s’élancent en prissiadka[59], et entonnent une chanson Ă  vous transporter l’ñme !
 Non ! le temps est passĂ©. On ne verra plus de Zaporogues ! Donc mon grand-pĂšre rencontra un de ces Zaporogues. D’un mot Ă  un autre, il ne leur fallut pas longtemps pour devenir amis. On se mit Ă  bavarder, Ă  bavarder au point que mon grand-pĂšre oublia tout Ă  fait son voyage. Ils burent autant qu’à une noce avant le grand carĂȘme. Enfin ils furent las de casser des pots et de semer l’argent dans la foule ; d’ailleurs la foire elle-mĂȘme ne pouvait pas durer une Ă©ternitĂ© ; les deux nouveaux amis convinrent alors de ne pas se sĂ©parer et de faire route ensemble. La soirĂ©e Ă©tait dĂ©jĂ  avancĂ©e quand ils se trouvĂšrent au milieu des champs. Le soleil partit pour le repos, ne laissant çà et lĂ  derriĂšre lui que des bandes rougeĂątres. La campagne, avec ses prairies bigarrĂ©es, Ă©tait pareille aux robes de fĂȘte des jeunes filles aux noirs sourcils. Une terrible dĂ©mangeaison de langue empoigna notre Zaporogue ; mon grand-pĂšre et un autre noceur qui s’était joint Ă  eux, pensaient dĂ©jĂ  qu’un diable avait dĂ» s’introduire en lui. OĂč allait-il chercher toutes ces histoires et contes si drĂŽles que mon grand-pĂšre s’en tenait les cĂŽtes et faillit en avoir mal au ventre. Mais plus on avançait, plus l’obscuritĂ© augmentait, et en mĂȘme temps les discours du gars perdaient de leur verve. Enfin le conteur se tut tout Ă  fait, et commença Ă  tressaillir Ă  chaque bruit. — Eh ! eh ! pays. Je vois que tu te mets sĂ©rieusement Ă  compter les hiboux. Tu penses dĂ©jĂ  Ă  te sauver au plus vite chez toi et Ă  remonter sur ton poĂȘle ! — Eh bien ! je ne veux pas vous cacher la chose, dit tout Ă  coup le Zaporogue en se tournant vers ses compagnons et en fixant ses yeux sur eux. — Sachez que mon Ăąme est vendue depuis longtemps au Malin. — Eh ! qu’est-ce que cela fait ? Qui dans sa vie, n’a pas eu d’affaire Ă  dĂ©brouiller avec les impurs. C’est prĂ©cisĂ©ment alors qu’il faut, comme on dit, faire la noce Ă  tout casser. — Eh ! compagnons, je nocerais bien ; mais il se trouve que prĂ©cisĂ©ment cette nuit les dĂ©lais sont expirĂ©s. Eh ! frĂšres, dit-il, en tapant dans leurs mains, venez-moi en aide, ne dormez pas de cette nuit ; de ma vie, je n’oublierai votre service. Comment ne pas venir en aide Ă  un homme dans un si grand malheur ! Mon grand-pĂšre dĂ©clara aussitĂŽt qu’il donnerait plutĂŽt Ă  couper l’oceledets de sa propre tĂȘte, que de laisser le diable flairer de son museau de chien une Ăąme chrĂ©tienne. Nos Cosaques auraient peut-ĂȘtre poursuivi leur route, si la nuit n’avait pas enveloppĂ© tout le ciel comme d’un voile noir et qu’il n’eĂ»t fait aussi sombre dans les champs que sous un touloupe de mouton. Au loin seulement scintillait une faible lueur, et les chevaux, sentant l’écurie proche, se dĂ©pĂȘchaient, les oreilles tendues et leurs yeux perçant l’obscuritĂ©. La petite lueur semblait se porter d’elle-mĂȘme Ă  leur rencontre et, devant les Cosaques, apparut la petite maisonnette d’un cabaret, penchĂ©e sur le cĂŽtĂ© comme une femme au retour d’un joyeux baptĂȘme. À cette Ă©poque, les cabarets n’étaient pas ce qu’ils sont aujourd’hui. Un honnĂȘte homme n’avait non seulement pas la place de se mettre Ă  l’aise ou de danser le hopak, mais mĂȘme de se coucher quand le vin alourdissait sa tĂȘte et que ses jambes commençaient Ă  dĂ©crire des zigzags. Toute la cour Ă©tait encombrĂ©e de charrettes de Tchoumaks. Dans les hangars, dans les Ă©tables, dans le vestibule, tous ronflaient comme des chats, l’un recroquevillĂ©, l’autre Ă©talĂ©. Le cabaretier seul, devant son lampion, faisait des entailles sur un bĂąton pour marquer combien de mesures avaient vidĂ©es les tĂȘtes de Tchoumaks. Mon grand-pĂšre, aprĂšs avoir commandĂ© le tiers d’un seau d’eau-de-vie pour trois, se rendit dans le hangar oĂč lui et ses compagnons s’étendirent l’un Ă  cĂŽtĂ© de l’autre. Il n’avait pas encore eu le temps de se retourner qu’il s’aperçut que ses pays dormaient dĂ©jĂ  d’un sommeil de plomb. RĂ©veillant le troisiĂšme Cosaque qui s’était joint Ă  eux, pendant la route, mon grand-pĂšre lui rappela la promesse donnĂ©e au compagnon. Celui-ci se souleva, se frotta les yeux et s’endormit de nouveau. Que faire ! sinon se rĂ©signer Ă  monter la garde tout seul. Pour chasser le sommeil, mon grand-pĂšre alla examiner toutes les charrettes, s’assurer de ce que faisaient les chevaux, alluma sa pipe, revint et s’assit de nouveau auprĂšs de ses compagnons. Tout Ă©tait calme au point qu’on aurait pu entendre le vol d’une mouche. VoilĂ  que tout Ă  coup, il voit quelque chose de gris montrer des cornes au-dessus d’une charrette voisine ; en mĂȘme temps ses yeux commençaient Ă  se fermer, de sorte qu’il dut les frotter Ă  chaque instant de son poing et les laver avec de l’eau-de-vie qui restait ; aussitĂŽt que ses yeux redevenaient clairs, tout disparaissait. Mais pou aprĂšs, le monstre se montrait de nouveau derriĂšre la charrette. Mon grand-pĂšre Ă©carquilla les yeux autant qu’il put, mais le maudit sommeil voilait tout devant lui. Ses bras s’engourdirent, sa tĂȘte se pencha et un sommeil si profond l’envahit qu’il tomba comme mort. Le grand-pĂšre dormit longtemps ; ce ne fut que quand le soleil eut bien chauffĂ© sa tonsure qu’il se leva vivement sur ses jambes. AprĂšs s’ĂȘtre Ă©tirĂ© par deux fois et avoir grattĂ© son dos, il remarqua qu’il y avait dĂ©jĂ  moins de charrettes que la veille ; les Tchoumaks probablement Ă©taient partis Ă  l’aube. Il regarda du cĂŽtĂ© de ses compagnons le Cosaque Ă©tait lĂ  qui dormait encore, mais le Zaporogue avait disparu. Il se mit Ă  questionner les gens, mais personne ne savait rien. Seule la svitka du Zaporogue Ă©tait restĂ©e Ă  la place oĂč celui-ci s’était couchĂ©. EffrayĂ©, mon grand-pĂšre rĂ©flĂ©chit un moment. Il alla voir les chevaux, mais il ne trouva ni le sien ni celui du Zaporogue. Qu’est ce que cela pouvait bien ĂȘtre ? Admettons la force maligne s’est emparĂ©e du Zaporogue ; mais qui a pris les chevaux ? » AprĂšs avoir longtemps songĂ©, le grand-pĂšre conclut que le diable Ă©tait venu et, comme il y avait une longue trotte pour retourner jusqu’en enfer, il avait chipĂ© son cheval. Il Ă©tait trĂšs chagrinĂ© de n’avoir pas tenu sa parole de Cosaque. — Eh bien, pensa-t-il, rien Ă  faire ! j’irai Ă  pied ! Peut-ĂȘtre trouverai-je sur ma route quelque maquignon retour de la foire et pourrai-je lui acheter un cheval ? Il voulut mettre son bonnet, mais le bonnet lui-mĂȘme avait disparu. Mon dĂ©funt grand-pĂšre joignit ses mains de dĂ©sespoir, en se rappelant que la veille, il l’avait Ă©changĂ© contre celui du Zaporogue. L’impur l’avait donc volĂ© aussi ! Il pouvait se fouiller maintenant ! Il en aurait des cadeaux de l’hetmann !
 Le voilĂ  bien parti, pour porter la missive Ă  la Czarine ! Et alors mon grand-pĂšre se mit Ă  invectiver Ă  tel point le diable que, dans le fond de l’enfer, il en dut Ă©ternuer plus d’une fois [60]. Mais les paroles ne font pas marcher les choses mon grand-pĂšre eut beau se gratter la nuque, il n’en trouva rien pour cela. Que faire ? Alors il eut recours Ă  l’intelligence des autres. Il rĂ©unit toutes les bonnes gens qui se trouvaient dans le cabaret, Tchoumacks ou autres passants, et leur raconta son malheur. Les Tchoumaks restĂšrent longtemps Ă  rĂ©flĂ©chir, le menton appuyĂ© sur leur fouet, hochĂšrent la tĂȘte et finirent par dire qu’ils n’avaient jamais entendu parler dans tout le monde chrĂ©tien de missive d’hetmann volĂ©e par le diable ; d’autres ajoutĂšrent qu’une fois qu’un diable ou qu’un Moscovite volait une chose, il n’y avait plus rien Ă  espĂ©rer. Seul, le cabaretier restait silencieux dans son coin. Le grand-pĂšre s’adressa Ă  lui Quand un homme garde le silence c’est qu’il a beaucoup d’esprit. » Seulement le cabaretier n’était pas trĂšs prodigue de paroles et si mon grand-pĂšre n’avait pas sorti de sa poche cinq Ă©cus, il n’aurait pas tirĂ© un seul mot de lui. — Je vais l’apprendre comment tu pourras retrouver ta missive, dit l’hĂŽte, en emmenant mon grand-pĂšre Ă  l’écart. Mon grand-pĂšre se sentit comme allĂ©gĂ© d’un poids. — Je vois dĂ©jĂ  dans tes yeux que tu es un Cosaque et non pas une femme. Eh bien ! Ă©coute Tout prĂšs d’ici, un chemin tourne Ă  droite dans la forĂȘt. AussitĂŽt que le soir tombera sur les champs, trouve-toi prĂȘt Ă  te mettre en route. Dans la forĂȘt vivent des tziganes qui ne sortent de leurs repaires que pour forger le fer aux heures de la nuit oĂč les sorciĂšres seules se promĂšnent Ă  cheval sur leur tisonnier. Quelle est, au fond, leur vĂ©ritable profession ? Cela ne te regarde pas. Il y aura beaucoup de tapage dans la forĂȘt ; seulement ne va pas dans la direction d’oĂč tu l’entendras. Tu trouveras devant toi un petit sentier qui passe auprĂšs d’un arbre brĂ»lĂ© par la foudre ; prends ce chemin, et marche, marche, marche
 Les buissons Ă©pineux t’écorcheront ; des fourrĂ©s Ă©pais de noisetiers te barreront la route — toi, marche toujours, et quand tu arriveras prĂšs d’un petit ruisseau, ce sera alors seulement que tu pourras t’arrĂȘter, et tu verras ce que tu veux. N’oublie pas non plus de mettre dans tes poches la chose pour laquelle elles sont faites
 Tu comprends, diable ou homme, tout le monde l’aime
 AprĂšs avoir ainsi parlĂ©, le cabaretier se retira dans sa chambre et ne voulut plus ajouter un seul mot. Mon dĂ©funt grand-pĂšre n’était pas un poltron. S’il lui arrivait de rencontrer un loup, il le saisissait par la queue ; quand de ses poings, il se frayait un chemin parmi les Cosaques, tous tombaient autour de lui comme des poires. Cependant un frisson lui courut dans le dos quand il entra par une nuit aussi noire dans la forĂȘt. Pas une Ă©toile au ciel. Il faisait sombre et dĂ©sert autant que dans une cave. On n’entendait que lĂ  haut, lĂ -haut au dessus de la tĂȘte, le vent froid qui se promenait sur le sommet des arbres, et ceux-ci, comme autant de tĂȘtes de Cosaques ivres, chancelaient, semblables Ă  des noceurs, en murmurant de leurs feuillages des discours sans suite. Ce fut au moment oĂč, sentant le froid plus vif, il regretta de n’avoir pas pris son touloupe en peau de mouton que, subitement, la forĂȘt se trouva Ă©clairĂ©e comme par l’aurore, et en mĂȘme temps un bruit semblable Ă  celui de cent marteaux sonna si fort dans ses oreilles qu’il crut en avoir la tĂȘte cassĂ©e. Mon grand pĂšre aperçut aussitĂŽt devant lui un petit sentier qui serpentait Ă  travers des buissons ; l’arbre brĂ»lĂ© par la foudre apparut Ă©galement ainsi que les arbustes Ă©pineux. Tout cela Ă©tait bien tel qu’on le lui avait indiquĂ©. Non ! le cabaretier ne l’avait pas trompĂ©. Mais il n’était pas bien facile ni bien gai de se frayer un chemin Ă  travers les Ă©pines. De sa vie, il n’avait vu Ă©pines et branches Ă©corcher si douloureusement ; presque Ă  chaque pas, il Ă©touffait un cri. Cependant, peu Ă  peu, il sortit de cet endroit et arriva sur une place plus libre, oĂč autant qu’il put le remarquer, les arbres devenaient plus rares, mais en mĂȘme temps si Ă©normes, qu’il n’en n’avait jamais rencontrĂ© de semblables mĂȘme de l’autre cĂŽtĂ© de la Pologne. Tout Ă  coup au milieu des arbres, apparut le ruisseau au reflet d’acier d’un noir bleuĂątre. Le grand-pĂšre resta longtemps sur le bord en regardant de tous cĂŽtĂ©s. Sur la rive opposĂ©e brillait un feu qui, tantĂŽt semblait s’éteindre et tantĂŽt se ravivait, reflĂ©tant sa flamme dans le ruisseau qui tremblait lĂ -dessous comme un Polonais sous la poigne d’un Cosaque. Enfin apparut le petit point. Ah ! par exemple ! Ce n’est que la voiture du diable qui pourrait passer lĂ -dessus ? Cependant, mon grand-pĂšre mit le pied sur le pont avec courage, et en moins de temps qu’un priseur n’en met Ă  retirer une prise de sa tabatiĂšre et Ă  la porter Ă  son nez, il Ă©tait dĂ©jĂ  de l’autre cĂŽtĂ©. Alors seulement, il put distinguer qu’autour du feu se trouvaient des hommes au museau Ă  tel point attrayant, qu’en toute autre occasion, il aurait donnĂ© Dieu sait quoi pour fuir de pareilles connaissances. Mais pour le moment il n’y avait pas Ă  reculer, il fallait lier conversation. Mon grand-pĂšre salua presque jusqu’à la ceinture et dit — Dieu soit avec vous, bonnes gens ! Pas un ne rĂ©pondit mĂȘme d’un hochement de tĂȘte. Toujours silencieux, ils versĂšrent quelque chose dans le feu. Remarquant une place libre, mon grand pĂšre l’occupa sans autre prĂ©ambule. Longtemps on resta ainsi sans mot dire. Mon grand-pĂšre commençait dĂ©jĂ  Ă  s’ennuyer. Il se mit Ă  fouiller dans sa poche, en tirant sa pipe et, tranquillement, examina les visages de ses compagnons. Personne ne s’occupait de lui. — Voudriez-vous ĂȘtre assez aimable ?
 Comment dirais-je
 pour
 mon grand-pĂšre avait l’usage du monde et savait comment s’y prendre pour tourner une phrase ; devant le Czar mĂȘme il ne se fĂ»t point laissĂ© dĂ©contenancer pour
 pour que je me mette Ă  l’aise et qu’en mĂȘme temps je ne vous offense pas. J’ai bien du tabac, une pipe, mais rien pour allumer. À son discours rien ne fut encore rĂ©pondu. Un museau seulement lui avança un tison dans la figure d’une façon telle, que si mon grand-pĂšre n’avait Ă©cartĂ© la tĂȘte, il eĂ»t pu dire pour toujours adieu Ă  un Ɠil. Voyant enfin qu’il perdait inutilement son temps il se dĂ©cida — que cette race impure l’écoutĂąt ou non — Ă  raconter son affaire. Alors les museaux tendirent les oreilles et avancĂšrent leurs pattes. Mon grand pĂšre les comprit ; rassemblant en une seule poignĂ©e tout l’argent qu’il avait sur lui, il le jeta au milieu de la ronde comme Ă  des chiens. AussitĂŽt l’argent jetĂ©, tout devant lui, tourbillonna ; la terre trembla, et comment cela se fit-il ? il n’a pu l’expliquer lui-mĂȘme, mais il tomba jusqu’en enfer. — Oh lĂ  ! lĂ  ! petit pĂšre, s’écria-t-il en jetant ses regards de tous cĂŽtĂ©s. Quels monstres ne vit-il pas ! rien que museaux sur museaux ! comme on dit. Il y avait lĂ  autant de sorciĂšres qu’il tombe de la neige Ă  NoĂ«l, toutes parĂ©es, maquillĂ©es ; on eĂ»t dit des jeunes filles Ă  la foire ; et toutes, autant qu’il y en avait, dansaient comme enivrĂ©es quelque sarabande de diable ; et quelle poussiĂšre elles soulevaient ! Un chrĂ©tien eĂ»t tremblĂ© rien qu’à la vue des sauts qu’elles faisaient. Mon grand pĂšre, malgrĂ© toute sa frayeur, ne put s’empĂȘcher de rire en voyant de quelle maniĂšre les diables, avec leurs museaux de chien et leurs longues jambes d’Allemands, la queue frĂ©tillante, tournaient autour des sorciĂšres comme des jeunes gens auprĂšs des jeunes filles, tandis que les musiciens, frappant sur leurs joues de leurs poings comme sur des tambours de basque, faisaient siffler leurs nez comme des flĂ»tes. À peine aperçurent-ils le grand-pĂšre que, tous en bande, se prĂ©cipitĂšrent vers lui. Des museaux de cochon, de chien, de bouc, d’outarde, de cheval, tous tendaient le cou et cherchaient Ă  l’embrasser. Un tel dĂ©goĂ»t prit mon grand-pĂšre qu’il en cracha. Enfin on le saisit et on le fit asseoir devant une table si longue qu’elle irait bien de Konotop Ă  Batourine. Eh bien ! ça ne va pas encore si mal que cela ! » pensa le grand pĂšre en apercevant sur la table du porc, du saucisson, de l’oignon et du choux hĂąchĂ©s ensemble et beaucoup d’autres friandises. On voit que cette crapule de Diable n’observe pas le carĂȘme. » Il faut vous dire que mon grand-pĂšre ne manquait jamais l’occasion de se mettre quelque chose sous la dent quand il le pouvait ; le dĂ©funt avait bon appĂ©tit ; donc sans perdre de temps, il attira Ă  lui le plat oĂč Ă©taient le lard et le jambon, prit une fourchette presque aussi grosse que la fourche dont un moujik se sert pour le foin, piqua le plus gros morceau, fixa avec sa main un croĂ»ton de pain sous son menton, et, au moment oĂč il faisait le geste d’avaler le morceau, l’envoya, malgrĂ© lui, dans une autre bouche, et tout auprĂšs de ses oreilles, il entendit mĂącher un museau et le bruit de la mĂąchoire allait jusqu’aux deux extrĂ©mitĂ©s de la table. Mon grand-pĂšre ne dit mot ; il piqua un autre morceau ; dĂ©jĂ  il l’avait sur les lĂšvres, mais de nouveau, la bouchĂ©e alla dans un autre gosier. Il en fut de mĂȘme la troisiĂšme fois. La fureur s’empara de mon grand-pĂšre ; oubliant la peur et dans quelles pattes il se trouvait, il s’avança menaçant vers les sorciĂšres. — Eh quoi ! race d’HĂ©rode ! vous imaginez-vous que vous allez toujours vous moquer de moi ? Si vous ne me rendez pas Ă  l’instant mon bonnet de Cosaque, que je devienne catholique si je ne vous retourne pas vos groins sens devant derriĂšre ! À peine achevait-il ces paroles que tous les monstres montrĂšrent les dents, et s’esclaffĂšrent d’un tel rire que le cƓur de mon grand-pĂšre en fut glacĂ©. — C’est entendu, piaula l’une des sorciĂšres que mon grand-pĂšre jugea ĂȘtre la prĂ©sidente, car son museau Ă©tait encore plus laid que celui des autres, nous te rendrons ton bonnet
 seulement quand tu auras fait avec nous trois parties de suite au dourak[61]. Que faire ! un Cosaque jouer au dourak avec des femmes ! Mon grand-pĂšre se rebiffa d’abord, mais il dut cĂ©der. On apporta des cartes aussi crasseuses que celles avec lesquelles la fille d’un pope cherche Ă  deviner quel sera son fiancĂ©. — Écoute donc, aboya pour la seconde fois la sorciĂšre, si tu gagnes, ne fĂ»t-ce qu’une seule fois, le bonnet est Ă  toi ; mais si tu restes dourak les trois fois, alors il ne faut pas nous en vouloir, non seulement tu ne reverras plus ton bonnet, mais peut-ĂȘtre mĂȘme jamais plus le monde ! — Donne toujours les cartes, sorciĂšre, arrivera ce qui pourra. Les cartes furent donnĂ©es ; mon grand-pĂšre prit son jeu dans sa main — ce n’était mĂȘme pas Ă  regarder ; si encore mĂȘme, rien que pour la farce, il y avait eu un seul atout ! Des couleurs restant, c’était le dix qui Ă©tait le plus fort ; pas une figure, tandis que la sorciĂšre avançait toujours des cartes maĂźtresses. Mon grand-pĂšre dut rester dourak, et Ă  peine la premiĂšre partie fut-elle terminĂ©e, que de tous cĂŽtĂ©s les museaux se mirent Ă  aboyer, Ă  hennir, Ă  grogner Dourak, dourak, dourak ! » — Que votre peau en crĂšve, race de diable ! s’écria mon grand-pĂšre en se bouchant les oreilles. Allons, pensa-t-il, la sorciĂšre a trichĂ© en battant les cartes ; c’est Ă  mon tour maintenant de donner. » Il donna, retourna la carte d’atout, regarda son jeu qui Ă©tait bon ; il y avait aussi des atouts. D’abord ça alla on ne peut pas mieux ; mais la sorciĂšre abattit cinq cartes dont des rois. Mon grand-pĂšre n’avait heureusement en main que des atouts ; sans plus rĂ©flĂ©chir, il frappa de ces atouts les moustaches des rois. — HĂ© ! hĂ© ! mais ça n’est pas en Cosaque que tu joues lĂ  ? Avec quoi couvres-tu donc mes cartes, pays ? — Comment avec quoi ? avec des atouts. — Peut-ĂȘtre chez vous ce sont des atouts, mais pas chez nous. Mon grand-pĂšre regarde, et, en effet, c’est une couleur ordinaire. — Quelle manigance ! — Il dut rester pour la seconde fois dourak et les impurs de nouveau de crier Ă  tue-tĂȘte Dourak ! dourak ! dourak ! La table en tremblait et les cartes sursautaient. Mon grand-pĂšre s’échauffait de plus en plus. Il donna pour la troisiĂšme partie. Comme tantĂŽt, cela marcha d’abord trĂšs bien. La sorciĂšre abattit cinq cartes[62] ; mon grand-pĂšre les couvrit et prit, du talon, plein la main d’atouts. — Atout, s’écria-t-il, en frappant avec la carte sur la table au point de la retourner. La sorciĂšre, sans mot dire, la couvrit par un simple huit. — Et par quoi couvres-tu, vieille diablesse ? La sorciĂšre souleva la carte et il vit que sa carte Ă  lui n’était plus qu’un simple six. — Voyez-vous cette tricherie d’enfer ! dit mon grand-pĂšre ; et, de dĂ©pit, il frappa du poing sur la table de toutes ses forces. Heureusement que la sorciĂšre n’avait que des cartes dĂ©pareillĂ©es, tandis que mon grand-pĂšre avait des cartes paires. Il les abattit et, de nouveau, prit des cartes au talon ; mais toutes Ă©taient tellement mauvaises que les bras lui en tombĂšrent, et encore Ă©taient-ce les derniĂšres. D’un geste indiffĂ©rent, il laissa tomber sur la table un simple six. La sorciĂšre le ramassa. — Ah ! par exemple, qu’est-ce que cela veut dire ? il se mitonne quelque chose lĂ -dessous. Alors mon grand-pĂšre mit Ă  la dĂ©robĂ©e les cartes sous la table et les marqua d’un signe de croix. Et tout Ă  coup, il aperçut dans ses mains l’as, le roi, le valet d’atout ; ce qu’il avait pris pour un six, Ă©tait la dame d’atout. — Ah ! quel imbĂ©cile j’étais ! le roi d’atout, en veux-tu ? Ah ! ah ! tu le ramasses. Ah ! graine de chat ! et l’as, en veux-tu ? as ! valet ! Le tonnerre retentit dans l’enfer. La sorciĂšre se dĂ©battait dans une convulsion, et on ne sait d’oĂč, boum ! le bonnet tomba sur la face du grand-pĂšre. — Non, cela ne me suffit encore pas, cria mon grand-pĂšre qui avait repris courage et remettait son bonnet sur sa tĂȘte ; si, immĂ©diatement, mon brave cheval ne se montre pas Ă  l’instant devant moi, que le tonnerre m’étende raide sur cette place impure, si je ne vous soufflette pas tous avec la croix. Et dĂ©jĂ , il levait le bras, quand tout Ă  coup claqua devant lui le squelette de son cheval. — VoilĂ  ton cheval. Le pauvre homme pleura comme un enfant en regardant le squelette. Il regrettait son vieux camarade. — Fournissez-moi alors quelque autre cheval pour sortir de votre repaire. Le diable fit claquer son fouet ; un cheval de feu apparut sous mon grand-pĂšre et l’emporta comme un oiseau vers les nues. Cependant la frayeur l’envahit au milieu de la route quand le cheval, n’écoutant pas ses cris, n’obĂ©issant pas aux brides, vola au-dessus des abĂźmes et des marĂ©cages. Quels endroits ne vit-il pas ? On en tremblait rien qu’à l’entendre le raconter. Quand il s’avisait de regarder sous ses pieds, il voyait un gouffre Ă  pic ; et cet animal de Satan, sans s’en s’inquiĂ©ter, marchait droit dessus. Mon grand-pĂšre faisait tous ses efforts pour se bien tenir, mais une fois il ne rĂ©ussit pas. Il fut prĂ©cipitĂ© dans un gouffre et de son corps frappa si fort le sol qu’il croyait dĂ©jĂ  rendre l’ñme, ou du moins, il ne se souvint plus, Ă  vrai dire, de ce qui se passa ; quand il eut repris ses sens et qu’il regarda autour de lui, dĂ©jĂ  il faisait jour et il reconnut les endroits qui lui Ă©taient familiers ; il Ă©tait Ă©tendu sur le toit de sa propre khata. Il descendit et se signa. — Quelle sorcellerie ! Quelles choses Ă©tranges peuvent arriver aux hommes ! Il regarda ses mains, elles Ă©taient en sang. Il avança sa figure au-dessus d’un tonneau d’eau et la vit Ă©galement ensanglantĂ©e. AprĂšs s’ĂȘtre bien lavĂ© pour ne pas effrayer les siens, il entre doucement dans la khata, et il voit ses enfants marcher Ă  reculons et lui montrer leur mĂšre du doigt, en disant — Regarde, regarde, mĂšre qui saute comme une folle. En effef, sa femme Ă©tait assise, endormie devant sont rouet, la quenouille Ă  ia main, et, dans son sommeil, sursautait sur le banc. Mon grand-pĂšre la prit doucement par la main et la rĂ©veilla. — Bonjour, femme ! te portes-tu bien ? Celle-ci, les yeux Ă©carquillĂ©s, regarda longtemps, et enfin, reconnaissant son mari, elle lui raconta que, dans son rĂȘve, elle voyait le poĂȘle marcher Ă  travers la khata en chassant avec la pelle les marmites, les baquets et le diable sait quoi encore. — Allons, dit mon grand-pĂšre, toi tu n’as vu les diableries qu’en rĂȘve et moi je viens de les voir en rĂ©alitĂ©. Je crois bien qu’il faudra faire exorciser notre khata. Quant Ă  moi, je n’ai plus maintenant une minute Ă  perdre. AprĂšs un court repos, mon grand-pĂšre prit un cheval, et, cette fois, sans s’arrĂȘter ni jour ni nuit, il arriva Ă  destination et remit la missive Ă  la Czarine. À PĂ©tersbourg, mon grand-pĂšre vit de telles merveilles qu’il en eut pour longtemps Ă  raconter Comment on le conduisit dans un palais si haut que si l’on mettait dix khatas l’une sur l’autre, alors, mĂȘme alors, ce ne serait pas encore aussi haut ; comment il traversa une chambre et n’y trouva personne, une autre — personne, une troisiĂšme — encore personne, — personne mĂȘme dans la quatriĂšme et ce ne fut que dans la cinquiĂšme qu’il regarda et la vit elle-mĂȘme, elle, assise en couronne d’or, en svitka grise neuve, en bottes rouges et mangeant des galouckki d’or ; — comment elle ordonna de remplir plein le bonnet de mon grand-pĂšre de billets bleus[63] ; — comment
 Mais c’est Ă  ne plus s’en souvenir ! Quant Ă  ses dĂ©mĂȘlĂ©s avec le diable, mon grand-pĂšre oublia mĂȘme d’y penser ; et s’il arrivait que quelqu’un les lui rappelĂąt, mon grand-pĂšre gardait le silence comme s’il ne s’agissait pas de lui ; et on avait beaucoup de peine Ă  le dĂ©cider Ă  raconter comment la chose s’était passĂ©e. Pour le punir, probablement, de ce qu’il n’avait pas fait comme il l’avait dit, exorciser sa khata, chaque annĂ©e, juste Ă  l’anniversaire de cette aventure, il arrivait Ă  sa femme cette chose extraordinaire de danser malgrĂ© elle. Pas moyen pour elle de s’en empĂȘcher. N’importe Ă  quoi elle s’occupait, ses jambes commençaient Ă  gigoter et, Dieu me pardonne, allaient jusqu’aux cabrioles les plus extravagantes. FIN TABLE III. — Un rival inattendu. — Le complot. IV. — Les parobki s’amusent. ↑ Éleveur d’abeilles, Roudiy Panko » est le pseudonyme sous lequel Gogol a publiĂ© ce volume de nouvelles intitulĂ© par lui VeillĂ©es du hameau prĂšs de Dikagnka », titre que nous avons remplacĂ© par VeillĂ©es de l’Ukraine. » Note du Traducteur. ↑ Guitare primitive Ă  trois cordes. ↑ SoirĂ©es, veillĂ©es. ↑ Jeunes gens en langue ukranienne. ↑ ChaumiĂšre. ↑ Homme aux cheveux roux. ↑ Les paysans Russes enduisent leurs bottes de goudron. ↑ Le pouce sous l’index et on le montre en signe d’insulte. ↑ Charretiers. ↑ Nom d’une riviĂšre. ↑ Cafetan, svitka en langue ukranienne. ↑ LittĂ©ralement sĂ©culaire. ↑ Les femmes. ↑ Sorte de gelĂ©e de fruits. ↑ Lutin domestique. ↑ Boulettes de pĂąte cuite de forme oblongue. ↑ Pour avoir la vĂ©ritable prononciation ukrannienne de ce mot, il faudrait aspirer fortement l’h. ↑ Fils du pope. ↑ PĂątes de fromage cuites dans l’eau. ↑ Diminutif de gaiouchki, sorte de gros macaroni plein et coupĂ© trĂšs court. ↑ Diminutif de pampouchki, autre pĂąte moins frite. ↑ Diminutif de tovtchenik, boulette frite de farine de pois. ↑ Pains en forme de couronnes. ↑ Izba ou khata — chaumiĂšre. ↑ LittĂ©ralement le PeĂŻssi, mĂšche de cheveux que le juif polonais porte le long de l’oreille. ↑ Fourrure en peau de mouton. ↑ Lampion usitĂ© dans la Petite Russie et composĂ© d’un morceau de poterie garnie de graisse de mouton Ă  l’intĂ©rieur. Note de l’auteur. ↑ Diminutif de Paraska. ↑ Que portent les femmes mariĂ©es. ↑ LittĂ©ralement la tĂȘte. ↑ L’izba russe, la chaumiĂšre. ↑ Diminutif de Hanna. ↑ Cafetan. ↑ Autre diminutif de Hanna. ↑ Commandant une sotnia, une compagnie de cent cosaques. ↑ Femme de moujik. ↑ Danse nationale de l’Ukraine. ↑ AssemblĂ©e des chefs de famille de la commune. ↑ Les Ukraniens portent des chemises comme des blouses en guise de vĂȘtement. ↑ Seigneur, propriĂ©taire rural. ↑ FĂȘte de l’Église russe. Intercession de la Vierge qui a lieu le premier octobre, et est devenue pour les moujiks une date courante comme la Saint-Jean, la Toussaint, etc. ↑ Pelisse en peau de mouton. ↑ Pelisse de peau de mouton dont la laine se trouve Ă  l’intĂ©rieur. ↑ Le vade rĂ©tro, formule de l’exorcisme. ↑ Le poĂȘle en forme de fourneau des chaumiĂšres russes, toujours trĂšs large, fournit Ă  une certaine partie de sa surface une chaleur assez tempĂ©rĂ©e pour que l’on puisse y coucher. Note du traducteur. ↑ Hetmann des Zaporogues. Note du traducteur. ↑ En Russie, tous les livres de l’Église, tels que brĂ©viaires, etc., sont Ă©crits en caractĂšres vieux-slaves. On commençait autrefois Ă  apprendre Ă  lire par ces caractĂšres ; et on considĂ©rait comme suffisamment lettrĂ© celui qui les connaissait. Note du traducteur. ↑ Sorte de manteau de dessous soutachĂ© qu’on portait anciennement et qui Ă©tait parfois doublĂ© de fourrures. Note du traducteur. ↑ Mot ukranien dĂ©signant deux mĂšches de cheveux qui s’enroulent autour des oreilles. Note du traducteur. ↑ EspĂšce de mandoline Ă  huit cordes usitĂ©e en Ukraine. Note du traducteur. ↑ Petits pains laits exprĂšs pour le mariage. ↑ Korablik, ancienne coiffure de l’Ukraine. ↑ Locution russe pour exprimer la gaietĂ© poussĂ©e jusqu’à la folie. Note du traducteur. ↑ On fait en Ukraine couler le perepolokh quand quelqu’un s’effraie et que l’on veut savoir qui en est la cause on jette du plomb fondu ou de la cire dans l’eau froide et la figure ou l’image que ce liquide prendra est justement celle qui a fait peur au malade ; aprĂšs cela la frayeur doit cesser. On fait cuire la soniachnitsa pour, faire passer le mal de cƓur et le mal de ventre. À cet effet on allume de l’étoupe, on la jette dans un gobelet et on la renverse dans une cuvette pleine d’eau posĂ©e sur le ventre du malade ; puis, aprĂšs certaines paroles murmurĂ©es, on lui donne Ă  boire une cuillerĂ©e de cette eau. Note de l’Auteur. ↑ MonastĂšre de premier ordre. ↑ Jeu de cartes. ↑ Charrette. ↑ Voiturier. ↑ Danse oĂč l’on s’accroupit en faisant glisser les pieds l’un aprĂšs l’autre avec une grande vitesse et qui exige une habiletĂ© extrĂȘme. Note du traducteur. ↑ Expression russe qui a le mĂȘme sens que lorsque nous disons cela siffle dans mon oreille. Note du traducteur. ↑ Jeu de cartes oĂč le perdant reste Dourak, c’est-Ă -dire imbĂ©cile. ↑ Le jeu de Dourak consiste Ă  rester sans cartes. Chaque partner a cinq cartes en main ; il a le droit d’abattre les cartes qui font la paire ainsi deux dix, deux valets, etc., plus une. De sorte que, sur cinq cartes, si quatre font deux paires, le jeu se trouvera Ă©talĂ© d’un seul coup. Si dans ces cinq cartes, il ne se trouve aucune paire, il n’abat qu’une seule carte que son partner doit couvrir de la carte au-dessus ou par un atout. Ce qu’il ne peut pas couvrir, il le ramasse, ainsi de suite jusqu’à ce que le talon soit Ă©puisĂ©. Note du traducteur. ↑ Billets de cinq roubles.
6 Grains, semoule et farine de blĂ© dur. 7. Orge mondĂ©. 8. Gruau et farine de gruau d'orge. 1. Orge Ă  deux rangs 2. Orge commune 3. Épi de blĂ© mĂ»r 4. Grains d'orge et farine crue 5. Grains mondĂ©s et gruau d'Ă©peautre 6. Grains, semoule et farine de blĂ© dur 7. Orge mondĂ© 8. Gruau et farine de gruau d'orge
-Le son de la cloche. Velay-L’ Basse Auvergne- Le ruisseau et le seins d’une jeune chien qui mange dans une La charrue entre le bouvier et les crĂšche, la seille et le fromage blanc au sortir de la coq, avec les plumes en faucilles de sa queue."Ina granzita,Plena di pastourita,Sans aucuna finestria."Une petite grange,Pleine de pĂąture, sans aucune Ɠuf. "Qu’est-ce qu’un tonneau plein, Qui n’a ni cercles, Ni trou, ni canelle ,"-Un Ɠuf."Qu’ùs oquo que d’arco Ăčn oustaouEt poou pas orca un biaou ?"- Un est-ce qui franchit une maison,Et ne peut franchir un bief ,- Une fourmi."Gros darei, gros davan,Meniu i mazeda."Gros derriĂšre,Gros devant,Mince au La fourmie. "Torto, bitorto,Passo sous la porto,Para me de veutrĂ© poulĂ©,N’ai pas peur de veutro tsi ?"- Un retordu,Je passe sous la porte,Garantissez moi de vos poules,Je n’ai pas peur de vos chiens ?- Un ver."Figuro routso, cervela de boĂȘ, quo verdo ,"- La rouge, cervelle de bois, queue verte ?- La cerise."Te bouligua tiu,Et tiu me bouliguĂ©,I’ tape quo tionne,Le bote dien quo mionne."Je te remue,Et tu me remue,Je prends ça tien,Il met ça dans le homme sur un cerisier."Je suis mĂšre de plus de mille enfants,Qui veut en savoir le nombre,Il doit me percer le flanc."-La Grenade."De ques oquo bel paire, rudo maire,Pilho nĂ©gro,Blonc castogno.""Qu’est –ce beau pĂšre, rude mĂšrePeau noire,Blanc enfant ?"-La chĂątaigne."Long coumo uno lato,RĂ©no la den coumo tsato ?- Uno rounzo".Long comme une perche,Grince des dents comme un Une ronce."Qu’est-ce qui a les dents sur la peau ?"-Une ronce."Da quĂ© z’ei lan couma iouna tchabeliĂšra,Et que quo z’ot de dens couma iouma lebreira ?""Qu’est-ce qui est long comme une chabeliĂšreruban de fil,Et qui a les dents comme une Lebreire animal fantastique ?"- Une ronce."Qui est’ce qui quitte son cul, pour aller danser ?"- Le chardon dessĂ©chĂ©, que le vent brise et fait rouler."Qou’ei peti couma iuna neira,Et dien treis meis,Que dunaiot iun cop,Couma iuna peira ,"C’est petit comme une puce,Et dans trois mois,Ca donnerait un coup,Comme une pierre ?Une rave."Ne pĂšse pas une livre, petit, rond comme un fromage,Cent setiers de blĂ© lĂšve."- Le levain. "Je suis petit et je suis rond,Dans trois mois je suis long,On me met dans l’eau,On me casse les os,Pour avoir ma peau."- Le chanvre."Pique dans terre, arrache de terre,Pique dans l’eau, arrache de l’eau,Casse les os pour avoir la peau."- Le chanvre."Haut comme saint-Argaut,Bas comme saint-Abas,Quo’ei ple de pelhendrina,Le pu fi le davna ?"Haut comme saint-Argaut,Bas comme saint-Abas,C’est plein de mĂ©chantes peillesdĂ©bris d’étoffesLe plus fin le devine ?- La cheminĂ©e."Da que z’ei quo que z’ot zeis bedeis ioum dien l’autra,Et que quo vira seis dena davan le fio ,"-le qui a ses boyaux l’un dans l’autre,Et que ça tourne ses dents devant le feu ?-La crĂ©maillĂšre."La Dama neira mounto Ă  sa Guillaume i bouffo au quiou ?"- L’ouro, le crimai, le Dame noire monte Ă  son siĂšge, lui souffle au derriĂšre ?- La marmite, la crĂ©maillĂšre et le feu."Rougi dis o nĂ©gro Te fouort, pertau queSe tu petes, iĂšu serai leu mouort ?"-Lou fiot Ăš l’ dit Ă  noire, tiens fort, parce que,Si tu casses, je serai bientĂŽt feu et la marmite."De qu’es oquo qu’o lo comingio conĂčn-Jio dins toi couorp ?"- La a sa nourriture dans son corps ?- La chandelle."De quĂ©s oco que en mai ni o, en meins oquo pĂ©so ?Qu’est-ce Plus il y en a, moins cela pĂšse ?"- Des trous."De qu’es oquo que se dis lo gonto pelionto,Omme toutes sous peliontos toutes oĂč lou bĂštRougi, ecetat lo gondo pelionto ?"-Lou cirei Ăš loi qui se dit lo gonto pelontoAvec toutes ses peliontous tous ont le becRouge, exceptĂ© la gonto cerisier et ses cerises."Qu’es oquo que tont maĂŻ li stiraĂŻ lo quoi,Ton maĂŻ bramo."- Lo qui plus on lui tire la queue plusFait de bruit ?- La cloche."De qu’es oco qu’o los couostos sus lo pĂšl ?"- Un qui a les cĂŽtes sur la peau ?- Un tonneau."Da que z’ei quo que dan mai n’i ot,Mouen quo peisa ?"Q u’est-ce que c’est que tant plus qu’il,Moins sa pĂšse ?-Un crible."TsapĂ© sans tĂȘta, ventre sans biau,Tiu sans pertui ?"-Una sans ventre, ventre sans boyau,Cul sans pertuis ?- Une branlant, rose rouge au mitan ?-Une lanterne allumĂ©e que l’on promĂšne Ă  la main."Da que biout soun san,Et mandza seis tripes ?"-Le qui boit son sang,Et qui mange ses tripes ?- La qui a la plus longue queue du monde ?-L’aiguille jour c’est une Ă©chelle,La nuit c’est une aiguillade ?- Le lacet des femmes."Da que z’ei quo qu’ioum troupei de vatzasRoudzas dien ten’ establa, ioussa nigra vanlCleis sort tuteis ?"Qu’est-ce que c’est qu’un troupeau de vaches,Rouges dans une Ă©curie, une noire vient,Et les sort toutes ?-Le boulanger qui nettoie son four avec son balai."Pindillu pendillava,Barbillu le veillava,Pendillu toumbeit,Barbillu le masseit."-Pendillon pendillait,-Barbillon le veillait-Pendillon tomba,-Barbillon le ramassa."Daou peis mandzeava ioum pei subreTreis peis, quatre peis vingueit, tapeit le pei,Daous peis se leveit, tapeit treis peis et tioueitQuatre peis."-Deux piedsun homme mangeait un piedun jambon-Assis sur trois piedsun escabeau-Quatre pieds un chien vint, et attrapa-Le pied, deux pieds se leva, il attrape trois pieds-Et tua quatre pieds."Pendou pendoulavo,Gueitou gueitounavo,Pendou tombĂ©,Gueitou l’amassĂ© ?"- cayou amassan un pendait,Guetteur guettait,Pendant tomba,Guetteur l’amassa,-cochon ramassant un le jour,Blanc la nuit .-Un prĂȘtre"Quao es oquo qu’en sourti del siĂ©Ăč oustau,Cado moti, passo sul couorp de sous fraires,Dintro lou bentre de so maire Ăš bo mangia soun paire !Lou curat en sourti de l’oustaou trobersoLou cemeteri Ăš passo be sul couorpo deSous fraires, dintro dins lo glĂšigio, so maire,E bo mangia lou boun Diou, soun paire,Ô lo messo."-Bec de cornele coq, rĂ©veille un corps Ă  demi-mort le sonneur,-Ce corps Ă  demi-mort va rĂ©veiller un corps baptisĂ©-sans Ăąme la cloche, ce corps baptisĂ© sans Ăąme-RĂ©veille un autre corps Ă  demi-mort le curĂ©,-Ce corps Ă  demi-mort entre dans le ventre de-Sa mĂšre l’église pour aller manger-Le pĂšre le corps de Notre-seigneur.Autres articles sur le mĂȘme sujet Sources Les Albums collections Mariages/Communions, CPA, Vieux Papiers, Couples, Automobiles, Portraits, Lieux, Groupes, CDV, Militaria, Ecoles. Photos toutes originales et inĂ©dites. © Textes et Photos Regards et Vie d'Auvergne. Vous pouvez laisser un commentaire au bas de l'article.
Basde page . Auteur Sujet : Topic pizza maison; Bébé Yoda. Posté le 05-04-2017 à 08:04:43 . Reprise du message précédent : Mercipour les encouragements Comme je le répondais plus haut je vais changer mon fusil d'épaule le temps de m'équiper Message cité 1 fois. Publicité. Posté le 05-04-2017 à 08:04:43 . Angelo42. Posté le 05-04-2017 à 09:05:47 Forum / PrÚs de chez vous Bonjour à tous,Dans le cadre de mon travail, je suis à la recherche de chansons parlant de la Bretagne et/ou du FinistÚre. Egalement des chansons un peu rigolote telle que "Farine de Froment; farine de blé noir" de d'avanceAlly Votre navigateur ne peut pas afficher ce tag vidéo. Bonjour,comme deja dit, l'autre de miossec , la chanson BrestEn chanson populaire, bien sur, Vive la Bretagne, vive les BretonsPour le moment, je n en vois pas d autres. J'aime Chansonstu cherche sur la Bretagne en général ou des villes aussi ????A BientÎt J'aime 3 bigoudennesj'allais justement te parler des 3 bigoudennes sont allez prendre le cars...Tu connais les ours du scorff ? c'est du traditionnelle breton pour enfants ça ne parle pas directement de la bretagne mais c'est sympasTout l'album de delahaye est génial J'aime Vous ne trouvez pas votre réponse ? Titrevoici plusieurs titres - Le pont de Morlaix- La Blanche Hermine Gilles Servat- Les prisons de Nantes Tri Yann- Pelot d'hennebont Tri YannSi je pense a autre chose je te dirais J'aime Reponsej'ai lu ton messageje suis chanteuret j'ai pas mal de chansons sur la bretagneet notamment une chanson sur quimpertgahinet J'aime 3UrGk7Y.